Imagerie de la perfusion et du métabolisme cérébral Brain perfusion

Réunion de neuroanesthésieréanimation
Imagerie de la perfusion et du métabolisme cérébral
Brain perfusion and metabolism imaging techniques
J.-F. Payen
a,*
, V. Lefournier
b
, E. Barbier
c
, F. Dardérian
a
, B. Fauvage
a
, J.-F. Le Bas
b
a
Département danesthésieréanimation, hôpital Michallon, BP 217, 38043 Grenoble cedex 09, France
b
Service de neuroradiologie, hôpital Michallon, BP 217, 38043 Grenoble cedex 09, France
c
Inserm, UM 594, neuro-imagerie fonctionnelle et métabolique, hôpital Michallon, BP 217, 38043 Grenoble cedex 09, France
Disponible sur internet le 15 mai 2006
Résumé
Depuis plusieurs années, la mise à disposition des cliniciens de nouvelles techniques dimagerie cérébrale a permis de mieux comprendre la
physiopathologie du cerveau, daméliorer la performance diagnostique, voire de modifier la stratégie thérapeutique. Des gains notables dans la
résolution spatiale et temporelle rendent aujourdhui possible lobtention dimages de la perfusion et du métabolisme cérébral chez lhomme.
Dans cette mise au point, laccent sera mis sur quatre techniques dont les applications médicales peuvent concerner les patients de neuroréani-
mation : la tomodensitométrie (TDM) de perfusion, lIRM de perfusion, la tomographie démission de positons (PET-scan) et limagerie spec-
troscopique RMN. Outre leur principe théorique, chacune de ces techniques possède des avantages et des limites quil importe de connaître. Des
champs dutilisation préférentielle sont possibles, en tenant compte du niveau dinformation délivré par chaque technique, de son accessibilité
dans la pratique quotidienne, et de la fenêtre dobservation la plus pertinente dans lhistoire du patient.
© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
Due to recent efforts in improving spatial and temporal resolution in imaging techniques, it is now possible to get relevant information about
brain perfusion and metabolism in humans. This information can significantly impact on brain pathophysiology, diagnosis assessment and ther-
apy options, particularly in patients having brain ischemia. Among these imaging and metabolism techniques are dynamic perfusion computed
tomography, perfusion MRI, positron emission tomography and NMR spectroscopic imaging. The goal of this article is an overview of these four
techniques, with their own technical description, advantages and drawbacks. Details are provided about brain parameters given by each technique
and their clinical relevance, the accessibility of the technique in the emergency setting and the optimal window to use it during the patients
evolution.
© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Résonance magnétique nucléaire ; Tomographie démission de positons ; Tomodensitométrie ; Spectroscopie RMN ; Métabolisme cérébral ; Perfusion
cérébrale ; Débit sanguin cérébral ; Volume sanguin cérébral ; Temps de transit moyen
Keywords: Computed tomography; Magnetic resonance imaging; Magnetic resonance spectroscopy; Positron emission tomography; Brain perfusion; Brain
metabolism
1. Introduction
Depuis des années, un effort considérable a été effectué
dans les techniques dimagerie afin de mieux comprendre la
physiopathologie des lésions cérébrales, daméliorer la perfor-
mance diagnostique et, le cas échéant, dorienter la stratégie
thérapeutique. Grâce à une résolution temporelle et spatiale
sans cesse améliorée, il est désormais possible dobtenir des
http://france.elsevier.com/direct/ANNFAR/
Annales Françaises dAnesthésie et de Réanimation 25 (2006) 722728
Travail présenté lors des XXVII
es
Journées de lassociation de Neuroanes-
thésie-réanimation de langue française, Toulouse, les 17 et 18 novembre 2005.
*
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (J.-F. Payen).
