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EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL
SENEGALAIS
Jean-Baptiste NDONG
Laboratoire de Climatologie et d’Environnement
Département de Géographie
Université Cheikh Anta DIOP, Dakar-Fann, Sénégal
E-mail : [email protected]
RESUME
La présente étude vise à analyser l’évolution climatique récente sur le
littoral sénégalais au cours de ces quatre dernières décennies. Les données de
pluviométrie et de température disponibles ont permis d’identifier les
manifestations de l’évolution thermique et pluviométrique et de caractériser
la baisse des précipitations d’une part et la hausse des températures d’autre
part sur l’ensemble du domaine d’étude. La démarche méthodologique
d’analyse est celle du calcul des écarts moyens par rapport à la moyenne de la
période 1951-2010 et une comparaison entre les décennies 1991-2000 et
2001-2010 par rapport à la normale 1961-1990. L’augmentation de la
température moyenne s’est accélérée durant la dernière décennie du XX ème
siècle pour atteindre + 0,1 °C à Saint-Louis, + 0,8°C à Dakar et + 0,4 °C à
Ziguinchor. Cette hausse se poursuit durant la 1ère décennie du XXIème siècle :
+ 1,0 °C à Saint-Louis, + 0,7 °C à Dakar et + 1,3 °C à Ziguinchor. L’analyse
des précipitations montre que la décennie 2001-2010 est la plus arrosée des
quatre dernières décennies. A l’échelle décennale et mensuelle, on ne peut
pas conclure à une tendance globale de l’évolution des précipitations sur le
littoral. Les mois les plus pluvieux demeurent ceux de juillet à septembre
avec cependant un transfert du maximum pluvieux du mois d’août vers le
mois de septembre à Saint-Louis.
Mots-clés : Littoral sénégalais, écarts moyens, réchauffement thermique,
tendances pluviométriques.
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
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EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
ABSTRACT
Recent climate change in the Senegalese coast
This study aims to analyze the recent climate change on the Senegalese coast
over the past four decades. Rainfall and temperature data available have
identified the manifestations of heat and rainfall change and characterize the
decreased rainfall on the one hand and rising temperatures on the other hand
the entire field of study. The methodological approach is the analysis of the
calculation of average deviations from the average for the 1951-2010 period
and a comparison between the decades 1991-2000 and 2001-2010 compared
to the 1961-1990 normal. The increase in the average temperature has
accelerated during the last decade of the twentieth century to reach + 0.1 ° C
in St. Louis, + 0.8 ° C in Dakar and + 0.4 ° C in Ziguinchor. This increase
continued during the first decade of the XXI century: + 1.0 ° C in St. Louis, +
0.7 ° C in Dakar and + 1.3 ° C in Ziguinchor. Analysis of rainfall shows that
the decade 2001-2010 is the wettest of the past four decades. A decadal and
monthly scale, we cannot conclude a global trend of changes in precipitation
on the coast. The rainiest months remain those from July to September but
with a maximum transfer rainy August to September in St. Louis.
Keywords: Senegalese coast, average differences, temperature rise, rains
tendencies.
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
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Jean-Baptiste NDONG,
INTRODUCTION
Les précipitations constituent, avec les températures, les éléments
climatiques les plus importants dont dépendent, de manière étroite, non
seulement la vie des animaux et des végétaux, mais aussi l’économie
générale des zones habitables. Les problèmes des pays arides, par exemple,
naissent principalement du déséquilibre entre les ressources et les besoins en
eau (Arlery et al., 1973).
Avec une température moyenne de 28,1 °C (tableau I), le mois
d’octobre a été le plus chaud enregistré sur le littoral sénégalais depuis 1951.
L’année 2010 qui a enregistré une hausse de + 1,6 °C (27,5 °C, la moyenne
de la période étant de 25,9 °C) occupe le 1er rang des années les plus chaudes.
Les années 1998 et 2005 (+ 1,5 °C) occupent le 2ème rang et l’année 1997 (+
1,4 °C), le 3ème rang des années les plus chaudes durant la période 1951-2010.
Tableau I : Évolution des températures moyennes mensuelles (période 19512010)
jan
23,1
fév
24,0
mar
24,7
avr
24,9
mai
25,5
jui
27,0
jui
27,4
aou
27,6
sep
27,8
oct
28,1
nov
26,9
déc
24,2
NB : Le tableau est une moyenne des stations de Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor
sur la période 1951-2010.
