Marie Rose GRAS - Mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique - 2003-
C’est à cette problématique que je suis confrontée, en qualité de Directrice d’une
Association spécialisée dans le traitement de l’insuffisance rénale chronique (IRC)
dans le département de la Réunion.
En effet, l’IRC se définit par une diminution permanente et irréversible de la
fonction rénale. Elle devient « terminale » en dessous d’une valeur seuil de 5 à
10 % de filtration et impose alors le recours à une technique de suppléance,
dialyse ou transplantation, qui date la mort rénale.
Classée au 24ème rang des déficiences par l’enquête Handicap, incapacités,
dépendances (HID) menée par l’INSEE en 19981, l’IRC était déjà reconnue
comme maladie invalidante dans la classification internationale des Handicaps de
1980, à intégrer dans le noyau dur du Handicap.
La nouvelle classification internationale du fonctionnement, du Handicap et de la
Santé adoptée en Mai 2001 par la 54ème assemblée mondiale de la Santé,
accentue encore cette position, en mettant en évidence la composante sociale et
le rôle des facteurs environnementaux.
Jusqu’à présent, l’établissement engagé dans une démarche d’amélioration
continue de la qualité depuis l’année 2000, en vue de l’accréditation par l’Agence
Nationale d’accréditation et d’évaluation en Santé (ANAES), s’est focalisé sur la
qualité des soins, des protocoles et la sécurité sanitaire. Pourtant, régulièrement,
des demandes individuelles ou exprimées collectivement lors des réunions de la
commission des patients nous rappellent aux réalités : pertes d’emploi, pas
d’accès aux prêts bancaires, conditions de vie médiocres, angoisses, souffrance
psychique, perte d’estime de soi, isolement. Autant de problèmes vécus qui
soulignent la dimension sociale de cette maladie.
De par sa chronicité et la dépendance qu’elle induit, cette maladie révèle une
forte composante médico-sociale qui est à prendre en considération dans une
optique globale de nature à répondre aux besoins de la personne dans son unité.
Plus d’un million de personnes dans le monde, quarante cinq mille personnes en
France dont mille cent à l’île de la Réunion sont atteintes d’insuffisance rénale
chronique terminale (IRCT). Sa progression annuelle est de l’ordre de 5 % sur le
territoire métropolitain, elle est de 10 % dans les départements d’outre-mer. Le
1 Résultats de l’enquête « Handicaps – incapacités – dépendance » de l’INSEE présenté lors du
colloque HID des 3 et 4 octobre 2002 à Paris