0750-7658/$ - see front matter © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annfar.2006.03.032
informations quantitatives sur la perfusion et le métabolisme
cérébral chez le patient en situation dagression cérébrale. Le
point commun de ces techniques dimagerie est leur caractère
non invasif, au sens où aucune implantation dun capteur intra-
crânien nest nécessaire pour obtenir une information sur la
perfusion ou sur le métabolisme cérébral. De nombreuses tech-
niques dimagerie de la perfusion cérébrale existent, applica-
bles chez lhomme, dont la pertinence a été récemment analy-
sée [1]. Pour le patient en situation dagression cérébrale
(accident vasculaire cérébral, traumatisme crânien, hémorragie
sous-arachnoïdienne), la tomodensitométrie (TDM) de perfu-
sion prend une place de plus en plus importante. Dun accès
moins facile, trois autres techniques sont possibles : lIRM de
perfusion (gadolinium, marquage artériel), la tomographie
démission de positons (PET), outil danalyse de la perfusion
et du métabolisme cérébral, et limagerie métabolique par spec-
troscopique RMN (SRM). Enfin, la tomodensitométrie au
xénon stable (TDM-Xe) et la tomographie démission mono-
photonique (SPECT) ont vu leur intérêt progressivement dimi-
nué. Le Tableau 1 résume les principales caractéristiques de
ces techniques. Les quatre premières techniques (TDM de per-
fusion, IRM de perfusion, PET, SRM) font lobjet de cette
mise au point, avec une présentation pour chacune delles de
son principe de fonctionnement, de ses avantages et de ses li-
mites, et de son domaine dapplication clinique. Une attention
particulière sera donnée à laccessibilité de la technique en pra-
tique quotidienne, à la qualité des informations fournies et au
meilleur moment dans lhistoire du patient de les obtenir.
2. Tomodensitométrie de perfusion
2.1. Principes généraux
Le principe de la tomodensitométrie (TDM) de perfusion est
fondé sur lanalyse de lévolution du contraste lors du premier
passage dun bolus intravasculaire dun agent non diffusible,
liode. Une information sur des paramètres hémodynamiques
cérébraux est ainsi disponible, dont la lecture est rendue facile
par des cartes fonctionnelles en couleurs. Lacquisition se fait
grâce à un scanner en mode dynamique, à raison dune à quatre
coupes jointives pendant 40 secondes (une image par seconde
ou toutes les deux secondes), pendant linjection périphérique
intraveineuse dun agent de contraste iodé (40 ml) à un faible
débit dinjection (4 ml/s). Le logiciel de perfusion permet à
lutilisateur de traiter une série temporelle dimages dynami-
ques, à partir de lévolution de la valeur des unités Hounsfield
de chaque voxel pendant ladministration de lagent de
contraste. Des paramètres de la perfusion cérébrale sont calcu-
lés selon un modèle mathématique (pente maximale, volume
central) en ayant défini une fonction dentrée artérielle (le si-
gnal en provenance dune artère dans limage, généralement
lartère cérébrale antérieure) et/ou une fonction de sortie vei-
neuse (généralement le sinus sagittal supérieur) du produit de
contraste. Les quatre paramètres essentiels de la perfusion cé-
rébrale sont : le temps de transit moyen (TTM, en secondes), le
volume sanguin cérébral (VSC, en ml/100 g de tissu), le débit
sanguin cérébral (DSC, en ml/100 g de tissu par minute), le
temps du pic maximal de contraste (TTP, en seconde). Le
DSC est calculé à partir de la mesure du TTM et du VSC,
selon léquation : DSC = VSC/TTM. Une zone dhypoperfu-
sion cérébrale se traduit alors par un allongement du TTM,
qui est une donnée très sensible à comparer au TTM des zones
saines (miroir) ; si cet allongement du TTM est associé à une
augmentation du VSC, il sagit probablement dune zone de
pénombre avec conservation dune autorégulation. La Fig. 1
donne un exemple dimage acquise par cette technique.
