4 PORTRAIT DE L’ITINÉRANCE DANS LES COMMUNAUTÉS DES PREMIÈRES NATIONS AU QUÉBEC
FAITS SAILLANTS
• Le présent portrait tient lieu d’étude exploratoire sur le phénomène de l’itinérance dans les communautés des
Premières Nations non conventionnées au Québec. Les informations qui y sont exposées reposent sur une revue
des écrits scientifiques ainsi qu’une collecte d’information mise en œuvre dans 13 communautés représentant cinq
Premières Nations au Québec.
• Plus précisément, il expose diverses formes d’itinérance présentes au sein des communautés, en tenant compte des
enjeux relatifs à l’itinérance cachée et à la migration. Pour chacune des situations d’itinérance, il établit un profil des
personnes à risque, cerne les principaux facteurs liés à la progression ou le maintien des individus dans de telles
situations, et estime l’ampleur du phénomène en question.
• L’exercice s’inscrit dans la foulée de la Politique nationale de lutte à l’itinérance intitulée Ensemble pour éviter la rue
et en sortir (MSSS, 2014a) et de son Plan d’action interministériel en itinérance 2015-2020, intitulé Mobilisés et
engagés pour prévenir et réduire l’itinérance (MSSS, 2014b).
• Depuis quelques années, les différents exercices de dénombrement des personnes en situation d’itinérance réalisés
au Canada révèlent une surreprésentation des Autochtones parmi la population des sans-abri. Cette situation traduit
l’écart important des conditions sociales et économiques des Autochtones au Canada par rapport au reste de la
population. En raison des conditions de vie et de logement difficiles qui persistent dans les communautés des
Premières Nations, de leurs habitudes migratoires, mais aussi de l’héritage colonial ayant favorisé le déséquilibre
parmi les systèmes sociaux traditionnels, le phénomène de l’itinérance chez les Premières Nations doit être examiné
de façon différente que chez les allochtones.
• L’itinérance cachée constitue une forme d’itinérance significative au sein des communautés participantes. Outre la
crise du logement qui sévit sur la plupart des territoires, l’ampleur de ce phénomène s’explique par la présence de
valeurs familiales fortes qui se traduisent par une solidarité au sein des familles élargies ainsi que par l’absence de la
notion de propriété dans la culture ancestrale des Premières Nations.
• L’itinérance visible (ou sans-abrisme) est un phénomène également présent au sein des communautés des Premières
Nations. Si elle semble plus répandue en saison estivale, elle est considérée comme étant problématique en hiver en
raison des risques que ce mode de vie représente pour la santé des personnes. Les raisons pouvant expliquer cette
variation en fonction des saisons reposent entre autres sur le recours au logement précaire (couchsurfing) en hiver,
mais aussi à l’absence de services destinés aux sans-abri sur le territoire des communautés, ce qui favorise peu leur
rétention en hiver.
• Le portrait révèle quelques disparités en fonction du degré d’isolement des communautés ayant participé à la
réalisation de ce portrait. Ainsi, les situations de surpeuplement sévère sont plus répandues dans les communautés
situées en zone isolée. De plus, en raison de la proximité des services des communautés situées en zone urbaine,
ces dernières accueillent de façon plus importante des personnes en situation d’itinérance issues de communautés
isolées et difficiles d’accès.