Rapport d’évaluation préalable écologique
Environnement Canada Juin 2006
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Contrairement à beaucoup d’autres polluants organiques persistants, certains composés
perfluorés, par exemple le SPFO, sont présents sous forme d’ions dans l’environnement, et leur
partitionnement se fait de préférence dans les protéines dans le foie et le sang plutôt que dans les
lipides. Donc, il se peut que le potentiel de bioaccumulation du SPFO ne soit pas lié à des
mécanismes typiques associés à la bioaccumulation dans les tissus riches en lipides. Pour
déterminer si des substances comme le SPFO sont bioaccumulables, il faut faire preuve de
prudence en appliquant des critères de bioaccumulation numériques comme ceux énoncés dans la
Politique de gestion des substances toxiques (PGST) du gouvernement du Canada et dans le
Règlement sur la persistance et la bioaccumulation de la LCPE (1999). Ces critères numériques
sont calculés à partir des données sur la bioaccumulation chez les espèces aquatiques, pour des
substances dont le partitionnement se fait de préférence dans les lipides.
On a rapporté des facteurs de bioconcentration (FBC) à l’équilibre estimé du SPFO de 1 100
(carcasse), de 5 400 (foie) et de 4 300 (sang) chez la truite arc-en-ciel juvénile. Les valeurs
correspondantes des rapports d’accumulation de 12 jours étaient de 690 (carcasse), de 3 100
(sang) et de 2 900 (foie) chez la truite arc-en-ciel juvénile. On a calculé des facteurs de
bioaccumulation (FBAc) compris entre 274 et 41 600 pour le foie de poisson de 23 espèces
différentes capturées au Japon. Après un déversement accidentel de mousse extinctrice, les
facteurs de bioaccumulation calculés étaient compris entre 6 300 et 125 000. Les FBC estimés
pour les précurseurs N-EtFOSEA et N-MeFOSEA étaient de 5 543 et de 26 000, respectivement.
On a établi l’existence de variations notables interspécifiques pour la demi-vie d’élimination du
SPFO dans le biote : 15 jours (poissons), 100 jours (rats), 200 jours (singes) et plusieurs années
(humains). L’élimination par les branchies, qui joue un rôle important chez les poissons, ne
s’applique ni aux oiseaux, ni aux mammifères terrestres (p. ex. le vison, l’ours blanc, le renard
arctique), ni aux mammifères marins (p. ex. les phoques et les baleines). Trois études semblent
indiquer que le SPFO se bioamplifie dans les chaînes alimentaires des Grands Lacs et de
l’Arctique. Dans l’étude de Kannan et al. (2005a) portant sur la chaîne trophique eau - algues -
moule zébrée, - gobie arrondi, - achigan à petite bouche, - pygargue à tête blanche, on a calculé
des facteurs de bioamplification (FBAm) de 10 à 20 pour le vison ou le pygargue à tête blanche.
Dans l’étude de Martin et al. (2004b) portant sur des chaînes trophiques d’invertébrés benthiques
ou pélagiques - trois poissons fourrage, - un poisson prédateur du niveau supérieur (touladi), on a
obtenu un FBAm pour plusieurs niveaux trophiques de 5,88. Tomy et al. (2004) étaient d’avis
que le SPFO se bioamplifie dans toute la chaîne trophique marine de l’Arctique. On a calculé le
FBAm du SPFO pour le niveau trophique, notamment pour les chaînons morse - palourde (4,6);
narval- morue (7,2); bélouga - morue (8,4); bélouga - sébaste (4,0); mouette tridactyle - morue
(5,1), goéland bourgmestre - morue (9,0) et morue - zooplancton (0,4). Même si les FBC et les
FBAc en milieu aquatique sont inférieurs à 5 000, pour les FBC et les FBAc en laboratoire et sur
place, de même que pour les FBAm sur place (oiseaux et espèces aquatiques), le poids de la
preuve indique que le SPFO est une substance bioaccumulable.
Selon les résultats d’essais de toxicité disponibles, on a déterminé les concentrations sans effet
observé estimées pour des poissons, des oiseaux (foie et sérum) et des espèces fauniques
(0,491µg·L-1, 0,609 µg·g-1, 0,873 µg·mL-1 et 0,408 µg·g-1, respectivement). Les quotients de
risque obtenus pour les poissons, une gamme d’espèces aviaires (foie et sérum) et des espèces
fauniques étaient de 0,25, 0,002 à 2,92, 0,43 à 2,54 et 9,2, respectivement. Donc, chez certaines