PROGRAMME Virtuoses Piano du Saison 2016 - 2017 Les 017 2 – 016 0h00 2 n à2 so Sai certs Co n Pallavi Mahidhara Avec en première partie Léa Hurpeau Salle Molière Vendredi 14 octobre 2016 18 quai de Bondy 69005 LYON PROGRAMME Léa Hurpeau (piano) Joseph HAYDN (1732 - 1809) Sonate n° 59 en mi bémol majeur Hob XVI : 49 er 1 Mouvement : Allegro Emmanuel CHABRIER (1841 – 1894) Scènes pittoresques N° 10 Scherzo-Valse Pallavi Mahidhara (Piano) Jean-Sébastien BACH (1685 - 1750) / Johannes BRAHMS (1833 – 1897) Chaconne de la Partita pour violon seul en ré mineur BWV 1004 (transcription pour piano main gauche). Franz SCHUBERT (1797 – 1828) 4 Impromptus D 899 (Opus 90) n° 1 en ut mineur (Allegro molto moderato) n° 2 en mi bémol majeur (Allegro) n° 3 en sol bémol majeur (Andante) n° 4 en la bémol majeur (Allegretto) ENTRACTE Frédéric CHOPIN (1810 - 1849) Barcarolle en fa dièse majeur Opus 60 Franz LISZT (1811 - 1886) Six Grandes Etudes pour piano d’après Paganini S 141 n° 1 en sol mineur Préludio (Andante). n° 2 en mi bémol majeur (Andante – Andante capriccioso). n° 3 en sol dièse mineur « La Campanella » (Allegretto). n° 4 en mi majeur (Vivo). n° 5 en mi majeur « la Chasse » (Allegretto). n° 6 en la mineur (Quasi presto). 2 N - l’usage de la basse continue tend à disparaître, les tournures musicales alambiquées du Baroque font place à des harmonies plus simples et plus directes. - le contenu musical abandonne l’esprit pour le sentiment en accentuant le contraste et la tension dramatique des nouvelles compositions. - la structure même des œuvres et la période classique verra la prédominance de la forme sonate où plusieurs thèmes se côtoient, sont exposés, développés puis réexposés - soit en s’affrontant, soit en se conjuguant. Léa HURPEAU va nous donner un parfait exemple de ce classicisme viennois à la fois raffiné et structuré. La 59ème sonate de Haydn a été composée en 1789 est dédiée à son amie Marianne von Genzinger. Elle illustre parfaitement ce glissement progressif du Baroque vers le Classicisme. Ce mouvement au tempo modéré est particulièrement riche sur le plan thématique et bien qu’il soit typique du classicisme viennois il ne renie pas totalement l’héritage du passé. On trouve çà et là quelques traits à l’écriture polyphonique et aux accents baroques notamment au début du développement. Haydn utilise subtilement des motifs relativement semblables pour unifier tout le mouvement. On remarque aussi l’emploi de quatre notes répétées qui font penser au début de la cinquième symphonie de Beethoven (le fameux thème du destin). Haydn joue aussi avec ce thème en l’interrompant à la fin de l’exposition pour mieux le reprendre dans le développement. ée en avril 2002 à Lyon, Léa commence la musique par l’étude de l’alto avec Denis Masson puis, à l’âge de six ans, elle débute de piano sous la direction de Yolande Kouznetsov. Elle entre au CRR de Lyon dans la classe d’Anne-Elisabeth Tauleigne, puis elle est prise en troisième cycle dans la classe de Philippe Soler. Elle participe à de nombreuses auditions. En 2014, dans le cadre du projet « De l’autre côté du miroir », elle accompagne l’ensemble Lug Double Reed Band dirigé par Olivier Hue, et joue également ses transcriptions pour deux pianos de pièces de Bartók et Schumann avec son frère Pierre-Emmanuel. En 2015, elle joue aux Confluences de Lyon pour un "Flashmob" autour de Star Wars. La même année, pour le festival Happy Hands, elle joue à la Maison de la Musique et de la Danse puis en 2016 au Palais Saint-Jean. Elle participe régulièrement aux épreuves du Grand Concours International de Piano de Lyon dans les catégories piano deux mains, pianos quatre mains et musique de chambre. Elle est finaliste de ce concours. Si Haydn porte l’image d’un musicien affable et spirituel, auteur particulièrement prolifique on oublie parfois (tant cela parait évident) son côté novateur. Lorsqu’il naît en 1732 le monde musical est alors régi par le courant baroque où J.S Bach compose ses partitas pour clavier (neuf ans avant ses fameuses Variations