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Mongolie : la faim oubliée
Dossier de presse
LA FAIM OUBLIEE EN MONGOLIE
Une réalité loin des clichés de « cartes postales »
Avril 2004
Informations Presse :
Anne Degroux, 01 43 35 88 42, [email protected]
Cécile Join-Lambert, 01 43 35 88 43, [email protected]
Permanence WE et jours fériés : 06 70 01 58 34 / 06 70 01 58 43
Mongolie : la faim oubliée
Sommaire
• Introduction ………………………………………………………………. p. 3
• La Mongolie : problématique humanitaire générale …………………. p. 4
Des aléas climatiques dévastateurs
Un contexte socio-économique déstructuré
• Bayan Olgi :
Une population rurale entre tempêtes, sécheresses et oubli ……….. p. 6
Destruction du cheptel et appauvrissement des pâturages
Une population isolée et démunie
Conséquence de la perte des moyens de subsistance : l’exode vers les villes
Action contre la Faim à Bayan Olgi :
Répondre aux besoins immédiats, tout en préservant l’avenir ……... p. 9
Les besoins humanitaires
Des solutions proposées par Action contre la Faim
• Oulan-Bator :
Une précarité emblématique des zones urbaines ...………………… p. 11
Chômage
Marginalisation croissante d’une partie de la population
Action contre la Faim à Oulan Bator :
subvenir aux besoins vitaux des populations marginalisées……….. p. 12
Les soupes populaires
La promotion du maraîchage en zone péri-urbaine
• Conclusion ………………………………………………………………. p. 15
Annexes : la Mongolie en bref ..……………………………………….. p. 16
•
•
•
•
•
•
Historique
Géopolitique
Géographie
Population
Politique
Economie
2
Mongolie : la faim oubliée
Introduction
Enclavée dans la partie nord de l’Asie Centrale entre la Russie et la Chine, la Mongolie
s’étend sur un vaste territoire de 1.56 millions de kilomètres carré (soit 3 fois la France) sur
lequel s’éparpillent moins de 3 millions d’habitants. A l'époque de la conquête mongole,
sous Gengis Khān et Kūbilaï Khān, la Mongolie forma un des plus vastes empires de tous
les temps. Jusqu'au XXème siècle, le pays, deux fois plus grand qu'aujourd'hui, comprenait
une partie de la Sibérie ainsi que la Mongolie Intérieure, aujourd'hui contrôlée par la Chine.
Après plus de 60 ans de communisme, la Mongolie s’est brutalement libéralisée au début
des années 90, au moment du démantèlement de l’URSS.
Dans le même temps, la Mongolie s’est ouverte au tourisme. Les tours operators vendent
une image du pays faite de « yourtes colorés et d’espaces infinis ». Si cela représente un
fragment de la réalité, cette image est bien loin de l’extrême précarité quotidienne d’une
grande partie de la population mongole.
Peu de gens connaissent et reconnaissent actuellement le désarroi et la
misère dans lesquels sont plongés des milliers de personnes tant dans les
campagnes qu’à Oulan-Bator. Le pays traverse en effet depuis la fin des
années 90 une période de très forte insécurité alimentaire, qui touche une
population marginalisée par une suite sans précédent de catastrophes
climatiques, dans un contexte socio-économique totalement déstructuré.
Malgré la gravité de la situation, cette crise n’attire l’attention de personne. Seul un très petit
nombre d’acteurs ont tenté de s’attaquer aux problèmes. Parmi eux, Action contre la Faim,
qui est intervenue pour la première fois en Mongolie en octobre 2001.
Action contre la Faim se propose d’agir non seulement sur les effets de
cette crise, à la fois structurelle et conjoncturelle, mais aussi sur ses
causes. Dans cette perspective, l’association met en œuvre des projets
différents mais complémentaires qui s’adressent aux populations
vulnérables des zones rurales et d’Oulan-Bator, en particulier dans la partie
péri-urbaine de la ville où se concentrent les plus démunis.
Mongolie : la faim oubliée
Mongolie :
Problématique humanitaire générale
La Mongolie fait face à une crise causée par la conjugaison de nombreux facteurs aussi bien
climatiques que structurels. Les répercussions humanitaires concernent quant à elles tant les
zones urbaines que rurales. A l’échelle nationale, on estime que 36%1 des Mongols vivent
en dessous du seuil de pauvreté.
• Des aléas climatiques dévastateurs
Le climat continental semi-aride est une donnée fondamentale de la Mongolie : l’amplitude
thermique peut dépasser 80°C entre l’hiver et l’été. Le pays est de plus régulièrement sujet à
de forts aléas naturels et climatiques à l’image des «dzüüd» -vents extrêmement violents qui
ravagent régulièrement le pays-, et des sécheresses durant l’été. Avec une altitude moyenne
de 1 580 m, la Mongolie est l'un des pays les plus élevés au monde avec notamment de
hautes montagnes à l'extrême ouest du pays. Pourtant, près de 80% de la surface des
terres est adaptée à l’agriculture, principalement à l’élevage. Le cheptel, «trésor» ancestral
des Mongols, s’avère primordial pour leur sécurité alimentaire et l’économie du pays.
