un hadith où le prophète s’entretient avec une exciseuse (« Um
Habibah » ou « Um-Atiyyah ») : « Si tu coupes, n’exagère pas, car
c’est plus agréable pour la femme et meilleur pour le mari ». C’est
donc de ce hadith que serait déduite la nécessité de l’ablation du
clitoris ou des petites lèvres.
D’autres juristes musulmans, en revanche, s’opposent aux MGF.
Ils s’appuient sur l’absence de preuve indiquant que le prophète
y ait vu une obligation religieuse et considèrent donc que la pra-
tique n’est pas une tradition musulmane et qu’elle constitue une
atteinte à l’intégrité du corps de la femme.
Par ailleurs, certains juristes remettent en cause l’authenticité de
ce hadith et font remarquer qu’il reste très vague et ne décrit pas
de façon précise comment cet acte doit être pratiqué. Certains en
concluent que la pratique des MGF a fait son entrée dans l’islam
en raison de son adaptation aux cultures concernées.
FATWAS ET DÉCLARATIONS CONTRE LES MGF En
Égypte, six fatwas (avis religieux) se rapportant aux MGF ont été
rendues depuis 1949 : la première se prononçait contre l’excision
des femmes, la deuxième et la troisième pour. En 1996, le cheikh
de l’université Al-Azhar du Caire, Mohammed Sayyed Tantawi, a
prononcé l’interdiction des MGF.
La dernière conférence d’érudits en date a eu lieu en novembre
2006 à l’université Al-Azhar. À l’initiative de l’organisation alle-
mande de défense des droits humains TARGET et sous le par-
rainage du grand mufti d’Égypte, le professeur Ali Goma’a, des
érudits musulmans du monde entier se sont réunis pour aborder
avec des scientiques le thème des mutilations génitales féminines.
Ils ont pris la décision, assimilée à une fatwa, de considérer les
MGF comme une agression répréhensible et l’ont qualiée de
crime contre l’humanité.
Dans d’autres régions d’Afrique aussi, des dignitaires religieux ont
pris et prennent publiquement position contre les MGF. Depuis
les années 1990, de nombreuses conférences ont mis la question
des mutilations génitales féminines au centre des échanges, qui
ont essentiellement lieu avec des chefs religieux musulmans.
Les résultats des conférences peuvent être considérés comme une
orientation importante et peuvent servir d’argumentaire contre le
maintien des MGF pour des raisons d’ordre religieux.
COOPÉRATION AVEC LES AUTORITÉS RELIGIEUSES La
population musulmane d’Afrique est fortement inuencée par les
interprétations que les autorités islamiques locales donnent du
Coran et des hadiths. Le projet sectoriel et le projet suprarégio-
nal « Abandon des mutilations génitales féminines » de la GIZ
et ses partenaires réagissent à cette situation et encouragent, par
des campagnes de sensibilisation et d’information, les autorités
religieuses à utiliser leur inuence de leaders d’opinion dans la
population.
En Mauritanie, le programme « Bonne gouvernance » de la GIZ a
réalisé en juin 2007, conjointement avec le Forum islamique et le
ministère chargé de la promotion féminine, un colloque national
sur le thème des « Pratiques préjudiciables à la femme - le rôle
de la tradition et la position de l’islam ». Cette manifestation a
contribué à faire avancer signicativement le débat public sur les
droits des femmes.
Au Mali en novembre 2007, le projet MGF de la GIZ a égale-
ment soutenu une rencontre d’érudits et de dignitaires religieux.
La question de la légitimation des MGF par l’islam était au cœur
des débats et a soulevé de vives controverses. Bien que ne recon-
naissant pas encore en grande partie les eets néfastes des MGF
du point de vue médical, les participants ont clairement déclaré
que cette pratique n’était pas une obligation prescrite par l’islam.
Sources :
CI-AF : Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles portant
atteinte à la santé des femmes et des enfants, www.iac-ciaf.net.
En 1998, le Comité interafricain (CI-AF) a organisé une
conférence internationale des autorités religieuses et du per-
sonnel médical en Gambie, dont le document nal, la dé-
claration de Banjul, condamne le maintien de cette pratique
et réarme que les MGF ne trouvent leurs racines ni dans
l‘islam, ni dans la tradition chrétienne.
En 2000, le projet sectoriel et suprarégional de la GIZ
«Abandon des mutilations génitales féminines » a soutenu
un symposium régional du CI-AF qui a réuni des chefs reli-
gieux et traditionnels en Tanzanie. La déclaration d’Arusha
a réarmé que les MGF ne constituaient pas une obligation
religieuse et violaient les droits humains des femmes et des
lles.
En 2005, la déclaration de Djibouti, rédigée à l’occasion
d’une conférence régionale, rendait notamment compte du
consensus existant sur le fait que les MGF ne trouvaient
leur fondement ni dans l’islam ni dans d’autres religions et
qu’elles devaient être rejetées sous toutes leurs formes.
En mars 2005, une nouvelle conférence régionale a eu lieu
au Soudan. Des théologiens d’Afrique de l’Est et du monde
arabe y ont discuté d’un plan d’action destiné à mobiliser les
chefs religieux contre les MGF.
En octobre 2007, le CI-AF a organisé en Côte d’Ivoire
une conférence supplémentaire réunissant des dirigeants
islamiques et chrétiens. La déclaration d’Abidjan demande
notamment aux gouvernements, aux organisations interna-
tionales et aux ONG de tout mettre en œuvre pour mettre
n aux MGF.
Publié par :
Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Projet sectoriel et suprarégional
« Abandon des mutilations génitales féminines »
Dag-Hammarskjöld-Weg 1-5
65760 Eschborn/Allemagne
I www.giz.de/fgm
Photo : GIZ
Janvier 2011