Particularités cliniques et classification des troubles de la conduite

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Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
419–428
Cas
clinique
Particularités
cliniques
et
classification
des
troubles
de
la
conduite
alimentaire
chez
les
enfants
âgés
entre
huit
et
13
ans
:
en
sommes-nous
?
Clinical
features
and
classification
of
eating
disorders
in
children
between
8
and
13
years
of
age:
Where
are
we?
D.
Meilleur
Département
de
psychologie,
université
de
Montréal,
CP
6128
succursale
centre-ville,
Montréal,
Québec,
H3C
3J7,
Canada
Résumé
La
présence
de
troubles
de
la
conduite
alimentaire
chez
les
adultes
et
les
adolescent(e)s
est
reconnue
depuis
longtemps
;
leur
identification
chez
les
enfants
de
huit
à
13
ans
est
plus
récente.
L’apparition
de
problèmes
alimentaires
chez
ce
groupe
d’âge
a
été
notée
par
des
cliniciens
et
chercheurs
depuis
quelques
années
[3,5,12–14].
Certains
auteurs
ont
approfondi
leurs
recherches
auprès
de
ces
enfants
afin
de
mieux
documenter
leurs
présentations
cliniques.
Ils
en
sont
arrivés
à
formuler
une
classification
spécifique
pour
cette
tranche
d’âge,
qui
diffère
de
celles
proposées
pour
les
nourrissons
et
les
jeunes
enfants,
et
pour
les
adolescentes
et
les
adultes.
L’objectif
de
cet
article
est
de
présenter
une
revue
de
la
littérature
sur
les
troubles
alimentaires
chez
les
enfants
de
huit
à
13
ans
et
d’exposer
la
proposition
de
classification
de
Bryant-Waugh
et
Lask
[4]
pour
ce
groupe
d’âge,
en
illustrant
chacune
des
catégories
suggérées
par
une
brève
vignette
clinique.
Dans
la
dernière
partie,
un
point
de
vue
critique
est
formulé
quant
aux
catégories
proposées,
ainsi
que
des
suggestions
pour
des
recherches
futures.
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2012
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Mots
clés
:
Troubles
de
la
conduite
alimentaire
;
Anorexie
;
Boulimie
;
Troubles
alimentaires
non
spécifiés
;
Évitement
alimentaire
;
Enfants
;
Pré-pubère
;
Classification
Abstract
The
presence
of
eating
disorders
in
adults
and
adolescents
has
long
been
recognized;
their
identification
in
children
aged
between
8
and
13
years
is
more
recent.
The
emergence
of
eating
problems
among
this
age
group
is
noted
by
clinicians
and
researchers
[3,5,12–14].
Some
authors
have
deepened
their
research
with
those
clients
to
better
document
the
clinical
presentation.
They
have
come
to
formulate
a
specific
classification
for
this
age
group,
which
differs
on
some
points
from
those
proposed
for
infants
and
toddlers,
and
for
adolescents
and
adults.
The
aim
of
this
paper
is
to
present
a
review
of
the
literature
on
eating
disorders
in
children
aged
between
8
and
13
and
to
expose
the
proposed
classification
of
Bryant-Waugh
and
Lask
[4]
for
this
age
group.
Each
of
the
categories
suggested
will
be
illustrated
by
a
brief
clinical
vignette.
In
the
last
part
of
the
article,
a
critical
point
of
view
is
expressed
regarding
the
proposed
categories
and
also
suggestions
for
future
research.
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Keywords:
Eating
disorders;
Anorexia;
Bulimia;
Ednos;
Food
avoidance;
Children;
Pre-pubertal;
Classification
1.
Introduction
La
classification
des
troubles
de
la
conduite
alimentaire
du
DSM-IV-TR
met
de
l’avant
trois
catégories
fréquemment
rencontrées
:
l’anorexie
mentale,
la
boulimie
et
les
troubles
ali-
mentaires
non
spécifiés.
Adresse
e-mail
:
L’anorexie
mentale
est
caractérisée
par
une
perte
de
poids
ou
une
absence
de
gain
de
poids
qui
maintient
la
personne
à
un
poids
inférieur
à
ce
qui
est
attendu
pour
son
âge
et
sa
taille
;
une
peur
de
prendre
du
poids
ou
de
devenir
grosse
;
une
altération
dans
la
perception
de
son
image
corporelle
et
de
son
poids
;
et
la
pré-
sence
d’une
aménorrhée
depuis
trois
mois
[1].
L’anorexie
peut
être
de
type
restrictif
(définie
par
l’absence
de
boulimie
et/ou
de
vomissements)
ou
de
type
avec
crise
de
boulimie/vomissements
avec
ou
sans
prise
de
purgatifs.
La
prévalence
de
l’anorexie
varie
entre
0,3
%
et
3,7
%
[2].
0222-9617/$
see
front
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doi:10.1016/j.neurenf.2012.03.005
420
D.
Meilleur
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
419–428
La
boulimie,
quant
à
elle,
se
caractérise
par
la
présence
d’épisodes
d’ingestion
d’une
grande
quantité
d’aliments
dans
un
temps
limité
pendant
lequel
la
personne
expérimente
un
senti-
ment
de
perte
de
contrôle
sur
elle-même.
