Feuillet économique Novembre 2016

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FEUILLET ECONOMIQUE N°3
Développement économique récent :
Mesures urgentes du Gouvernement pour sauver l’économie
Octobre 2016
la nécessité d’accélérer sur certains
paramètres de transformation économique.
I.
Introduction
L’économie congolaise continue à rencontrer
Pour faire des difficultés à la suite de la baisse
des cours des matières premières, en dépit des
mesures économiques urgentes prises par ses
autorités. En effet, au mois de janvier 2016, le
Gouvernement a mis en place 28 mesures
dites « urgentes » visant la stabilisation et la
relance économique du pays secouée par la
dégringolade
des cours des matières
premières d’origine minérale dont dépend
fortement l’économie congolaise à travers,
notamment les revenus générés par leurs
exportations.
Ces mesures sont axées fondamentalement sur
les trois volets que sont (i) l’augmentation des
ressources financières ; (ii) la rationalisation et
l’encadrement de la qualité de la dépense ; et
(iii) la mise en œuvre des réformes
structurelles à impact rapide.
Encadré 1. Les 5 Actions phares des 28
mesures gouvernementales
1. la maximisation des recettes ;
2. la lutte contre la fraude dans le domaine
douanier, fiscal, des transports et voies de
communication et de télécommunication ;
3. la certification des réserves minières et des
hydrocarbures ;
4. la mise en place des responsables dans les
régies financières et les établissements
publics ;
5. la mise en place de l’Autorité de régulation
et de contrôle des assurances et les
Agences des zones économiques spéciales
(AZES).
Après plus de dix mois de mise en œuvre de
ces mesures, la situation économique ne s’est
guère améliorée. Il apparait, dans presque
l’ensemble des indicateurs économiques du
pays, des signaux rouges comme pour illustrer
Les difficultés de l’économie ont, par
conséquent, à plusieurs reprises dans l’année,
contraint les autorités à revoir :
o à la baisse, les prévisions de croissance
du pays, les réserves officielles de
change ;
o à la hausse, les estimations (projection)
de plusieurs indicateurs du cadre
macroéconomique tels que l’inflation,
le taux de change, le taux directeur de
la BCC, le taux de coefficient des
réserves obligatoires des banques
commerciales.
En outre, il est observé sur le marché la
pénurie en devises étrangères et la
dépréciation de la monnaie locale. Cette
situation a contribué à accélérer le rythme de
la formation de prix dans un contexte de forte
tension politique et des perspectives
économiques floues, ce qui rend les risques
d'instabilité particulièrement élevés.
II.
Développement économique récent
2.1.Taux de croissance de PIB
Selon la Banque Centrale du Congo, le taux de
croissance du PIB s’établirait à 4,3% revenant
de 5,3% prévu au mois de mars dernier contre
6,9% de 2015. Cette situation est la pire que le
pays a connu depuis la crise internationale de
2009.
Du côté de l’offre, l’architecture de
contribution sectorielle de la RDC à la
croissance du PIB a connu un changement en
lien avec la chute des prix des matières
premières. Les secteurs secondaire et tertiaire
ont enregistré la progression la plus rapide et
ont apporté la plus forte contribution à la
croissance économique avec respectivement
une participation de 2,6 points et 1,3 point de
pourcentage. Le secteur primaire n’a contribué
qu’à un peu moins de 0,4 point à la formation
des richesses.
2.2. Monnaie et Inflation
La monnaie locale de la RDC continue de se
déprécier, malgré les efforts de la Banque
Centrale pour répondre à la demande des
devises étrangères.
Le taux de change a dépassé 1200 CDF / $ US
depuis fin septembre 2016 sur le marché
parallèle après avoir été contenu à 1050 CDF /
$ US au cours des trois derniers mois, soit une
dépréciation de 27,9%. 13,8%respectivement
sur les marchés officiel et parallèle.