On admet dans ce travail que les précipitations ont été abondantes sur
littoral durant la décennie 2001-2010 avec des inondations importantes à
Dakar en 2005. L’année 2011 a été déficitaire et 2012 se caractérise par les
inondations. Le réchauffement noté entre 1997 et 2010 et la hausse des
précipitations sont-ils les conséquences du changement climatique actuel ?
L’objectif de cette étude est d’analyser l’évolution de la température
et des précipitations sur le littoral sénégalais à partir des données de l’Agence
Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM) du Sénégal.
Ce travail comporte cinq parties : le cadre géographique et les
données ; le contexte de l’étude ; la méthodologie ; les résultats ; et la
discussion des résultats
1. CADRE GEOGRAPHIQUE ET DONNEES
1.1. Cadre géographique
L’espace géographique de cette étude comprend comme l’indique la
figure 1, les villes de Saint-Louis, Dakar, Mbour, Fatick et Ziguinchor. Ces
villes constituent aussi des stations météorologiques.
La « Grande Côte sénégalaise » va de Saint-Louis à Dakar. SaintLouis est comprise entre 16° et 16°30’ de latitude nord et 16° et 16°20’ de
longitude ouest. Dakar est comprise entre 14°44’ de latitude nord et 17°30’
de longitude ouest. L’influence de l’océan, par l’intermédiaire des alizés
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EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
maritimes, atténue les amplitudes thermiques et diminue la pluviométrie. Une
nuance côtière se manifeste ainsi sur la Grande Côte du Sénégal. Cette frange
littorale présente, en effet, des caractéristiques climatiques légèrement
différentes par rapport à ce qui se passe à l’intérieur du continent aux mêmes
latitudes.
Figure 1 : Localisation des stations du littoral sénégalais
On appelle « Petite Côte » la partie du littoral qui s’étend depuis
Dakar-Hann jusqu’à Joal sur 110 km de longueur environ. La station de
Mbour est à 14°25’ de latitude nord et à 16°54’ de longitude ouest. Toute la
partie ouest de la zone de Mbour, c’est-à-dire, celle qui est délimitée par
l’océan atlantique, est très exposée aux impacts de la variabilité climatique.
Fatick se situe au centre-ouest du Sénégal à 14°20’ de latitude nord et
16°25’ de longitude ouest. Elle est caractérisée par une saison sèche qui dure
7 mois. Les températures sont élevées.
Ziguinchor, située tout à fait au sud et à l’ouest du Sénégal constitue
une région particulière vu sa situation géographique qui fait d’elle la zone la
plus arrosée du Sénégal, où la saison des pluies connaît une longue durée (5 à
6 mois en moyenne). Ses positions en longitude et latitude se situent
respectivement entre 15°30’-16°47’ ouest et 12°20’-13°50’ nord.
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Jean-Baptiste NDONG,
1.2. Données
La problématique des évolutions climatiques se heurte à de nombreux
écueils. Citons surtout toutes les modifications qui entraînent fréquemment
des ruptures d’homogénéité dans les séries notamment les changements de
l’environnement des lieux de mesures (déplacement des sites de relevés,
phénomènes d’urbanisation).
La série de Saint-Louis dispose de la plus longue série chronologique
d’observations au Sénégal mais aussi en Afrique Occidentale. Cette série
commence en 1854, comprend quelques lacunes mais est malheureusement
interrompue dans les années 1880. Ce n’est qu’après 1892, avec Saint-LouisÉcole, relayé en 1902 par Saint-Louis-Ville et en 1957 par Saint-LouisAéroport que l’on peut disposer d’une série continue (à l’exception de quatre
années) de près d’un siècle (Leborgne, 1988).
La série de Dakar est, comme celle de Saint-Louis, hétérogène. Elle
comprend les relevés de Dakar-Ville de 1897 à 1940, de Dakar-Hann de 1938
à 1957 (avec des lacunes de 1940 à 1948), de Dakar-Ouakam de 1941 à 1962,
de Dakar-Yoff de 1947 à nos jours, de Dakar-Cap-Manuel de 1952 à 1976.
Les relevés pluviométriques débutent en 1919 à Ziguinchor ; en 1920
à Fatick et en 1931 à Mbour. Cependant à Mbour, les données disponibles
vont jusqu’en 2000 ; à Fatick, à partir de 1980, nous n’avons que les données
de la saison des pluies (de mai à octobre) jusqu’en 2009. En 2010, seul le
total annuel est disponible (835 mm).