2.2. Avantages et limites
La TDM de perfusion est accessible même en urgence et
peut sintégrer dans le bilan lésionnel initial du patient fait avec
la TDM conventionnelle ; elle fournit des données régionales et
Tableau 1
Principales caractéristiques des techniques dimagerie de la perfusion cérébrale [1]
TDMperfusion TDMXénon IRMGadolinium IRMMSA PET SPECT
Agent de contraste Iode Xénon stable Gadolinium Non
15
O
2
,C
15
O
2
,H
215
O
299m
Tc-HMPAO,
133
Xénon
Radiation ionisante 23 mSv 3,510 mSv Non Non 0,52 mSv 3,512 mSv
Durée examen
a
510 min 20 min 510 min 1015 min 1020 min 1520 min
Intervalle entre 2 examens 10 min 20 min 25 min 0 min 10 min 10 min
Paramètres mesurés DSC, VSC TTM DSC DSC, VSC, TTM DSC DSC, VSC, EO
2
, glu DSC
Valeurs absolues Oui Oui Non Oui Oui Non
Influence gros vaisseaux Oui Non Oui Non Non Non
Variabilité 1015 % 12 % 1015 % 10 % 5 % 10 %
Résolution spatiale 12 mm 4 mm 2 mm 2 mm 46mm 46mm
Indications cliniques AVC AVC AVC AVC AVC AVC
Traumatisme Traumatisme Tumeurs Tumeurs Psychiatrie Traumatisme
Vasospasme Vasospasme Vasospasme Dégénératif Épilepsie Psychiatrie
Tumeurs Épilepsie Épilepsie Tumeurs Épilepsie
Fonctionnel Fonctionnel Fonctionnel
Disponibilité pour l'urgence Oui Oui Possible Possible Non Possible
VSC : volume sanguin cérébral ; DSC : débit sanguin cérébral ; EO
2
: extraction doxygène ; Glu : glucose ; TTM : temps de transit moyen ; MSA : marquage
des spins artériels ; mSv : millisievert.
a
La durée dexamen correspond à la somme du temps dacquisition et du temps danalyse.
J.-F. Payen et al. / Annales Françaises dAnesthésie et de Réanimation 25 (2006) 722728 723
absolues de perfusion cérébrale [2]. Ces propriétés sont des
atouts majeurs par rapport aux autres techniques. Dans de bon-
nes conditions dacquisition et danalyse, la TDM de perfusion
donne des résultats précis et fiables, validés par rapport à la
TDM-Xe et à lIRM de perfusion [3,4]. Les résultats de la
TDM de perfusion sont disponibles en quelques minutes. Ce-
pendant, la variabilité de lexamen nest pas négligeable (10
15 %), et le champ anatomique exploré reste faible pour le
moment (une zone de 20 mm dépaisseur avec un équipement
à quatre barrettes de détection, une zone de 80 mm avec un
équipement à 16 barrettes). Les gros vaisseaux et les pixels à
VSC élevés (supérieurs à 9 ml/100 g) influencent les calculs,
ce qui nécessite de les éliminer. En outre, cet examen nécessite
une injection diode et délivre une dose dirradiation de lordre
de 2 mSv, ce qui reste du même ordre quen TDM convention-
nelle.
2.3. Applications cliniques
Les premières applications de la TDM de perfusion ont
concerné les patients ayant un accident vasculaire cérébral
(AVC) ischémique, susceptibles dun traitement thromboly-
tique. La détermination des territoires ayant une ischémie ré-
versible (pénombre) et ceux ayant un infarctus massif avec
risque de transformation hémorragique doit être rapide et pré-
cise. Dans ce cadre, lexamen de référence est lIRM de diffu-
sion, mais la TDM de perfusion sest peu à peu imposée
comme une alternative précise et fiable [5]. Ainsi, le choix de
seuils pour le DSC (34 % par rapport aux zones saines) et
pour le VSC (2,5 ml/100 g) a permis didentifier les zones de
pénombre et les zones dinfarctus, avec des résultats très corré-
lés à ceux de lIRM de perfusiondiffusion [6].Dautres études
ont montré que le TTM était aussi un paramètre sensible pour
apprécier la perfusion cérébrale, en prenant un seuil de six se-
condes [7].
Le vasospasme complique plus de 50 % des hémorragies
sous-arachnoïdiennes (HSA) par rupture danévrisme et sac-
compagne dans 20 à 40 % des cas dune ischémie cérébrale
retardée. Chez dix patients ayant une HSA avec persistance
de troubles neurologiques après exclusion de lanévrisme, la
TDM de perfusion a permis daffiner le diagnostic en docu-
mentant selon les cas un vasospasme sans ischémie, une isché-
mie ou une hyperhémie [8].Lapport de cette technique par
rapport à lartériographie conventionnelle, examen de référence
du vasospasme artériel, doit être évalué. Mais la possibilité de
répéter lanalyse à intervalles réguliers des mêmes régions din-
Fig. 1. Fenêtre de visualisation des quatre cartes de perfusion acquises par TDM de perfusion chez une patiente ayant eu une hémorragie sous-arachnoïdienne par
rupture danévrisme sylvien droit clippé, en phase vasospasme (j10). Lanalyse de la perfusion montre une zone dhypoperfusion dans le territoire sylvien droit
(flèche blanche) : diminution du débit sanguin cérébral (DSC) de plus de 50 %, allongement du temps de transit moyen (TTM) et du temps du pic maximal de
contraste (TTP), volume sanguin cérébral (VSC) peu modifié.