La Mongolie a connu ces quatre dernières années (2000 à 2002 notamment), les pires
conditions climatiques qu’elle ait connue depuis 30 ans. Deux dzüüd consécutifs alternant
avec des sécheresses à répétition ont eu des conséquences dramatiques sur le cheptel
mongol et ont considérablement augmenté les incertitudes des foyers pauvres en matière de
sécurité alimentaire, particulièrement en zone rurale. Les dzüüd ont entraîné la mort de
presque 1,8 million de bêtes en 2000 et de 2,2 millions en 2001. Durant l’été 2002, la
Mongolie a connu une nouvelle sécheresse (il y en avait déjà eu en 2000 et 2001), le
cheptel, déjà affaibli par les aléas climatiques précédents, a encore souffert : 1 million de
têtes de bétail sont mortes durant cette période. Aujourd’hui, c’est la survie de près de 70
000 foyers directement dépendants de l’élevage qui est en jeu suite à ces événements.
Face à cette situation, les autorités mongoles ainsi que les organisations internationales,
faute de moyens appropriés et conséquents, ont été incapables d’apporter à temps
l’assistance nécessaire aux victimes. De nombreuses familles rurales ont été contraintes
de vendre ce qu’il leur restait de biens pour migrer vers les centres urbains à la
recherche d’un emploi, où elles n’ont fait que gonfler les rangs des plus démunis.
• Un contexte socio-économique déstructuré
La société mongole connaît depuis plus de 10 ans une période de transition d’une économie
planifiée à un système d’économie de marché, sans contrôle efficace de la part des
autorités. Cela a largement favorisé la marginalisation d’une part croissante de la
population, victime de l’effondrement du tissu économique et de l’inadéquation des
mesures et des moyens sociaux. La pauvreté, le chômage et les inégalités entre les
différentes couches de la population ont fortement augmenté. Les services sociaux et
1
Estimation 2001.
4
Mongolie : la faim oubliée
sanitaires sont délabrés et devenus inaccessibles aux marginalisés. Les coupes drastiques
opérées dans les budgets des services sanitaires et sociaux au début des années 90 ont
entraîné la baisse de la qualité des soins et de l’éducation : un nombre croissant d’enfants
défavorisés n’ont pas accès à l’éducation.
En outre, l’échec du gouvernement à identifier les dysfonctionnements de sa politique de
privatisation, ajouté au manque d’efforts pour la création de conditions socio-économiques
favorables au développement durable de l’élevage, ont contribué à limiter la capacité des
communautés rurales à surmonter les catastrophes climatiques2.
2
Pour plus d’informations sur le contexte économique de la Mongolie, voir en annexe.
5
Mongolie : la faim oubliée
Bayan Olgi :
Une population rurale
entre tempêtes, sécheresses et oubli
•
Destruction du cheptel et appauvrissement des pâturages
Situé dans le nord-ouest du pays, le district de Bayan Olgi a été l’un des plus durement
touchés par les aléas climatiques. La destruction de 95 000 têtes de bétail en 2001 a ainsi
enfoncé dans la crise une population dont 15% se situait déjà sous le seuil de pauvreté. Par
ailleurs, environ 125 000 animaux ont péri durant la sécheresse du printemps et de l’été
2002 (soit 10% du cheptel total). Avec un décès total de 220 000 têtes de bétails, le déficit
alimentaire d’une partie de la population de la province – en particulier des enfants- est
aujourd’hui préoccupant.
La période de soudure3, qui débute habituellement au printemps et dure en moyenne deux
mois, risque désormais de démarrer plus tôt et de durer plus longtemps. En effet, les deux
sécheresses successives ont eu pour conséquence :
une croissance incomplète de l’herbe dans les pâturages d’hiver alors que, dans la
majeure partie des districts, la production de fourrage est bien loin de couvrir les
besoins des éleveurs ;
une repousse insuffisante de l’herbe dans les pâturages d’été ainsi que le tarissement de
nombreuses sources, ce qui induit une faible production laitière, une reconstitution
incomplète du cheptel avant l’hiver, un risque d’accroissement du taux de
mortalité du bétail (en particulier au moment de la soudure) et une diminution des
stocks de viande.
Du fait du manque de nourriture pour les bêtes en plaine, la plupart des éleveurs du HautAltaï (province de Bayan Olgi) sont forcés depuis maintenant plusieurs années de migrer
durant l’hiver vers les pâturages d’été situés en altitude. Les pâturages d’été,
consommés pendant l’hiver, n’ont donc pas le temps de se reconstituer suffisamment pour
l’été à venir, entraînant ainsi une spirale de manque de nourriture. Cela compromet
également la reconstitution du cheptel (les basses températures et les tempêtes régulières
en altitude affaiblissent encore plus les animaux). Enfin, si passer l’hiver en altitude est
dangereux pour le bétail, cela l’est également pour les éleveurs qui vivent plusieurs
semaines isolés de tout.
La situation dans la région de Bayan Olgi même est encore bien plus inquiétante car
l’écosystème et les conditions climatiques normales ne permettent pas la culture du blé ou
du fourrage par irrigation naturelle.
•
Une population isolée et démunie
Outre les catastrophes climatiques de ces dernières années, la province de Bayan Olgi,
considérée comme l’une des plus pauvres du pays, souffre de problèmes d’ordre
structurel qui limitent sa capacité à recouvrer durablement des effets de ces crises
successives :
3
Période annuelle entre deux récoltes où les stocks alimentaires et animaux sont au plus bas.
