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Le journal
des PARTENAIRES
DE FRANCE ACTIVE
Été 2014 # Numéro 02
Édito
Vie sociale
Recréer
du lien
LE TRAVAIL
AUTREMENT
Christian
SAUTTER
Président
de France Active
P. 07
Pôles territoriaux
de coopération
économique
Les PTCE
décryptés
P. 06
Anne Charpy, fondatrice
de l’association VoisinMalin
___ Le “W” de Walter symbolise le travail,
“le travail autrement”.
Travailler autrement, c’est échapper à la fatalité
du chômage en créant son entreprise
ou en rejoignant une entreprise solidaire.
Travailler autrement, c’est éviter l’emprise
d’une économie mondialisée, où les décisions
se prennent au loin, au hasard d’intérêts
principalement financiers. C’est vivre dans
l’économie de proximité, où l’on décide
ensemble de l’avenir au sein de Pôles territoriaux
de coopération économique (PTCE).
Le gouvernement a déjà donné un label
de qualité à 23 projets, sur 180 candidats.
Consommer les produits agricoles issus
du proche terroir est devenu habituel.
Investir une fraction solidaire de son épargne
dans des entreprises sociales de sa région
est la nouvelle tendance.
Les territoires sont terre d’innovation sociale :
les PTCE et les circuits courts d’épargne
solidaire sont prometteurs de développement
partagé. France Active est heureuse
d’y contribuer.
Christian Sautter
Circuits courts P. 04
La finance
s’y met aussi
02 ACTIONS DE FOND
s’engager
Pour nous,
France Active
est synonyme
de développement
du territoire
L’équipe du tout nouveau fonds
Initiative Saint-Martin Active.
Marc CHAKHTOURA
Directeur d’Initiative Saint-Martin Active
LORRAINE CHAMPAGNE
s’investir
Trophées du fonds ACEF
pour la Solidarité
La solidarité,
c’est un état d’esprit
Le fonds ACEF pour la Solidarité, né du partenariat entre les Associations pour
le crédit et l’épargne des fonctionnaires (ACEF) et la Banque Populaire Lorraine
Champagne, a décerné, le 20 mai dernier, ses premiers Trophées aux associations
et personnes morales œuvrant dans le domaine de la perte d’autonomie.
Soutenue par Lorraine Active,
membre du jury d’experts,
cette initiative a récompensé
six structures lorraines et
champenoises dans les catégories
“Handicap”, “Services à la
personne et réinsertion sociale”,
“Aide aux aidants familiaux”
et “Information et prévention sur
la perte d’autonomie”. Maurice BOURRIGAUD
Président du directoire
de la Caisse d’Épargne d’Auvergne et du Limousin (CEPAL)
___ « Le souci de l’épanouissement des personnes et du
développement de leurs initiatives a toujours fait partie des principes
inspirants de la Caisse d’Épargne. Le partenariat avec Auvergne Active
et Limousin Actif relève donc d’abord d’un état d’esprit solidaire »,
lance Maurice Bourrigaud, président du directoire de la Caisse
d’Épargne d’Auvergne et du Limousin (CEPAL). Un état d’esprit
qui se traduit depuis une quinzaine d’années par des actions
concrètes et des résultats bien tangibles. L’établissement bancaire
est notamment mécène de Cap’Jeunes, programme d’aide
de France Active à la création d’entreprise par les jeunes de
moins de 26 ans. La CEPAL est également partenaire de Parcours
Confiance, un dispositif de microcrédit et d’accompagnement
dédié aux entrepreneurs. « Parcours Confiance est animé localement
par des gens qui savent se montrer à l’écoute des porteurs de projet.
Soutenir ce type de dispositif,
c’est pour nous une manière
d’agir au-delà de la stricte logique
bancaire. Cela s’inscrit
à la charnière de notre métier
de banquier et de notre statut
d’entreprise ancrée dans
la société réelle », explique
Maurice Bourrigaud.
La CEPAL, qui investit chaque
année 1,7 million d’euros
dans des initiatives visant
à réduire l’exclusion,
consent environ 200 prêts
et garanties de prêt
par an dans le cadre
de son partenariat avec
France Active.