Cette
personne
présente
des
distorsions
de
son
image
corporelle
et
de
son
poids.
Elle
adopte
souvent
des
comportements
compensatoires
à
ses
bouli-
mies
qui
ont
pour
but
de
perdre
du
poids.
Ces
comportements
peuvent
être
des
vomissements
provoqués,
des
périodes
de
res-
trictions
alimentaires
et/ou
d’activités
physiques
intenses,
et/ou
l’utilisation
de
laxatifs
et
de
diurétiques
[1].
La
prévalence
de
la
boulimie
oscille
entre
1
%
et
4,2
%
[1],
elle
est
rarement
trouvée
chez
les
enfants
de
13
ans
et
moins
[3,4].
Les
troubles
alimentaires
non
spécifiés
communément
appe-
lés
«
Trouble
alimentaire
non
spécifié
»
([TANS]
ou
EDNOS
en
anglais
pour
Eating
Disorder
Not
Otherwise
Specified)
[1]
regroupent
une
diversité
de
syndromes
qui
ne
rencontrent
pas
tous
les
critères
diagnostiques
requis
pour
l’anorexie
ou
la
bou-
limie.
Cette
dernière
catégorie
est
largement
utilisée
auprès
des
adolescents
et
plus
particulièrement
des
enfants
chez
qui,
fréquemment,
les
tableaux
cliniques
ne
satisfont
pas
tous
les
critères
diagnostiques
[5–7].
Les
principaux
critères
qui
sont
souvent
absents
ou
moindres
chez
les
enfants
sont
:
l’arrêt
des
menstruations,
car
plusieurs
sont
pré-pubères
;
la
perte
de
poids
;
la
fréquence
des
épisodes
de
boulimies.
Certains
auteurs
avancent
que
les
difficultés
alimentaires
présentées
par
les
enfants
et
les
préadolescents
sont
hétérogènes
et
qu’elles
diffèreraient
de
celles
manifestées
par
les
adolescents,
ce
qui
expliquerait
la
fréquence
élevée
du
diagnostic
de
TANS
chez
les
plus
jeunes
:
on
le
retrouve
dans
40
à
60
%
des
cas
[7–10].
Toutefoisn
cette
nouvelle
catégorie
de
trouble
non
spécifié
ne
fait
pas
l’unanimité
parmi
les
auteurs.
Pour
certains,
la
catégorie
TANS
permet
d’identifier
la
présence
d’un
problème
alimen-
taire
chez
un
enfant
et
de
lui
offrir
une
intervention
appropriée
;
pour
d’autres
cette
catégorie
regroupe
un
ensemble
très
vaste
de
tableaux
cliniques
hétérogènes,
ce
qui
nuit
en
quelque
sorte
à
son
utilité.
Des
chercheurs
ont
donc
proposé
une
classifica-
tion
des
troubles
alimentaires
chez
les
enfants
qui
suggère
de
nouvelles
catégories
nosographiques
permettant
de
classer
une
partie
des
tableaux
cliniques
présents
dans
la
catégorie
TANS.
On
peut
s’interroger
sur
l’utilité
d’une
telle
proposition
et
des
implications
sur
la
conceptualisation
du
trouble.
L’objectif
de
cet
article
est
d’exposer
l’état
des
connaissan-
ces
concernant
les
troubles
alimentaires
chez
les
enfants
âgés
de
huit
à
13
ans
en
présentant
certaines
données
sur
leur
nature
recueillies
dans
la
littérature
scientifique
sur
le
sujet.
La
nou-
velle
classification
nosographique
proposée
par
Bryant-Waugh
et
Lask
[4]
sera
présentée
accompagnée
d’une
vignette
cli-
nique
brève
pour
chacune
des
catégories
suggérées.
Le
choix
de
présenter
cette
classification
spécifique
repose
sur
la
per-
tinence
du
groupe
d’âge
auquel
elle
fait
référence
et
dont
il
est
question
dans
cet
article.
Par
ailleurs,
Chatoor
[11]
a
aussi
effectué
d’importants
travaux
sur
les
troubles
de
l’alimentation
chez
les
enfants
et
proposé
de
nouvelles
catégories.
Ces
travaux
s’intéressent
principalement
aux
troubles
alimentaires
chez
les
nourrissons
et
les
enfants
durant
la
première
et
deuxième
enfance
(âge
inférieur
à
six
ans),
c’est
pourquoi
la
classification
de
cette
auteure
ne
sera
pas
présentée.
Le
but
de
cet
article
est,
d’une
part,
de
mieux
faire
connaître
les
particularités
des
diverses
présentations
cliniques
des
enfants
afin
de
favoriser
leur
dépistage
le
plus
précocement
possible
et,
d’autre
part,
d’exposer
la
proposition
de
classification
qui
a
fait
l’objet
de
peu
de
publications
dans
les
écrits
francophones.
Nous
terminerons
en
adoptant
un
point
de
vue
critique
sur
la
situation
et
en
suggérant
divers
axes
de
recherches
pour
le
futur.
2.
Troubles
de
la
conduite
alimentaire
chez
les
enfants
Les
auteurs
sont
nombreux
à
avoir
noté
la
présence
de
troubles
de
la
conduite
alimentaire
chez
les
enfants
[12–15].