6
Mongolie : la faim oubliée
Une mauvaise gestion des pâturages :
La perte du savoir traditionnel en matière de gestion des pâturages et des espèces
animales sous le régime communiste, alliée à l’inexpérience de nombreux éleveurs et à
l’augmentation non maîtrisée du nombre de chèvres, ont contribué à la dégradation
progressive du contexte pastoral.
Un manque de fourrage et de stocks d’urgence :
Cette situation peut être attribuée, d’une part au démantèlement des vastes unités de
production de fourrage, la majeure partie ayant fait faillite, et d’autre part, à la
progressive diminution des parcelles fourragères privées dont le rendement est
extrêmement faible du fait du manque de moyens des éleveurs (problèmes d’irrigation,
fauche manuelle…).
Un manque d’abris adaptés pour la protection du bétail :
Les éleveurs sont de plus en plus conscients de la nécessité de protéger leur bétail
dans des abris durant la saison hivernale, en particulier à la charnière du printemps.
Or, les abris et enclos existant sont de piètre qualité et les éleveurs possédant moins
de 50 têtes de bétails sont incapables d’en assurer l’extension, ni même l’entretien.
Une économie sinistrée :
> enclavement et déficience du système de commercialisation
Depuis l’effondrement de la plupart des structures étatiques, les populations rurales
sont particulièrement dépendantes des marchés locaux, des « boutiques »4, ainsi que
des vendeurs ambulants pour leurs achats de produits de première nécessité.
Essentiellement fondé sur le troc, le système de commercialisation reste très peu
développé, la majorité des paysans ayant un pouvoir de négociation très limité et de
trop rares opportunités de vente de leurs produits agricoles.
> aide publique quasi inexistante
Les infrastructures et activités minières et industrielles sont parmi les plus sinistrées du
pays. De plus, la province, en grande partie peuplée de la minorité ethnique Kazakh,
ne bénéficie pratiquement d’aucune assistance du gouvernement ou des organisations
internationales.
4
En plus d’être une source vitale d’approvisionnement, ces boutiques font également office d’institutions de crédit
informelles.
7
Mongolie : la faim oubliée
•
Conséquence de la perte des moyens de subsistance : l’exode vers les villes
La destruction du bétail a entraîné un désastre sans précédent pour les éleveurs pauvres et
très pauvres. L’élevage est pour beaucoup d’entre eux le seul moyen de subsistance et
joue un rôle vital dans l’équilibre alimentaire des familles. Les revenus tirés de l’élevage
leur permettent de subvenir à leurs besoins élémentaires en terme de transports, de
vêtements, de matériel de chauffage… Le bétail en lui-même constitue un apport essentiel
en aliments de premières nécessités tels que les produits laitiers et la viande. Etant donné
les défaillances actuelles de l’économie mongole et l’exclusion des éleveurs des circuits
monétaires, la farine de blé et les autres céréales, comme le riz ou les autres denrées de
base, sont bien souvent obtenus grâce au troc de produits d’origine animale (laine, fourrures,
peaux…). Certains ont même du vendre leurs biens, parfois même leurs vêtements chauds
pour l’hiver. La perte de ces animaux a donc eu une incidence grave et directe sur la sécurité
alimentaire et la survie d’un nombre important d’éleveurs.
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Mongolie : la faim oubliée
Action contre la Faim à Bayan Olgi :
Répondre aux besoins immédiats, tout en préservant l’avenir
•
Les besoins humanitaires
La détérioration de la sécurité alimentaire d’un grand nombre de familles d’éleveurs ainsi que
la capacité limitée du gouvernement mongol à assister les plus pauvres et à leur fournir des
services sociaux de base rendent les interventions humanitaires nécessaires,
particulièrement vis-à-vis des foyers en situation d’extrême précarité.
Les besoins à court terme :
Suite aux dernières catastrophes climatiques, de nombreux foyers d’éleveurs ont perdu
la majeure partie de leur cheptel. Ils font donc face à un important déficit alimentaire qui
pourrait être compensé, au moins partiellement, par d’autres revenus que ceux de
l’élevage. Cela permettrait d’éviter à ces foyers une décapitalisation supplémentaire pour
subvenir à leurs besoins immédiats.
Les besoins à moyen terme :
> Afin de faire face au manque de fourrage qui apparaît généralement en période de
soudure, voire plus tôt encore, la production locale doit être augmentée. Cela peut
passer par le développement de petites infrastructures agricoles adaptées à
l’enclavement de la province et au manque général d’eau pour l’irrigation.
> Des ressources alimentaires alternatives doivent également être développées
afin de compenser le risque que font peser de nouvelles catastrophes climatiques sur la
sécurité alimentaire des populations.
> La construction d’abris pour le bétail s’avère essentiel pour sa préservation pendant
l’hiver.
Les besoins à long terme :
Le recouvrement d’un équilibre entre les pâturages disponibles et le cheptel nécessitera
l’adaptation des pratiques d’affouragement, l’amélioration des méthodes et moyens
de commercialisation du bétail en automne ainsi que l’amélioration de la gestion du
cheptel en hiver.