N°02 # été 2014
EN BREF
ILE-DEFRANCE
HAUTSDE-SEINE
DRÔMEARDÈCHE
deuxième
VISITE DE
TERRAIN “L’ESS
EN ACTION”
HDSI
FÊTE SES 15 ANS
IEDV DEVIENT
INITIACTIVE 26.07
Fidèle à sa vocation de
soutien aux initiatives
créatrices d’emplois dans
le département, Hautsde-Seine Initiative (HDSI)
a fêté ses 15 ans
le 3 juin dernier lors
de son assemblée
générale. Cette soirée,
organisée pour la
communauté HDSI,
a été l’occasion de fêter
les 1 888 projets financés
et les 7 561 emplois créés
ou consolidés depuis
la création en 1999.
Cette soirée a également
permis d’entendre
les témoignages
d’entrepreneurs
et d’associations et
de remettre les Trophées
des 15 ans à des projets
ayant bénéficié
du soutien financier
et de l’accompagnement
d’HDSI.
Initiative Emploi
Dauphiné Vivarais (IEDV)
s’appelle désormais
Initiactive 26.07. Son
nouveau nom et son
nouveau logo reflètent
davantage son
appartenance aux
deux réseaux nationaux
France Active et Initiative
France. Il précise
aussi son territoire
d’intervention dans son
périmètre le plus large,
puisqu’Initiactive 26.07
représente France Active
en Drôme et en Ardèche.
Hormis ce changement,
l’association ne change
pas. Ses missions,
valeurs, périmètres
ainsi que ses équipes
restent les mêmes.
En 2013, elle a
accompagné ou financé
plus de 300 entreprises
de proximité.
Ile-de-France Active,
en partenariat avec
le Centre français des
fonds et fondations,
a convié le 30 avril
dernier des fondations,
banques et collectivités
territoriales à rencontrer
deux dirigeants de
structures d’insertion
sur le thème de
l’hybridation des
financements publics
et privés pour soutenir
le secteur de l’insertion
par l’activité économique
(IAE). Initiées en début
d’année, les visites
de terrain ont pour
mission de favoriser
les échanges entre
les dirigeants, financeurs
et décideurs régionaux
du secteur. Une troisième
visite est prévue
en septembre.
www.hdsi.asso.fr
ACTIONS DE FOND 03
___ En juin 2014, le réseau
France Active s’est agrandi pour
accueillir un petit nouveau venu
des Antilles : Initiative SaintMartin, devenu Initiative SaintMartin Active. Depuis bientôt
quinze ans, ce fonds solidaire
agit au service des
entrepreneurs de Saint-Martin
et du développement de l’île.
En 2013, il aura financé
80 projets et participé à la
création ou au maintien d’une
centaine d’emplois. Dans un
contexte économique et social
contrasté selon les secteurs,
la force du fonds tient à son
puissant ancrage sur le terrain
et à des partenariats étroits
avec les acteurs économiques
locaux et nationaux. Son offre
s’est enrichie au fil de son
développement. Positionné dans
un premier temps sur le
segment des TPE, le fonds a peu
à peu élargi son champ d’action
à l’accompagnement des projets
d’utilité sociale et des structures
de l’économie sociale et
solidaire. Jusqu’à intégrer,
il y a peu, le réseau
France Active. « La tutelle de
France Active est clairement
synonyme de montée en
compétences. Nous bénéficions
d’une véritable dynamique de
partenariat avec les acteurs
locaux, ainsi que de ressources
importantes en termes de veille,
de partage de connaissances et
d’échange de bonnes pratiques.
Nous sommes également renforcés
dans notre expertise de
qualification du risque », explique
Marc Chakhtoura.
parcours
Avant 2012 : mène une carrière en entreprise
et dans des cabinets conseil, en France et au
Canada, en tant que responsable de la pratique
« conduite du changement et transformation
organisationnelle ». Il a notamment été consultant
chez Cap Gemini France pendant quatre ans.
2012 : directeur d’Initiative Saint-Martin.
2014 : directeur d’Initiative Saint-Martin Active, à
la suite de l’intégration d’Initiative Saint-Martin au
réseau France Active.
AIN
Une “boîte à boîtes”
à Bourg-en-Bresse
Le taux de survie à cinq ans des entreprises hébergées en pépinières
est de 80 %, contre 50 % pour la moyenne nationale de création. CAP 3B et
Bourg-en-Bresse Agglomération créent donc une pépinière d’entreprises, dont
l’animation a été confiée à Centre Ain Actif, afin de renforcer les chances de
succès des jeunes entreprises
et de favoriser leur insertion dans
le tissu économique local.