J.-F. Payen et al. / Annales Françaises dAnesthésie et de Réanimation 25 (2006) 722728724
térêts (ROI) devrait faciliter la stratégie thérapeutique : indica-
tion dartériographie et de traitement endovasculaire, intensité
et durée du traitement médical.
En neurotraumatologie, la TDM de perfusion devrait avoir
un impact important. Ainsi, la présence de zones avec des fai-
bles valeurs de VSC dès ladmission a été un des facteurs in-
dépendants de mauvais pronostic à trois mois dun traumatisme
crânien sévère [9]. Cet examen a permis de faire une évaluation
précoce du statut hémodynamique de 61 patients traumatisés
crâniens sévères, en distinguant ceux qui avaient une faible
relation entre pression de perfusion cérébrale et paramètres
TDM de perfusion (autorégulation probablement conservée)
et ceux qui avaient une relation étroite entre ces deux entités
(autorégulation probablement altérée) [10]. En somme, malgré
des imperfections, la TDM de perfusion devient un outil dé-
valuation de la perfusion cérébrale, disponible précocement
pour les traumatisés crâniens et pour le suivi des patients ayant
une HSA.
2.4. TDM au xénon stable
La TDM de perfusion est à distinguer de la TDM au xénon
stable (xénon naturel). Celle-ci a été lexamen de référence
pendant plus de 20 ans pour estimer le DSC chez lhomme.
Après inhalation de xénon (28 à 30 % de fraction inspirée),
le DSC est calculé selon léquation modifiée de Kety-Schmidt,
qui tient compte du coefficient de partition entre le sang et le
cerveau puisque le xénon stable est diffusible, et de la fonction
dentrée artérielle estimée par la fraction expirée de xénon. Ce-
pendant, des effets indésirables (sédation, nausées), une grande
sensibilité aux mouvements du patient et une faible résolution
spatiale ont rendu cette technique de moins en moins utilisée.
Une étude récente a rapporté leffet propre du xénon inhalé sur
le DSC (+12 %) chez des patients ventilés après TC ou HSA,
ainsi quune forte variabilité inter- et intra-individuelle (20 à
40 %) [11].
3. IRM de perfusion
3.1. Principes généraux
Comme la TDM de perfusion, lIRM de perfusion repose
sur la détermination de la quantité dun traceur sanguin qui
circule dans un volume de tissu donné, pendant un temps
donné en IRM, le signal est celui de leau [12]. Un agent de
contraste (gadolinium) peut être injecté pour modifier le signal
de leau (traceur exogène). Cette approche est aujourdhui pri-
vilégiée en clinique. Leau peut aussi être marquée magnéti-
quement (traceur endogène) ; cest le marquage des spins arté-
riels (MSA).
La présence dun agent de contraste paramagnétique dans le
compartiment vasculaire induit un gradient de susceptibilité
magnétique entre le compartiment vasculaire et le comparti-
ment tissulaire. Pour un voxel contenant un faible volume san-
guin (inférieur à 4 %), la variation du signal RMN est propor-
tionnelle à la concentration en agent de contraste. En injectant
le produit de contraste sous forme de bolus, et en analysant les
variations de signal RMN grâce à des techniques dimagerie
rapide (séquences en écho de gradient), on peut calculer une
carte dindex de VSC. En mesurant la fonction dentrée arté-
rielle, on peut obtenir une carte dindex de DSC. Mais lobten-
tion de valeurs quantitatives du DSC est difficile du fait de la
relation complexe, non linéaire, entre le signal du sang et la
concentration en agent de contraste.
Le marquage des spins artériels (MSA) repose sur la détec-
tion deau endogène marquée magnétiquement. La modifica-
tion de laimantation de leau artérielle (inversion) induit une
réduction de quelques pour cent du signal RMN dans le tissu
analysé. Cette modification daimantation est directement liée
au DSC sur une cartographie en T
1
. De nombreuses manières
de réaliser lexpérience de marquage des spins artériels ont été
décrites [13]. Dans tous les cas, un volume de sang est marqué
avant dirriguer le tissu dintérêt, soit par un marquage pulsé
des spins artériels, soit par un marquage continu.