•
Des solutions proposées par Action contre la Faim
Les actions menées par Action contre la Faim dans les zones rurales de l’extrême ouest ont
toutes pour but d’améliorer la capacité des éleveurs à affronter les conditions hivernales.
L’association est venue en appui des institutions et des structures étatiques qui n’avaient pas
su s’organiser suffisamment lors des dernières catastrophes naturelles, rendant ainsi
inefficace l’aide d’urgence apportée par l’Etat aux éleveurs.
Action contre la Faim a commencé à venir en aide en 2002 aux populations d’éleveurs du
district de Bayan Olgi en distribuant du fourrage pour le bétail. Depuis 2003, l’association a
mis en place des programmes de sécurité alimentaire sur 2 zones du district de Bayan Olgi
(Delüün et Altantsögts), soit auprès d’une population évaluée à environ 8 000 personnes,
parmi lesquels 2 000 jeunes femmes et 1 700 enfants de moins de 5 ans.
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Mongolie : la faim oubliée
Deux communautés de 50 familles d’éleveurs et de jardiniers bénéficient directement de la
mise en place de champs fourragers et de potagers irrigués, ainsi que de petites
infrastructures agricoles. Le nombre de bénéficiaires directs du projet s’élève à
approximativement 500 individus avec un nombre moyen de 5 membres par famille.
Ces programmes ont pour objectifs :
La création d’emplois temporaires : cette composante du programme améliorera la
couverture des besoins nutritionnels d’environ 90 foyers, sélectionnés parmi les plus
vulnérables, sur une période de cinq mois. Environ 90 travailleurs sont en effet
employés dans le cadre de la mise en place des diverses infrastructures agricoles
prévues par le projet. De 400 à 500 personnes parmi les plus vulnérables des zones
ciblées vont ainsi directement bénéficier de ce projet par un retour à l’emploi. L’étude
d’impact qui sera réalisée à l’issue du projet déterminera l’usage fait des revenus
générés par cette activité, ainsi que son impact à court et moyen terme sur la sécurité
alimentaire des bénéficiaires et la recapitalisation de leur cheptel.
Le développement du maraîchage : 2 hectares seront dédiées à la production de
légumes. Il est possible de faire des projections sur la base du volume et la valeur
des légumes qui y seront récoltés : considérant une superficie moyenne de 2,5 ares
cultivée par foyer impliqué, ainsi qu’une base de quatre légumes cultivés (pommes
de terre, carottes, choux et navets), on peut envisager une récolte annuelle ayant une
valeur d’approximativement 85€.
La production de fourrage : l’impact de cette composante du projet dépendra
des conséquences d’une nouvelle législation sur la propriété de la terre, de la qualité
et de la fertilité du sol, des conditions climatiques, des variétés de fourrage à
sélectionner…
Les abris pour animaux : Ces abris permettront de réduire substantiellement les
pertes d’énergie du bétail durant l’hiver, en particulier la nuit. D’où une diminution du
risque de décès des animaux, qui menace toujours les éleveurs.
Action contre la Faim agit donc non seulement sur les effets de cette crise, à la fois
structurelle (aléas climatiques) et conjoncturelle (déstructuration des infrastructures), mais
aussi sur ses causes afin d’améliorer à moyen et long terme les conditions de vie des
éleveurs du grand ouest.
Face à cette situation, pour bon nombre d’éleveurs dans tout le pays, l’élevage a été
remplacé, partiellement ou totalement, par d’autres moyens de subsistance : solidarité
familiale et communautaire, liens entre zones rurales et urbaines, allocations et pensions
versées par l’Etat… Cette situation -non viable à moyen terme-, a poussé une partie des
populations les plus vulnérables à quitter la région pour s’installer en ville à la recherche de
nourriture et de travail. Cette crise qui touchait donc avant tout les éleveurs s’est déplacé
vers les villes provoquant un exode massif et une hausse très forte du chômage : en arrivant
en ville, loin de trouver du travail, la majorité de ces familles d’éleveurs n’ont fait que grossir
les rangs des plus démunis.
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Mongolie : la faim oubliée
Oulan-Bator :
Une précarité emblématique des zones urbaines
•
Chômage
Dans les centres urbains de province, la vulnérabilité des foyers est directement liée au
chômage et au manque d’offres d’emploi, même temporaires. En ville, le chômage frôle
les 25% mais, comme toujours en Mongolie, ces chiffres sont à relativiser. Les plus pauvres
survivent grâce à des travaux occasionnels, à leur réseau relationnel, à la mendicité et aux
pensions d’Etat. Ce phénomène est d’autant plus exacerbé dans la capitale : Oulan-Bator.
•
Marginalisation croissante d’une partie de la population
Ces zones urbaines sont également touchées par les conséquences des crises
climatiques, auxquelles s’ajoute le contexte de déstructuration nationale liée à la
transition brutale d’une économie planifiée vers une économie de marché. Les populations
rurales les plus vulnérables ont migré vers les villes à la recherche d’un emploi, venant
gonfler les rangs des populations démunies vivant déjà à Oulan-Bator dans des conditions
d’extrême précarité. On estime que 57% des plus pauvres vivent en ville et 26% d’entre eux
à Oulan-Bator. Alors qu’ils étaient 650 000 avant les deux hivers de 2000 et 2001, près d’1
million de personnes vivent aujourd’hui à Oulan-Bator.