Trois sites vont progressivement
s’ouvrir : deux à Bourg-en-Bresse,
l’un au cœur du Technopôle
Alimentec et l’autre au “Centre
des entrepreneurs” (où quatre
entreprises du tertiaire s’installent
dès juin). L’ouverture du troisième
site, qui sera une antenne mixant
bureaux et ateliers, est prévue
ultérieurement à Montrevel.
CENTRE
Cap vers les jeunes entrepreneurs
Depuis fin 2013, Centre Actif déploie le programme CAP’JEUNES,
mis en place par France Active et dédié aux jeunes demandeurs d’emploi
ou en situation d’emploi précaire de moins de 26 ans, qui souhaitent créer
leur entreprise. Dix-neuf jeunes en bénéficient déjà. En plus de cet
accompagnement, qui comprend les garanties bancaires, ils bénéficient
d’une prime de départ de 2 000 euros et d’un suivi en amont et après la création.
« Centre Actif s’est réellement approprié le dispositif », explique son directeur
Éric Menin. Le conseil régional du Centre soutient même le programme
en proposant une prime complémentaire de 1 000 euros.
s’associer
Connecter
besoins locaux et
porteurs de projet
JÉRÉMY BRÉMAUD
Directeur de l’Association territoires et innovation sociale
___ L’Association territoires et innovation sociale (ATIS) est
née en 2010 d’un constat partagé par les réseaux de l’économie
sociale et solidaire et des collectivités locales : de nombreuses
initiatives d’utilité sociale ne voient pas le jour, faute
de connexions entre besoins locaux et porteurs de projets.
« Nous travaillons en maillage serré avec les collectivités,
les entreprises et les acteurs de l’économie sociale et solidaire – parmi
lesquels Aquitaine Active – pour repérer sur le territoire aquitain des
besoins non satisfaits, qu’ils soient domestiques ou professionnels,
explique Jérémy Brémaud, directeur d’Atis. Puis nous lançons des
études d’opportunité et identifions des porteurs de projets potentiels. »
Pour mener cette démarche innovante d’incubation sociale, où
c’est la demande qui génère l’offre, Atis anime trois dispositifs
(la Fabrique à Initiatives, un incubateur dédié à l’innovation sociale
et le DLA régional) et s’appuie sur de
nombreux partenaires. Membre
fondateur de l’association et de son
comité de validation, Aquitaine
Active finance ainsi 80 % des projets
accompagnés par Atis.
Forte de cette coopération, Atis
a fait émerger 12 projets en moins
de deux ans : garage solidaire,
conciergerie en entreprise d’insertion,
crèche implantée en Ehpad*, recyclage
de déchets de bureau…
* Établissement d’hébergement pour personnes
âgées dépendantes.
N°02 # été 2014
04 PLACE DU MARCHÉ
+ 28 %
Circuits courts
La finance
s’y met aussi
de croissance de la finance
solidaire en 2013
(source Finansol).
Collecter des ressources locales pour
les réinvestir localement dans des projets
d’utilité sociale : c’est l’objet d’une nouvelle
génération d’instruments financiers.
C
boîte à outils
FRIS
Les Fonds régionaux
d’investissement solidaire (FRIS)
ont pour objectif de renforcer
les fonds propres des entreprises
solidaires, par un apport
en prêt participatif allant
de 5 000 à 60 000 euros pour
une durée maximale de sept ans.
www.franceactive.org
TousNosProjets.fr
TousNosProjets.fr, moteur de
recherche ouvert par Bpifrance et
recensant les projets référencés
sur l’ensemble des plates-formes
de crowdfunding en France.
tousnosprojets.bpifrance.fr
Finansol
L’association qui fédère plus
de 60 acteurs engagés dans
la finance solidaire, s’est penchée
sur le profil des épargnants
solidaires : une étude à découvrir
sur www.finansol.org
N°02 # été 2014
rowdfunding, Amap, monnaies
sociales… En quelques années, de
nouvelles formes d’échange économique ont émergé, qui tendent toutes à
réduire, voire à faire disparaître les intermédiaires entre fournisseurs et consommateurs. D’où le terme aujourd’hui consacré
de “circuits courts”.
D’abord présents dans l’agriculture maraîchère, les biens de consommation ou les
services domestiques, ils commencent à
gagner des sphères plus institutionnelles,
comme le monde bancaire. Les circuits
courts de la finance solidaire visent à collecter de l’épargne locale et à la réinvestir localement dans des projets d’utilité sociale ou
dans des entreprises sociales et solidaires.
