
troisième zone arabe mais soumise à l’influence française, dans le nord de 
la Syrie et la province de Mossoul ; une quatrième zone arabe patronnée par 
le Royaume-Unis, dans le sud de la Syrie, la Jordanie et la Palestine ; et 
une dernière zone sous mandat international comprenant Saint-Jean-d’Acre, 
Haïfa et Jérusalem. 
 
Ce pacte réservait donc le futur pétrolier de la région à l’Europe, qui 
avait pris conscience de sa richesse dès 1908, un enjeu de poids, important 
plus que les promesses d'indépendance faites par les Anglais aux Arabes en 
1915. Le chérif Hussein, de la Mecque, allait prendre connaissance du texte 
de cet accord en 1918 grâce à une série d’indiscrétions russes et 
ottomanes. Le secret qui avait entouré les négociations n’en n’était 
d’ailleurs plus un puisque l’accord avait été rendu public en novembre 1917 
par le biais de différents articles de presse. Le potentat arabe, agacé par 
le manque de loyauté de la couronne britannique, allait s’adresser à celle-
ci en demandant des explications. Le 18 février 1918, le gouvernement 
anglais confirmait les promesses passées précédemment concernant la 
libération des peuples arabes. 
 
Le chérif Hussein avait-il alors conscience qu’il possédait un allié 
d’importance en la personne du président américain Woodrow Wilson ? N’ayant 
pas participé aux négociations franco-anglaises, Wilson allait demander à 
l’issue de la Première guerre mondiale, l’instauration d’une commission ad 
hoc à la Jeune Société des Nations à laquelle n’appartenaient pas les 
États-Unis. La proposition tendait à mener une consultation des peuples 
concernés par les accords Sykes-Picot. Londres et Paris, sentant le vent 
tourné, allaient se mettre d’accord rapidement et organiser une nouvelle 
rencontre diplomatique, la conférence de San-Remo d’avril 1920, qui allait 
permettre de finaliser les nouvelles frontières du Moyen-Orient. Le jeu des 
alliances au sein de la Société des nations devait permettre de légaliser 
et d’entériner les conclusions de cette conférence qui reprenait en large 
partie les dispositions des accords Sykes-Picot du 16 mai 1916. 
 
Quatre mois plus tard, le 10 août 1920, un nouvel accord, le traité de Sèvres, 
était passé entre les Européens et le Sultan Mehmet VI afin d’appliquer les 
décisions prises lors de la conférence de San-Remo à la suite des accords 
Sykes-Picot. Cette nouvelle négociation qui réservait des territoires aux 
minorités kurdes et arméniennes, ne devait pas être ratifiée par l’ensemble 
des parties et allait jeter de l’huile sur le feu kemaliste qui rongeait 
déjà le pays. 
 
La Turquie d’Atatürk allait tirer toutefois son épingle du jeu dans ce 
chaos en signant un nouveau traité avec la Russie soviétique en octobre 
1921 lui permettant de récupérer des territoires perdus plusieurs décennies 
avant, autant que d’obtenir de l’armement soviétique destiné à la lutte 
contre les Arméniens et les Grecs. Atatürk allait encore réaliser un tour 
de force en faisant réviser les dispositions de Sèvres grâce au traité 
signé au Château d’Ouchy à Lausanne, le 24 juillet 1923. Ce dernier 
reconnaissait officiellement la République de Turquie et entérinait la 
désintégration de l’ancien Empire ottoman. Condition formulée par la 
Turquie, le Kurdistan et l’Arménie devaient renoncer à leur indépendance 
prévue par le traité précédent. Enfin, des échanges de populations entre la 
Grèce et la Turquie étaient décidés. Les Arabes, quant à eux, fort des 
promesses anglaises de 1915 et 1918, étaient venus remplir le vide laissé 
par les Ottomans en Syrie. Le fils du chérif Hussein, Fayçal, proclamé roi 
du « Royaume arabe de Syrie » le 7 mars 1920 ne devait toutefois guère 
profiter de Damas puisqu’il allait être contraint à l’exil en juillet. La 
patience occidentale demeurait relativement limitée ! À peine trois mois 
après la signature du traité de San-Remo, le souverain arabe était prié de 
vider les lieux. Les Britanniques, conscients de l’importance de l’amitié 
du roi des Arabes, et au bénéfice de leur sphère d’influence, allaient lui