Actuellement, il n’existe pas d’estimation exacte du nombre de sans-abri, adultes ou
enfants présents à Oulan-Bator. En effet, pour donner une image présentable du pays et de
sa capitale, les administrations ne tiennent pas compte de cette population, encore plus
marginalisée de ce fait. Il est cependant certain qu’il s’agit de plusieurs dizaines de
milliers de personnes vivant dans des souterrains, des halls d’immeubles ou
partageant avec plusieurs familles des cabanes insalubres. On estime à environ 35 000
le nombre de ces familles très vulnérables vivant à Oulan-Bator, soit 5% de la population
totale de la capitale.
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Mongolie : la faim oubliée
Action contre la Faim à Oulan Bator :
Subvenir aux besoins vitaux des populations marginalisées
A Oulan-Bator, l’objectif principal d’Action contre la Faim est de limiter l’impact nutritionnel
de la pauvreté en contribuant à couvrir les besoins alimentaires et en renforçant la capacité
des structures en place à venir en aide à ces populations vulnérables. Action contre la Faim
mène donc des programmes de soupes populaires, de distribution de porridge pour les
enfants et de développement des activités maraîchères en zones péri-urbaines.
D’après l’Unicef, en 2003, 13% des enfants de moins de 5 ans connaissaient une
insuffisance pondérale, 8% une insuffisance pondérale à la naissance, 25% un retard de
croissance et 3,7% une insuffisance pondérale grave (ces chiffres sont à manipuler avec
précaution compte-tenu de la difficulté de réaliser une enquête digne de ce nom en
Mongolie).
Les soupes populaires
Ce programme consiste à assurer l’accès à une ration alimentaire minimale aux plus
vulnérables, particulièrement les sans-abri, enfants des rues, retraités, handicapés et
patients hospitalisés à l’hôpital de la « Charité » d’Oulan Bator. Ces populations, n’étant pas
reconnus par les services sociaux, n’ont droit en effet à aucun soutien de la part des
autorités. L’hiver dernier ayant encore été particulièrement rigoureux (jusqu’à -40°C), Action
contre la Faim a mis en place pour la troisième année consécutive des soupes populaires
pour ces populations marginalisées. Ainsi, 300 à 600 repas chauds sont servis chaque
jour en hiver, soit de décembre à mai.
Par ailleurs, bon nombre des bénéficiaires de ce projet de distribution alimentaire, malgré
leurs conditions de vie précaires, continuent de chercher des «petits boulots» qui, à défaut
de leur assurer un revenu décent, leur permettent parfois, à force d’économies, d’acquérir
une yourte ou une petite cabane, abritant généralement plusieurs individus, voire plusieurs
foyers. Sans assurer pour autant un changement fondamental de leur niveau de vie, cela
représente un premier pas vers la «normalité» et leur donne tout du moins une adresse,
condition sine qua non à la régularisation de leur situation administrative.
Porridge
En parallèle des soupes populaires, des distributions de porridge sont effectuées toute
l’année pour lutter contre la malnutrition chez les enfants.
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Mongolie : la faim oubliée
La promotion du maraîchage en zone péri-urbaine
Durant la période estivale, Action contre la Faim concentre ses efforts sur le développement
de jardins potagers dans la proche banlieue de la capitale - zones déshéritées en bordure de
la steppe - afin de diversifier l’alimentation et de générer de petits revenus pour subvenir
aux besoins essentiels des populations. Cette autre composante de notre programme est
double car elle s’adresse à la fois à des foyers en situation d’insécurité alimentaire et à
des institutions scolaires qui développent ainsi les moyens de scolariser gratuitement
des enfants issus de ces foyers.
Les foyers vulnérables :
Dans ce premier cas, il s’agit d’une population qui, tout en étant particulièrement démunie,
jouit encore d’un toit et de la possibilité d’exercer une activité. Le but de notre action consiste
à donner les moyens à ces foyers de subvenir par leur propre travail à leurs besoins
vitaux, en développant une activité maraîchère familiale.
Action contre la Faim assure donc aux bénéficiaires sélectionnés une formation théorique
et pratique sur la culture des légumes de base, complétée par la distribution d’un kit de
semences et d’outils agricoles. Chaque bénéficiaire s’engage en contrepartie à assurer
la formation de dix autres jardiniers, sélectionnés dans leur voisinage, avec le soutien
technique et pédagogique de l’équipe d’agronomes d’Action contre la Faim. Ces jardiniers, à
l’issue de leur formation, reçoivent également un kit de semences et d’outils afin de débuter
à leur tour une activité maraîchère.
L’achèvement du premier cycle de formation a montré des résultats extrêmement
encourageants, les récoltes obtenues par les bénéficiaires leur ayant permis d’améliorer
substantiellement leurs conditions de vie : 5,2 tonnes de légumes divers ont en effet été
récoltées en 2003 par les 13 premiers jardiniers / formateurs ayant participé au projet. Par la
démultiplication de la formation des jardiniers entre eux, au total 878 jardiniers ont été
formés jusqu’à ce jour. En 2004, on peut donc estimer que la production sera de plus
ou moins 65 tonnes pour l’ensemble des jardiniers formés.
