Le journal des PARTENAIRES DE FRANCE ACTIVE Été 2014 # Numéro 02 Édito Vie sociale Recréer du lien LE TRAVAIL AUTREMENT Christian SAUTTER Président de France Active P. 07 Pôles territoriaux de coopération économique Les PTCE décryptés P. 06 Anne Charpy, fondatrice de l’association VoisinMalin ___ Le “W” de Walter symbolise le travail, “le travail autrement”. Travailler autrement, c’est échapper à la fatalité du chômage en créant son entreprise ou en rejoignant une entreprise solidaire. Travailler autrement, c’est éviter l’emprise d’une économie mondialisée, où les décisions se prennent au loin, au hasard d’intérêts principalement financiers. C’est vivre dans l’économie de proximité, où l’on décide ensemble de l’avenir au sein de Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). Le gouvernement a déjà donné un label de qualité à 23 projets, sur 180 candidats. Consommer les produits agricoles issus du proche terroir est devenu habituel. Investir une fraction solidaire de son épargne dans des entreprises sociales de sa région est la nouvelle tendance. Les territoires sont terre d’innovation sociale : les PTCE et les circuits courts d’épargne solidaire sont prometteurs de développement partagé. France Active est heureuse d’y contribuer. Christian Sautter Circuits courts P. 04 La finance s’y met aussi 02 ACTIONS DE FOND s’engager Pour nous, France Active est synonyme de développement du territoire L’équipe du tout nouveau fonds Initiative Saint-Martin Active. Marc CHAKHTOURA Directeur d’Initiative Saint-Martin Active LORRAINE CHAMPAGNE s’investir Trophées du fonds ACEF pour la Solidarité La solidarité, c’est un état d’esprit Le fonds ACEF pour la Solidarité, né du partenariat entre les Associations pour le crédit et l’épargne des fonctionnaires (ACEF) et la Banque Populaire Lorraine Champagne, a décerné, le 20 mai dernier, ses premiers Trophées aux associations et personnes morales œuvrant dans le domaine de la perte d’autonomie. Soutenue par Lorraine Active, membre du jury d’experts, cette initiative a récompensé six structures lorraines et champenoises dans les catégories “Handicap”, “Services à la personne et réinsertion sociale”, “Aide aux aidants familiaux” et “Information et prévention sur la perte d’autonomie”. Maurice BOURRIGAUD Président du directoire de la Caisse d’Épargne d’Auvergne et du Limousin (CEPAL) ___ « Le souci de l’épanouissement des personnes et du développement de leurs initiatives a toujours fait partie des principes inspirants de la Caisse d’Épargne. Le partenariat avec Auvergne Active et Limousin Actif relève donc d’abord d’un état d’esprit solidaire », lance Maurice Bourrigaud, président du directoire de la Caisse d’Épargne d’Auvergne et du Limousin (CEPAL). Un état d’esprit qui se traduit depuis une quinzaine d’années par des actions concrètes et des résultats bien tangibles. L’établissement bancaire est notamment mécène de Cap’Jeunes, programme d’aide de France Active à la création d’entreprise par les jeunes de moins de 26 ans. La CEPAL est également partenaire de Parcours Confiance, un dispositif de microcrédit et d’accompagnement dédié aux entrepreneurs. « Parcours Confiance est animé localement par des gens qui savent se montrer à l’écoute des porteurs de projet. Soutenir ce type de dispositif, c’est pour nous une manière d’agir au-delà de la stricte logique bancaire. Cela s’inscrit à la charnière de notre métier de banquier et de notre statut d’entreprise ancrée dans la société réelle », explique Maurice Bourrigaud. La CEPAL, qui investit chaque année 1,7 million d’euros dans des initiatives visant à réduire l’exclusion, consent environ 200 prêts et garanties de prêt par an dans le cadre de son partenariat avec France Active. N°02 # été 2014 EN BREF ILE-DEFRANCE HAUTSDE-SEINE DRÔMEARDÈCHE deuxième VISITE DE TERRAIN “L’ESS EN ACTION” HDSI FÊTE SES 15 ANS IEDV DEVIENT INITIACTIVE 26.07 Fidèle à sa vocation de soutien aux initiatives créatrices d’emplois dans le département, Hautsde-Seine Initiative (HDSI) a fêté ses 15 ans le 3 juin dernier lors de son assemblée générale. Cette soirée, organisée