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INTRODUCTION
Outre la dégradation des écosystèmes par la destruction des habitats, cause majeure de
perte de biodiversité à l’échelle mondiale, les activités humaines sont également le principal
vecteur du transfert d’espèces hors de leurs aires d’origine (Ricklefs 2005 ; Vermeij 2005).
L’introduction d’espèces exotiques, intentionnelle ou non, est la cause d’innombrables
invasions biologiques. Par compétition directe ou d’interférence, par hybridation ou encore
par la propagation d’épidémies, les espèces invasives affectent les espèces locales et
peuvent profondément altérer le fonctionnement des écosystèmes (Mack et al. 2000 ;
Lockwood et al. 2007). Ainsi, environ 150 espèces de fourmis ont été recensées en dehors
de leurs aires d’origine respectives (Mc Glynn 1999). Si la majorité de ces espèces ont des
distributions restreintes dans leur zone d’introduction, prospérant surtout dans les milieux
anthropisés, un petit nombre d’entre elles connaissent néanmoins une expansion beaucoup
plus importante et génèrent des impacts considérables sur la biodiversité locale.
CONTEXTE
Les iles du Pacifique ont subi plus d’invasions par des fourmis que toute autre région du
monde et les fourmis envahissantes ont d’ores et déjà causé des destructions très
importantes sur de nombreuses iles de Polynésie, Mélanésie et Micronésie.
La Nouvelle-Calédonie est une terre propice à l’installation de ces espèces de fourmis
exotiques, puisque 29 d’entre elles sont d’ores et déjà présentes sur le territoire (Berman
2012). Toutefois, trois espèces concentrent à elles seules la majeure partie des impacts
sanitaires, économiques et environnementaux observés sur l’île : la « fourmi électrique »
(Wasmannia auropunctata), la « fourmi folle jaune » (Anoplolepis gracilipes) et la « fourmi
noire à grosse tête » (Pheidole megacephala). Elles sont d’ailleurs classées parmi les 100
espèces invasives, animales ou végétales, les plus nuisibles au niveau mondial (GISD 2012).
A ces trois pestes, on peut également ajouter la présence de la « fourmi de feu tropicale »
(Solenopsis geminata) dont les impacts, notables, restent encore sous-évalués.