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Candeur et décadence.
Le ser-
vice marketing d’AMD est donc parfai-
tement dans son rôle. Certains se jus-
tifient par l’obligation d’assister à cet
évènement pour pouvoir tester la carte
dans les temps. Nous avons vu que cet
argument ne tenait pas la route, AMD
n’ayant pas cette exigence. D’autres – la
majorité – invoquent "l’aspect humain".
Il y a effectivement là matière à débat :
il est vrai que le courant passe souvent
mieux en face-à-face que par mail ou par
téléphone. Toutefois, bon feeling ou pas,
l’œil de Moscou veille et vous empêchera
de toute façon de recueillir des informa-
tions "hors cadre". Pas de quoi justifier
de faire deux fois 20 heures de vol pour
cela, donc. Un autre argument invoqué
concerne l’éventuelle rencontre fortuite
avec un ingénieur qui, au détour d’une
ruelle, se mettrait à livrer des informa-
tions confidentielles. Ne riez pas, c’est
effectivement envisageable puisque le
cas m’est arrivé personnellement plu-
sieurs fois, en particulier à l’IDF (Intel
Developer Forum). Reste qu’à Honolulu,
ce sera impossible : autant il est effec-
tivement possible de rencontrer fortui-
tement un employé d’un constructeur
lorsqu’on se trouve à proximité de son
siège social ou de l’un de ses centres de
R&D, autant tous les employés d’AMD
qui se trouveront à Hawaii seront
venus spécialement pour l’occasion et
auront été largement briefés sur ce qu’il
convient de dire ou pas.
Vient enfin l’ultime argument que l’on
entend chez beaucoup de confrères
depuis des années : une fois les ingé-
nieurs bien alcoolisés dans un beach-bar,
il serait très facile de leur soutirer des
informations croustillantes et intéres-
santes pour le lecteur. Voilà des années
que ce vieux marronnier circule et il fait
toujours autant recette. Il faut toutefois
faire preuve d’une naïveté certaine pour
croire que ces "confidences sur l’oreiller"
obtenues après une soirée bien arrosée
sont sincères et spontanées. Sans comp-
ter que l’on attend toujours de voir ces
fameuses exclusivités glanées à grands
coups de Piña Colada se retrouver sur
les sites des journalistes concernés.
À l’heure où les leaks sont devenus
inexistants et que les NDA tout puis-
sants sont scrupuleusement respectés
par tous, cela devrait pourtant se voir.
Bref, scrutez donc ce qui a été publié sur
les sites web aux alentours du 25-27 sep-
tembre : si vous y trouvez des tombe-
reaux de news sur l’événement AMD,
l’opération live blogging aura été un suc-
cès. Pas sûr que l’éthique journalistique
en sorte grandie.
L
evons pudiquement le voile sur une
pratique taboue dans le milieu de la presse
informatique. Depuis des années, les
constructeurs payent indirectement une
partie des vacances des journalistes via les
"Miles". Il s’agit de points de fidélité asso-
ciés au programme Flying Blue du groupe
Air France-KLM. Lorsque vous voyagez
avec cette compagnie (et a fortiori lorsque
c’est un constructeur qui paye le billet
d’avion), vous obtenez des Miles sur votre
compte personnel. Un billet Paris-New
York en classe éco à plein tarif rapportera
par exemple un peu plus de 3 500 Miles.
Plus la destination est lointaine et/ou le
billet cher, plus vous gagnez de Miles.
Un aller-retour Paris-Honolulu dans les
mêmes conditions en rapporte un peu plus
de 15 000. Ces points se cumulent au fur
et à mesure des voyages et permettent
au final d’obtenir des réductions consé-
quentes et même des billets d’avion tota-
lement gratuits. Avec 60 000 miles, vous
obtenez par exemple un billet gratuit pour
l’Île Maurice. Plus raisonnablement, un
Paris-Ajaccio "coûte" 10 000 miles. On
comprend dès lors que les journalistes
soient tentés de multiplier les voyages de
presse pour accumuler les Miles afin de les
utiliser pour des voyages privés plus tard.
Certains n’hésitent d’ailleurs pas à faire
pression sur le constructeur pour voya-
ger uniquement avec Air France plutôt
qu’avec une autre compagnie, en mena-
çant de ne pas se déplacer au cas où leur
souhait ne serait pas exhaucé.
Les Miles : nerf de la guerre
97Octobre - Novembre 2013
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