pour la communauté HDSI, a été l’occasion de fêter les 1 888 projets financés et les 7 561 emplois créés ou consolidés depuis la création en 1999. Cette soirée a également permis d’entendre les témoignages d’entrepreneurs et d’associations et de remettre les Trophées des 15 ans à des projets ayant bénéficié du soutien financier et de l’accompagnement d’HDSI. Initiative Emploi Dauphiné Vivarais (IEDV) s’appelle désormais Initiactive 26.07. Son nouveau nom et son nouveau logo reflètent davantage son appartenance aux deux réseaux nationaux France Active et Initiative France. Il précise aussi son territoire d’intervention dans son périmètre le plus large, puisqu’Initiactive 26.07 représente France Active en Drôme et en Ardèche. Hormis ce changement, l’association ne change pas. Ses missions, valeurs, périmètres ainsi que ses équipes restent les mêmes. En 2013, elle a accompagné ou financé plus de 300 entreprises de proximité. Ile-de-France Active, en partenariat avec le Centre français des fonds et fondations, a convié le 30 avril dernier des fondations, banques et collectivités territoriales à rencontrer deux dirigeants de structures d’insertion sur le thème de l’hybridation des financements publics et privés pour soutenir le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE). Initiées en début d’année, les visites de terrain ont pour mission de favoriser les échanges entre les dirigeants, financeurs et décideurs régionaux du secteur. Une troisième visite est prévue en septembre. www.hdsi.asso.fr ACTIONS DE FOND 03 ___ En juin 2014, le réseau France Active s’est agrandi pour accueillir un petit nouveau venu des Antilles : Initiative SaintMartin, devenu Initiative SaintMartin Active. Depuis bientôt quinze ans, ce fonds solidaire agit au service des entrepreneurs de Saint-Martin et du développement de l’île. En 2013, il aura financé 80 projets et participé à la création ou au maintien d’une centaine d’emplois. Dans un contexte économique et social contrasté selon les secteurs, la force du fonds tient à son puissant ancrage sur le terrain et à des partenariats étroits avec les acteurs économiques locaux et nationaux. Son offre s’est enrichie au fil de son développement. Positionné dans un premier temps sur le segment des TPE, le fonds a peu à peu élargi son champ d’action à l’accompagnement des projets d’utilité sociale et des structures de l’économie sociale et solidaire. Jusqu’à intégrer, il y a peu, le réseau France Active. « La tutelle de France Active est clairement synonyme de montée en compétences. Nous bénéficions d’une véritable dynamique de partenariat avec les acteurs locaux, ainsi que de ressources importantes en termes de veille, de partage de connaissances et d’échange de bonnes pratiques. Nous sommes également renforcés dans notre expertise de qualification du risque », explique Marc Chakhtoura. parcours Avant 2012 : mène une carrière en entreprise et dans des cabinets conseil, en France et au Canada, en tant que responsable de la pratique « conduite du changement et transformation organisationnelle ». Il a notamment été consultant chez Cap Gemini France pendant quatre ans. 2012 : directeur d’Initiative Saint-Martin. 2014 : directeur d’Initiative Saint-Martin Active, à la suite de l’intégration d’Initiative Saint-Martin au réseau France Active. AIN Une “boîte à boîtes” à Bourg-en-Bresse Le taux de survie à cinq ans des entreprises hébergées en pépinières est de 80 %, contre 50 % pour la moyenne nationale de création. CAP 3B et Bourg-en-Bresse Agglomération créent donc une pépinière d’entreprises, dont l’animation a été confiée à Centre Ain Actif, afin de renforcer les chances de succès des jeunes entreprises et de favoriser leur insertion dans le tissu économique local. Trois sites vont progressivement s’ouvrir : deux à Bourg-en-Bresse, l’un au cœur du Technopôle Alimentec et l’autre au “Centre des entrepreneurs” (où quatre entreprises du tertiaire s’installent dès juin). L’ouverture du troisième site, qui sera une antenne mixant bureaux et ateliers, est prévue ultérieurement à Montrevel. CENTRE Cap vers les