3.2. Avantages et limites
Après injection intraveineuse de gadolinium, lanalyse du
passage de lembole est riche en informations, déjà décrites
avec la TDM de perfusion : TTM, TTP, VSC, index de DSC,
extravasation de la BHE. Mais ici, lanalyse est semi-quantita-
tive : des cartographies de ces paramètres permettent une com-
paraison entre des régions lésées et des régions saines. Cette
technique présente lavantage de produire des données avec
un bon rapport signal sur bruit en un minimum de temps
(< 1 minute). Elle est possible sur tous les imageurs cliniques
de 1,5 Tesla, et présente lavantage dune association possible
avec dautres méthodes IRM pour améliorer la performance
diagnostique : cartographies quantitatives T
1
et T
2
, imagerie
de diffusion, spectroscopie RMN. Cependant, les situations
de bas débit sanguin cérébral (DSC inférieur à 8 ml/100 g par
minute) et de rupture de la BHE (extravasation de lagent de
contraste) ne permettent pas des mesures fiables du DSC.
En ce qui concerne le MSA, lanalyse repose sur des diffé-
rences faibles daimantation de leau entre avant et après mar-
quage, ce qui impose des images avec un excellent rapport si-
gnal sur bruit. La méthode est prise en défaut en cas de bas
débit (inférieur à 10 ml/100 g/min) et dhyperhémie (supérieur
à 150 ml/100 g/min). Cependant, le MSA produit des cartes de
DSC sans être influencé par le signal des gros vaisseaux. Lab-
sence dinjection intraveineuse rend cette approche acceptable
chez lenfant, voire in utero, et permet de répéter sans délai les
mesures. Par ailleurs, la vitesse déchange de leau au travers
de la BHE reste mal connue et pourrait influencer les mesures.
Une comparaison entre le MSA et le PET (H
215
O
2
) chez des
volontaires a donné une bonne concordance des mesures, prin-
cipalement dans la substance grise [14]. Cela étant, la princi-
pale limite des examens IRM réside dans laccessibilité du pla-
teau technique et dans les contraintes liées aux champs
magnétiques de haute intensité.
J.-F. Payen et al. / Annales Françaises dAnesthésie et de Réanimation 25 (2006) 722728 725
3.3. Applications cliniques
Les domaines de prédilection de lIRM de perfusion sont les
tumeurs et les accidents vasculaires cérébraux (AVC). La na-
ture des tumeurs (gliome de bas ou de haut grade), leur réponse
au traitement (récidive ou radionécrose), la distinction avec un
abcès cérébral sont des exemples qui font largement appel à
cette technique. Dans de nombreux centres, lindication dun
traitement thrombolytique en cas dAVC ischémique repose
sur un examen par IRM de diffusion associé à une angiogra-
phie par IRM (angio-IRM) et/ou à une IRM de perfusion pour
préciser létendue de la zone à risque dischémie irréversible
[15].Lassociation des deux examens IRM (diffusion + perfu-
sion) a permis de préciser la nature exacte dune détérioration
neurologique chez des patients de soins intensifs devant une
discordance entre les signes cliniques et la TDM convention-
nelle [16]. Grâce à cette approche combinée, létendue des lé-
sions ischémiques a été précisée chez des patients ayant un
vasospasme après HSA [17]. Pour le moment, aucune étude
clinique na été rapportée par IRM de perfusion après injection
de gadolinium chez des traumatisés crâniens. Pour le MSA,
moins utilisé en clinique, des travaux ont été conduits chez
des patients ayant eu un AVC ischémique, une tumeur, une
épilepsie, et en imagerie fonctionnelle grâce à la possibilité
de répéter facilement lexamen. Cette technique a permis de
quantifier les variations régionales du DSC chez le rat dans
un modèle de traumatisme crânien [18].