La
terminologie
est
variable
en
ce
qui
concerne
ce
groupe
d’âge.
Certains
parlent
de
«
trouble
de
l’alimentation
à
appa-
rition
précoce
»
[16].
D’autres
préfèrent
l’appellation
«
trouble
de
la
conduite
alimentaire
à
début
durant
l’enfance
»
marquant
la
différence
avec
les
troubles
qui
apparaissent
soit
durant
la
première
enfance,
soit
à
l’adolescence
et
à
l’âge
adulte
[4].
Un
troisième
groupe
parle
de
«
trouble
alimentaire
chez
l’enfant
ou
l’adolescent
pré-pubère
» caractérisant
ainsi
le
moment
d’apparition
en
fonction
de
l’avènement
de
la
puberté
[14].
Aucune
de
ces
appellations
ne
semble
faire
l’unanimité
parmi
les
auteurs,
ni
éviter
les
malentendus
quant
au
groupe
d’âge
ciblé.
Une
entente
générale
semble
se
dégager
autour
de
la
période
d’âge
chronologique
visée,
soit
les
enfants
de
sept
à
14
ans.
Tou-
tefois,
le
consensus
apparaît
moins
clair
quant
aux
deux
bornes
de
cette
tranche
d’âge
:
certains
réfutent
la
présence
de
trouble
de
la
conduite
alimentaire
chez
les
moins
de
huit
ans
[17]
alors
que
pour
d’autres,
à
partir
de
13
ans,
les
tableaux
cliniques
présentés
par
les
adolescents
s’apparentent
aux
catégories
diagnostiques
classiques
du
DSM-IV-TR
[6].
Sans
que
cela
fasse
l’unanimité
parmi
les
auteurs
et
les
cliniciens,
on
considère
généralement
un
trouble
de
la
conduite
alimentaire
d’apparition
précoce
lorsqu’il
survient
chez
des
enfants
de
huit
à
13
ans.
En
pratique,
les
jeunes
de
12
à
13
ans
peuvent
parfois
présenter
un
tableau
clinique
typique
de
celui
observé
chez
des
adolescents.
3.
Caractéristiques
particulières
associées
aux
tableaux
cliniques
des
enfants
Des
études
rapportent
des
caractéristiques
particulières
dans
la
présentation
clinique
des
troubles
de
la
conduite
alimentaire
chez
les
enfants
de
huit
à
13
ans.
Des
auteurs
notent
que
le
refus
de
s’alimenter
chez
les
plus
jeunes
est
souvent
accom-
pagné
d’un
refus
de
prendre
des
liquides,
peu
importe
leur
nature
[14,18,19].
Ce
comportement,
peu
observé
chez
les
per-
sonnes
souffrant
d’anorexie
à
l’adolescence
ou
à
l’âge
adulte,
peut
entraîner
une
dénutrition
et
une
déshydratation
rapide
chez
les
plus
jeunes
[15,20].
Le
taux
de
tissus
adipeux
souvent
moins
élevé
chez
les
enfants
et
adolescents
pré-pubères
favorise
une
perte
de
poids
plus
rapide
et
des
conséquences
plus
graves
pour
le
corps
ce
qui
occasionnerait
des
hospitalisations
plus
fré-
quentes
pour
ce
groupe
d’âge
[7,20–22].
L’amaigrissement
ou
un
apport
alimentaire
insuffisant
pendant
une
longue
période
peut
occasionner
des
conséquences
et
des
complications
médicales
importantes,
tel
un
arrêt
de
croissance
transitoire
ou
perma-
nent
[15,20,23–25].
Une
autre
caractéristique
notée
chez
les
D.
Meilleur
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
419–428
421
plus
jeunes
par
plusieurs
auteurs
est
la
présence
moindre,
par-
fois
même
l’absence,
de
distorsion
de
l’image
corporelle.
Les
enfants
et
les
préadolescents
verbalisent
peu
de
distorsion
et
d’insatisfaction
par
rapport
à
leur
image
corporelle.
Ils
recon-
naissent
plus
facilement
leur
minceur
et
la
nécessité
de
prendre
du
poids
et
manifestent
souvent
une
plus
grande
collaboration,
comparativement
aux
adolescentes,
à
modifier
leurs
habitudes
alimentaires
dans
le
but
de
prendre
du
poids
[15,20].
Le
motif
fréquemment
invoqué
par
les
enfants
pour
expliquer
leur
perte
de
poids
est
un
«
désir
d’être
en
santé
»
ou
de
«
manger
saine-
ment
»
plutôt
qu’une
préoccupation
pour
leur
poids
(désir
de
perdre
du
poids)
ou
leur
image
corporelle
(peur
d’être
grosse)
[20].
La
question
reste
ouverte
à
savoir
si
les
plus
jeunes
n’ont
vraiment
que
peu
ou
pas
de
distorsion
de
leur
image
corporelle
et/ou
s’il
est
possible
qu’ils
l’expriment
moins
ou
de
manière
différente
comparativement
aux
adolescents.