jeunes entrepreneurs Depuis fin 2013, Centre Actif déploie le programme CAP’JEUNES, mis en place par France Active et dédié aux jeunes demandeurs d’emploi ou en situation d’emploi précaire de moins de 26 ans, qui souhaitent créer leur entreprise. Dix-neuf jeunes en bénéficient déjà. En plus de cet accompagnement, qui comprend les garanties bancaires, ils bénéficient d’une prime de départ de 2 000 euros et d’un suivi en amont et après la création. « Centre Actif s’est réellement approprié le dispositif », explique son directeur Éric Menin. Le conseil régional du Centre soutient même le programme en proposant une prime complémentaire de 1 000 euros. s’associer Connecter besoins locaux et porteurs de projet JÉRÉMY BRÉMAUD Directeur de l’Association territoires et innovation sociale ___ L’Association territoires et innovation sociale (ATIS) est née en 2010 d’un constat partagé par les réseaux de l’économie sociale et solidaire et des collectivités locales : de nombreuses initiatives d’utilité sociale ne voient pas le jour, faute de connexions entre besoins locaux et porteurs de projets. « Nous travaillons en maillage serré avec les collectivités, les entreprises et les acteurs de l’économie sociale et solidaire – parmi lesquels Aquitaine Active – pour repérer sur le territoire aquitain des besoins non satisfaits, qu’ils soient domestiques ou professionnels, explique Jérémy Brémaud, directeur d’Atis. Puis nous lançons des études d’opportunité et identifions des porteurs de projets potentiels. » Pour mener cette démarche innovante d’incubation sociale, où c’est la demande qui génère l’offre, Atis anime trois dispositifs (la Fabrique à Initiatives, un incubateur dédié à l’innovation sociale et le DLA régional) et s’appuie sur de nombreux partenaires. Membre fondateur de l’association et de son comité de validation, Aquitaine Active finance ainsi 80 % des projets accompagnés par Atis. Forte de cette coopération, Atis a fait émerger 12 projets en moins de deux ans : garage solidaire, conciergerie en entreprise d’insertion, crèche implantée en Ehpad*, recyclage de déchets de bureau… * Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. N°02 # été 2014 04 PLACE DU MARCHÉ + 28 % Circuits courts La finance s’y met aussi de croissance de la finance solidaire en 2013 (source Finansol). Collecter des ressources locales pour les réinvestir localement dans des projets d’utilité sociale : c’est l’objet d’une nouvelle génération d’instruments financiers. C boîte à outils FRIS Les Fonds régionaux d’investissement solidaire (FRIS) ont pour objectif de renforcer les fonds propres des entreprises solidaires, par un apport en prêt participatif allant de 5 000 à 60 000 euros pour une durée maximale de sept ans. www.franceactive.org TousNosProjets.fr TousNosProjets.fr, moteur de recherche ouvert par Bpifrance et recensant les projets référencés sur l’ensemble des plates-formes de crowdfunding en France. tousnosprojets.bpifrance.fr Finansol L’association qui fédère plus de 60 acteurs engagés dans la finance solidaire, s’est penchée sur le profil des épargnants solidaires : une étude à découvrir sur www.finansol.org N°02 # été 2014 rowdfunding, Amap, monnaies sociales… En quelques années, de nouvelles formes d’échange économique ont émergé, qui tendent toutes à réduire, voire à faire disparaître les intermédiaires entre fournisseurs et consommateurs. D’où le terme aujourd’hui consacré de “circuits courts”. D’abord présents dans l’agriculture maraîchère, les biens de consommation ou les services domestiques, ils commencent à gagner des sphères plus institutionnelles, comme le monde bancaire. Les circuits courts de la finance solidaire visent à collecter de l’épargne locale et à la réinvestir localement dans des projets d’utilité sociale ou dans des entreprises sociales et solidaires. Les fonds territoriaux de France Active ont devancé l’appel. Ils ont développé des outils de financement locaux dans une logique de circuits courts, renforcés par les Fonds régionaux d’investissement solidaire (FRIS), lancés à partir de 2007. S’appuyant sur le capital de la