Les fonds territoriaux de France Active ont
devancé l’appel. Ils ont développé des outils
de financement locaux dans une logique
de circuits courts, renforcés par les Fonds
régionaux d’investissement solidaire (FRIS),
lancés à partir de 2007. S’appuyant sur le
capital de la société d’investissement France
Active (SIFA) et sur les fonds de garantie
abondés par les conseils régionaux, les FRIS
sont aujourd’hui présents sur l’ensemble du
territoire métropolitain. « On n’est plus dans
une économie à la marge. Les circuits courts de
la finance sont en train de changer d’échelle
pour atteindre des niveaux véritablement significatifs », commente Patrice Garnier, président de la SIFA. En 2013, les FRIS et la SIFA
ont accompagné plus de 1 000 entreprises
sociales et solidaires.
Des aides salutaires
Pour les entreprises bénéficiaires, c’est en
tout cas parfois la seule opportunité de
démarrer ou de redémarrer une activité.
En 2007, alors qu’elle se produisait à Paris,
une importante grève des transports accule
la troupe théâtrale pictocharentaise Choc
Trio à un déficit de 50 000 euros. L’association fait appel à Insertion Poitou-Charentes
Active (IPCA), le fonds territorial de PoitouCharentes affilié au réseau France Active.
« Nous y avons trouvé une écoute, du conseil et
une aide véritablement providentielle au regard
de la situation dans laquelle nous étions plongés », explique Priscille Cordier, administratrice de Choc Trio. La troupe théâtrale signe
avec IPCA un contrat d’apport associatif de
15 000 euros, prêt à taux zéro remboursable
sur trois ans. France Active s’est aussi portée
garante d’un prêt de 20 000 euros souscrit
auprès du Crédit Coopératif, également
remboursable sur trois ans. « Nous avons
pu repartir et continuer à payer nos salariés »,
poursuit Priscille Cordier. Plus récemment,
Choc Trio a décidé de tenter l’expérience
du crowdfunding. Cela lui a permis de financer à hauteur d’un tiers de son budget la
tournée en France de l’une de ses créations.
Transparence et visibilité
Qui dit circuit court dit transparence et
visibilité. Le suivi des flux financiers apparaît
donc comme l’une des clés de succès du
modèle. Dans le cas des dispositifs d’épargne
salariale, la traçabilité s’avère complexe, car
tributaire de nombreuses validations institutionnelles et réglementaires. Mais des initiatives se multiplient (voir interview ci-contre)
chez les opérateurs de la finance solidaire.
À l’image de FONDES Pays de la Loire du
réseau France Active, qui a développé, dès
2011, avec ses partenaires territoriaux un
protocole de traçabilité de l’épargne. Plus de
500 000 euros ont ainsi d’ores et déjà été
“tracés” dans la région et ont contribué à
soutenir 24 entreprises et 1 340 emplois.
La société d’expertise comptable CERFrance Jura, qui emploie une centaine de
personnes, a franchi le pas il y a un peu plus
d’un an. Elle a décidé de flécher une partie
des sommes placées sur son plan d’épargne
entreprise (PEE) vers des projets locaux.
« J’ai été contactée par Franche-Comté Active
et Habitat et Humanisme, qui m’ont parlé de
la possibilité de proposer aux salariés des instruments de finance solidaire “traçables”. J’en ai
parlé au comité d’entreprise qui, tout comme la
direction, s’est montré très intéressé », raconte
Marie-Cécile Elluin, comptable et membre
du CE.
Les circuits courts de la finance solidaire
sont le lieu d’expérimentations diverses. Si
aujourd’hui, les efforts portent sur les instruments de traçabilité, d’autres recherches
sont en cours. « Nous réfléchissons à voir
comment mobiliser la trésorerie des entreprises
sur des supports solidaires. Une manière d’alimenter la démarche de responsabilité sociétale
des entreprises (RSE) de la Région Pays de la
Loire », souligne Grégoire Delrue, directeur
de FONDES.
La Région Pays de la Loire a justement créé
avec France Active, la SIFA et FONDES
Pays de la Loire un fonds visant à soutenir le développement des entreprises responsables. L’occasion de lancer auprès de
PLACE DU MARCHÉ 05
78 M€
de fonds collectés via
les plates-formes de crowdfunding
en 2013 (source Compinnov).
