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OPHTALMOLOGIE
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18 %des enfants souffrent d’un trouble
visuel, soit 125.000 enfants par
année d’âge. Pour protéger leurs yeux, il
est indispensable d’en prendre soin très
tôt. En cas d’anomalie, le moment du dia-
gnostic est décisif. A la naissance, en
effet, les cellules visuelles du cerveau
sont immatures et sensiblement iden-
tiques, c’est le fait de les utiliser qui va en-
traîner leur spécialisation : si un œil ne
fonctionne pas (ce qu’on appelle l’am-
blyopie), ces cellules ne se différencieront
pas. Résultat : l’enfant ne verra pas d’un
œil, n’aura pas de vision binoculaire et
son appréciation du relief sera donc mau-
vaise .
Seul le dépistage systématique et la co-
opération active des parents, du médecin
de famille, du pédiatre et de l’ophtalmolo-
giste permettront de déceler un trouble à
temps et de le prendre en charge en limi-
tant ou en éliminant toute séquelle pour la
vision future de l’enfant.
Tout se joue avant 3 ans
Quels sont les dépistages souhaitables
? On peut globalement regrouper les
enfants en 3 catégories :
• les enfants qui présentent des signes
d’appel, tels pupille blanche ou reflet
blanc dans l’œil, strabisme, larmoiement,
nystagmus (mouvements anormaux des
yeux)… Il faut alors impérativement
consulter d’urgence.
• les enfants à risques : ceux qui sont
issus d’une famille à lunettes ou dont l’un
des membres (parents mais aussi tante,
cousin, etc.) présente un strabisme ; les
enfants nés dans des familles où existent
des pathologies oculaires ; enfin, les pré-
maturés et les bébés qui ont souffert de
problèmes néo-natals. La prévention est pri-
mordiale : les pédiatres doivent en être
conscients et demander lors du bilan de
santé de 9 mois, prévu dans le carnet de
santé, un examen ophtalmologique sys-
tématique. Ces enfants à risques doivent
impérativement être examinés avant 1
an. On peut, en effet, dès les premiers
mois évaluer la réfraction et la motilité
oculaire (voir si les yeux se déplacent nor-
malement quand ils suivent un objet qui
bouge). Le partenariat avec les pédiatres
demanderait d’être renforcé mais la dis-
parition programmée des médecins spé-
cialistes des enfants rend cette
coopération de plus en plus difficile.
• Tous les autres enfants sans risque par-
ticulier : pour ceux-là, 2 ans et demi à 3
ans est l’âge idéal pour réaliser un exa-
men complet. L’enfant peut alors ré-
pondre aux tests d’acuité visuelle
verbalement ou par la méthode d’appa-
riement et aux tests de relief ; l’étude de
la réfraction, du fond d’œil et de la motilité
oculaire font partie du bilan ophtalmolo-
gique complet.
On peut, en effet, dès les
premiers mois évaluer
la réfraction et la motilité
oculaire
Les principales pathologies dépistées
sont l’amblyopie (un œil qui ne " travaille
" pas), les strabismes (l’enfant louche, de
façon évidente ou non, mais le risque
LE DEPISTAGE VISUEL DES ENFANTS :
UN ENJEU DE SANTE PUBLIQUE
Parents,
soyez vigilants !
si vous voyez une lueur blanche
dans la pupille de votre bébé
si votre enfant plisse les yeux
s’il se frotte souvent les yeux
s’il ferme un œil au soleil
s’il penche la tête pour regarder (tor-
ticolis)
s’il a souvent un œil ou les deux yeux
Un enfant sur six est atteint d’une anomalie visuelle. Défauts de réfraction*,
amétropies (myopie, hypermétropie, strabisme, amblyopie ou astigmatisme),
maladies congénitales : plus le dépistage est effectué tôt,
plus les chances d’amélioration ou de guérison sont grandes.
*Réfraction : mesure et correction des amétropies
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OPHTALMOLOGIE
OPHTALMOLOGIE
d’amblyopie est le même) et les troubles
de la réfraction (myopie, hypermétropie,
astigmatisme) d’un œil ou des deux.
Sur le plan de la santé publique, un exa-
men systématique à 3 ans, pris en charge
à 100 %, permettrait de traiter à temps
des enfants dont on ne dépiste aujour-
d’hui les anomalies visuelles que lors de
l’apprentissage de la lecture, à un mo-
ment où il n’est plus possible de guérir to-
talement une amblyopie et bien tard pour
obtenir une bonne acuité visuelle chez les
enfants souffrant de fortes amétropies
(myopie, hypermétropie ou astigma-
tisme). Seul l’ophtalmologiste, par l’étude
de la réfraction, pourra dépister une ani-
sométropie (différence de réfraction entre
les deux yeux), grande génératrice d’am-
blyopie méconnue ou dépistée trop tardi-
vement au bilan de 4 ans, car sans signe
d’appel (l’enfant n’est pas gêné puisqu’un
œil voit bien).
Enfin, chez l’enfant comme chez l’adulte,
c’est au cours d’une consultation pour
prescription de lunettes que l’ophtalmolo-
giste peut orienter son examen sur une
maladie associée (rétinopathie diabétique
débutante, examens électrophysiolo-
giques oculaires en cas d‘antécédents fa-
miliaux de maladies rétiniennes
héréditaires…). C’est la précocité du dia-
gnostic, et donc du traitement, qui évitera
l’apparition de complications redoutables
pour la vision.