société d’investissement France Active (SIFA) et sur les fonds de garantie abondés par les conseils régionaux, les FRIS sont aujourd’hui présents sur l’ensemble du territoire métropolitain. « On n’est plus dans une économie à la marge. Les circuits courts de la finance sont en train de changer d’échelle pour atteindre des niveaux véritablement significatifs », commente Patrice Garnier, président de la SIFA. En 2013, les FRIS et la SIFA ont accompagné plus de 1 000 entreprises sociales et solidaires. Des aides salutaires Pour les entreprises bénéficiaires, c’est en tout cas parfois la seule opportunité de démarrer ou de redémarrer une activité. En 2007, alors qu’elle se produisait à Paris, une importante grève des transports accule la troupe théâtrale pictocharentaise Choc Trio à un déficit de 50 000 euros. L’association fait appel à Insertion Poitou-Charentes Active (IPCA), le fonds territorial de PoitouCharentes affilié au réseau France Active. « Nous y avons trouvé une écoute, du conseil et une aide véritablement providentielle au regard de la situation dans laquelle nous étions plongés », explique Priscille Cordier, administratrice de Choc Trio. La troupe théâtrale signe avec IPCA un contrat d’apport associatif de 15 000 euros, prêt à taux zéro remboursable sur trois ans. France Active s’est aussi portée garante d’un prêt de 20 000 euros souscrit auprès du Crédit Coopératif, également remboursable sur trois ans. « Nous avons pu repartir et continuer à payer nos salariés », poursuit Priscille Cordier. Plus récemment, Choc Trio a décidé de tenter l’expérience du crowdfunding. Cela lui a permis de financer à hauteur d’un tiers de son budget la tournée en France de l’une de ses créations. Transparence et visibilité Qui dit circuit court dit transparence et visibilité. Le suivi des flux financiers apparaît donc comme l’une des clés de succès du modèle. Dans le cas des dispositifs d’épargne salariale, la traçabilité s’avère complexe, car tributaire de nombreuses validations institutionnelles et réglementaires. Mais des initiatives se multiplient (voir interview ci-contre) chez les opérateurs de la finance solidaire. À l’image de FONDES Pays de la Loire du réseau France Active, qui a développé, dès 2011, avec ses partenaires territoriaux un protocole de traçabilité de l’épargne. Plus de 500 000 euros ont ainsi d’ores et déjà été “tracés” dans la région et ont contribué à soutenir 24 entreprises et 1 340 emplois. La société d’expertise comptable CERFrance Jura, qui emploie une centaine de personnes, a franchi le pas il y a un peu plus d’un an. Elle a décidé de flécher une partie des sommes placées sur son plan d’épargne entreprise (PEE) vers des projets locaux. « J’ai été contactée par Franche-Comté Active et Habitat et Humanisme, qui m’ont parlé de la possibilité de proposer aux salariés des instruments de finance solidaire “traçables”. J’en ai parlé au comité d’entreprise qui, tout comme la direction, s’est montré très intéressé », raconte Marie-Cécile Elluin, comptable et membre du CE. Les circuits courts de la finance solidaire sont le lieu d’expérimentations diverses. Si aujourd’hui, les efforts portent sur les instruments de traçabilité, d’autres recherches sont en cours. « Nous réfléchissons à voir comment mobiliser la trésorerie des entreprises sur des supports solidaires. Une manière d’alimenter la démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) de la Région Pays de la Loire », souligne Grégoire Delrue, directeur de FONDES. La Région Pays de la Loire a justement créé avec France Active, la SIFA et FONDES Pays de la Loire un fonds visant à soutenir le développement des entreprises responsables. L’occasion de lancer auprès de PLACE DU MARCHÉ 05 78 M€ de fonds collectés via les plates-formes de crowdfunding en 2013 (source Compinnov). 1 063 Avec entreprises sociales et solidaires soutenues par les fonds territoriaux de France Active en 2013. 117 M€ de fonds propres fin 2013, la SIFA est la première société d’investissement solidaire en France. 