En ce qui concerne les températures, les données débutent en 1951
pour Saint-Louis, Dakar, Ziguinchor ; en 1991 pour Fatick et en 1961 pour
Mbour, mais pour cette dernière station les données sont lacunaires de 2002 à
2005 et en novembre 2010.
2. CONTEXTE DE L’ETUDE
La prise de conscience des spécialistes sur la question de l’évolution
du climat n’est pas récente. Selon le GIEC (1996), la variation climatique
s’explique par une modification durable des paramètres statistiques du climat
global de la terre, ou des divers climats régionaux. Elle peut être due à des
processus intrinsèques à la terre, à des influences extérieures (variations de
l’intensité du rayonnement solaire) ; ou plus récemment aux activités
humaines.
C’est clairement pour le paramètre température que le changement
climatique est le plus marqué, avec des impacts nets sur la diminution de
l’amplitude thermique diurne, le nombre de jours de gel, les précipitations
neigeuses en plaine ou moyenne montagne, la fonte des glaciers et de la
banquise arctique. Pour les précipitations, un signal significatif est également
observé sur le XXème siècle, à la fois quantitativement sur les cumuls
(augmentation de l’ordre de 15 % aux hautes latitudes, diminution en zones
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EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
tropicales de l’ordre de 10 %, constance ou faible augmentation aux latitudes
moyennes), mais aussi sur la répartition annuelle des pluies (en général
augmentation hivernale et baisse estivale).
Pour ce qui concerne les phénomènes extrêmes (tempêtes, pluies
intenses, cyclones), le débat est relancé par les médias à l’occasion de chaque
catastrophe d’origine climatique : augmentation des pluies intenses qualifiée
de « vraisemblable » aux moyennes et hautes latitudes de l’hémisphère nord,
mais chiffrée à seulement 2 à 4 % sur le XXème siècle, faible augmentation
des vagues de chaleur et des sécheresses, diminution des vagues de froid, pas
d’augmentation de l’intensité et du nombre global de tempêtes, de cyclones,
de tornades, d’orages ou d’épisodes de grêle.
Pour tous ces phénomènes, la variabilité (forte) reste dominée par des
échelles inter-décennales à multi-décennales. L’occurrence des cyclones dans
l’Atlantique nord par exemple est fortement dépendante de la phase de
l’oscillation australe (El Nino et la Nina). Il est sans doute vrai par contre que
notre vulnérabilité aux phénomènes extrêmes a augmenté de façon
significative sur le XXème siècle, en raison de divers facteurs (accroissement
de la population, concentration dans les zones urbaines, remembrement,
augmentation des surfaces imperméables, disparition de zones humides,
aménagements péri-urbains, constructions en zones inondables, etc.).
Sous les tropiques où l’anthropisation marque de nos jours une
véritable empreinte sur l’environnement, les thèmes de recherches tournent
pour la plupart autour des notions suivantes : aridification des climats, stress
hydrique, sécheresse, désertification, savanisation des espaces forestiers, mais
aussi inondations, pluies diluviennes (Diomandé, 2011). A titre d’exemple,
on peut citer les travaux de Ndong (1996), Leroux (1995), Sagna (1995).
C’est dans ce contexte que s’inscrit cette étude.
3. METHODOLOGIE
Les traitements statistiques de la pluviométrie et de la température ont
été effectués sur Microsoft Excel. Dans l’analyse statistique des données
météorologiques, la pluviométrie et la température ont été utilisées comme
variables statistiques. L’eau et la température sont des composantes
essentielles dans l’étude du climat et sont susceptibles de rendre compte de la
caractérisation de l’évolution du climat de notre domaine d’étude.
Pour caractériser l’évolution des quantités de pluie et de la
température nous avons calculé les écarts moyens par rapport à la période
1951-2010, en ce qui concerne le paramètre pluie, pour les stations de SaintLouis, Dakar et Ziguinchor. Pour Mbour, l’analyse a porté sur les décennies
allant de 1951 à 2000 et pour Fatick sur la période 1951-2009.
En ce qui concerne le paramètre température, nous avons analysé,
d’une part, les stations de Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor qui ont des
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Jean-Baptiste NDONG,
relevés complets sur la période 1951-2010, et d’autre part, les stations de
Mbour de 1961 à 2000 et de Fatick de 1991 à 2010, pour une étude complète
de l’évolution des températures sur le littoral sénégalais.
