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L’analogie complète entre les interactions gravitationnelle et électrostatique le conduit à proposer un
nouveau modèle de l’atome : le noyau qui concentre l’essentiel de la masse porte une charge positive
opposée à la charge négative de tous les électrons qui « gravitent » autour de ce noyau à la manière des
satellites autour d’une planète : c’est un modèle planétaire.
1.3 – La révolution quantique
Bien que l’analogie entre les interactions gravitationnelle et électrostatique soit complète et puisse
laisser croire à une similitude entre les systèmes planétaire et atomique, il n’en est strictement rien.
Voici un atome, un atome d’hydrogène, le plus simple de tous les atomes. Le plus petit aussi, ne
serait-ce que du point de vue de ses constituants. Son noyau se résume en effet à un simple proton,
autour duquel un unique électron, minuscule, tourbillonne sous l’effet de la force électrique attractive
qui le lie au proton, de charge électrique opposée à la sienne. Ce système nous rappelle quelque chose
que nous connaissons bien, le duo formé par le Soleil et la Terre. Imaginons que cette analogie soit
exacte, que l’atome d’hydrogène soit effectivement un système planétaire miniature, microscopique
même, dans lequel le proton jouerait le rôle du Soleil et l’électron celui d’une planète. En supposant
ainsi qu’il n’y a entre ces deux systèmes qu’une différence de taille (le premier étant la réduction à
l’identique, jusqu’à des dimensions infimes, du second), nous faisons de l’atome une sorte d’objet
familier. Mais avons-nous le droit à pareille métaphore ? Si notre modèle est juste, alors l’électron doit
avoir une trajectoire bien définie, comme celle d’une planète qui gravite autour du Soleil. Il se doit de
tourner sans lassitude autour du proton selon une certaine orbite. C’est en effet ce que conçoit la
mécanique dite « classique », qui, suivant en la matière le sens commun, n’envisage que des objets
matériels précisément localisés dans l’espace, soumis à des forces et ayant des trajectoires bien définies.
Mais en réalité, pour l’électron, les choses ne sont pas si simples. Du fait qu’il tourne autour du proton,
il subit une accélération radiale, comme une voiture dans un virage. Or, on sait […] que dans ces
conditions l’électron, parce qu’il porte une charge électrique, perd de l’énergie en émettant de la
lumière. Jusque-là, rien de grave, au contraire même. Les atomes ne sont-il pas justement capables
d’émettre de la lumière ? Notre modèle pourrait donner à ce phénomène un début d’explication. Mais à
bien y regarder, il y a là un hic gravissime : puisqu’il perd de l’énergie, l’électron se rapproche
inexorablement du proton en suivant une sorte de spirale, jusqu’à finalement s’écraser sur lui ! C’est la
catastrophe.
Notre modèle d’atome, pourtant si approprié quand on l’applique au Soleil et aux planètes (elles
ne tombent pas sur le Soleil, tout du moins pas encore), est ici inapte à la durée. Le calcul montre que
l’électron ne mettrait qu’une fraction de seconde à tomber sur le proton. Heureusement, cet ultimatum
lancé à l’atome ultime n’est jamais respecté. Les atomes sont des édifices sagement stables.
Extrait de La Physique quantique, Etienne KLEIN © Flammarion, 1996.
L’atome ne peut pas être décrit de façon classique.
Dès la fin du XIXème siècle, plusieurs autres phénomènes physiques jettent l’anathème et demeurent
inexplicables par la mécanique élaborée depuis Newton.
Le rayonnement de corps noir
En 1864, l’expérience de Tyndall montre que lorsque la température d’un corps augmente, le
rayonnement qu’il émet s’enrichit de radiations de courtes longueurs d’onde et que, de plus, son
intensité augmente considérablement.
Cherchant à expliquer ces observations, les physiciens de la fin du XIXème siècle ont étudié le
rayonnement de corps noir : celui-ci est un corps parfaitement absorbant. En pratique, une cavité, percée
d’un petit trou permettant au rayonnement d’en sortir et d’être étudié, est un corps noir.
En 1900, il existe deux lois parfaitement contradictoires pour expliquer l’expérience de Tyndall,
La loi de Wien, qui stipule que la grandeur caractéristique du phénomène
d’émission est proportionnelle à
, colle très bien aux résultats expérimentaux
lorsque λT est petit mais devient absurde quand la température devient infinie.