Goldberg) et Händel ses grands oratorios comme Ezio ou Sosarme. L H e style employé est tout autre avec le ScherzoValse d’Emmanuel Chabrier. Tout comme Liszt dans sa jeunesse, Chabrier avait la réputation d’un musicien exubérant et divertissant doublé d’un pianiste ébouriffant et briseur de clavier. Cependant au-delà de ce cliché (certes non dénué de tout fondement), Chabrier composait des œuvres extrêmement poétiques et délicates et savait se montrer un coloriste raffiné. Ami de Verlaine et des plus célèbres peintres impressionnistes comme Manet, Chabrier a passé une grande partie de sa vie au ministère de l’intérieur avant d’épouser une carrière de compositeur professionnel. Ecrit en 1881 le Scherzo-Valse termine un recueil de dix pièces pour piano intitulé « les Scènes pittoresques ». Le Scherzo-Valse est une pièce virtuose typique de cet esprit français à la mode en cette fin de dix-neuvième siècle, même si Chabrier avait pour modèles Chopin, Schumann et Wagner. Par son caractère volubile et emporté le Scherzo Valse atteint très rapidement une grande notoriété à l’instar d’España (dont Camille Chevillard a fait une impressionnante transcription pour piano) ou de la Bourrée Fantasque. Quatre pièces particulièrement représentatives des Scènes Pittoresques (Idylle, Danse villageoise, Sous-bois et Scherzo-Valse) seront orchestrées par Chabrier et données en avant première à Angers fin 1888. aydn deviendra (avec Mozart et le jeune Beethoven) l’un des fondateurs du mouvement Classique viennois Le Classicisme viennois qui durera de la mort de Bach en 1750 aux prémices du Romantisme vers 1820). Haydn mènera durant toute la seconde moitié du 18ème siècle le courant Classique à son apogée. Il sera un des artisans de la réforme de la musique Baroque et mourra seulement quinze ans avant l’émergence du courant Romantique. Il sera l’un des premiers compositeurs à essayer de nouvelles formations musicales équilibrées comme le quatuor à cordes ou à composer des œuvres instrumentales comme les sonates basées sur des structures à la fois plus élaborées et moins dispersées que les suites de danses utilisées dans la musique baroque. Haydn composera 62 sonates formées de deux, trois ou quatre mouvements et introduira de façon régulière dans ses œuvres instrumentales (sonates), de musique de chambre (quatuors à cordes, trios…) ou de musique orchestrale (symphonies, concertos…) la « forme sonate » basée sur l’exposition d’un ou deux thèmes qui seront développés dans la partie centrale avant d’être finalement réexposés à l’identique et résumés dans une coda. Grâce à Haydn, la Musique Classique abandonne progressivement l’esthétique Baroque en allant vers plus de subtilité et de finesse. Elle obéit à des règles à la fois plus strictes mais plus simples que la Musique Baroque : - l’Harmonie cède progressivement le pas à la Mélodie. 3 C Elle a déjà donné de nombreux concerts avec orchestre aux USA, en Russie, en Afrique du Sud, en Amérique du Sud ou en Chine. Connue pour sa polyvalence artistique, Pallavi MAHIDHARA combine une maturité musicale hors du commun à une technique étonnante, et une présence scénique charismatique. Très éclectique, elle n’hésite pas en avril 2011, à rejoindre le batteur Questlove de "The Roots" et le chanteur Keren Ann pour un concert fusionnant la musique classique avec le hiphop, le jazz, et le folkpop au Festival International des Arts de Philadelphie. Elle a collaboré avec l'ensemble multi-Grammy Award-winning, "Eighth Blackbird", pour des concerts en Double Sextet de Steve Reich. En Novembre 2008, elle a donné à plusieurs reprises les Oiseaux Exotiques de Messiaen avec le Curtis 20/21 Contemporary Ensemble. En 2004, elle crée une œuvre pour piano composée par l’un des plus grands compositeurs de musique de film indien, Vanraj Bhatia. Ce travail, intitulé « Fantasia and Fugue in C », est basé sur l'épopée indienne, le Mahabharata. Extrêmement fière de son héritage indien, Palavi MAHIDHARA œuvre pour combler le fossé entre les musiques classiques occidentales