La comparaison des décennies les plus chaudes de la période 19512010, à savoir 1991-2000 et 2001-2010 par rapport à la normale 1961-1990
permet de mieux mettre en évidence l’évolution climatique sur le littoral
sénégalais quant on sait que la sécheresse a débuté au Sahel à partir de 1968
jusqu’au milieu des années 1990.
4. RESULTATS
4.1.Tendances thermométriques sur le littoral sénégalais
4.1.1. Évolution des températures annuelles
Les relevés de température de Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor (tableau II)
montrent que la décennie 2001-2010 est la plus chaude de la série 1951-2010.
Les moyennes de Saint-Louis (26,8 °C), Dakar (25,3 °C) et Ziguinchor
(28,7°C) sont supérieures de + 1,0 °C à Saint-Louis, + 0,7 °C à Dakar, et +
1,3 °C à Ziguinchor à la moyenne établie sur les 60 ans (respectivement :
25,8 °C ; 24,6 °C et 27,4 °C). Au 2ème rang figure la décennie 1991-2000
(sauf pour Saint-Louis où la décennie 1981-1990 est plus chaude que celle de
1991-2000).
A Saint-Louis, seule la décennie 1951-1960 (24,5 °C) a une valeur
inférieure à la moyenne 1951-2010 qui est de 25,8 °C. La décennie 19611970 (25,8 °C) a une valeur égale à la moyenne. Les quatre décennies
suivantes ont des valeurs supérieures à la moyenne. Les décennies les plus
chaudes sont 1981-1990 (26,2 °C) soit une hausse de + 0,4 °C et 2001-2010
(26,8 °C) soit une légère augmentation de + 1,0 °C.
A Dakar, les quatre premières décennies ont des valeurs inférieures à
la moyenne 1951-2010 (24,6 °C). On observe une baisse de – 0,7 °C au cours
de la décennie 1971-1980 (23,9 °C°). Les décennies 1991-2000 (25,4 °C) et
2001-2010 (25,3 °C) sont les plus chaudes avec respectivement une hausse de
+ 0,8 °C et + 0,7 °C. Les années 1994 à 2000 sont les plus chaudes de la
décennie 1991-2000. En ce qui concerne la décennie 2001-2010, toutes les
années ont des valeurs supérieures à la moyenne 1951-2010.
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EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
Tableau II : Évolution décennale des températures moyennes
Moyenne (1951-2010)
Saint-Louis
1951-1960
1961-1970
1971-1980
1981-1990
1991-2000
2001-2010
Dakar
1951-1960
1961-1970
1971-1980
1981-1990
1991-2000
2001-2010
Ziguinchor
1951-1960
1961-1970
1971-1980
1981-1990
1991-2000
2001-2010
25,8
24,5
25,8
25,9
26,2
25,9
26,8
24,6
24,3
24,5
23,9
24,4
25,4
25,3
27,4
26,6
26,5
27,0
27,5
27,8
28,7
Nombre d’années
< ou = moyenne
Nombre d’années
> moyenne
10
4
6
3
4
0
0
6
4
7
6
10
9
5
8
7
3
0
1
5
2
3
7
10
10
10
9
3
2
0
0
0
1
7
8
10
A Ziguinchor, les trois dernières décennies sont les plus chaudes.
Pendant la décennie 1991-2000 (27,8 °C), seules les années 1991 et 1994 ont
des valeurs inférieures à la moyenne (27,4 °C). Durant la dernière décennie
(28,7 °C) toutes les années ont des valeurs supérieures à la moyenne.
A Fatick, la moyenne 1991-2010 est de 28,7 °C. La décennie 19912000 a un écart de - 0,2 °C tandis que la décennie 2001-2010 a un écart de
+0,2 °C.
En ce qui concerne Mbour, la moyenne 1961-2000 est de 26,9 °C ; la
normale 1961-1990 (26,8 °C) ; la normale 1971-2000 (27,0 °C) et la décennie
1991-2000 (27,4 °C) soit un écart de + 0,6 °C par rapport à la normale 19611990.
Il ressort de cette analyse, à l’échelle annuelle, que ce sont la dernière
décennie du XXème siècle et la 1ère décennie du XXIème siècle qui sont les
plus chaudes à Dakar, Fatick, Mbour et Ziguinchor. A Saint-Louis, le
réchauffement a commencé dès la décennie 1981-1990 qui est plus chaude
que la décennie 1991-2000.
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158
Jean-Baptiste NDONG,
Pour mieux visualiser l’augmentation des températures, nous avons
consigné dans le tableau III les dix années les plus chaudes depuis 1951. Ces
dernières ont été observées entre 1983 et 2010.