1 063
Avec
entreprises sociales et solidaires soutenues
par les fonds territoriaux de France Active
en 2013.
117 M€
de fonds propres fin 2013, la SIFA est
la première société d’investissement
solidaire en France.
3 questions à
Pierre Schereck
Directeur de l’épargne salariale & retraite et de l’ISR *
chez Amundi, société de gestion d’actifs financiers
D’abord présents
dans l’agroalimentaire
notamment,
les circuits courts
se diffusent dans
les sphères plus
institutionnelles.”
quelque 200 acteurs de l’économie régionale une réflexion collective autour de la
notion de RSE. « Nous nous appuyons sur le
référentiel élaboré, qui nous permettra d’objectiver notre démarche et d’en faire, pourquoi pas,
un laboratoire pour d’autres réseaux bancaires
et territoriaux », explique Fabienne Renaud,
conseillère régionale des Pays de la Loire.
L’engagement des institutions et des collectivités territoriales est bien la preuve du potentiel social des circuits courts. En misant sur un
rapport plus direct entre financeurs et financés, les circuits courts ne font finalement que
revenir à la finalité première de tout échange
marchand : créer du lien, au service d’une
utilité sociale bien comprise de tous.
Parlez-nous du processus de traçage régional
de l’épargne salariale solidaire que vous avez mis
en place en Franche-Comté et en Alsace.
Il ne suffit pas de constater l’émergence d’une demande
des salariés, des citoyens et des consommateurs pour
une économie réelle, raisonnée et contrôlée. Encore faut-il
pouvoir répondre pleinement à cette attente, en dotant
les circuits courts de la finance d’outils permettant aux
épargnants de mesurer l’impact de leurs investissements
sur l’économie locale réelle. En tant que spécialistes dans
la gestion d’actifs liés à l’économie sociale et solidaire, nous
sommes persuadés que le développement du modèle passe
par la mise en place de protocoles de traçabilité.
Comment aller plus loin ?
Nous travaillons à un projet de cartographie numérique
dynamique et interactif de nos investissements solidaires.
L’idée est de pousser la traçabilité de la finance solidaire
jusqu’au bout de sa logique en permettant aux investisseurs,
particuliers et salariés, mais aussi entreprises, de suivre
précisément l’orientation et l’impact des sommes investies
dans nos fonds solidaires.
Les outils de finance solidaire à impact local
sont-ils perçus par les entreprises comme un
levier intéressant dans une démarche de RSE ?
L’intégration de ces dispositifs à la stratégie RSE des
entreprises est même l’un des leviers majeurs de leur
développement. Les entreprises disposent avec les circuits
courts d’un argument fort pour crédibiliser leur discours et
légitimer leur démarche, tant auprès de leurs salariés que
des autres parties prenantes. Mais là encore, la traçabilité
et le reporting d’impact seront des accélérateurs essentiels.
pour En savoir plus +
* Investissement socialement responsable.
www.franceactive.org
N°02 # été 2014
06 LA PREUVE PAR 4
Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE)
Les PTCE décryptés
Concept formalisé dès 2009 par un groupe d’acteurs réunis autour du Labo de l’ESS,
les Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) élaborent des réponses aux besoins
socio-économiques identifiés sur leur territoire en activant les leviers de l’innovation sociale,
de la coopération et de la mutualisation.
1
POUR QUI ?
Les Pôles territoriaux de coopération
économique (PTCE) sont impulsés
par des entreprises et des acteurs
de l’économie sociale et solidaire.
Ils regroupent sur un même territoire :
2
POUR QUOI FAIRE ?
Les PTCE sont des processus de coopération entre
acteurs locaux qui ont pour finalité la création d’activités
économiques durables sur le territoire via :
la structuration de filières d’activités ;
une meilleure visibilité institutionnelle de l’ESS ;
d es entreprises de l’économie
traditionnelle (TPE, PME, artisans…) ;
la création et consolidation d’emplois
et d’activités non délocalisables ;
des collectivités locales ;
le soutien de projets d’innovation
sociale et environnementale.
des centres de recherche ;
des organismes de formation.
Il existe à ce jour
plus de 50 PTCE et
Plus de 100 projets émergents
partout en France.
3
COMMENT ?
Le PTCE repose
sur un engagement
réciproque
des parties
prenantes
pour mettre
en œuvre une
coopération
économique
à trois niveaux.