et orientales. Pour son concert lyonnais, si Pallavi ’est la première fois que la pianiste indoaméricaine Pallavi MAHIDHARA se produit à Lyon. Elle débute ses études à la Levine School of Music à Washington DC auprès de Julian Martin, puis elle sort diplômée du Curtis Institute of Music de Philadelphie en 2010 avec un baccalauréat en musique « Piano Performance », comme une élève de Ignat Solzhenitsyn. Elle a reçu des leçons et masterclasses de grands maîtres tels que Richard Goode, Mitsuko Uchida, Pascal Rogé, Ferenc Rados, Leon Fleisher, Fou T'song, Menahem Pressler et Naum Grubert. Depuis 2010, elle se perfectionne d’une part à Madrid, à l’Ecole Supérieure de Musique Reine Sofia auprès de Dimitri Bashkirov, et d’autre part, à la Hochschule für Musik Hans Eisler de Berlin, auprès d’Eldar Nebolsin. Avant de remporter le 2ème Prix du Concours de Genève en 2014, elle a déjà brillé dans de nombreux concours nationaux et internationaux : 2ème Prix du Concours Prokofiev de Saint-Pétersbourg, 4ème Prix et Prix Spécial au Concours UNISA de Pretoria. Elle participe à de nombreux festivals et académies, tels que Marlboro, Santander, Prussia Cove, Verbier ou Aspen, ainsi qu’en Inde au Sangat Chamber Music Festival. 4 MAHIDHARA interprète des compositeurs très connus, son programme n’en demeure pas moins extrêmement original compte tenu des œuvres choisies, réservant une place de choix aux transcriptions. qui reprend le thème initial. A partir de la seizième variation Bach compose toute la section centrale en mode majeur (il ne reviendra au mode mineur qu’à partir de la vingtsixième variation). Par son envergure et sa fantaisie, la Chaconne demeure un des sommets absolus de la musique. La Chaconne de Bach a été immédiatement admirée et adoptée par ses contemporains mais aussi par tous les mélomanes et musiciens des XIXème et XXème siècles. JS Bach avait lui-même ouvert la voie de la transcription de son œuvre en l’adaptant au luth. A cette époque, la propriété intellectuelle sur une œuvre n’était que pure chimère et il était fréquent que les musiciens s’approprient des thèmes (voire des pièces entières) écrites par d’autres. Bach lui-même a utilisé des thèmes composés par d’autres musiciens comme Buxtehude, Marcello ou Vivaldi. Il fut suivi en, cela, par de nombreux compositeurs célèbres comme par exemple Mozart qui utilisa dans sa prime jeunesse des compositions de Schrötter ou de CPE Bach pour composer ses premiers concertos pour piano. En ce qui concerne la Chaconne, trois musiciens majeurs en ont effectué des arrangements ou des transcriptions : Robert Schumann qui se contenta d’ajouter une partie de piano à la partie originale pour violon. Sa démarche peut s’expliquer par les ha- P allavi MAHIDHARA débutera son récital par la transcription trop rarement jouée de la Chaconne de la deuxième Partita pour violon seul de JS Bach qui présente la particularité d’être écrite pour la seule main gauche. Dans sa Partita Bach reprend la trame traditionnelle constituée par quatre mouvements de danses traditionnelles (Allemande – Courante – Sarabande – Gigue) avant d’en adjoindre une cinquième : Une Chaconne aux dimensions monumentales, dont la durée égale à elle seule les quatre autres mouvements réunis. Bach rend hommage aux danses alors populaires en Europe, avec l’Allemagne (allemande), la France (courante), l’Espagne (sarabande), l’Ecosse (gigue) et l’Italie (chaconne). La Chaconne allie de façon idéale une richesse polyphonique à une technique absolument transcendante qui utilise toutes les difficultés violonistiques connues à l’époque. Composée en trois parties, elle constitue un cycle de trente courtes variations basées sur une figure harmonique de huit mesures revenant de façon obsessionnelle, et d’une coda 5 il donne le titre d’Impromptu. Le terme d’Impromptu (In-promptu : Etre prêt // fait sur le champ) indique l’esprit d’improvisation et de liberté que Schubert entend donner à chacune de ces pièces. Chaque Impromptu est totalement autonome et crée son propre univers poétique, qui