D’autres
auteurs
ont
aussi
noté
une
faible
utilisation
de
vomissements
provoqués
et
d’abus
de
laxatifs
comme
moyen
de
contrôle
de
poids
chez
les
enfants
[14,20].
Une
troisième
caractéristique
notée
chez
les
plus
jeunes
est
la
représentation
masculine
plus
élevée
comparativement
aux
adolescents
[14,16,20,23,26].
Les
études
mentionnent
des
pro-
portions
autour
de
trois
filles
pour
un
garc¸on
chez
les
enfants
âgés
de
huit
à
13
ans
[14,23,27]
comparativement
à
des
pro-
portions
de
dix
filles
pour
un
garc¸on
à
l’adolescence
et
à
l’âge
adulte
[1].
Peu
d’auteurs
se
sont
penchés
sur
cette
proportion
plus
élevée
de
garc¸ons
chez
les
plus
jeunes.
D’autres
caractéristiques
ont
été
rapportées
par
différents
auteurs.
La
présence
de
symptômes
dépressifs
précoces
ou
associés
à
l’anorexie
chez
les
groupes
d’enfants
à
l’étude
a
été
mentionnée
par
Bryant-Waugh,
et
al.
[28],
Irwin
[21]
et
Mouren-Siméoni
et
Bouvard
[14],
de
même
que
la
présence
de
gestes
suicidaires
[19].
Les
symptômes
phobiques
et
obses-
sionnels
sont
aussi
notés
dans
quelques
études
[14,29].
Certains
avancent
qu’un
plus
grand
nombre
de
ces
enfants
et
préadoles-
cents
ont
présenté
un
trouble
de
l’alimentation
durant
l’enfance
[19,30,31]
questionnant
ainsi
l’étiologie
première
du
trouble.
Et
finalement
de
nombreux
écrits
[14,19,23,28,32–35]
mettent
de
l’avant
l’identification
d’événements
déclencheurs
au
pro-
blème
alimentaire
chez
ce
groupe
d’âge
(par
exemple
:
facteur
de
stress
psychosocial,
moqueries
provenant
de
l’entourage
sur
leur
poids,
problème
de
santé
d’un
parent),
ce
qui
est
moins
souvent
noté
chez
les
groupes
d’adolescents
et
d’adultes.
Parmi
les
autres
particularités
trouvées
chez
les
enfants
et
les
préadolescents
notons
des
caractéristiques
parentales
qui
laissent
entrevoir
un
plus
haut
taux
de
problèmes
anxiodépressifs
chez
ces
derniers
comparativement
aux
parents
d’adolescents
avec
les
mêmes
difficultés
[14,19]
;
une
présence
plus
importante
de
dysfonctionnement
familial
[36]
et
de
problèmes
alimen-
taires
chez
les
mères
[14].
Quant
au
devenir
de
ces
enfants
et
préadolescents,
les
études
font
état
de
résultats
contradictoires.
Pour
certains
auteurs,
l’évolution
serait
plutôt
peu
favorable
ou
défavorable
lorsque
l’anorexie
survient
avant
la
puberté
[14,23,26,37–39]
alors
que
d’autres
avancent
que
le
pronostic
serait
meilleur
si
l’âge
d’apparition
est
précoce
[40].
Les
conséquences
importantes
qui
peuvent
être
transitoires
ou
permanentes
sur
la
santé
physique
appuient
la
pertinence
de
pouvoir
identifier
le
plus
rapidement
possible
la
présence
d’un
trouble
alimentaire
chez
les
enfants.
Malheureusement,
les
instruments
de
dépistage
et
diagnostic
pour
ce
groupe
d’âge
sont
peu
nombreux
et
leur
validité
est
contestée
étant
donné
l’absence
de
consensus
sur
les
critères
diagnostiques
et
sur
la
terminologie
à
utiliser
[25].
4.
Défis
diagnostiques
Plusieurs
variables
associées
aux
enfants
participent
aux
défis
de
poser
un
diagnostic
de
trouble
de
la
conduite
alimentaire
chez
ces
derniers.
D’abord,
ce
diagnostic
est
moins
fréquemment
soupc¸onné
chez
les
enfants
(de
huit
à
13
ans)
car
la
présenta-
tion
clinique
est
souvent
atypique
[20].
Elle
est
fréquemment
accompagnée
de
plaintes
somatiques
qui
orientent
souvent
les
intervenants
vers
des
investigations
somatiques
au
départ,
occa-
sionnant
un
délai
avant
l’identification
du
problème
[19,38].
Un
autre
facteur
contributif
à
la
difficulté
d’identifier
le
pro-
blème
est
lié
à
la
capacité
restreinte
des
enfants
à
exprimer
et
décrire
leurs
pensées,
leurs
sentiments
et
leurs
comportements
de
manière
précise
et
spontanée
[7,20].
Cette
particularité
est
prin-
cipalement
liée
à
l’étape
développementale
aux
plans
cognitif
et
affectif
des
enfants
de
cet
âge.
L’évaluation
peut
ainsi
prendre
plus
de
temps,
faire
appel
à
diverses
activités
médiatrices,
s’effectuer
sur
une
plus
longue
période
et
même,
dans
certains
cas,
laisser
place
à
une
certaine
ambiguïté
tant
au
niveau
compor-
temental
(symptômes)
que
de
la
compréhension
psychique.