3 questions à Pierre Schereck Directeur de l’épargne salariale & retraite et de l’ISR * chez Amundi, société de gestion d’actifs financiers D’abord présents dans l’agroalimentaire notamment, les circuits courts se diffusent dans les sphères plus institutionnelles.” quelque 200 acteurs de l’économie régionale une réflexion collective autour de la notion de RSE. « Nous nous appuyons sur le référentiel élaboré, qui nous permettra d’objectiver notre démarche et d’en faire, pourquoi pas, un laboratoire pour d’autres réseaux bancaires et territoriaux », explique Fabienne Renaud, conseillère régionale des Pays de la Loire. L’engagement des institutions et des collectivités territoriales est bien la preuve du potentiel social des circuits courts. En misant sur un rapport plus direct entre financeurs et financés, les circuits courts ne font finalement que revenir à la finalité première de tout échange marchand : créer du lien, au service d’une utilité sociale bien comprise de tous. Parlez-nous du processus de traçage régional de l’épargne salariale solidaire que vous avez mis en place en Franche-Comté et en Alsace. Il ne suffit pas de constater l’émergence d’une demande des salariés, des citoyens et des consommateurs pour une économie réelle, raisonnée et contrôlée. Encore faut-il pouvoir répondre pleinement à cette attente, en dotant les circuits courts de la finance d’outils permettant aux épargnants de mesurer l’impact de leurs investissements sur l’économie locale réelle. En tant que spécialistes dans la gestion d’actifs liés à l’économie sociale et solidaire, nous sommes persuadés que le développement du modèle passe par la mise en place de protocoles de traçabilité. Comment aller plus loin ? Nous travaillons à un projet de cartographie numérique dynamique et interactif de nos investissements solidaires. L’idée est de pousser la traçabilité de la finance solidaire jusqu’au bout de sa logique en permettant aux investisseurs, particuliers et salariés, mais aussi entreprises, de suivre précisément l’orientation et l’impact des sommes investies dans nos fonds solidaires. Les outils de finance solidaire à impact local sont-ils perçus par les entreprises comme un levier intéressant dans une démarche de RSE ? L’intégration de ces dispositifs à la stratégie RSE des entreprises est même l’un des leviers majeurs de leur développement. Les entreprises disposent avec les circuits courts d’un argument fort pour crédibiliser leur discours et légitimer leur démarche, tant auprès de leurs salariés que des autres parties prenantes. Mais là encore, la traçabilité et le reporting d’impact seront des accélérateurs essentiels. pour En savoir plus + * Investissement socialement responsable. www.franceactive.org N°02 # été 2014 06 LA PREUVE PAR 4 Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) Les PTCE décryptés Concept formalisé dès 2009 par un groupe d’acteurs réunis autour du Labo de l’ESS, les Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) élaborent des réponses aux besoins socio-économiques identifiés sur leur territoire en activant les leviers de l’innovation sociale, de la coopération et de la mutualisation. 1 POUR QUI ? Les Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) sont impulsés par des entreprises et des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Ils regroupent sur un même territoire : 2 POUR QUOI FAIRE ? Les PTCE sont des processus de coopération entre acteurs locaux qui ont pour finalité la création d’activités économiques durables sur le territoire via : la structuration de filières d’activités ; une meilleure visibilité institutionnelle de l’ESS ; d es entreprises de l’économie traditionnelle (TPE, PME, artisans…) ; la création et consolidation d’emplois et d’activités non délocalisables ; des collectivités locales ; le soutien de projets d’innovation sociale et environnementale. des centres de recherche ; des organismes de formation. Il existe à ce jour plus de 50 PTCE et Plus de 100 projets émergents partout en France. 