n’est jamais éloigné de celui de ses Lieder. On ignore la date exacte de composition des quatre impromptus opus 90 dont les deux premiers furent publiés chez Tobias Haslinger en décembre 1827 ; La seconde série d’Impromptus (opus 142 - D 935) composée peu de temps après, porte la mention manuscrite « Impromptus 5 à 8 » prouvant que Schubert avait bien projeté de constituer avec les opus 90 un premier cahier de quatre impromptus. Il est fort probable que les quatre Impromptus opus 90 aient été écrits durant l’été de cette année 1827, juste avant que Schubert ne parte faire un court voyage à Graz. Les pièces écrites lors de ce séjour (12 Grätzer Waltzes D 924 et Grätzer Galopp D 925) présentent d’ailleurs de nombreuses similitudes avec les Impromptus tant au niveau rythmique que dans l’utilisation élargie du clavier, et tout particulièrement dans sa partie aigüe. Bien entendu, la qualité musicale et la charge poétique des Impromptus dépassent largement celles des Valses de Graz qui se cantonnent mal- bitudes d’écoute sensiblement différentes entre le début du XVIIIème siècle et le XIXème siècle. Schumann qui admirait ces œuvres devait estimer (à tort) que leur audition était trop austère, et qu’un accompagnement de piano pourrait en faciliter l’écoute. Ferruccio Busoni pour sa part a transcrit la Chaconne pour le piano (à deux mains) afin de lui donner une ampleur monumentale. Il semble évident qu’il l’imagine jouée par un orgue. Rappelons que Busoni était un pianiste aux moyens gigantesques et qu’il utilise dans cette transcription toute la puissance du piano et les possibilités techniques à sa disposition pour en faire une œuvre à la fois lumineuse et puissante. Brahms, quant à lui, transcrit uniquement la Chaconne dans un tout autre esprit que Schumann et Busoni. Tout comme ce dernier, il destine l’œuvre au piano seul mais souhaite conserver le côté intimiste conféré au violon seul. L’idée de Brahms était de respecter scrupuleusement le texte de Bach et de conserver la pureté de la ligne et du discours, en se gardant de tout artifice pianistique. C’est pourquoi Brahms a écrit sa transcription pour l’unique main gauche, évitant ainsi toute surcharge. A la fin de sa vie, Schubert a composé trois séries de pièces au caractère libre et improvisé auxquelles 6 gré leurs qualités indéniables à leur fonction première : d’être des pièces à danser. Les Impromptus opus 90 ont été écrits seulement quelques mois après le Voyage d’Hiver (Winterreise) le fameux cycle de 24 Lieder où Schubert exploite un de ses thèmes favoris, celui du Voyageur (Der Wanderer), de l’errant qui trouve une mort apaisante au bout de son chemin fait de désolation et de renoncement. Sans porter un message aussi funeste, les quatre Impromptus conservent du Voyage d’hiver le côté sombre, où violence contenue et résignation se mêlent de façon fort habile. Si les quatre Impromptus présentent des caractéristiques communes (ils sont tous composés dans des tonalités bémolisées, comme d’ailleurs les Impromptus opus 142 et les deux premiers Klavierstücke D 946) ils se différencient les uns des autres par leur forme : le premier apparaît comme une sorte de longue improvisation monothématique en forme de Rondo, le second est plutôt une sorte d’étude virtuose concise et haletante, le troisième est un magnifique Nocturne à la fois rêveur et poétique (avant Chopin !) quant au dernier, il est écrit dans un style plus rhapsodique où Schubert joue magnifiquement sur les ambigüités tonales (majeur/mineur). L’Impromptu n° 1 en ut mineur (Allegro molto moderato) commence de façon solennelle par un puissant accord fortissimo de quatre notes en octaves sur la note sol (une sorte d’avertissement ?). Cet accord confère un relief particulier à la phrase très calme et douce qui suit. Schubert utilise une mélodie particulièrement caractéristique de son langage jouant constamment sur les ambigüités tonales entre majeur et mineur, sur les modifications rythmiques, et surtout en la faisant évoluer sans chemin préconçu de façon