STRATÉGIQUE
diagnostic territorial, animation
du PTCE, charte de coopération,
gouvernance collective, sélection
des projets, hybridation des
ressources…
TECHNIQUE
mutualisation des locaux
et du matériel, ressources
humaines partagées,
fonctions supports
professionnalisées…
PROSPECTIVE
collaborations entre acteurs
de l’ESS et de l’économie
classique, apports en
compétences et savoir-faire…
N°02 # été 2014
4
AVEC QUI ?
À l’échelle nationale
La dynamique des PTCE est animée par le
Labo de l’ESS, avec le Réseau des collectivités
territoriales pour une économie solidaire (RTES),
le Conseil national des chambres régionales
de l’économie sociale (CNCRES), le COORACE
(fédération des entreprises sociales) et le
Mouvement pour l’économie solidaire (MES).
Sur les territoires
Le développement des PTCE est le résultat d’une démarche
participative et citoyenne, avec la mobilisation d’une forte
diversité d’acteurs locaux associatifs, publics et privés.
En 2013, l’État a confirmé son soutien aux PTCE, avec un premier
appel à projets et en reconnaissant leur existence via l’article 5
du projet de loi relatif à l’économie sociale et solidaire.
www.lelabo-ess.org/
Poles-territoriaux-de-cooperation
FACE À LA QUESTION 07
vie sociale
Recréer du lien
En 2011, quand Anne Charpy lance VoisinMalin, son idée est toute simple :
miser sur la proximité pour recréer du lien dans les quartiers sensibles.
Elle emploie et forme des habitants pour expliquer les projets de la ville
ou proposer des services (traduction, aide aux démarches administratives…).
Une initiative qui a immédiatement conquis le maire de Courcouronnes,
Stéphane Beaudet.
Comment vous est venue l’idée de
VoisinMalin et comment avez-vous
convaincu Courcouronnes de travailler
avec vous ?
Anne Charpy : J’ai longtemps travaillé sur
des grands projets de réhabilitation et de
transformation des quartiers populaires, mais
j’ai réalisé qu’ils n’étaient pas compris par les
citoyens. J’ai donc créé VoisinMalin, un réseau
de voisins actifs pour recréer du lien et de
la confiance. Comme première implantation,
je cherchais une ville suffisamment grande,
dans une dynamique de transformation et dont
le maire soit ouvert à ce type d’innovation.
Plusieurs personnes m’ont parlé du maire
de Courcouronnes, Stéphane Baudet.
Je lui ai donc soumis mon projet en
septembre 2010 et il a immédiatement
dit oui. L’équipe de Courcouronnes
a été mise en place en avril 2011.
Pourquoi avez-vous pris le pari d’accueillir
le site pilote de VoisinMalin ?
Stéphane Beaudet : Nous avons toujours été
intéressés par les projets d’économie sociale
dans nos quartiers et nous expérimentons
sans cesse. Je connaissais aussi le parcours
d’Anne Charpy. Nous avions besoin de
communiquer différemment avec les habitants.
C’était donc naturel de lancer VoisinMalin.
Et c’était assez facile grâce à notre culture
partenariale. J’ai mis VoisinMalin en relation avec
l’ensemble des dispositifs concernés.
Comment les habitants ont-ils perçu
la démarche ?
A.  C. : Les premiers mois n’ont pas été faciles,
mais, petit à petit, les habitants ont commencé
à nous connaître. Le bouche-à-oreille a été très
positif. Les gens nous attendaient même.
ANNE CHARPY
Fondatrice de VoisinMalin
1990-1993 : au Chili pour l’ONG
Contigo. Elle y fonde un syndicat
de micro-entrepreneurs
1993-2010 : projets de réhabilitation
et de transformation des quartiers
populaires, notamment directrice
du GIP de Grigny et Viry-Châtillon
2011 : crée VoisinMalin
avec l’aide d’Essonne Active
Quel est votre bilan du travail
de VoisinMalin pour la vie locale
à Courcouronnes ?
S.  B. : Les Voisins touchent beaucoup de gens
grâce à leur porte-à-porte, font des enquêtes
ciblées, évaluent chacune de leurs missions.
On a en quelque sorte été l’incubateur de
VoisinMalin en situation réelle et on peut être
fier du parcours effectué.
Quels enseignements tirez-vous
de vos premières implantations
et quels sont vos prochains chantiers ?