3 COMMENT ? Le PTCE repose sur un engagement réciproque des parties prenantes pour mettre en œuvre une coopération économique à trois niveaux. STRATÉGIQUE diagnostic territorial, animation du PTCE, charte de coopération, gouvernance collective, sélection des projets, hybridation des ressources… TECHNIQUE mutualisation des locaux et du matériel, ressources humaines partagées, fonctions supports professionnalisées… PROSPECTIVE collaborations entre acteurs de l’ESS et de l’économie classique, apports en compétences et savoir-faire… N°02 # été 2014 4 AVEC QUI ? À l’échelle nationale La dynamique des PTCE est animée par le Labo de l’ESS, avec le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES), le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale (CNCRES), le COORACE (fédération des entreprises sociales) et le Mouvement pour l’économie solidaire (MES). Sur les territoires Le développement des PTCE est le résultat d’une démarche participative et citoyenne, avec la mobilisation d’une forte diversité d’acteurs locaux associatifs, publics et privés. En 2013, l’État a confirmé son soutien aux PTCE, avec un premier appel à projets et en reconnaissant leur existence via l’article 5 du projet de loi relatif à l’économie sociale et solidaire. www.lelabo-ess.org/ Poles-territoriaux-de-cooperation FACE À LA QUESTION 07 vie sociale Recréer du lien En 2011, quand Anne Charpy lance VoisinMalin, son idée est toute simple : miser sur la proximité pour recréer du lien dans les quartiers sensibles. Elle emploie et forme des habitants pour expliquer les projets de la ville ou proposer des services (traduction, aide aux démarches administratives…). Une initiative qui a immédiatement conquis le maire de Courcouronnes, Stéphane Beaudet. Comment vous est venue l’idée de VoisinMalin et comment avez-vous convaincu Courcouronnes de travailler avec vous ? Anne Charpy : J’ai longtemps travaillé sur des grands projets de réhabilitation et de transformation des quartiers populaires, mais j’ai réalisé qu’ils n’étaient pas compris par les citoyens. J’ai donc créé VoisinMalin, un réseau de voisins actifs pour recréer du lien et de la confiance. Comme première implantation, je cherchais une ville suffisamment grande, dans une dynamique de transformation et dont le maire soit ouvert à ce type d’innovation. Plusieurs personnes m’ont parlé du maire de Courcouronnes, Stéphane Baudet. Je lui ai donc soumis mon projet en septembre 2010 et il a immédiatement dit oui. L’équipe de Courcouronnes a été mise en place en avril 2011. Pourquoi avez-vous pris le pari d’accueillir le site pilote de VoisinMalin ? Stéphane Beaudet : Nous avons toujours été intéressés par les projets d’économie sociale dans nos quartiers et nous expérimentons sans cesse. Je connaissais aussi le parcours d’Anne Charpy. Nous avions besoin de communiquer différemment avec les habitants. C’était donc naturel de lancer VoisinMalin. Et c’était assez facile grâce à notre culture partenariale. J’ai mis VoisinMalin en relation avec l’ensemble des dispositifs concernés. Comment les habitants ont-ils perçu la démarche ? A. C. : Les premiers mois n’ont pas été faciles, mais, petit à petit, les habitants ont commencé à nous connaître. Le bouche-à-oreille a été très positif. Les gens nous attendaient même. ANNE CHARPY Fondatrice de VoisinMalin 1990-1993 : au Chili pour l’ONG Contigo. Elle y fonde un syndicat de micro-entrepreneurs 1993-2010 : projets de réhabilitation et de transformation des quartiers populaires, notamment directrice du GIP de Grigny et Viry-Châtillon 2011 : crée VoisinMalin avec l’aide d’Essonne Active Quel est votre bilan du travail de VoisinMalin pour la vie locale à Courcouronnes ? S. B. : Les Voisins touchent beaucoup de gens grâce à leur porte-à-porte, font des enquêtes ciblées, évaluent chacune de leurs missions. On a en quelque sorte été l’incubateur de VoisinMalin en situation réelle et on peut être fier du parcours effectué. Quels enseignements tirez-vous de vos premières implantations et quels sont vos prochains chantiers ? A. C. : Nous sommes aujourd’hui présents dans quatre villes de l’Essonne, deux de Seine-SaintDenis, dans le 19e arrondissement de Paris, et nous allons bientôt ouvrir à Lille. Chaque ville est différente. Le