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LE COIN DES MUSICIENS
INTERVIEW
J’avais sept ans et je voulais faire
du violoncelle. Pour le violoncelle,
mon père m’a dit : « Ouh la la la,
vous êtes quatre – j’avais trois frères –,
les départs en vacances dans
la voiture…, non, ça ne va pas être
possible ! ». J’ai donc fait du violon,
avec un professeur qui apportait
toujours un alto. Le fait d’entendre cet
instrument qui sonnait plus grave,
m’a donné envie de passer à l’alto.
J’ai commencé à Beauvais, puis
continué dans la région parisienne, avant
d’entrer au Conservatoire de Paris.
Je suis à l’orchestre depuis vingt ans.
Solange Marbotin : J’ai commencé
par le violon – j’ai eu mon prix
au conservatoire de Versailles.
Par la suite, étant trop âgée pour
intégrer la classe de violon du
Conservatoire de Paris, j’ai choisi
l’alto. J’ai donc eu mon 1er prix
du Conservatoire de Paris, en alto.
Je suis entrée à l’orchestre
il y a maintenant vingt ans
Jean-Michel Vernier : J’ai commencé
l’alto à onze ans au conservatoire
de Besançon, même si à l’époque,
je voulais faire du violon. J’ai poursuivi
au Conservatoire de Paris, comme
tout le monde apparemment !
Je suis à l’orchestre depuis 1984.
Chantal Ardouin : Comme beaucoup
de musiciens de ma génération,
j’ai commencé par le violon – au
conservatoire de Versailles, comme
Solange. À cette époque, on manquait
beaucoup d’altistes, et le directeur
a suggéré à un grand nombre d’entre
nous, de prendre l’alto.
C’est un instrument que je ne
connaissais pas du tout d’ailleurs !
Puis, comme j’étais un peu âgée
pour le conservatoire, je suis entrée à
l’École Normale de Musique de Paris
dans la classe de Léon Pascal
–un professeur exceptionnel, très
humain – où j’ai obtenu ma licence.
J’ai intégré l’orchestre, il y a trente ans !
Renaud Stahl : Ma formation a
débuté avec le piano, puis le violon.
Comme j’étais entouré de gens
qui jouaient très bien du violon
–notamment, ma sœur et ma femme –
je me suis dis qu’avec l’alto,
je trouverais quelque chose de
complémentaire – par rapport
au violon. J’ai donc essayé, sans
forcément savoir que l’alto allait
devenir mon instrument privilégié.
C’est un instrument qui correspond
assez bien à ma personnalité.
Je suis donc entré au Conservatoire
de Paris, puis à l’Orchestre National
d’Ile de France, en 1997.
Muriel Jollis-Dimitriu : J’ai
commencé, je crois que j’avais sept
ans, directement à l’alto – parce que
mes parents sont musiciens.
Nous habitions au Mans à l’époque et
il y avait une jeune femme, professeur
d’alto, très dynamique, qui formait
les élèves sur un quart de violon avec
des cordes d’alto. Je suis passée
ensuite par l’École Normale de
Musique avec Léon Pascal comme
professeur, puis par le conservatoire de
Versailles et enfin, le CNSM de Paris.
Je suis entrée à l’orchestre en 1982.
Vous êtes chef de pupitre
avec Renaud Stahl,
pouvez-vous nous dire
en quoi cela consiste ?
M. J-D. : Nous sommes deux devant,
comme pour les violons.
Cela consiste – en ce qui concerne
le pupitre en général– à régler les
partitions avant la première répétition.
Très exactement, nous réglons les
coups d’archet – sens dans lequel on
va tirer ou pousser l’archet – et nous
essayons qu’il y ait une cohésion dans
notre façon de jouer.
Nous sommes très souvent soumis à
ce que font les premiers violons, en
l’occurrence le Concert Master qui
décide d’un coup d’archet général.
Par contre, si nous avons un grand
solo de pupitre, nous mettons
nos propres coups d’archet, sans
dépendre des autres. Pour que cela
soit plus harmonieux, ce sont les chefs
de pupitre qui décident du style à
adopter pour certains passages :
plus « lié », plus « à la corde » ou plus
«sautillé », par exemple.
Jouez-vous de temps en
temps en soliste, lorsqu’il
y a un concerto pour alto ?
R. S. : Cela arrive, mais c’est rare.
Par contre, dans le répertoire
symphonique, nous avons de beaux
solos d’alto à jouer.
Avez-vous eu des maîtres
–particulièrement brillants –
qui vous aient marqués ?
C. M. : Serge Collot au CNSM de
Paris. Une personnalité très marquante.
S. M. : Etienne Ginot qui était un
excellent professeur, un grand maître
–au Conservatoire de Paris également.
«Pour que cela soit
plus harmonieux,
ce sont les chefs
de pupitre qui
décident du style
à adopter pour
certains passages :
plus “lié”, plus
“à la corde”
ou plus “sautillé”,
par exemple. »