Pour
cette
raison,
il
est
important
d’inclure
les
parents
qui
peuvent
rap-
porter
leurs
observations
et
proposer
leur
compréhension
des
comportements
et
attitudes
de
leur
enfant
afin
d’aider
à
poser
le
diagnostic
et
tenter
d’y
faire
sens
[24,41].
La
consultation
avec
les
parents
permet
aussi
d’apprécier
les
relations
au
sein
des
membres
de
la
famille,
ainsi
que
leurs
réactions
aux
dif-
ficultés
de
l’enfant.
Ces
éléments
sont
souvent
précieux
pour
l’élaboration
et
la
mise
en
place
du
projet
thérapeutique.
5.
Proposition
de
classification
La
question
entourant
les
critères
diagnostiques
pour
les
troubles
alimentaires
chez
les
enfants
et
préadolescents
a
fait
l’objet
de
plusieurs
écrits
particulièrement
au
cours
des
der-
nières
années,
et
ce,
souvent
par
les
mêmes
auteurs
qui
ont
choisi
d’étudier
plus
à
fond
ce
sujet
[4,10,11,17,42].
Les
insatisfac-
tions
soulevées
par
certains
cliniciens
quant
à
l’inefficacité
des
systèmes
de
classification
reconnus
internationalement
(DSM-
IV-TR
et
CIM-10)
pour
identifier
les
problèmes
alimentaires
chez
les
enfants
ont
incité
ces
auteurs
à
proposer
une
nouvelle
classification
[15,24,27].
Partant
d’observations
et
de
descrip-
tions
de
cas
cliniques,
ces
derniers
ont
ainsi
proposé
de
nouvelles
catégories
spécifiquement
pour
les
enfants
et
les
préadolescents
âgés
de
huit
à
13
ans.
Ces
catégories,
connues
par
certains
sous
le
nom
d’ensemble
de
critères
du
Great
Ormond
Street
Hospital
(GOS),
sont
les
suivantes
:
l’anorexie
nerveuse,
la
boulimie
nerveuse,
le
trouble
d’évitement
alimentaire
affectif,
l’alimentation
sélective,
les
peurs
ou
phobies
alimentaires
spécifiques
menant
à
l’évitement
alimentaire
(incluant
la
dysphagie
fonctionnelle),
l’alimentation
422
D.
Meilleur
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
419–428
restrictive,
le
refus
alimentaire,
le
syndrome
de
refus
global
et
la
perte
d’appétit
secondaire
à
la
dépression
[4,24].
Dans
les
prochains
paragraphes,
les
différentes
catégories
seront
présen-
tées
accompagnées
d’une
brève
vignette
clinique
pour
illustrer
chacune
d’elle.
5.1.
L’anorexie
Le
tableau
clinique
d’un
enfant
qui
présente
un
trouble
de
la
conduite
alimentaire
de
type
anorexique
est
similaire
à
celui
que
l’on
retrouve
chez
l’adolescente.
On
observe
une
perte
de
poids
ou
un
arrêt
de
la
prise
de
poids
alors
que
ce
dernier
devrait
augmenter
avec
la
croissance.
Les
stratégies
de
contrôle
de
poids
les
plus
fréquemment
observées
chez
les
enfants
sont
:
les
comportements
de
restriction
incluant
la
présence
de
manies
alimentaires
(trier
les
aliments,
les
découper
en
petits
mor-
ceaux),
l’augmentation
des
exercices
physiques
et
la
présence
de
vomissements
[2].
On
trouve
rarement
l’utilisation
de
laxatifs.
L’enfant
qui
présente
un
trouble
de
la
conduite
alimentaire
de
type
anorexique
peut
manifester
une
distorsion
de
son
image
cor-
porelle,
ainsi
que
des
préoccupations
face
à
son
poids
et
à
son
alimentation.
Toutefois,
ces
dernières
peuvent
être
d’intensité
très
variable
:
chez
une
majorité,
elles
resteront
discrètes,
voire
absentes,
alors
que
chez
certaines
elles
pourront
être
prédomi-
nantes.
Les
motifs
invoqués
pour
perdre
du
poids
sont
parfois
similaires
à
ceux
exprimés
par
les
adolescentes
soit
:
la
peur
de
prendre
du
poids,
la
peur
de
grossir,
la
crainte
d’avoir
mal
au
ventre,
la
perte
d’appétit
[4],
ou
encore
le
désir
de
manger
saine-
ment
[23].
Les
plaintes
somatiques
et
gastriques
sont
fréquentes
chez
ce
groupe
de
même
que
l’hyperactivité
physique
et
intel-
lectuelle
[30].
Bryant-Waugh
et
Lask
[4]
avancent
que
l’âge
le
plus
précoce
pour
poser
un
diagnostic
d’anorexie
nerveuse
chez
l’enfant
est
de
huit
ans.
Vignette
:
«
A.
est
âgée
de
dix
ans
et
demi
au
moment
de
la
première
consultation.
Son
poids
est
de
33
kg
pour
une
taille
de
1
m
47.
