Le régime alimentaire des hommes est lié à l`offre de

Le régime alimentaire des hommes est lié à l'offre de proximité,
contrairement à celui des femmes
MONTRÉAL, le 6 janvier 2014 Au Canada, les habitudes alimentaires des hommes en ville
sont directement reliées à la disponibilité d'aliments sains dans leur quartier de résidence,
mais pas celles des femmes. Voilà la principale conclusion d’une étude menée par des
chercheurs de l'Université de Montréal et du Centre de recherche du CHUM.
« Nous avons découvert que les hommes consomment d’autant plus de fruits et légumes
qu’ils résident dans un quartier dont la proportion de commerces vendant ce type d’aliments
est élevée. En revanche, nous n’avons pu établir de lien entre l’offre alimentaire aux environs
du domicile et la consommation de fruits et légumes chez les femmes », explique Christelle M.
Clary, responsable de l'étude et étudiante-chercheuse au département de médecine sociale et
préventive de l'Université de Montréal. « Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les femmes,
qui s'y connaissent en général plus que les hommes en matière de nutrition, procèdent
différemment pour s'approvisionner et tiennent compte d'autres facteurs que le nombre relatif
de magasins d'alimentation à proximité », suggère le professeur Yan Kestens, qui a dirigé la
recherche.
L'étude, réalisée à partir des données de 2007 à 2010 de l'Enquête sur la santé dans les
collectivités canadiennes (ESCC) menée par Statistique Canada, porte sur les habitudes
alimentaires de 49 403 Canadiens habitant à Toronto, Montréal, Vancouver, Calgary et
Ottawa (y compris à Gatineau, au Québec). Les commerces d'alimentation de chacune de ces
villes ont été cartographiés à l'aide d'une base de données permettant d'en établir le type et
l'emplacement. Les supermarchés, les épiceries, les fruiteries et les magasins d'aliments
naturels ont été considérés comme de possibles sources d'aliments bons pour la santé, tandis
que les dépanneurs et les restaurants rapides ont été considérés comme ayant une offre
restreinte en matière de fruits et légumes. Ces données ont ensuite été couplées avec le code
postal du domicile de chaque participant afin d'évaluer la disponibilité en fruits et légumes à
proximité du lieu de résidence. Les chercheurs ont tenu compte d'autres facteurs influant sur
les habitudes alimentaires, comme l'âge, l'éducation et le revenu.
« De manière générale, les femmes de notre échantillon déclarent consommer en moyenne
4,4 portions de fruits et légumes par jour, soit près d’une portion de plus que les hommes au
quotidien. À noter également, la consommation de fruits et légumes est considérablement plus
élevée à Montréal (4,14 portions par jour) qu’à Toronto (3,86 portions par jour) », ajoute Mme
Clary.
Nous ne savons pas encore précisément pourquoi la consommation de fruits et légumes des
hommes est liée à la proportion de sources d'aliments sains. « Parmi les explications
possibles, notons que l'abondance et la diversité de l’offre alimentaire de certains quartiers
pourrait refléter les conventions sociales locales en matière d'alimentation, et motiver les
individus à s'y conformer », explique M. Kestens. Il faut approfondir la recherche pour mieux
comprendre les mécanismes liant les habitudes et le paysage alimentaire. « Globalement,
l'ensemble des résultats observés au sein de la population canadienne montrent qu'il faut
éviter de chercher une seule explication universelle à l'effet de l'offre alimentaire d'un milieu
sur nos habitudes en matière de santé », conclut M. Kestens.
À propos de cette étude
Christelle M. Clary et Yan Kestens sont affiliés au département de médecine sociale et
préventive de l'Université de Montréal et du Centre de recherche du Centre hospitalier de
l’Université de Montréal. L'étude Should we use absolute or relative measures when
assessing foodscape exposure in relation to fruit and vegetable intake? Evidence from a wide-
scale Canadian study a été acceptée pour publication dans Preventative Medicine le
4 décembre 2014. Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du
Canada (MOP-106420). Christelle M. Clary a obtenu trois subventions du Centre de recherche
du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), du Centre interuniversitaire
québécois de statistiques sociales (CIQSS) et de l'École de santé publique de l’Université de
Montréal (ESPUM). Yan Kestens est titulaire d'une chaire en santé publique appliquée des
IRSC sur les interventions dans les quartiers résidentiels et la santé des populations.
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