Cadre de l’étude
Si le système de santé, en France, repose sur certains principes intangibles, en
particulier l’égalité des soins, l’accès aux soins pour tous et la continuité du service
public de santé, les conditions de la prise en charge ne sont pas linéaires, ni pour les
professionnels ni pour le public des services de santé. Dans le système hospitalier,
les caractéristiques structurelles entraînent des écarts importants, notamment en
effectifs et en moyens, d’un hôpital à l’autre. Pénurie de personnel soignant, de
chirurgien, fermeture de lits faute d’effectifs, augmentation des patients et gel des
recrutements marquent certains établissements et les amènent à devoir composer
avec des contraintes plus lourdes ici qu’ailleurs.
Le constat est posé de différences de conditions d’exercice, imputables à des
facteurs structurels.
Les aspects structurels, administratifs et économiques sont une réalité bien connue
des acteurs en santé. Ils forment à la fois leur cadre et leurs conditions d’exercice.
Mais les facteurs structurels ne sont pas les seuls qui suscitent des variations sur les
conditions de la prise en charge.
Une population plurielle
Fréquenter les urgences indique a priori une crise avec laquelle il faut composer.
Face à un événement morbide, au surgissement d’un problème de santé chez
l’enfant, les familles s’adaptent et consentent des efforts variables selon leurs
ressources. Le choix même des urgences, le moment et le motif de leur fréquentation
s’intègrent dans un contexte microsociologique (familial professionnel, économique,
culturel, résidentiel etc.) différent d’un patient à l’autre. En d’autres termes,
différentes situations se font jour, selon les circonstances d’irruption du problème
médical, les ressources et les stratégies du « groupe du patient ». Ce groupe
comprend l’ensemble des accompagnants c’est-à-dire ceux qui amènent le patient,
ceux qui lui rendent visite, ceux qui viennent le chercher, ceux qui entrent en contact
avec le service à son sujet. Il peut s’agir de la famille, mais aussi de tiers qui l’ont
accompagné (passants, responsables scolaires ou parascolaires, police, pompiers,
SAMU…).
La dimension familiale est particulièrement présente aux urgences pédiatriques et
influe sur le déroulement de la prise en charge et du suivi.
Un service à l’activité élastique
Du côté des urgences, le nombre de visites ne cesse d’augmenter, beaucoup plus
vite que n’augmentent les moyens et les effectifs des services. Au sein des services,
ce sont quelques professionnels, répartis en médecins, infirmiers et aides soignants
aux rôles peu échangeables, qui doivent s’arranger d’un public très divers auquel il
faut s’adapter et d’un volume de patients ponctuellement problématique.
La rencontre de deux contextes variables
La rencontre entre les professionnels et le public met en présence deux contextes
qui se redéfinissent l’un l’autre. Ainsi, lorsqu’un patient arrive aux urgences, le
télescopage de ces deux contextes forme un cadre à géométrie variable qui entoure
la relation de soin et la prise en charge.
Une prise en charge dynamique
Les urgences attirent des populations extrêmement variées, pour des motifs et des
niveaux de gravité très divers. La relation de soin y est soumise à une double