De plus, cela leur a ouvert des perspectives à long terme et suscite d’ores et déjà un esprit
entrepreneur là où l’espoir ne semblait plus permis il y a peu. Il semble donc essentiel de
poursuivre ce projet et d’en augmenter les bénéficiaires, un nombre croissant de candidats
nous demandant à y être intégrés.
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Mongolie : la faim oubliée
Les institutions scolaires :
Dans ce deuxième cas, Action contre la Faim a passé des accords avec les autorités locales
qui garantissent l’attribution définitive de parcelles cultivables à 9 écoles maternelles. Après
la formation initiale du personnel par l’équipe d’Action contre la Faim, la mise en place
des infrastructures nécessaires et la mise en culture des terres sont effectuées
conjointement avec les institutions impliquées. Néanmoins, un travail important
d’accompagnement et de formation complémentaire du personnel reste nécessaire pour
assurer une passation progressive des responsabilités tout en garantissant la pérennité du
travail effectué.
Plusieurs écoles maternelles ont d’ores et déjà pu intégrer gratuitement des enfants
au cursus scolaire normal grâce aux bénéfices de la première récolte : en 2003 sur
l’ensemble des institutions, approximativement 17 tonnes de légumes ont été récoltées.
En 2004, l’ensemble des 24 jardiniers des institutions scolaires devrait permettre de
produire une récolte de plus de 100 tonnes de légumes.
Il est encore nécessaire de démultiplier le nombre d’enfants issus de foyers vulnérables
bénéficiaires de ce projet par un travail de sensibilisation et surtout de conseils pratiques et
techniques. Il est en effet essentiel d’offrir à ces enfants le plus large accès possible aux
institutions scolaires, qui leur apportent tout à la fois une alimentation quotidienne
décente et de meilleures perspectives d’avenir.
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Mongolie : la faim oubliée
Résumé :
La Mongolie traverse une crise méconnue du grand public et suscitant peu d’intérêt de la
part de la communauté internationale. Si la transition d’une économie planifiée vers une
économie de marché et les conditions climatiques très difficiles de ces dernières années en
sont les causes majeures, l’exode vers les villes, le chômage, l’extrême pauvreté, les
inégalités criantes et la faim en sont les manifestations principales. Aujourd’hui plus d’un
tiers de la population vit ainsi en dessous du seuil de pauvreté : les éleveurs du grand ouest
ont perdu une partie de leur principale ressource de survie, et en ville les populations,
marginalisées et sans travail, luttent chaque jour pour leur survie dans des conditions de vie
déplorables. Ces populations les plus pauvres sont mises à l’écart par les autorités du pays
et non prises en compte dans les statistiques nationales afin d’afficher une croissance
économique fulgurante et ne pas détériorer une image touristique idyllique.
Au-delà de l’aide apportée à ces populations oubliées, Action contre la Faim souhaite
alerter sur la situation de ce pays et sur le sort de ces victimes de la faim tant en milieu
rural qu’urbain.
15
Mongolie : la faim oubliée
ANNEXES :
La Mongolie en bref
16
Mongolie : la faim oubliée
Historique
Des ossements découverts dans le désert de Gobi et dans d'autres régions de Mongolie
témoignent d'une présence humaine remontant à près de 500 000 ans. Les Mongols sont les
héritiers des grandes tribus nomades mêlant “proto-turcs” et “proto-mongols” qui dominèrent
la haute Asie durant le Ier millénaire de notre ère. Du Xème au XIIème siècles, ils s’installent
sur le haut plateau mongol et se regroupent selon des clans rivaux incapables de s’unir. En
1206, un jeune Mongol de vingt ans, du nom de Temüjin, s'impose et parvient à unir la
plupart des tribus, ce qui lui vaut le titre de Gengis Khan ("empereur universel"). Après avoir
établi sa capitale dans l'actuelle Karakorum, il lance son impressionnante cavalerie à l'assaut
de la Chine et de la Russie. En 1279, son petit fils Kubilaï Khan met fin aux années de
conquêtes avec l’annexion de la Chine du Sud et va s’attacher à unifier et pacifier ce
royaume à travers la création d’une fédération d’Etats : c’est l’âge d’or de l’empire mongol.
De Pékin à la mer Caspienne et de la Russie à la Hongrie en passant par l’Irak, le grand
Khan est à la tête du plus vaste empire ayant jamais existé.
Au cours des XIVème et XVème siècles, l’empire se disloque ; les Mongols demeurés en
Mongolie tentent vainement de rétablir leur unité et passent par ralliement ou par conquête
(Khalkhas, Oïrats) sous le joug de la dynastie Ming pendant 3 siècles. Au XVIIème siècle,
les Mandchous (ethnie du Nord-Est de la Chine), soumettent les Ming, fondent la dynastie
Qing et s'imposent en Asie jusqu’à l’instauration de la République de Chine en 1911.