A.  C. : Nous sommes aujourd’hui présents dans
quatre villes de l’Essonne, deux de Seine-SaintDenis, dans le 19e arrondissement de Paris, et
nous allons bientôt ouvrir à Lille. Chaque ville est
différente. Le soutien du maire est crucial, car
c’est lui qui porte la dynamique locale. D’autres
territoires souhaitent aujourd’hui que nous
allions nous implanter chez eux, mais je ne veux
pas aller trop vite pour ne pas perdre la qualité
de notre action, qui repose sur la confiance.
Avez-vous d’autres projets du même type
à Courcouronnes ?
S. B. : Notre but n’est pas d’être
innovants, mais d’essayer de
nouveaux dispositifs. Nous
STÉPHANE BEAUDET
avons, par exemple, créé
Maire de Courcouronnes
un groupement d’intérêt
public (GIP) d’action
éducative dans lequel
2001 : élu maire de Courcouronnes
des fondations privées
2008 : réélu maire de Courcouronnes
viennent financer
de nouvelles actions.
2010 : élu au conseil régional
Mon rôle en tant que
d’Ile-de-France
maire est de faciliter
les idées des autres.
www.voisin-malin.fr
N°02 # été 2014
08
LA VEILLE
POUR DEMAIN
vu d’ici…
vu sur le web
RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE RÉGIONALE
SUR LE FINANCEMENT DE L’ESS
Partant du constat que les données
disponibles sous l’angle économique et
financier sont insuffisantes, les réseaux des
Chambres régionales de l’économie sociale et
solidaire (CRESS) et de France Active se sont
rapprochés pour porter ensemble un projet
d’observation de la santé économique et financière
des acteurs de l’ESS. Une enquête a donc été
menée dans trois régions pilotes (Limousin, NordPas-de-Calais et Rhône-Alpes) à l’occasion du mois
de l’économie sociale et solidaire fin 2013 auprès
des dirigeants associatifs, mutualistes, des entreprises coopératives, de l’insertion par l’activité économique…
Après des restitutions régionales, les résultats de l’étude viennent de sortir. L’enquête a permis de recueillir
les données de 395 structures et de proposer un diagnostic commun : les équilibres économiques, l’accès
au financement, la relation avec la banque ou encore la mise en commun des projets, notamment en fonction
des territoires et des secteurs d’activité, y sont abordés en détail. L’étude complète est disponible en ligne.
MIEUX INFORMÉES
POUR MIEUX
ENTREPRENDRE
Les femmes qui souhaitent créer
ou reprendre une entreprise peuvent
désormais trouver toutes les
informations utiles sur un portail
Internet unique lancé par le ministère
des Droits des femmes et l’APCE :
“Elles entreprennent”. Le site présente
notamment tous les contacts en
matière de financement, d’élaboration
du projet et d’accompagnement,
ainsi que des témoignages
et un observatoire de
l’entrepreneuriat féminin.
pour En savoir plus +
www.ellesentreprennent.fr
www.franceactive.org
PUBLICATIONS
Vu d’ailleurs
UN MANUEL PRATIQUE
POUR L’ESS
Après le succès de sa première édition en 2012,
le Sommet international des coopératives s’installera
une nouvelle fois dans la ville de Québec au Canada en 2014.
Du 6 au 9 octobre, ce deuxième Sommet, organisé par l’Alliance
coopérative internationale (ACI) et le réseau québécois de
coopératives financières Desjardins, offrira une tribune internationale et un lieu de rencontre biennale
à tous les leaders du milieu coopératif et mutualiste, qui souhaitent partager leurs préoccupations,
relever les défis auxquels ils sont confrontés et établir un réseau à l’échelle mondiale.
Stratégie et financement des
entreprises sociales et solidaires.
Le Grand Livre est le premier manuel
de référence sur le financement
des entreprises d’utilité sociale ainsi
qu’un outil qui présente tous les
conseils pratiques pour pérenniser
et développer les organisations
de l’économie sociale et solidaire.
Amandine Barthélémy, Sophie Keller
et Romain Slitine, chercheurs
associés à l’Essec-IIES
et cofondateurs d’Odyssem,
en sont les auteurs.
www.sommetinter.coop
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SOMMET INTERNATIONAL
DES COOPÉRATIVES 2014
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WALTER est une publication de FRANCE ACTIVE.
Directeur de la publication : Anne Florette.
Rédaction en chef : Grégoire Lechat. Conception
. Crédits photo : Contextes, DR.
et réalisation :
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