Sa
mère
l’amène
en
consultation,
car
son
poids
est
inférieur
de
2
kg
à
son
poids
de
l’année
dernière
alors
que
sa
taille
a
augmenté
de
10
cm.
A.
fréquente
l’école
élémentaire
elle
réussit
très
bien
;
elle
consacre
tous
ses
temps
libres
à
ses
devoirs
et
à
son
étude.
Sa
socialisation
a
diminué
depuis
le
démé-
nagement
de
sa
meilleure
amie
dans
une
ville
éloignée
l’année
dernière.
Les
parents
ont
observé
une
diminution
progressive
de
la
prise
de
certains
aliments
chez
leur
fille
au
cours
des
derniers
six
mois.
Elle
aurait
commencé
par
couper
les
sucres
(desserts
et
friandises)
et
les
gras,
puis
les
collations
et
progressivement
la
quantité
de
ses
portions
aux
repas.
A.
a
toujours
pratiqué
certains
sports
(danse,
patin
artistique)
et
mentionne
un
intérêt
pour
la
saine
alimentation.
Depuis
six
mois,
elle
a
augmenté
ses
activi-
tés
sportives
en
suivant
un
cours
de
danse
supplémentaire
et
elle
fait
quotidiennement
des
exercices
physiques
(redressements
et
trampoline)
chez
elle
après
l’école.
A.
dit
ne
pas
vouloir
prendre
de
poids,
elle
verbalise
une
distorsion
de
son
image
corporelle
(se
trouve
grosse)
et
craint
de
manger
normalement.
Parmi
les
changements
survenus
dans
l’entourage
familial,
le
père
men-
tionne
avoir
modifié
son
alimentation
il
y
a
un
peu
moins
d’un
an
sous
les
conseils
de
son
médecin.
Il
s’interroge
sur
l’influence
possible
de
cette
modification
sur
sa
fille.
Par
ailleurs,
madame
mentionne
avoir
toujours
porté
une
attention
particulière
à
la
saine
alimentation
au
sein
de
sa
famille
».
5.2.
Boulimie
La
boulimie,
lorsqu’elle
est
présente
chez
les
enfants,
regroupe
les
principales
caractéristiques
décrites
précédemment
soit
des
épisodes
d’absorption
de
quantités
importantes
de
nour-
riture
qui
peuvent
être
suivis
de
vomissements
et/ou
l’utilisation
de
laxatifs.
La
boulimie
est
rarement
observée
chez
les
enfants
et
lorsqu’elle
survient,
on
note
que
les
principaux
symptômes
qui
lui
sont
associés
sont
moindres
soit
:
les
épisodes
de
boulimies
et
de
vomissements
sont
moins
fréquents
de
même
que
la
prise
de
laxatifs
ou
de
diurétiques
comparativement
aux
adolescents
et
le
poids
est
souvent
stable
[4,43].
La
fréquence
moindre
des
comportements
de
boulimies
et
de
vomissements,
ainsi
que
le
fait
qu’elle
est
peu
souvent
soupc¸onnée
chez
les
enfants
jouent
possiblement
un
rôle
sur
le
faible
nombre
de
cas
répertoriés.
Cer-
tains
auteurs
avancent
que
la
boulimie
se
développerait
plus
tard
durant
l’adolescence,
ce
qui
expliquerait
le
faible
taux
rapporté
durant
l’enfance
[4].
De
plus,
les
épisodes
de
fringales
alimen-
taires
transitoires
ou
récurrents
(qui
ne
rencontrent
pas
tous
les
critères
du
diagnostic
de
boulimie)
peuvent
être
assez
fréquents
durant
l’enfance.
Ils
pourront
soit
disparaître
à
l’adolescence,
soit
être
précurseurs
d’un
trouble
alimentaire
plus
chronique.
Ces
comportements
sont
souvent
cachés
et
passent
inaperc¸us
auprès
de
l’entourage,
particulièrement
lorsqu’ils
sont
transi-
toires.
Vignette
:
«
B.
est
âgée
de
dix
ans
et
demi
;
elle
consulte
avec
sa
mère
pour
des
difficultés
alimentaires.
B.
expérimente
des
épisodes
de
fringales
alimentaires
pendant
lesquels
elle
mange
principalement
des
sucreries
(biscuits,
crème
glacée,
gâteaux).
Les
épisodes
surviennent
souvent
après
l’école,
moment
la
jeune
se
retrouve
seule
à
la
maison.
B.
dit
se
sentir
coupable
et
mal
à
l’aise
suite
à
ces
comportements
qu’elle
tente
d’annuler
par
la
suite
en
faisant
des
exercices
physiques
intensifs.
Elle
men-
tionne
avoir
déjà
vomi
à
trois
reprises
au
cours
des
deux
derniers
mois
suite
à
l’ingestion
d’une
trop
grande
quantité
d’aliments.
Les
épisodes
de
boulimie
semblent
survenir
approximativement
une
fois
par
semaine.
B.
affiche
un
poids
qui
se
situe
au
50e
percentile
pour
son
âge
et
sa
taille.
Elle
verbalise
une
insatis-
faction
de
son
image
corporelle
et
des
préoccupations
face
à
l‘alimentation
et
son
poids.
Elle
ne
souhaite
pas
prendre
de
poids.