tout à fait improvisée (le terme d’Impromptu prend ici tout son sens). La progression de cette mélodie est extraordinaire ; elle passe par de nombreuses atmosphères toutes enchaînées, une sorte de condensé du thème de l’Errant. Cette mélodie est parfois d’une grande douceur et d’une tendresse infinie, parfois déclamatoire et menaçante, parfois heurtée et angoissante, rappelant alors cette course contre la Mort, cette effrayante urgence de fuite, narrée par Schubert dans Le Roi des Aulnes. L’Impromptu n° 2 en mi bémol majeur (Allegro) adopte un rythme ternaire souvent utilisé par Schubert. Le premier thème est composé de longues gammes fluides en triolets de croches dessinant sur un rythme régulier une mélodie sinueuse qui parcourt tout le clavier. Le second thème occupant la partie centrale de l’Impromptu (en si mineur) adopte un rythme beaucoup plus marqué dont l’accentuation à la 7 basse lui donne l’impression d’être boiteux. Ces accents très appuyés rendant par ailleurs cet épisode particulièrement déclamatoire, tout à fait à l’opposé du premier thème. Celui-ci est repris intégralement à l’identique avant que l’Impromptu ne s’achève sur le second thème, que Schubert utilise comme une sorte de coda, qu’il densifie et reprend cette fois dans la tonalité de mi bémol mineur, en terminant par une violente cascade de gammes descendantes. L’Impromptu n° 3 en sol bémol majeur (Andante) est particulièrement unitaire tant dans son ambiance que dans son organisation. Contrairement aux deux premiers Impromptus publiés en 1827, les deux derniers ne seront publiés qu’en 1837 (dix ans après la mort du compositeur) et l’éditeur remaniera de son propre chef le troisième Impromptu. Il en publiera une version « simplifiée » non pas en sol bémol majeur (avec six bémols à la clef, comme Schubert l’a composé), mais en sol majeur (avec un seul dièse à la clef). Si par son atmosphère contemplative, cet impromptu peut faire penser aux Nocturnes de John Field, sa richesse harmonique basée sur le rapport à la fois intime et ambigu entre les tonalités majeures et mineures est caractéristique de l’art de Schubert. La mélodie, à la fois simple et touchante, émerge au dessus d’un flot ininterrompu d’arpèges. On retrouve dans cette pièce une trouvaille purement schubertienne : un long trille à la basse venant soutenir ou parfois déstabiliser la mélodie par son puissant frémissement. Schubert utilisera cet effet sonore à plusieurs reprises, notamment dans la partie centrale du second Impromptu Opus 142, dans le second mouvement de la sonate en la majeur D 959 et surtout dans le premier mouvement de la dernière sonate en si bémol D 960. L’Impromptu n° 4 en la bémol majeur (Allegretto) est très proche par sa structure du second, y compris même dans ses éléments ornementaux et sa virtuosité sous jacente. Ici les gammes sont remplacées par des arpèges rapides et légers. Autre point commun : la mesure à trois temps qui organise rythmiquement toute la pièce. Ce quatrième Impromptu utilise lui aussi une structure tripartite à la manière d’un Scherzo, basée sur deux thèmes très différents, voire opposés, car si le premier thème est très fluide, le second est constitué d’accords serrés joués aux deux mains rendant le climat beaucoup plus oppressant. Ici encore, Schubert joue tout au long de l’Impromptu de façon particulièrement délicate avec les tonalités mineures et majeures soit par d’habiles successions de modulations, soit par enharmonie comme dans la partie centrale. E n début de seconde partie de ce concert, Pallavi MAHIDHARA nous 8 (1782 – 1840) a eu une influence déterminante sur le monde musical en ce début de dix-neuvième siècle. Paganini fascinait par sa virtuosité que beaucoup prétendaient diabolique. De nombreux musiciens reprendront les thèmes composés par Paganini pour les transcrire ou les réécrire à leur manière (Chopin, Schumann, Liszt, Brahms, Rachmaninov, Lutoslawski etc.) Aujourd’hui il est fréquent qu’un interprète doté d’une technique impressionnante soit qualifié de « diabolique ». Ce