Contre le VIH/SIDA, la piste de l’immunothérapie se
précise
Contre le cancer, l’immunothérapie fait ses preuves depuis
plusieurs années maintenant. Les chercheurs semblent envisager
cette stratégie thérapeutique dans la lutte contre le VIH/SIDA. La
preuve, une équipe française vient de découvrir des données
importantes concernant le mécanisme d’action du système
immunitaire, et notamment de certains anticorps spécifiques,
contre le virus.
Le VIH est un virus qu’aucun traitement antirétroviral n’a permis à ce jour
d’éliminer totalement de l’organisme. Toutefois, chez certains patients
infectés, des anticorps particuliers ont été identifiés pour leur capacité à
bloquer la réplication de très nombreuses souches de VIH-1.
Les chercheurs de l’équipe d’Olivier Schwartz de l’unité « Virus et
immunité » (Institut Pasteur / CNRS) ont constaté que ces anticorps dits
« neutralisants à large spectre » (bNAbs) peuvent empêcher le passage
du virus de cellule à cellule. Ils sont également capables, pour les plus
efficaces d’entre eux, de reconnaître directement les cellules infectées et
d’entraîner leur destruction par les cellules Natural Killer (NK).
Lesquelles sont des éléments du système immunitaire chargés
d’éliminer les cellules anormales de l’organisme.
Un mode d’action lié à la reconnaissance des cellules infectées
Pour ce faire, les bNAbs reconnaissent différentes parties de l’enveloppe
virale exposées à la surface des cellules humaines. Or « l’exposition de
ces parties de l’enveloppe est très variable et dépend de la souche de
VIH, modulant donc la réponse des cellules immunitaires », précisent les
auteurs. La combinaison de plusieurs anticorps de cette catégorie
permettrait toutefois d’augmenter leur efficacité pour recruter des cellules
NK. Sans pour autant avoir trouvé la réponse définitive pour lutter contre
le virus du SIDA, ces découvertes sont importantes.
« Ce travail conforte l’idée que les anticorps neutralisants à large spectre
pourraient réduire le réservoir chez les patients infectés par le VIH »,
souligne Olivier Schwartz. De plus, la façon dont ils reconnaissent
l’enveloppe virale donne en effet des informations précieuses pour la
conception de candidats vaccins. Enfin, les chercheurs savent que les
bNAbs peuvent être utilisés chez l’homme. Les plus efficaces sont
actuellement en cours d’essai clinique aux Etats-Unis pour leur faculté à
abaisser significativement la charge virale pendant 28 jours. Ces
immunothérapies représentent donc de nouvelles stratégies
thérapeutiques ou préventives prometteuses.
Vaccin curatif contre le sida : des résultats
encourageants aussitôt contestés
La start-up française Biosantech et le chercheur du CNRS Erwann
Loret ont présenté mercredi 16 mars 2016 des résultats
préliminaires encourageants d'un vaccin curatif contre le sida tes
sur des patients séropositifs à Marseille, mais aussitôt contestés
par l'agence nationale de recherche sur le sida (ANRS).
"Le résultat principal de cet essai (...), c'est que nous avons avec ce
vaccin un effet sur les cellules infectées par le VIH. On fait gagner 70
ans de trithérapie aux patients", a expliqué devant la presse à Marseille
le docteur Erwann Loret, chercheur au CNRS à l'Université d'Aix-
Marseille dont les travaux doivent être publiés dans la revue scientifique
Retrovirology.
"Je ne partage pas du tout l'analyse des données présentées à
Marseille", a déclaré pour sa part le Pr Jean-François Delfraissy,
directeur de l'ANRS, après avoir eu accès à l'article.
Il a précisé qu'il n'existait aucune "donnée solide en faveur de ce
candidat vaccin" qui, selon le Dr Loret, aurait permis à certains patients
séropositifs de voir leurs cellules infectées par le VIH baisser à un niveau
indétectable.
Actuellement, aucun traitement ne permet d'éliminer complètement le
VIH de l’organisme
Les trithérapies permettent aux personnes séropositives de bloquer la
multiplication du VIH dans leur organisme et de garder un système
immunitaire opérationnel en rendant leur charge virale - c'est-à-dire le
nombre de copies du virus dans le sang - indétectable.
Les trithérapies n'ont en revanche que très peu d'effet sur le nombre de
cellules infectées, qui servent de réservoirs de virus et causent une
remontée de la charge virale dès l'arrêt du traitement chez la plupart des
séropositifs.
Le vaccin du Dr Loret cible la protéine Tat, produite par la cellule infectée
par le VIH et qui empêche les défenses immunitaires de s'attaquer à elle.
La molécule a pris le nom de Tat Oyi, en référence à un patient gabonais
résistant naturellement au VIH et chez qui cette protéine était capable de
générer une bonne réponse immunitaire.
Après des tests encourageants menés sur des animaux, des essais
cliniques ont été menés chez l'homme à partir de 2013 à Marseille.
Initialement, l'étude cherchait à démontrer l'efficacité du vaccin sur le
"rebond virémique", c'est-à-dire le retour de la charge virale dans le sang
après arrêt de la trithérapie.
Selon le Dr Loret, une étude "multicentrique" de plus grande ampleur
pourrait à l'avenir être menée dans plusieurs centres hospitaliers dans le
monde, Francfort, Barcelone ou encore aux Etats-Unis, associant vaccin
et trithérapies.
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