Tandis que les Mongols du Nord (essentiellement Khalkhas sur le territoire de l’actuelle
Mongolie) proclament leur indépendance et mettent en place un gouvernement provisoire
sous l'autorité de Bodg Khaan -le huitième "Bouddha vivant"- ceux du Sud (Tchakhars,
Toumètes, Ordos…) restent sous domination chinoise. L’indépendance, fortement
contestée par la Chine, est finalement imposée en 1921 grâce au soutien de la Russie. En
1924, en se proclamant République Populaire, la Mongolie devient le 2è pays communiste
du monde. Devenue un satellite de Moscou, la Mongolie devra attendre le démantèlement
de l’URSS en 1990 pour organiser des élections multipartites. Pourtant, le parti communiste
(Parti populaire révolutionnaire mongol, PPRM) remporte les suffrages et se charge d’une
libéralisation de l’économie aussi rapide que déstructurée. En 1996, la Coalition d'union
démocratique (CUD) s’impose aux élections législatives et met ainsi fin à 75 ans de régime
communiste. Durant les quatre années suivantes, même si des réformes sont menées pour
assurer la transition vers une économie de marché et démocratiser le système politique, la
CUD est totalement freinée dans son élan par la corruption et par la virulence de l’opposition
communiste qui parvient à bloquer les réformes et s’impose ainsi largement en 2000 lors des
législatives puis en 2001 lors des présidentielles. Le PPRM s’attache depuis à continuer les
réformes économiques et à développer l’aide sociale et les services publics.
Régime : République parlementaire
Chef d’Etat : President Natsagiyn BAGABANDI (depuis juin 1997)
Premier ministre : Nambaryn ENKHBAYAR (depuis juillet 2000)
Elections : le Président est élu au suffrage universel tous les 4 ans ; la dernière
élection a eu lieu en mai 2001 (prochaine en mai 2005) au cours de laquelle
Natsagiyn BAGABANDI (PPRM) a été réélu Président à 58,13% des voix, contre
Radnaasumbereliyn GONCHIGDORJ (parti démocrate) 36.58%.
Fête nationale : 11 juillet (indépendance vis à vis de la Chine en 1921)
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Mongolie : la faim oubliée
Géopolitique
On se souvient qu’une partie de la Mongolie, appelée Mongolie Intérieure, est englobée dans
la Chine. Longtemps les relations entre les deux pays ont été tendues (la Chine ne
reconnaîtra l’indépendance de la Mongolie qu’en 1945). Aujourd’hui, alors que la Chine est
économiquement de plus en plus présente -ravivant de vieilles rancœurs-, Oulan-Bator joue
ostensiblement la carte américaine au point d’envoyer une troupe de 90 soldats en Irak dans
des opérations de « maintien de la paix »
Géographie
Superficie : 1,568 million km2 soit 3 fois la France
Pays limitrophes : Chine et Russie
Capitale : Oulan-Bator
Langue : khalkha
Divisions administratives : 21 provinces et 1 municipalité
Villes : essentiellement situées au nord-est du pays. Oulan-Bator, 770 000 habitants ;
Darkhan, 71 400 habitants ; Erdenet, 63 500 habitants ; Tchoïbalsan, 38 500 habitants.
Monnaie : le tugrik (1 € = 1357,89 T)
Climat et végétation
Continental semi-aride, le climat de la Mongolie se caractérise par la longueur et la rudesse
de ses hivers, les températures pouvant rester en dessous de zéro d’octobre à mars. Le
printemps, de mars à mai, est frais, sec et venteux. L’été de juin à août correspond à la
saison des pluies. L’automne est la saison la plus courte et commence généralement aux
premiers gels. La Mongolie est un pays de montagnes et de hauts plateaux, dominé par la
steppe et la taïga et au sud par le désert de Gobi où l’on comptabilise moins de 120mm de
précipitations chaque année. La Mongolie, région faible en humidité par nature, vient de faire
face à 3 années de sécheresses consécutives et à 2 dzüüd en 2000 et 2001, dont l’un d’une
vigueur jamais vue depuis 50 ans.
Ressources naturelles
pétrole, charbon, cuivre, molybdène, tungstène, phosphates, étain, nickel, zinc, wolfram,
fluor, or, argent, fer, phosphate, pierres précieuses.
Environnement
Les politiques des régimes communistes ont promu une urbanisation rapide et une
croissance industrielle (notamment minière) ayant de fortes répercussions sur
l’environnement. L’absence de lois environnementales fait qu’aujourd’hui Oulan-Bator est
gravement polluée.
De même, la déforestation augmente dangereusement ainsi que l’érosion des sols du fait de
l’accroissement du nombre de terres cultivées (érosion pourtant déjà accélérée par les vents
forts et les précipitations).
D’autre part, une récente étude du Ministère de l’Environnement mongol montre une baisse
inquiétante des ressources en eau : 1450 rivières et lacs et 1500 puits, eaux de surfaces et
sources ont été asséchés en l’espace de 5 ans. Même si les aléas climatiques expliquent en
grande partie ce constat, les intenses activités aurifères et une lourde pollution humaine
entrent également en ligne de compte.