n’est qu’une formule qui ne prête pas à conséquence. Cependant, jusqu’au 19ème, siècle l’Eglise et la population ,particulièrement sensibles aux superstitions, étaient très actives pour traquer toute manifestation diabolique et le violon a toujours été considéré comme l’instrument du Diable. Déjà en 1713, Tartini composait une sonate en trio où la partie de violon était réputée injouable. Cette œuvre aurait été inspirée à Tartini durant son sommeil par le Diable en personne. Tartini « jouira » alors d’une réputation satanique, certains prétendant même qu’il aurait assassiné sa propre femme afin d’utiliser ses viscères pour confectionner les cordes de son violon lui permettant ainsi d’obtenir d’étranges sonorités. Pour Paganini il en sera de même et toute sa vie il portera comme un far- convie à la confidence intime en nous interprétant l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Chopin : sa Barcarolle opus 60. Si cette œuvre n’a pas le caractère virtuose des études, des scherzos ou des Ballades, elle n’en est pas moins périlleuse et extrêmement difficile à interpréter. La barcarolle est à l’origine une chanson de bateliers (et plus particulièrement des gondoliers vénitiens). Cependant la Barcarolle de Chopin n’a pas été composée dans cet esprit. Chopin la conçoit plutôt comme un nocturne suprêmement lyrique. Cette œuvre, tout comme la Fantaisie en fa mineur, le Boléro, la Berceuse, et la Tarentelle, n’appartient pas à un ensemble mais est une œuvre unique dans la production de Chopin prouvant ainsi son caractère spécial dans l’esprit du compositeur (qui aurait très bien pu l’intituler nocturne et l’ajouter aux vingt et un existants, s’il n’avait voulu la distinguer). La Barcarolle est une œuvre tardive dans la production de Chopin qui a été composée entre 1845 et 1846, et constitue avec la Polonaise-Fantaisie une des dernières œuvres composées à Nohant avant sa rupture avec George Sand. Chopin l’inscrivit au programme de son ultime concert public qu’il donna à Paris le 16 février 1848. L a personnalité à la fois étrange et sulfureuse de Niccolò Paganini 9 deau cette réputation sulfureuse (même si parfois il en jouait à son avantage). Lorsqu’il meurt à Nice en 1840 dans la maison de son ami et élève le Comte de Cessoles, Monseigneur Galvano, l’évêque de Nice, est convaincu que Paganini est l’incarnation du Diable et il s’oppose à ce qu’il ait un enterrement religieux et qu’il repose dans une terre consacrée. Le corps de Paganini sera exposé un long moment à la curiosité malsaine du public qui se rue dans la maison du mort pour contempler son diabolique rictus. On prétend que la maison où il est mort est maudite. On y voit d’étranges lueurs et on y entend des lambeaux de phrases musicales qui s’échappent des murs, ce dont Monseigneur Galvano est le témoin épouvanté. Pendant quatre ans, le Comte de Cessoles est obligé de faire embaumer le corps et de le cacher. En près de quarante ans, l’encombrante dépouille de Paganini voyagera entre Nice, Gênes et Parme et sera déplacée à sept reprises. De son vivant Paganini était adulé par un public en délire qui assistait médusé à ses concerts. Paganini sillonnait l’Europe et au cours de ses nombreuses tournées, tous les plus grands artistes de son temps se précipitaient à ses concerts que ce soit Goethe, Schubert, Rossini, Chopin, Schumann, Berlioz, Bellini et bien sûr Franz Liszt. Liszt était certainement le musicien le plus à même de comprendre Paganini car tous deux partageaient le même pouvoir de fascination sur le public, grâce à leurs capacités techniques démesurées, attribuées à quelque pacte surnaturel. Liszt était au piano ce que Paganini était au violon. Liszt écrira sur Paganini : « Quel homme ! Quel violon ! Quel Artiste ! O Dieu que de souffrances, que de misères, que de tortures dans ces quatre cordes ». Liszt entend une première fois Paganini en concert en 1831. Il est fasciné par l’expressivité de son jeu qui utilise une technique ahurissante qu’il met au service d’une expressivité et d’une musicalité