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Mongolie : la faim oubliée
Mongolie :
Problématique humanitaire générale
La Mongolie fait face à une crise causée par la conjugaison de nombreux facteurs aussi bien
climatiques que structurels. Les répercussions humanitaires concernent quant à elles tant les
zones urbaines que rurales. A l’échelle nationale, on estime que 36%1 des Mongols vivent
en dessous du seuil de pauvreté.
• Des aléas climatiques dévastateurs
Le climat continental semi-aride est une donnée fondamentale de la Mongolie : l’amplitude
thermique peut dépasser 80°C entre l’hiver et l’été. Le pays est de plus régulièrement sujet à
de forts aléas naturels et climatiques à l’image des «dzüüd» -vents extrêmement violents qui
ravagent régulièrement le pays-, et des sécheresses durant l’été. Avec une altitude moyenne
de 1 580 m, la Mongolie est l'un des pays les plus élevés au monde avec notamment de
hautes montagnes à l'extrême ouest du pays. Pourtant, près de 80% de la surface des
terres est adaptée à l’agriculture, principalement à l’élevage. Le cheptel, «trésor» ancestral
des Mongols, s’avère primordial pour leur sécurité alimentaire et l’économie du pays.
La Mongolie a connu ces quatre dernières années (2000 à 2002 notamment), les pires
conditions climatiques qu’elle ait connue depuis 30 ans. Deux dzüüd consécutifs alternant
avec des sécheresses à répétition ont eu des conséquences dramatiques sur le cheptel
mongol et ont considérablement augmenté les incertitudes des foyers pauvres en matière de
sécurité alimentaire, particulièrement en zone rurale. Les dzüüd ont entraîné la mort de
presque 1,8 million de bêtes en 2000 et de 2,2 millions en 2001. Durant l’été 2002, la
Mongolie a connu une nouvelle sécheresse (il y en avait déjà eu en 2000 et 2001), le
cheptel, déjà affaibli par les aléas climatiques précédents, a encore souffert : 1 million de
têtes de bétail sont mortes durant cette période. Aujourd’hui, c’est la survie de près de 70
000 foyers directement dépendants de l’élevage qui est en jeu suite à ces événements.
Face à cette situation, les autorités mongoles ainsi que les organisations internationales,
faute de moyens appropriés et conséquents, ont été incapables d’apporter à temps
l’assistance nécessaire aux victimes. De nombreuses familles rurales ont été contraintes
de vendre ce qu’il leur restait de biens pour migrer vers les centres urbains à la
recherche d’un emploi, où elles n’ont fait que gonfler les rangs des plus démunis.
• Un contexte socio-économique déstructuré
La société mongole connaît depuis plus de 10 ans une période de transition d’une économie
planifiée à un système d’économie de marché, sans contrôle efficace de la part des
autorités. Cela a largement favorisé la marginalisation d’une part croissante de la
population, victime de l’effondrement du tissu économique et de l’inadéquation des
mesures et des moyens sociaux. La pauvreté, le chômage et les inégalités entre les
différentes couches de la population ont fortement augmenté. Les services sociaux et
1 Estimation 2001.
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