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Mongolie : la faim oubliée
Population
2,6 millions d’habitants (estimation juillet 2003)
Tranches d’âges : 0-14 ans : 30,7% / 15 - 64 ans: 65,7% / 65 ans et plus : 3,6%
Densité : 2 habitants / km2 (France, 107 hab/km2)
Mortalité infantile : 57,16 morts /1 000 naissances
Espérance de vie à la naissance : 63,81 ans (hommes : 61,63 ans / femmes : 66,09 ans)
Répartition : 85% de Mongols (majoritairement Khalkha), 7% de Kazakhs, 4.6% de Tungus,
3.4% autres (dont les Chinois et Russes) (1998)
Population urbaine à 51%
Religions
Grande majorité de bouddhistes (Bouddhisme tibétain lamaïste) -se superposant souvent à
des pratiques chamanistes-, entre 5 et 8% de musulmans (surtout dans le sud-ouest) et
quelques milliers de chrétiens (essentiellement à Oulan-Bator). Durant les purges des
années 30, 700 lamaseries ont été détruites et 30 000 lamas massacrés par le pouvoir
communiste.
Economie
La Mongolie a longtemps vécu sous perfusion de l’URSS : l’aide soviétique représentait en
effet un tiers du PIB mongol. Lors de l’effondrement de l’URSS en 1990-1991, cette aide a
disparu quasiment du jour au lendemain, plongeant ainsi la Mongolie dans une profonde
récession. Le gouvernement du PPRM (ancien parti communiste) s’est lancé dans une
libéralisation économique rapide et déstructurée, notamment par une privatisation massive
des entreprises du pays et en attirant les investisseurs internationaux.
Après une période de récession due à une forte inflation et à une croissance négative entre
1990 et 1993, la croissance est revenue à 3% depuis 1994 et l’inflation a été réduite à 6% en
1998. Mais, la crise asiatique, la chute des prix du cuivre, du cachemire et de l’or et
l’instabilité politique ont ralenti la reprise économique et augmenté le déficit de l’Etat. Ces
facteurs ajoutés à une mauvaise stratégie de gouvernance ont entraîné une baisse
généralisée de la production agricole (à l’exception de l’élevage) alors que dans le même
temps, le développement des secteurs de l’énergie, de l’industrie et des mines était
largement freiné. Malgré le dépassement des taux de production de 1989 dans beaucoup de
secteurs, les besoins sont encore à peine couverts et l’industrie est toujours sclérosée. La
Mongolie importe donc largement des céréales, du fourrage et du fuel ainsi que de
nombreux biens de consommation - augmentant ainsi dramatiquement sa dette extérieure.
Devenue largement dépendante de l’aide extérieure, les nationalismes et les nostalgies
d’une ère communiste où la Mongolie était fière et souveraine se sont accrues. Aujourd’hui,
malgré la stabilisation, la reprise de la croissance et la hausse du PNB, la pauvreté continue
à augmenter, démontrant ainsi que les bénéfices de la croissance ne profitent pas aux plus
pauvres. Les inégalités entre les zones industrielles et le reste du pays se sont exacerbées
encourageant ainsi l’exode rural.
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Mongolie : la faim oubliée
Quelques chiffres
Le taux de croissance était de 5% en 2003, et le taux d’inflation se maintient depuis peu à
4,5%. Mais ces derniers chiffres ne prennent pas en compte l’augmentation des prix du
pétrole -importé à 80%- (le litre d’essence est passé de 350 à 550 T). La dette extérieure de
la Mongolie s’élève à 930 millions de dollars et représente 93% du PIB. Pendant de
nombreuses années, la Mongolie a mené une politique de rigueur, qui loin de relancer
l’économie, a contribué au processus de paupérisation.
Le Produit Intérieur Brut plafonne à 416 dollars par habitant (pour comparaison, il est en
France de 22 010 dollars par habitant) et 36%5 des Mongols vivent encore en dessous du
seuil de pauvreté. En ville, le chômage frôle les 25% mais, comme toujours en Mongolie,
ces chiffres sont à relativiser. Les études étant peu fiables, la grande majorité des chômeurs
trouve des «petits boulots» pour survivre.
Suite à des coupes drastiques faites dans les services sociaux au début des années 1990,
un panel de mesure a été introduit depuis 1994 afin de lutter contre la pauvreté. Ces
mesures ont malheureusement vite montré leurs limites :
L’augmentation des besoins humanitaires ainsi que du taux de chômage ont largement
dépassé les capacités des services sociaux ;
Ces mesures ne touchent généralement pas les foyers vulnérables déplacés et non
enregistrés ou vivant dans les zones les plus reculées du pays.
Répartition par secteur d’activité
L’économie mongole est par tradition fondée sur l’élevage (moutons, chèvres, chevaux,
yaks). Le bétail constitue donc une ressource essentielle pour la Mongolie : 33% du PNB du
pays vient de l’agriculture contre 20% du secteur industriel et 35% du tertiaire. Le pays, riche
en minerais (cuivre, charbon, molybdène, étain, tungstène, or…) tire une part croissante de
sa richesse de leur exploitation industrielle.
D’un point de vue économique, les chiffres peu à peu remontent, mais cette croissance
apparente ne profite qu’à une petite frange de la population. Ainsi, le pays mettra encore de
nombreuses années à sortir du marasme dans lequel l’avaient plongé successivement
l’effondrement du communisme et les catastrophes climatiques de 2000 et 2001.
Les données contenues dans ce dossier proviennent de différentes sources : le Programme
des Nations Unies pour le Développement, la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale de
la Santé, et Action contre la Faim
5
Estimation 2001.
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