Chapitre I – Le contrôle des prix
Lorsque les marchés tendent vers l’équilibre, le prix de marché tend vers le niveau auquel la
quantité offerte égale la quantité demandée. Mais ce prix d’équilibre ne satisfait pas
nécessairement les acheteurs ou les vendeurs.
Après tout, les acheteurs voudraient toujours payer moins s’ils le pouvaient, et ils sont parfois
en position sur un plan moral ou politique de réclamer des prix plus faibles. Par exemple, que
dire d’une situation où l’équilibre entre l’offre et la demande d’appartements dans une grande
ville (New York aux Etats Unis) conduit à des loyers inaccessibles pour un salaire moyen ?
Dans ce cas, le gouvernement peut très bien subir des pressions pour imposer des limites aux
loyers que les propriétaires peuvent demander.
Par contre les vendeurs voudraient toujours retirer davantage de ce qu’ils vendent, et ils sont
parfois sur un plan moral ou politique en position de réclamer des prix plus élevés. Par
exemple, sur le marché du travail, le prix pour une heure de travail est le salaire horaire. Que
dire d’une situation où l’équilibre entre l’offre et la demande de travailleurs peu qualifiés
correspond à un salaire horaire en dessous du seuil de pauvreté ? Dans ce cas, le
gouvernement peut très bien subir des pressions pour exiger des employeurs qu’ils versent un
salaire au moins égal à un seuil minimum spécifié.
Ainsi, il existe toujours une demande politique puissante pour que les gouvernements
interviennent sur les marchés. Et des intérêts puissants peuvent toujours faire valoir qu’une
intervention sur un marché qui leur est favorable est « juste ». Quand un gouvernement
intervient pour réguler les prix, il est question de contrôle des prix. Des contrôles de prix
sont des restrictions légales à la hausse ou à la baisse d’un prix de marché. Ces contrôles
peuvent prendre la forme soit d’une limite supérieure, un prix plafond, soit d’une limite
inférieure, un prix plancher. Malheureusement, des effets pervers prévisibles et déplaisants
se manifestent quand un gouvernement tente de réguler les prix – à la baisse en imposant un
prix plafond, ou à la hausse en imposant un prix plancher.
Dans ce chapitre, nous considérons une hypothèse importante : les marchés en question sont
efficaces avant que les contrôles de prix soient appliqués. En effet, les marchés peuvent
parfois être inefficaces comme par exemple sur un marché dominé par un monopoleur qui a le
pouvoir d’influencer le prix de marché. Quand les marchés sont inefficaces, les contrôles de
prix ne sont pas nécessairement problématiques, et peuvent potentiellement orienter le marché
vers davantage d’efficacité.
Section 1 – Les prix Plafonds
En Tunisie, l’exemple le plus connu de prix plafond est le prix du pain qui constitue un
produit alimentaire de première nécessité. L’Etat impose le prix du bien considéré, un prix