
316 COUR DES COMPTES
1 - Un état de santé dont le niveau de gravité est généralement
peu élevé
Les informations recueillies à partir de ces sources montrent que
l’on emploie le mot « urgence » pour désigner des situations très diverses,
et que les cas exigeant la mobilisation immédiate et rapide de moyens
pour sauver un malade dont le pronostic vital est en jeu (infarctus du
myocarde, accident vasculaire cérébral, détresse respiratoire…) sont
rares. Les urgences, au sens des manuels médicaux, représentent moins de
3 % des motifs d’intervention des services d’urgence.
Le pourcentage de patients hospitalisés à la suite de leur passage
dans les services d’urgence fournit indirectement une information sur le
degré de gravité de leur état de santé : il est de 20%. Ce chiffre, assez
faible, est stable depuis 2001. Selon les données de la DREES, près de
80 % des patients qui se présentent dans les services d’urgence retournent
à domicile, après une simple consultation (16 %) ou des examens
complémentaires (65 %). Dans cet ensemble, 5% correspondent à des
consultations faisant suite à un premier passage aux urgences
(surveillance de plâtre, ablation de fils)92. Il s’agit donc, dans ce dernier
cas, d’une activité programmée qui devrait être assurée, non pas par les
services d’urgence, mais par les services de consultations externes de
l’établissement ou la médecine de ville.
Alors qu’ils étaient initialement destinés à la prise en charge des
malades les plus atteints, les services d’urgence sont devenus, pour une
part très importante, des services de consultations non programmées. Ce
constat est conforté par le fait que 70% des usagers se présentent
directement aux urgences, sans contact médical préalable, même par
téléphone.
Cette situation reflète une réelle difficulté : si on peut
schématiquement distinguer les urgences vitales, les cas nécessitant une
intervention rapide (fracture, blessure profonde, brûlures) et les autres,
qui peuvent aller du simple conseil à une consultation non programmée, il
est difficile de faire a priori la distinction entre l’urgence ressentie par un
patient et l’urgence clinique. Seul un diagnostic porté par des
professionnels peut permettre la bonne orientation du patient. Pour éviter
un afflux non justifié des patients aux urgences, il faut que le système de
régulation de la demande soit bien organisé en amont des établissements
de santé et que son fonctionnement soit connu de la population, ce qui
n’est pas le cas.
92) DREES : « L’activité des services d’urgence en 2004 », Etudes et résultats n°
524 ; septembre 2006.