La
mère
mentionne
que
sa
fille
a
toujours
eu
un
léger
excès
de
poids
qu’elle
a
réussi
à
contrôler,
au
cours
des
années,
avec
la
mise
en
place
d’habitudes
alimentaires
familiales
régulières
».
5.3.
Trouble
d’évitement
alimentaire
émotionnel
ou
d’évitement
alimentaire
affectif
Les
enfants
qui
présentent
un
trouble
d’évitement
alimentaire
émotionnel
ou
d’évitement
alimentaire
affectif
(Food
Avoidance
Emotional
Disorder
[FAED])
manifestent
des
comportements
de
restriction
alimentaire,
mais
à
un
degré
moindre
que
celui
observé
chez
les
anorexiques.
Ils
ont
une
perte
de
poids,
mais
n’expérimentent
pas
de
préoccupation
excessive
ni
de
distor-
sion
de
leur
image
corporelle.
Ces
enfants
reconnaissent
qu’ils
D.
Meilleur
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
419–428
423
sont
en
dessous
de
leur
poids
santé
;
souvent
ils
verbalisent
un
désir
de
prendre
du
poids,
mais
sont
incapables
d’y
arriver
par
eux-mêmes.
Ces
caractéristiques
les
distinguent
des
enfants
qui
présentent
un
trouble
de
la
conduite
alimentaire
de
type
ano-
rexique
la
négation
du
problème
est
souvent
présente,
de
même
que
l’absence
du
désir
et/ou
le
refus
de
prendre
du
poids.
Les
motifs
invoqués
chez
les
enfants
qui
évitent
d’ingérer
cer-
tains
aliments
sont
soit
:
la
crainte
«
d’être
malade
»
ou
d’avoir
« mal
au
ventre
»,
ou
« l’absence
d’appétit
»[4,18,24,26].
Pour
Lask
et
Bryant-Waugh
[4],
le
trouble
affectif
est
central
dans
le
problème
présenté
par
ces
enfants
et
l’évitement
alimentaire
en
est
une
manifestation
comportementale.
Goëb
et
al.
[18]
et
Higgs
et
al.
[26]
insistent
sur
la
mixité
du
tableau
clinique
présenté
par
ces
enfants,
qui
regroupe
les
symptômes
alimentaires
men-
tionnés
précédemment
et
des
symptômes
associés
à
un
trouble
affectif
qui
peut
être
de
nature
variée
soit
:
une
anxiété
générali-
sée,
des
obsessions
ou
des
phobies,
ou
la
présence
d’une
humeur
dépressive.
Le
tableau
clinique
peut
être
clair
à
la
consultation
initiale
et
permettre
un
diagnostic
franc
avéré,
mais
il
arrive
aussi
qu’il
faille
suivre
l’évolution
de
la
jeune
pour
pouvoir
le
préciser.
Vignette
:
«
C.
a
dix
ans
au
moment
de
la
première
consul-
tation.
Elle
a
arrêté
de
manger
normalement
suite
à
un
conflit
survenu
avec
une
bonne
amie
à
l’école.
C.
est
enfant
unique
;
elle
socialise
peu
hormis
les
activités
parascolaires
qu’elle
pratique
à
l’école.
Elle
dit
apprécier
passer
du
temps
seule
et
ne
jamais
s’ennuyer.
C.
ne
veut
pas
manger
certains
aliments,
car
elle
dit
avoir
peur
d’être
«
malade
»
ou
de
«
vomir
».
Elle
a
quelques
manies
alimentaires
(manger
ses
aliments
dans
un
ordre
précis,
disposition
particulière
des
aliments
dans
l’assiette)
et
d’autres
non-alimentaires
(se
gratte
certaines
parties
du
corps
jusqu’à
avoir
des
plaies,
se
ronge
les
ongles,
a
des
rituels
au
lever
et
le
soir
au
coucher).
Elle
a
perdu
4
kg
en
six
mois
;
son
poids
actuel
se
situe
au
30epercentile
pour
son
âge
et
sa
taille.
Elle
reconnaît
qu’il
lui
faut
prendre
du
poids,
mais
se
dit
incapable
de
le
faire
par
elle-même.
Elle
rapporte
avoir
essayé
d’augmenter
ses
apports
au
cours
des
derniers
mois,
sans
succès.
Son
alimentation
est
variée
et
régulière,
mais
les
quantités
ingérées
sont
restreintes.
À
chaque
fois
qu’elle
a
tenté
d’augmenter
ses
apports
avec
l’aide
de
ses
parents,
des
maux
de
ventre
sont
apparus,
occasionnant
une
augmentation
de
ses
peurs
face
à
l’alimentation.
C.
exprime
sa
tristesse
devant
l’inquiétude
qu’elle
cause
à
ses
parents
et
face
à
son
incapacité
de
réussir
à
prendre
du
poids
seule.
À
l’anamnèse,
les
parents
rapportent
la
présence
de
comportements
anxieux
chez
leur
fille
pendant
la
petite
enfance.
Parmi
les
antécédents
familiaux,
on
note
un
trouble
de
l’humeur
chez
un
des
parents,
ainsi
que
des
conflits
conjugaux
importants
et
récurrents
depuis
plusieurs
années
».
