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Jusqu’à l’an dernier, il pouvait s’avérer
très intéressant pour un dirigeant
d’entreprise de procéder à un achat
scindé: acquérir la nue-propriété d’un
bien tandis que la société en acquiert
l’usufruit. Désormais, ces structures sont
dans le collimateur du fi sc. De plus, la
mise à disposition de tout ou partie de
cet immeuble à titre de logement «de
fonction» est aujourd’hui lourdement
imposée. Ce type de construction fait-il
partie du passé? Nous avons fait le point
avec François Collon, avocat fi scaliste au
bureau Hirsch & Vanhaelst.
Achat immobilier
Achat immobilier scindé:
toujours intéressant?
L’achat de l’usufruit d’un bien immobilier par une
société et sa mise à la disposition de son dirigeant
à titre de logement sont devenus nettement
moinsattractifs.
Plus cher qu’un loyer?
Le changement le plus marquant dans
la législation fi scale concerne la mise à
disposition d’un logement par l’entreprise
au bénéfi ce de son dirigeant. Depuis le
1erjanvier 2012, le montant de l’avantage
de toute nature (ATN) à ajouter aux
revenus du dirigeant est passé de 2 fois
à 3,8 fois le revenu cadastral (RC) indexé
(à l’exception des logements considérés
comme «modestes» dont le RC est inférieur
à 745 euros), soit un quasi doublement de
l’avantage taxé. Pour certains dirigeants
d’entreprise, l’impôt à acquitter sur cet
ATN représente même plus que le loyer
du marché pour un logement similaire.
«Les revenus cadastraux ont été établis
dans les années 70 et n’ont plus toujours
de connexion avec la valeur de marché
des immeubles», explique François Collon.
«Certains quartiers, aujourd’hui délaissés,
étaient considérés comme très recherchés
dans les années 70, et ont donc un RC élevé.
À l’inverse, certains quartiers jugés défavorisés
à la même époque ont aujourd’hui pris du
galon, alors que leur RC est resté faible; dans
ce cas, l’imposition reste plus supportable.»
Et si vous avez déjà sauté le pas?
Si vous avez eu recours à un tel montage il y a quelques années et si l’ATN compte tenu du nouveau coe cient atteint un montant
trop élevé, existe-t-il une porte de sortie? «Plusieurs pistes sont envisageables, mais elles ont toutes un coût», estime François Collon.
- La société peut renoncer à son usufruit. Mais dans ce cas, le dirigeant doit lui verser la valeur de cet usufruit - en clair, le lui
racheter - sinon l’opération sera imposée à titre d’ATN. Souvent, le dirigeant devra emprunter pour fi nancer l’opération.
- Les deux parties peuvent revendre l’immeuble ensemble, mais l’opération risque d’être lourdement imposée si l’usufruit a déjà
fait l’objet d’amortissements: la plus-value imposable est en e et calculée sur base de la di érence entre la valeur résiduelle du
bien dans les comptes de l’entreprise et sa valeur de revente.
- La société peut octroyer un dividende en nature au dirigeant: l’usufruit sur l’immeuble. Dans ce cas, cependant, l’entreprise devra
payer le précompte mobilier de 25%.
- Le dirigeant peut verser un loyer à sa société. Le loyer doit alors correspondre au loyer du marché. «L’Administration a déjà
essayé de taxer le dirigeant sur la di érence entre le loyer et l’ATN lorsque ce dernier est plus élevé que le loyer, mais on pourrait
défendre qu’il n’y a aucun ATN dans ce cas, puisqu’un loyer correspondant au prix du marché est versé par le dirigeant.»