4. Tomographie démission de positons (PET)
4.1. Principes généraux
Limagerie par PET repose sur ladministration de traceurs
exogènes radioactifs, marqués par des isotopes du carbone, de
loxygène ou du fluor, qui sont détectés par une caméra à po-
sitons. Selon lisotope choisi, il est possible dobtenir des in-
formations sur la perfusion cérébrale (
15
O) ou sur le métabo-
lisme du glucose (
18
F). Pour la mesure de la perfusion
cérébrale, le traceur peut être injecté en intraveineux (H
215
O)
et/ou inhalé (C
15
O
2
) pendant quelques minutes. Dans les deux
cas, il est nécessaire deffectuer des prélèvements artériels de
manière simultanée pour connaître la fonction dentrée arté-
rielle et permettre le calcul des paramètres cérébraux. Ainsi,
cette technique permet la détermination régionale et absolue
du DSC, du VSC, de la consommation cérébrale dO
2
(CMRO
2
) et du coefficient dextraction cérébrale en O
2
(EO
2
). Le métabolisme cérébral régional du glucose (CMRglu)
est déterminé après injection intraveineuse du
18
F-fluro-déso-
xyglucose (
18
F-FDG).
4.2. Avantages et limites
La demi-vie rapide des traceurs radioactifs (deux heures
pour
18
F, deux minutes pour
15
O) nécessite leur préparation
quasi-instantanée par un accélérateur de particules (cyclotron),
sur le site même de lutilisation pour l
15
O, ce qui constitue un
facteur limitant. Lirradiation corporelle après un examen PET
est denviron 0,5 à 2 mSv, comparable à la TDM. La résolution
spatiale dun examen PET (46 mm) est moins bonne quavec
lIRM ou la TDM de perfusion ; il est souvent nécessaire de
projeter sur la cartographie en PET une image anatomique
(TDM, IRM). Néanmoins, il sagit dune technique dotée
dune faible variabilité (5 %), permettant des résultats quanti-
tatifs, ne subissant aucune influence des conditions locales de
perfusion (gros vaisseaux, hypoperfusion).
4.3. Applications cliniques
Lessentiel des études menées en PET concerne des affec-
tions chroniques : évaluation préopératoire dune sténose caro-
tidienne, tumeurs, épilepsie, démence, mouvements anormaux,
imagerie fonctionnelle. Dans le cadre de la recherche clinique,
la PET
15
O a été utilisée pour létude de la perfusion régionale
chez des traumatisés crâniens. Il a été ainsi montré que lhy-
perventilation (PaCO
2
2530 mmHg) pouvait réduire le DSC
sans altérer la consommation dO
2
en raison dune meilleure
extraction dO
2
, y compris dans les zones les plus à risque
dischémie [19]. Plus récemment, les seuils admis pour entraî-
ner une ischémie cérébrale irréversible en pathologie neurovas-
culaire (DSC inférieur à 10 ml/100 g/min) ont été revus à la
hausse en pathologie traumatique (DSC 15 ml/100 g/min) [20].
La même équipe vient de montrer que laugmentation de la
pression de perfusion cérébrale (de 70 à 90 mmHg) pouvait
augmenter le DSC et loxygénation cérébrale mesurée par la
pression intraparenchymateuse en O
2
(PtiO
2
) et diminuer en
conséquence lEO
2
[21]. Cependant, lexamen par PET nest
pas adapté à lexploration en routine des patients en situation
dagression cérébrale.
4.4. PET et SPECT
La PET est à distinguer de la tomographie démission mo-
nophotonique (SPECT), qui requiert linjection intraveineuse
de traceurs (
99m
Tc-HMPAO,
133
Xenon) et une gamma-caméra
[22]. Son principal écueil réside dans sa faible résolution spa-
tiale liée à la dispersion des photons, sa variabilité non négli-
geable (10 %) et labsence de quantification des mesures régio-
nales de DSC. La SPECT est surtout utilisée pour la
cartographie de récepteurs des neuromédiateurs. Quelques étu-
des ont été réalisées chez des traumatisés crâniens, ayant per-
mis notamment de suivre lévolution temporelle du DSC dans
les suites dun traumatisme crânien grave [23].
5. Imagerie métabolique par spectroscopie RMN (SRM)
5.1. Principes généraux
La SRM exploite le principe général de lIRM (perturbation
dune aimantation dans un champ magnétique) tout en tenant
compte de lenvironnement électronique des espèces biochimi-
ques dans lesquelles se trouvent les noyaux de latome en ré-
sonance (spins). En effet, à chaque espèce biochimique corres-
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