5.4.
Alimentation
sélective
L’alimentation
sélective
se
caractérise
par
une
consomma-
tion
très
restreinte
d’aliments,
environ
quatre
à
cinq
seulement,
réduisant
le
registre
alimentaire
potentiel
pouvant
être
offert
à
l’enfant
par
ses
parents.
Les
enfants
qui
présentent
ce
type
de
trouble
alimentaire
sont
souvent
qualifiés
de
«
petits
mangeurs
»
ou
de
«
mangeurs
difficiles
»
picky
eaters
»)
par
l’entourage
à
cause
de
leur
choix
alimentaire
restreint.
Il
n’est
pas
rare,
que
cette
situation
soit
présente
depuis
plusieurs
années,
voire
depuis
la
petite
enfance
chez
certains.
Ces
enfants
manifestent
souvent
de
grandes
résistances
à
essayer
de
nouveaux
aliments,
et
cela,
malgré
plusieurs
tentatives
de
la
part
de
leurs
parents.
Ces
résis-
tances
peuvent
s’exprimer
par
des
nausées,
la
peur
de
vomir
ou
de
s’étouffer
[24].
Plusieurs
d’entre
eux
expriment
aussi
une
préférence
pour
les
aliments
mous,
sans
texture.
Malgré
cette
alimentation
sélective,
la
plupart
de
ces
enfants
n’affichent
pas
de
perte
de
poids
ni
de
problème
de
croissance,
laissant
sup-
posé
qu’ils
ont
suffisamment
d’apports
alimentaires
l’heure
des
repas
ou
au
moment
des
collations)
pour
maintenir
leur
croissance
staturopondérale.
Cette
restriction
quant
au
choix
des
aliments
occasionne
chez
plusieurs
un
évitement
des
situa-
tions
sociales
ils
ne
peuvent
contrôler
leur
repas
;
autrement
dit,
ils
mangent
rarement
à
l’extérieur
de
la
maison.
La
rela-
tion
parent–enfant
peut
s’en
trouver
teintée
négativement
dans
plusieurs
cas
[24].
Vignette
:
«
D.
est
âgée
de
neuf
ans
et
neuf
mois.
Ses
parents
l’amènent
en
consultation,
car
elle
n’a
pas
pris
de
poids
depuis
un
an
malgré
un
accroissement
de
sa
taille.
Son
poids
se
situe
autour
du
45epercentile
pour
son
âge
et
sa
taille.
D.
est
décrite
par
ses
parents
comme
une
enfant
capricieuse
au
plan
alimen-
taire,
et
ce,
depuis
qu’elle
est
toute
petite.
La
mère
dit
avoir
tenté
d’introduire
de
nouveaux
aliments
dans
l’alimentation
de
sa
fille
à
différentes
périodes
depuis
sa
naissance,
mais
sans
grand
succès.
Les
réactions
de
cette
dernière
ont
été
soit
de
refuser
l’assiette,
soit
de
recracher
la
nourriture
ou
de
se
retirer
dans
sa
chambre
en
pleurant.
Les
parents
disent
s’être
adap-
tés
aux
caprices
de
D.,
en
lui
apprêtant
toujours
les
mêmes
aliments,
qui
sont
au
nombre
d’environ
une
douzaine.
Depuis
environ
un
an,
la
mère
rapporte
une
diminution
progressive
des
aliments
acceptés
par
sa
fille,
si
bien
que
maintenant
le
registre
alimentaire
n’est
plus
que
d’environ
cinq
aliments.
D.
a
deux
amies
qu’elle
fréquente
principalement
à
l’école.
Elle
n’est
jamais
allée
chez
ces
dernières
et
n’a
jamais
pris
de
repas
à
l’extérieur
de
la
maison
(vient
manger
à
la
maison
le
midi).
Les
parents
rapportent
des
conflits
récurrents
avec
leur
fille
à
l’heure
des
repas,
et
ce,
depuis
plusieurs
années.
Ces
conflits
se
sont
exacerbés
au
cours
des
deux
dernières
années,
suite
à
l’adoption
de
caprices
alimentaires
par
leur
fille
cadette,
main-
tenant
âgée
de
cinq
ans.
Les
parents
rapportent
des
tensions
entre
eux
quant
à
l’attitude
à
adopter
envers
D.
par
rapport
à
ses
comportements
alimentaires.
Par
ailleurs,
madame
rap-
porte
avoir
vécu
une
période
dépressive
suite
à
la
naissance
de
D.
Elle
mentionne
aussi
des
difficultés
conjugales
depuis
long-
temps,
avec
une
séparation
temporaire
des
parents
il
y
a
deux
ans
».
5.5.
Peur
ou
phobie
alimentaire
spécifique
Certains
enfants
présentent
une
peur
ou
une
phobie
alimen-
taire
spécifique
dont
la
nature
peut
varier
en
fonction
du
stade
développemental
elle
survient.
Cette
catégorie
se
distingue
particulièrement
de
l’évitement
alimentaire
émotionnel
par
la
présence
fréquente
d’éléments
anxieux
à
l’avant-plan,
ainsi
que
d’un
événement
déclencheur
associé.
Les
phobies
peuvent
ainsi
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