le choc macroéconomique sur l’emploi. Dans ce cas, comme dans la plupart
des autres pays européens, ce sont surtout les sorties anticipées d’activité
institutionnalisées au cours des années soixante-dix et quatre-vingt qui ont
été utilisées.
Au Danemark, le système de préretraite datait de 1978 (Hansen, 2000,
p. 175). Il était réservé à l’origine aux personnes ayant atteint 60 ans, et qui
avaient cotisé à l’assurance chômage pendant au moins vingt-cinq ans. Lors
de la crise des années quatre-vingt-dix, ce programme de préretraite fut
étendu aux chômeurs ayant atteint 55 ans, et même 50 ans (de 1994 à 1996).
Parallèlement, les pensions d’invalidité pouvaient être accordées, jusqu’au
début des années quatre-vingt-dix, pour les personnes âgées de 50 à 67 ans,
non pas seulement pour des raisons médicales, mais en raison des difficul-
tés particulières qu’elles rencontraient pour trouver un emploi sur le marché
du travail (Jensen, 2002, p. 61-62). Au début des années quatre-vingt-dix,
sur 25 000 nouvelles pensions d’invalidité attribuées, 8 000 l’étaient sur
critères exclusivement sociaux.
En Finlande également, les départs précoces en retraite ont été encouragés
au cours de cette période. Tout d’abord des « pensions de chômage »
étaient versées à partir de 56 ans aux chômeurs de longue durée qui avaient
épuisé leurs droits à l’allocation chômage. Ils étaient ainsi dispensés de
recherche d’emploi, et disparaissaient des statistiques de chômage. Les
pensions d’invalidité furent, de plus, accordées généreusement aux travail-
leurs âgés. Au début des années quatre-vingt-dix, le quart des personnes
âgées de 59 ans bénéficiaient d’une pension d’invalidité. Dans la classe
d’âge 60 à 64 ans, à la même date, 30 % des personnes recevaient une pen-
sion d’invalidité, 18 % une pension de chômage, et 17 % une préretraite.
Il existait deux possibilités de préretraites : la « préretraite individuelle » à
partir de 55 ans pour les personnes qui avaient travaillé depuis au moins
trente ans, et dont les capacités de travail étaient réduites. Par ailleurs, une
« préretraite pour les personnes âgées » était possible à partir de 60 ans dans
le secteur privé, et 58 ans dans le public (en 1995, la première concernait
20 % des personnes âgées de 63-64 ans et la seconde 10 % ; Employment
Observatory, 1999).
En Suède, les pensions d’invalidité ont également été largement utilisées
comme moyen de passage de l’emploi à la retraite (Palme, Svensson, 1999,
p. 384-389). En effet les critères d’attribution des pensions d’invalidité
étaient très souples, de plus elles offraient des prestations supérieures aux
pensions de chômage. En 1994, au sommet de la crise de l’emploi, 37 % des
hommes de 64 ans, et 34 % des femmes, recevaient une pension d’invali-
dité, alors que 9 % des personnes de 64 ans (hommes et femmes) bénéfi-
ciaient officiellement d’une préretraite.
Cependant, avant même que la situation de l’emploi se soit réellement amé-
liorée, les trois pays, à partir du milieu des années quatre-vingt-dix, ont
commencé à réviser de façon fondamentale leurs politiques de l’emploi.
RFAS No4-2003
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