Tableau III : Les dix années les plus chaudes dans les trois stations
Saint-Louis
2008
2001
2005
1997
1998
1987
2010
1983
2007
2002
T°C
+ 1,7
+ 1,5
+ 1,3
+ 1,1
+ 1,1
+1,1
+1,0
+ 0,9
+ 0,9
+ 0,8
Dakar
1997
1998
2000
2010
1996
2005
2008
1994
1995
2001
T°C
+ 2,2
+ 1,9
+ 1,6
+ 1,5
+ 1,3
+ 1,2
+ 1,1
+ 1,0
+ 1,0
+ 0,9
Ziguinchor
2010
2005
2007
2008
1998
2006
2009
2002
2004
2003
T°C
+ 2,2
+ 1,9
+ 1,5
+ 1,4
+ 1,3
+ 1,2
+ 1,1
+ 0,9
+ 0,9
+ 0,8
Nous avons quatre années qui sont communes aux trois stations. Il
s’agit de 1998, 2005, 2008 et 2010. A Saint-Louis, l’année la plus chaude est
2008 (+ 1,7 °C), à Dakar, c’est 1997 (+ 2,2 °C) et à Ziguinchor, 2010 avec
+2,2 °C (dans cette station les neuf années les plus chaudes sont notées
durant la décennie 2001-2010), à Saint-Louis nous avons six années et quatre
à Dakar. Ainsi, le réchauffement varie d’une station à une autre selon le
contexte géographique.
4.1.2. Évolution des températures mensuelles
Les tableaux IV, Va et Vb montrent que le réchauffement affecte
presque tous les mois, mais de façon inégale. La comparaison des décennies
1991-2000 et 2001-2010 par rapport à la moyenne 1951-2010 (tableau IV)
montre des écarts positifs aussi bien pour la décennie 1991-2000 que pour la
décennie 2001-2010.
Tableau IV : Comparaison des décennies 1991-2000 et 2001-2010
(température moyenne) à la moyenne 1951-2010
jan
fév
mar
avr
mai
jui
jui
aou
sep
oct
nov
déc
1991-2000
+0,9
+1,4
+0,7
+0,6
+0,2
+0,5
+0,1
0,0
+0,1
+0,1
+0,3
+0,9
2001-2010
+0,8
+0,7
+1,0
+0,7
+0,9
+0,9
+0,8
+0,8
+0,8
+0,9
+1,0
+1,4
Nous avons calculé la moyenne des trois stations, à savoir SaintLouis, Dakar et Ziguinchor. L’analyse des données du tableau IV révèle qu’à
l’exception des mois de janvier et février, la hausse a été plus accentuée
durant la décennie 2001-2010 par rapport à celle de 1991-2000.
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EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
Tableau Va : Écarts des températures entre 1991-2000 et 1961-1990 (en °C)
Tn
St-Louis
Dakar
Ziguinchor
Tx
St-Louis
Dakar
Ziguinchor
Tm
St-Louis
Dakar
Ziguinchor
jan
fév
mar
avr
mai
jui
jui
aou
sep
oct
nov
déc
+0,7
-0,6
+2,2
+0,8
-0,4
+1,8
+0,2
-0,7
+1,4
+0,2
-0,8
+0,6
+0,2
-1,3
+0,5
0,0
-1,3
+0,5
-0,2
-1,5
+0,3
-0,3
-1,6
+0,5
-0,2
-1,8
+0,5
0,0
-1,7
+0,7
+0,9
-2,2
+1,2
+1,0
-0,9
+1,8
-0,4
+4,6
+0,2
-0,4
+6,9
+0,5
-1,1
+4,1
+0,6
-0,7
+3,6
+0,3
-0,4
+2,1
+0,8
-0,6
+2,4
+0,9
-0,3
+1,7
+0,7
0,0
+1,4
+0,7
0,0
+1,4
+0,8
-0,6
+2,6
+0,5
-0,3
+4,9
+0,2
+0,1
+5,6
+0,6
+0,1
+2,4
+1,2
+0,2
+3,4
+1,1
-0,5
+1,6
+0,9
-0,2
+1,4
+0,5
-0,1
+0,5
+0,6
-0,3
+0,6
+0,7
-0,3
+0,1
+0,5
-0,2
-0,1
+0,6
-0,1
+0,5
+0,6
-0,3
-0,6
+0,6
+0,2
-0,4
+1,1
+0,6
+2,5
+1,0
NB : Tn = température minimale Tx = Température maximale Tm = température
moyenne
En ce qui concerne la température minimale moyenne, à Saint-Louis,
le réchauffement affecte tous les mois de janvier à mai (tableau Va) et les
mois de novembre et décembre. On note cependant, des écarts négatifs aux
mois de juillet, août et septembre et des écarts nuls aux mois de juin et
d’octobre. Les hausses les plus importantes sont observées en décembre
(+ 1,0 °C), novembre (+ 0,9 °C), février (+ 0.8 °C) et janvier (+ 0,7 °C).