Graphique 1. Evolution du taux de change décembre
2015 à juin 2016
mensuelle de 50 millions USD sur le marché de
change. Cet effort financier de l’Institut
d’émission est destiné à atténuer les effets des
cours de change, à rendre disponible les
devises sur le marché de change et à réduire
ainsi la forte demande exercée par le secteur
des importations et pour d’autres besoins de
transaction. Cependant, ce montant reste
insuffisant pour combler les besoins réels du
marché
exprimés
par
les
banques
commerciales qui sont estimés à environ 100
millions $ US.
2.3.Réserves de change internationales
Pendant que les tensions sur le marché des
changes s’accentuent, les réserves de change
continuent de baisser. Les réserves officielles
de change ont chuté en dessous de 1 milliard $
en ce mois d’octobre, pour la première fois
depuis 2008, ce qui représente 4,1 semaines
d'importations. Ce niveau de réserves
représentent 430 millions $ de moins par
rapport à fin Décembre 2015.
Graphique 3. Évolution des réserves internationales
1 600,00
6,5
6
5,5
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1 500,00
1 400,00
1 300,00
1 200,00
1 100,00
Afin de réduire cette pression sur la monnaie
locale, la Banque Centrale du Congo a
poursuivi
ses
interventions
d’injection
1 000,00
900,00
oct.-16
sept.-16
juil.-16
août-16
mai-16
juin-16
avr.-16
févr.-16
mars-16
déc.-15
janv.-16
oct.-15
nov.-15
800,00
sept.-15
Cette dépréciation a stimulé les pressions
inflationnistes et l'inflation mensuelle a atteint
1,05% en septembre - octobre de cette année
contre 0,54% en moyenne en Juin-Août et
0,12% en moyenne au cours des cinq premiers
mois de l'année. L'inflation cumulée a atteint
3,33% au cours des neuf mois de l'année,
sensiblement plus élevé que le 1,3% observée
au cours de la même période l'an dernier.
Réserves internationales
RI en semaine d'importations
En conséquence, la Banque centrale a relevé
son principal taux d'intérêt de 5 points de
pourcentage à 7 pour cent, pour la première
fois depuis Novembre 2013.
Par ailleurs, la BCC a relevé, depuis le 19
octobre le taux de coefficient des réserves
obligatoires qui est passé de 9 à 12% pour les
comptes à vue, de 10 à 13% pour les dépôts à
terme. L'objectif est d'amener les banques à ne
pas transformer à tout moment des dépôts en
francs congolais en devises étrangères.
2.4. Situation de finances publiques
L'espace budgétaire ne cesse de diminuer avec
la baisse des revenus et des pressions
continues pour maintenir ou accroître les
dépenses. Les chiffres préliminaires pour les
neuf premiers mois de 2016 montrent une
mobilisation des recettes de 8,5% inférieur à
celui de la même période en 2015 et les
dépenses plus élevées de 1,2%. Le solde
budgétaire est tourné vers un déficit US 260
millions $ contre US $ 14 millions un an plus
tôt. Selon le tableau des opérations financières
du Ministère du budget, le taux d’exécution
des dépenses de fonctionnement des
institutions politiques (Présidence, Parlement
et la Primature ministre) a presque atteint 90%
de l'allocation du budget 2016. Au même
moment, les dépenses en capital ne sont
exécutées qu’en concurrence de 0,2% des
prévisions.
III.
Concertation
Secteur Privé
Gouvernement
–
Face aux enjeux politiques et économiques de
l’heure, sur instruction du Président de la
République de la RDC, les membres du
Gouvernement de la Commission ECOFIN sont
venus à la rencontre du secteur privé
représenté par la FEC, la FENAPEC et la
COPEMECO, le 19 octobre 2016 à la recherche
des solutions concertées et durables visant à
sauver l’économie nationale en péril et, à très
court terme, à assurer l’approvisionnement du
pays en produits de première nécessité.
Pour rappel, en cette période de basse
conjoncture, les entreprises du secteur privé
ont été poussées soit à la suspension soit à la
fermeture des activités de certaines d'entre
elles avec risque de survenance des tensions
sociales.