L’ophtalmologiste est beaucoup plus
qu’un prescripteur de verres. Ses années
d’études en médecine générale et ses
stages dans différents services spéciali-
sés lui ont appris que des troubles visuels
apparemment banals peuvent être asso-
ciés à des pathologies graves.
L’amblyopie
Pour obliger l’œil " paresseux " à tra-
vailler, l’ophtalmologiste va cacher l’autre
œil. La durée et le résultat du traitement
varient selon l’âge de découverte de
l’anomalie. Un traitement débuté avant 2
ans permet souvent une récupération to-
tale ou quasi-totale de l’acuité visuelle,
sauf en cas de pathologie grave. Après 4
ans, la guérison de l’amblyopie devient
aléatoire et partielle.
Le strabisme
4% des enfants, soit 30.000 par année
d’âge souffrent de strabisme. 85 %
des strabismes apparaissent avant 2 ans.
La moitié des enfants qui louchent, de
façon visible ou non, souffre également
d’amblyopie. Plus tôt les yeux sont droits,
plus l’enfant a de chances d’avoir une
certaine appréciation du relief. La récupé-
ration est meilleure si le strabisme est pris
en charge dès son apparition (80 %
d’amélioration à 3 ans, 30 % à 6 ans et 5
% à 10 ans). D’où l’importance d’emme-
ner son enfant chez l’ophtalmologiste dès
qu’il se met à loucher. En cas d’antécé-
dents familiaux, les parents doivent impé-
rativement faire examiner leur bébé : 65
% des strabismes se déclarent en effet
dans des familles à strabisme. Pris à
temps, on peut prévenir et guérir l’am-
blyopie et traiter le strabisme dans de
bonnes conditions. L’opération, si elle est
nécessaire, est pratiquée avant 5 ans,
avant l’entrée à la grande école.
Le strabisme est une pathologie très com-
plexe. Son traitement exige une hyper-
spécialisation. Il existe depuis peu un
diplôme universitaire de strabologie. Seul
un ophtalmologiste, habitué au traitement
des strabismes, pourra suivre efficace-
ment l’enfant qui louche.
Médecin de famille-pédiatre-
ophtalmologiste-orthoptiste :
un partenariat indispensable
Dès la maternité (1er bilan de santé obli-
LE DEPISTAGE VISUEL DES ENFANTS :
UN ENJEU DE SANTE PUBLIQUE
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gatoire à 8 jours) et la crèche, les parents,
le médecin de famille, qui connaît les an-
técédents familiaux, ou le pédiatre, en in-
terrogeant les parents, doivent orienter
les enfants à risques vers l’ophtalmolo-
giste. Celui-ci intervient alors en
deuxième intention.
Autre signe à repérer :
l’enfant qui n’aime pas lire
Tous les enfants doivent bénéficier d’un
examen de la réfraction et de la motilité
oculaire et un fond d’œil. L’orthoptiste
peut évaluer la réfraction, la motilité ocu-
laire et la vision du relief ou diagnostiquer
un micro-strabisme, mais seul l’ophtalmo-
logiste peut examiner le fond d’œil, dépis-
ter les anomalies du système oculaire,
dresser le bilan des handicaps.
Le 3ebilan de santé avec contrôle visuel
est pratiqué à 4 ans par la PMI
(Protection Maternelle et Infantile) mais il
est alors souvent trop
tard pour guérir une amblyopie. A partir
de l’entrée à la grande école, les 3 visites
obligatoires de santé scolaire à 6 ans, 11
ans et 15 ans doivent comporter un bilan
visuel.
A 6 ans, il est important de repérer les en-
fants qui se plaignent de maux de tête. Ils
peuvent traduire un déséquilibre oculo-
moteur qui sera aisément guéri avec
quelques séances d’orthoptie. Autre
signe à repérer, l’enfant qui n’aime pas
lire : ce peut être un signe d’une insuffi-
sance de convergence. Enfin, mal de tête
et refus de lecture peuvent exprimer une
hypermétropie latente révélée par l’effort
d’accommodation demandé par la lec-
ture. En 2 ou 3 ans de verres faibles, la
difficulté sera surmontée car l’hypermé-
tropie va diminuer avec l’âge.
Là encore, seul l’ophtalmologiste peut
mesurer le degré d’hypermétropie latente
grâce à un examen de réfraction avec
gouttes de collyre cycloplégique (qui
bloque l’accommodation). Deux autres
examens systématiques sont prévus, à
11 et 15 ans. Toute baisse d’acuité doit
être signalée à la famille qui doit immé-
diatement consulter un ophtalmologiste.
Il s’agit souvent d’une apparition ou d’une
aggravation de la myopie (elle apparaît
Le traitement de l’amblyopie varie
suivant son origine. Il comprend :
le port, indispensable, de verres
correcteurs ;
• une occlusion pour faire " démarrer
" le
" mauvais " œil ;
• un traitement pénalisant le " bon "
œil. Ce traitement peut durer plu-
sieurs années, pour contraindre le
Test C.A.D.E.T. - Lettres
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