A Ziguinchor, le réchauffement est généralisé. Il atteint + 2,2 °C en
janvier, + 1,8 °C en février et décembre.
A Dakar, par contre, on observe des écarts négatifs pour tous les mois.
Les écarts sont supérieurs à –1°C sauf de décembre à avril (-0,9 °C). L’écart
est de – 2,2 °C en novembre.
En ce qui concerne la température maximale moyenne, nous notons
un refroidissement à Saint-Louis de janvier à juillet, aussi aux mois d’octobre
et novembre. Les écarts sont nuls en août et septembre. On observe une
légère hausse (+ 0,1 °C) en décembre.
A Dakar et Ziguinchor, tous les mois sont affectés par le
réchauffement. Les écarts sont plus élevés à Dakar qu’à Ziguinchor. En effet,
à Dakar, les écarts sont compris entre + 1,4 °C (en août et septembre) et + 6,9
°C en février. Les écarts sont aussi importants en décembre (+ 5,6 °C) ;
janvier (+ 4,6 °C) ; mars (+ 4,1 °C) et avril (+ 3,6 °C). A Ziguinchor, les
écarts sont compris entre + 0,2 °C en janvier, novembre et + 0,9 °C en juin.
La hausse est de + 0,8 °C en mai et septembre.
Pour la température moyenne, à Saint-Louis, on note une légère
hausse en janvier (+ 0,1 °C), février et novembre (+ 0,2 °C). La hausse est de
+ 0,6 °C en décembre. Tous les autres mois ont des valeurs négatives.
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
160
Jean-Baptiste NDONG,
A Dakar, les mois d’août, octobre et novembre ont des écarts
négatifs. Les hausses les plus importantes sont notées en février (+ 3,4 °C),
décembre (+ 2,5 °C) et janvier (+ 2,4 °C).
A Ziguinchor, le réchauffement affecte tous les mois. Les hausses les
plus importantes sont observées en janvier (+ 1,2 °C), février et novembre
(+ 1,1 °C), décembre (+ 1,0 °C).
Tableau Vb : Écarts des températures entre 2001-2010 et 1961-1990 (en °C)
Tn
St-Louis
Dakar
Ziguinchor
Tx
St-Louis
Dakar
Ziguinchor
Tm
St-Louis
Dakar
Ziguinchor
jan
fév
mar
avr
mai
jui
jui
aou
sep
oct
nov
déc
+0,6
+0,9
+2,1
+0,6
+1,0
+2,2
+0,8
+1,2
+1,5
+0,3
+1,0
+1,2
+0,5
+0,7
+1,0
+0,4
+0,8
+0,8
+0,3
+1,0
+0,5
+0,4
+0,5
+0,8
-0,1
+0,4
+1,0
+0,6
+1,2
+1,1
+0,9
+1,5
+1,7
+1,4
+1,9
+2,9
+1,3
+1,5
+0,9
0,0
+0,7
+1,2
+1,2
+0,6
+1,7
0,0
+0,5
+1,2
+0,8
+0,9
+1,7
+1,1
+0,9
+1,5
+1,1
+0,8
+1,6
+1,1
+0,8
+1,7
+1,2
+0,9
+1,4
+1,1
+1,0
+1,3
+1,9
+1,7
+1,0
+2,1
+2,0
+1,4
+1,0
+1,3
+1,5
+0,2
+0,9
+1,6
+0,9
+0,6
+1,5
+0,1
+0,8
+1,2
+0,7
+0,9
+1,2
+0,8
+0,9
+1,1
+0,7
+0,9
+1,1
+0,7
+0,7
+1,3
+0,6
+0,7
+1,2
+0,9
+1,1
+1,2
+1,3
+1,6
+5,0
+1,8
+1,9
+2,0
Le tableau Vb montre qu’au niveau des trois stations , les écarts entre
les températures minimales, maximales et moyennes de la décennie 20012010 et ceux de la normale 1961-1990 sont positifs pour tous les mois, sauf à
Saint-Louis au mois de septembre (- 0,1 °C) pour ce qui concerne la
température minimale. En ce qui concerne la température maximale, des
écarts nuls sont notés dans la même station aux mois de février et avril.