soutien du maire est crucial, car c’est lui qui porte la dynamique locale. D’autres territoires souhaitent aujourd’hui que nous allions nous implanter chez eux, mais je ne veux pas aller trop vite pour ne pas perdre la qualité de notre action, qui repose sur la confiance. Avez-vous d’autres projets du même type à Courcouronnes ? S. B. : Notre but n’est pas d’être innovants, mais d’essayer de nouveaux dispositifs. Nous STÉPHANE BEAUDET avons, par exemple, créé Maire de Courcouronnes un groupement d’intérêt public (GIP) d’action éducative dans lequel 2001 : élu maire de Courcouronnes des fondations privées 2008 : réélu maire de Courcouronnes viennent financer de nouvelles actions. 2010 : élu au conseil régional Mon rôle en tant que d’Ile-de-France maire est de faciliter les idées des autres. www.voisin-malin.fr N°02 # été 2014 08 LA VEILLE POUR DEMAIN vu d’ici… vu sur le web RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE RÉGIONALE SUR LE FINANCEMENT DE L’ESS Partant du constat que les données disponibles sous l’angle économique et financier sont insuffisantes, les réseaux des Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CRESS) et de France Active se sont rapprochés pour porter ensemble un projet d’observation de la santé économique et financière des acteurs de l’ESS. Une enquête a donc été menée dans trois régions pilotes (Limousin, NordPas-de-Calais et Rhône-Alpes) à l’occasion du mois de l’économie sociale et solidaire fin 2013 auprès des dirigeants associatifs, mutualistes, des entreprises coopératives, de l’insertion par l’activité économique… Après des restitutions régionales, les résultats de l’étude viennent de sortir. L’enquête a permis de recueillir les données de 395 structures et de proposer un diagnostic commun : les équilibres économiques, l’accès au financement, la relation avec la banque ou encore la mise en commun des projets, notamment en fonction des territoires et des secteurs d’activité, y sont abordés en détail. L’étude complète est disponible en ligne. MIEUX INFORMÉES POUR MIEUX ENTREPRENDRE Les femmes qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise peuvent désormais trouver toutes les informations utiles sur un portail Internet unique lancé par le ministère des Droits des femmes et l’APCE : “Elles entreprennent”. Le site présente notamment tous les contacts en matière de financement, d’élaboration du projet et d’accompagnement, ainsi que des témoignages et un observatoire de l’entrepreneuriat féminin. pour En savoir plus + www.ellesentreprennent.fr www.franceactive.org PUBLICATIONS Vu d’ailleurs UN MANUEL PRATIQUE POUR L’ESS Après le succès de sa première édition en 2012, le Sommet international des coopératives s’installera une nouvelle fois dans la ville de Québec au Canada en 2014. Du 6 au 9 octobre, ce deuxième Sommet, organisé par l’Alliance coopérative internationale (ACI) et le réseau québécois de coopératives financières Desjardins, offrira une tribune internationale et un lieu de rencontre biennale à tous les leaders du milieu coopératif et mutualiste, qui souhaitent partager leurs préoccupations, relever les défis auxquels ils sont confrontés et établir un réseau à l’échelle mondiale. Stratégie et financement des entreprises sociales et solidaires. Le Grand Livre est le premier manuel de référence sur le financement des entreprises d’utilité sociale ainsi qu’un outil qui présente tous les conseils pratiques pour pérenniser et développer les organisations de l’économie sociale et solidaire. Amandine Barthélémy, Sophie Keller et Romain Slitine, chercheurs associés à l’Essec-IIES et cofondateurs d’Odyssem, en sont les auteurs. www.sommetinter.coop pour commander ce guide : SOMMET INTERNATIONAL DES COOPÉRATIVES 2014 www.ruedelechiquier.net retrouvez le fonds territorial le plus proche de chez vous sur www.franceactive.org WALTER est une publication de FRANCE ACTIVE. Directeur de la publication : Anne Florette. Rédaction en chef : Grégoire Lechat. Conception . Crédits photo : Contextes, DR. et réalisation : Imprimé sur papier 100 % recyclé certifié FSC. Avec le soutien de :