incomparables. Liszt sélectionne six pièces tirées des 24 Caprices pour violon seul et du concerto pour violon n°2 (La Campanella) qu’il adapte au piano, tout en conservant à l’identique la technique magistrale et le haut degré d’inspiration des œuvres originales. Liszt composera tout d’abord un corpus de six études en 1838 intitulé « Etudes d’exécution transcendante d’après Paganini » qu’il remaniera en 1851 et qu’il intitulera « Grandes Etudes de Paganini ». C’est cette dernière version qu’interprétera Pallavi MAHIDHARA. La première étude est principalement basée sur le Sixième caprice mais utilise aussi l’introduction et la coda du cinquième. Dans la version originale Paganini imite à la fois 10 deux violonistes dont le premier égrène une mélodie empreinte d’une grande poésie alors que le second se charge de l’accompagnement tout en trémolos. La seconde étude reprend le dixseptième caprice qui alterne des gammes et des accords qui doivent être effectués avec une totale fluidité. Par ailleurs, la redoutable partie centrale en octaves est particulièrement tumultueuse et acrobatique. La troisième étude est certainement la plus célèbre du corpus et contrairement aux autres elle se base sur le dernier mouvement du deuxième concerto pour violon (Rondo) et non pas sur un caprice. Il s’agit de la fameuse Campanella (la clochette) dont les notes répétées de multiples façons constituent la base de l’étude. Contrairement aux autres études Liszt modifie ici la tonalité de l’original (qui est en si mineur) pour la composer en sol dièse mineur. Cette tonalité comporte cinq dièses à la clef, ce qui facilite grandement l’exécution des sauts aussi rapides que fulgurants que l’œuvre impose. La quatrième étude se base sur le premier caprice de Paganini (luimême s’étant déjà inspiré du quatrième caprice pour violon seul de Locatelli). Cette étude a la particularité d’avoir été écrite sur une unique portée, ce qui est quasiment unique dans la musique pour piano. Cette étude est particulièrement spectacu- laire compte tenu des sauts et des croisements de mains permanents. La cinquième étude est fréquemment appelée « La Chasse » compte tenu de son thème caractéristique. Il est basé sur le neuvième caprice écrit en doubles cordes. Liszt respecte parfaitement la trame dessinée par Paganini en faisant reposer le thème sur deux notes. Pour la partie centrale Liszt donne aussi une dimension spectaculaire à son œuvre en utilisant des séries de double glissandi imitant parfaitement les sonorités produites par le violon. La sixième étude se base sur l’œuvre la plus célèbre de Paganini (avec la Campanella), son fameux vingtquatrième caprice, œuvre « diabolique » par excellence, où le compositeur tire d’un thème original onze courtes variations et une coda. Liszt conserve la même trame et adapte de façon magistrale au piano toutes les particularités sonores produites par le violon (y compris le redoutable passage en pizzicati). L’étude s’achève avec panache dans un déluge de gammes et d’arpèges échevelés. Jean-Noël Régnier 11 Saison SALLE MOLIÈRE 2016 /17 LYONMUSIC 18 quai de Bondy 69005 LYON Jeudi 3 novembre 2016 Vendredi 2 décembre 2016 François DUMONT & Helen KEARNS Pavel YELETSKIY Mardi 7 février 2017 Vendredi 10 mars 2017 Yves Dugas 60 rue Sala 69002 Lyon www.lyon-music.com Yves Dugas met à notre disposition les meilleurs instruments qui soient, réglés à la demande de chaque musicien. Du « sur mesure ». Sa présence attentive, tout au long du concert, nous assure une totale sécurité. Qu’il en soit, une fois de plus, remercié. Vendredi 13 janvier 2017 ent gem n a n ch ntio e date e t t d A Ronaldo ROLIM Sophia VAILLANT Lukáš VONDRÁČEK Mercredi 12 avril 2017 à 20 heures à Tassin la Demi-lune Thomas ENHCO Piano rs mu s e l nt o r s em e h rt nn nce bo Co ors a H Vassilena SERAFIMOVA Marimba Association Frédéric Chopin 14, avenue de Grange Blanche 69160 Tassin la Demi Lune Téléphone : 06 10 91 26 26 - 04 72 71 81 93 Email : [email protected] 12 : 2-1018715 3-1018716 Siret : 384 040 523 00068 Licences