La hausse la plus importante est observée dans la température
moyenne du mois de novembre (+ 5,0 °C) à Ziguinchor. Des fortes hausses
sont aussi notées dans cette station en ce qui concerne la température
minimale (+ 2,1 °C) en janvier, (+ 2,2 °C) en février et (+ 2,9 °C) en
décembre.
A Dakar, la hausse de la température minimale moyenne est plus
accentuée en décembre (+ 1,9 °C), en novembre (+ 1,5 °C) et aux mois de
mars et octobre (+ 1,2 °C). En ce qui concerne la température maximale
moyenne, les hausses les plus significatives sont observées en décembre
(+2,0 °C), en novembre (+ 1,7 °C) et en janvier (+ 1,5 °C).
A Saint-Louis, les hausses sont respectivement de + 1,4 °C
(température minimale) en décembre ; + 2,1 °C (température maximale) en
décembre et + 1,8 °C (température moyenne) en décembre.
En ce qui concerne les stations de Mbour (1961-2000) et de Fatick
(1991-2010), les résultats sont les suivants :
A Mbour, tous les mois ont des écarts positifs pour ce qui concerne la
température maximale moyenne sauf le mois d’avril (- 0,7 °C) et le mois de
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
161
EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
novembre (0,0 °C). Pour ce qui est de la température minimale et de la
température moyenne, les écarts sont positifs sauf pour la température
moyenne du mois d’avril (0,0 °C).
A Fatick, la comparaison entre la température moyenne de 1991-2000
par rapport à la moyenne 1991-2010 fait ressortir un seul écart positif :
février (+ 0,1 °C). Tous les autres mois ont des écarts négatifs. La décennie
2001-2010 se caractérise par un réchauffement sauf aux mois de février,
septembre et novembre (0,0 °C)
4.2. Tendances pluviométriques
4.2.1. Cumuls annuels
L’analyse des précipitations à Saint-Louis révèle que la décennie
1961-1970 est la plus arrosée des six décennies avec une moyenne de 341,7
mm (tableau VI). Elle est suivie de la décennie 1951-1960.
Tableau VI : Moyennes décennales des précipitations (mm)
1951-2010
1951-1960
1961-1970
1971-1980
1981-1990
1991-2000
2001-2010
Saint-Louis
277,5
331,3
341,7
213,3
226,7
241,5
310,5
Dakar
435,2
613,4
543,5
330,2
366,8
344,2
410,8
Ziguinchor
1 314,3
1 544,6
1 481,1
1 135,2
1 121,2
1 292,7
1 310,8
Mbour
791,3
731,7
459,3
484,4
491,9
Fatick
618,4
826,9
693,9
492,5
501,8
562,7
634,2
L’examen des valeurs décennales des autres stations du littoral entre
1951-2010 montre des évolutions différentes. A Dakar, la décennie 19511960 est la plus pluvieuse (613,4 mm) suivie de la décennie 1961-1970
(543,5 mm). C’est le même cas de figure à Ziguinchor, Mbour et Fatick. Les
décennies les moins pluvieuses dans les stations de Fatick et Ziguinchor
sont : 1971-1980, 1981-1990 et 1991-2000.
Nous notons une nette amélioration de la pluviométrie au cours de la
dernière décennie. Cette hausse des précipitations est d’ailleurs perceptible
durant la décennie 1991-2000 à Saint-Louis, Ziguinchor et Fatick. La
décennie 2001-2010 est la plus arrosée des quatre dernières décennies.
Bref, à l’échelle des tendances décennales on ne peut pas conclure à
une tendance globale de l’évolution des précipitations sur le littoral mais un
fait demeure : la grande variabilité interannuelle des précipitations et le
caractère irrégulier des saisons des pluies. Nous prenons ici pour exemple la
décennie 2001-2010 (tableau VII).