En plus de ce ralentissement des activités
économiques, les entreprises sont confrontées
aussi bien au niveau central que provincial, à la
création sans fondement des droits, taxes et
redevances ainsi qu'à l’augmentation de leurs
taux, à de nombreux contrôles de services
d’assiette et des régies financières ainsi que
d’autres services publics tels que les
institutions judiciaires et l’Inspection Générale
des Finances (lire le feuillet économique de la
FEC précédent).
3.1.Propositions de solution
Ainsi, afin de restaurer la confiance des
opérateurs économiques, les représentants du
secteur privé ont formulé deux types des
propositions de solution que sont :
Mesures urgentes
1) Recourir aux financements extérieurs et
dons afin de contenir le taux de change et
stabiliser les prix intérieurs ;
2) Réduire davantage le train de vie de l’Etat
par la suppression des dépenses non
indispensables ;
3) Supprimer la perception de la TVA dans les
secteurs miniers et pétroliers ;
4) Supprimer la TVA sur les produits de
première nécessité ;
5) Rassurer davantage le petit nombre
d’entreprises opérant encore dans le formel en
leur accordant un moratoire de trois mois sur
le contrôle fiscal, douanier, des recettes non
fiscales et économique ;
6) Revoir à la baisse le barème de l'IPR afin de
sauvegarder tant soit peu le pouvoir d'achat
des gagne petits.
Mesures structurelles
1) Créer à la BCC un guichet de financement en
CDF du secteur de l’agriculture et mettre en
place un fonds de garantie pour faciliter aux
PME d’accéder aux financements ;
2) Promouvoir la production intérieure pour
diminuer la dépendance du pays vis-à-vis des
importations ;
3)
Accroître
quantitativement
et
qualitativement l’offre de l’énergie en facilitant
de nouveaux investissements dans ce secteur ;
4) Mettre en place des mécanismes facilitant
aux PME l’accès aux marchés de sous-traitance
et encourager ainsi la création d’une classe
moyenne congolaise ;
5) Revisiter les arrêtés ministériels qui ont créé
de nouveaux droits, taxes et redevances ainsi
que la majoration de leurs taux ;
6) Accélérer l’adoption et la promulgation du
projet de loi sur les prix et la concurrence en
vue de mettre fin à la situation de monopole et
de représentation exclusive des produits
importés ;
7) Amender certaines dispositions de la loi
portant
principes
fondamentaux
de
l’agriculture en ce que celle existante ne
sécurise pas les investisseurs ;
8) Mettre en place l’Autorité de régulation des
assurances.
3.2.Décision du Gouvernement
A l’issue de la rencontre entre Gouvernement
et le secteur privé représenté par le Conseil
d’Administration de la FEC, la FENAPEC et la
COPEMECO, le Ministre des Finances de la RDC
a instruit les responsables des régies
financières.
 en dates de 26-27 octobre 2016, de
convoquer la Commission tarifaire afin de
statuer sur l’opportunité de suspendre tant
à l’importation qu’en régime intérieur la
perception de la TVA sur tous les produits
de première nécessité. Il s’en suit que la
Commission a recommandé la suspension
pour une durée de trois mois les
perceptions de la TVA ;
 en date du 31 octobre 2016, de suspendre
les contrôles fiscaux et douaniers afin de
bannir tous les contrôles improvisés à
caractère tracassier.
IV.
Leçons apprises
Les tendances observées de tous les
paramètres économiques, telles qu’analysées
précédemment, révèlent quelques risques que
le pays encourt si des solutions idoines ne sont
pas prises.
Le premier risque est que la pénurie en devises
étrangères va presser la capacité de la RDC à
importer de façon durable des biens de base
car la dépréciation du CDF par rapport au
Dollar américain se révèle une inflation
croissante.
Le deuxième risque est le recours de
financement monétaire à la suite de
l’éventuelle expansion des dépenses publiques
du fait des échéances électorales.
La RDC doit explorer différentes façons de
financer et de maintenir l'espace budgétaire.
A cet effet, le risque est la compromission des
perspectives de croissance à long terme du
pays et son émergence à l’horizon 2035.
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