ville que Maïmonide va travailler jusqu'à sa mort. Son propre père mourut en 1166, un an après
leur arrivée dans cette ville. Puis c'est la mort de son frère David, commerçant en perles, mais sur
qui reposait la subsistance de la famille. Pour vivre, Maïmonide exerce la médecine, donne des
cours de philosophie, tout en travaillant à son Commentaire du Talmud, puis à un Commentaire
de la Mischna dont le but était de mettre l'étude de la tradition à la portée du public. Ce
commentaire passa d'abord inaperçu auprès des juifs orientaux qui n'avaient pas la culture des
juifs occidentaux.
--> En 1171, Saladin devint le seul maitre de l'Egypte, de la Palestine, Syrie jusqu'à l'Euphrate et
Bagdad. Les juifs eurent beaucoup à souffrir ; c'est à partir de cette période que Maïmonide devint
célèbre. Des troubles s'étaient manifestés dans la communauté juive du Yémen ; à ce moment, un
disciple de Maïmonide, Salomon ha-Cohen, publie les œuvres de son maître ; le docteur le plus
estimé des juifs du Yémen, Jacob el-Fayoumi, s'adresse à Maïmonide pour lui demander conseil.
Maïmonide lui envoie une lettre qui va devenir célèbre, pour encourager la communauté. C'est La
Porte de l'Espérance, (Pétah Tiqveh), appelée également Epitre du Sud. La réputation de
Maïmonide ne cesse de croître ; il devient Rabbin du Caire ; il est nommé médecin à la cours de
Saladin. C'est à cette époque qu'il écrira la Mischné Torah qui est une codification de la
législation et de la religion juive, biblique et rabbinique. Un autre ouvrage verra le jour ; il s'agit
du Livre des Préceptes du judaïsme (Sefer ha-Miçvoth). D'après la tradition, les lois mosaïques
sont au nombre de 613 dont 365 défenses et 248 commandements. Maïmonide compose
également un Traité de la Résurrection en 1191, pour protester contre des accusations selon
lesquelles il la niait au profit de l'immortalité de l'âme. C'est à cette époque que Richard Cœur de
Lion voulut le prendre à son service. Mais Maïmonide refusa. Ecoutons cet épisode intéressant :
vers 1187, Maïmonide courut un grand danger. Ibn Moïscha qui l'avait sauvé de la mort à Fez,
vers 1163-1164, accusa Maïmonide d'avoir pratiqué l'Islam pendant longtemps, puis d'être revenu
au judaïsme. Pour cela, il était un apostat, ayant quitté l'Islam. A ce titre, il méritait la mort.
Alfadhel, juge de la cour de Saladin, devant qui il comparut, l'acquitta en déclarant qu'une foi
imposée par la violence n'avait aucune valeur et pouvait tout à fait être abandonnée. Puis, grâce à
Alfadhel, Maïmonide fut nommé chef de toutes les communautés juives d'Egypte.
--> En 1190, parut le chef d'œuvre de Maïmonide, Le Guide des égarés (le Moréh Neboukhim)
qu'il faudrait plutôt appeler "Le Guide des indécis". Dans les dernières années de sa vie,
Maïmonide a entretenu une correspondance active avec les juifs de Provence et de Marseille. Il
mourut le 13 décembre 1204 à Fostat. Il fut inhumé à Tibériade.
Pour terminer, voici quelques mots sur Le Guide des égarés qui est l'œuvre la plus célèbre de
Maïmonide. Dans ce livre, il expose ses idées les plus intimes et les plus hardies dans les rapports
qu'il établit entre le texte sacré et la métaphysique. Pour Maïmonide, la philosophie d'Aristote
telle qu'elle avait été présentée par Elfarabi et Avicenne, est la vérité. Or la vérité est une. Il s'agit
de montrer que les conceptions juives et les conceptions philosophiques correspondent. Il s'agit de
faire œuvre théologique puisque la théologie est aussi la justification rationnelle d'une doctrine
religieuse. Pour Maïmonide, l'Ecriture renferme sous forme allégorique l'énoncé des vérités
métaphysiques ; ainsi il retrouve dans la Bible et dans le Talmud, les idées aristotéliciennes.
Maïmonide reprend à Aristote sa constitution des sphères et du monde sublunaire, sa conception
de la forme et de la matière, celle de la puissance et de l'acte. Mais il sait aussi prendre ses
distances par rapport à Aristote. Contre celui-ci, il soutient que le monde a été crée "ex nihilo". La
métaphysique coïncide avec le plus haut degré de la religion. L'objet de la métaphysique, c'est de
solliciter "l'épanchement" (l'émanation) de l'intellect actif qui établit un rapport intime entre Dieu
et l'homme (cf. Livre II du Guide, chapitre XII :"De la véritable idée de l'épanchement (FEID)
ou de l'émanation). La vraie science, le but suprême des efforts, la plus noble des fins, c'est la
connaissance et l'amour de Dieu. Connaissance de Dieu, perfection morale, béatitude, c'est tout
un. L'intelligence humaine devenue intellect en acte, s'unit à l'intellect actif universel émané de
Dieu. Une fois l'intelligent identifié à l'intelligible, il n'y a plus oubli, parce que les facultés
inférieures de l'âme, telles que l'imagination et la mémoire, n'y ont aucune part. D'où cette