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
162
Jean-Baptiste NDONG,
Tableau VII : Irrégularité des saisons de pluies
Saint-Louis
350,5
131,3
281,7
295,2
311
342
593
2003
2004
2005
2006
2007
2009
2010
Dakar
415,1
227,9
659
419,3
267,2
555,4
576,5
Ziguinchor
1212,4
1060,9
1531,4
1574
911,5
1374,8
1612,9
4.2.2. Cumuls mensuels
On constate que dans les années récentes (décennie 2001-2010), ce
sont les mois de juillet, septembre et octobre qui connaissent la plus forte
augmentation des précipitations (tableau VIII). Les autres mois offrent des
conditions plus variables selon les régions et la période de référence.
Cependant, le mois d’août reste le mois le plus pluvieux dans toutes les
stations étudiées.
Tableau VIII : Précipitations mensuelles
St-Louis
1951-2010
1961-1990
1971-2000
1991-2000
2001-2010
Dakar
1951-2010
1961-1990
1971-2000
1991-2000
2001-2010
Mbour
1951-2010
1961-1990
1971-2000
1991-2000
2001-2010
Fatick
1951-2010
1961-1990
1971-2000
1991-2000
2001-2010
Ziguinchor
1951-2010
1961-1990
1971-2000
1991-2000
2001-2010
jan
fév
mar
avr
mai
jui
jui
aout
sep
oct
nov
déc
an
2,2
1,2
1,4
0,8
7,6
1,4
1,8
1,7
1,4
0,6
0,1
0,2
0,3
0,2
0
0,1
0,0
0,0
0
0,2
0,4
0,0
0,2
0,4
0,1
7,1
6,3
5,8
3,3
9,1
42,8
40,5
34,3
34,5
59,0
98,2
94,3
84,7
96,2
85,1
95,5
91,6
81,5
77,7
125,3
28,5
23,7
15,6
24,5
29,9
0,7
0,5
0,6
0,4
0,2
1,8
0,5
1,7
5,6
0,3
277,5
260,6
227,2
241,5
310,5
1,4
2,4
2,5
0,1
0
1
1
0,7
0,7
0,2
0
0
0
0,1
0
0
0
0
0
0
0,5
0
0,1
0,2
0
10
10
9
5,2
16
69
60
52
53
65
170
165
142
134
165
142
138
118
118
142
39
35
21
31
25
1,4
0,9
1,1
0,1
0,4
1,8
0,4
1,2
3
0
435,2
413,5
347,1
344,2
410,8
8,4
6,6
1,4
1,7
3,4
5,3
0,8
0,8
0,8
0,9
0,9
0
1,8
1,6
0,7
27,1
25,6
16,6
100,5
78,5
80,3
235,2
197,8
197,9
169,6
153,8
162,4
30,4
26,3
35,9
7,7
15,1
0
2,8
8,2
22,6
554,8
470,9
478,7
2
0
0
0
0
37,8
38,5
34,1
24,5
34,7
116,4
111,9
96,5
87,7
123,2
229,2
214,9
205,1
236,8
214,1
187,5
160,6
156,7
172,7
202,2
55,0
42,1
34,6
48,3
82,2
4,9
4,0
4,7
4,5
1,8
109,3
101,4
92,4
87,9
116,5
321,5
298,9
300
339,7
339,9
429,7
417,4
383,2
401,1
411,8
333,7
319,7
304,3
329,1
344,9
114,7
104,5
98,9
131,8
91,9
0,1
0,1
0
0
0,1
0,3
0,3
0,2
0,3
0,6
0
0
0,1
0
0
0
0
0
0
0
618,4
562,7
519,0
562,7
634,2
6,3
5,1
4,8
6,2
0,1
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
0,7
0,8
1,5
0,4
0
1314,3
1245,8
1183,1
1292,7
1310,8
163
EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
A Saint-Louis, on remarque que ce sont les mois de juillet, septembre et
octobre qui connaissent la plus forte augmentation des précipitations pendant
la décennie 2001-2010 par rapport à la période 1951-2010, aux normales
1961-1990 ; 1971-2000 et la décennie 1991-2000. Les précipitations
annuelles n’ayant pas significativement évolué, il y a donc un transfert récent
des précipitations d’août vers septembre.
A Dakar, ce sont les mois de juillet, août et septembre qui connaissent
la plus forte augmentation des précipitations par rapport aux normales 19611990 ; 1971-2000 et la décennie 1991-2000.
A Ziguinchor, la plus forte hausse des précipitations est notée durant
la dernière décennie par rapport aux normales 1961-1990 ; 1971-2000, la
décennie 1991-2000 et la période 1951-2010. Cette hausse est observée aux
mois de juin à septembre. Il faut cependant noter que les mois d’août de la
période 1951-2010 et la normale 1961-1990 sont plus pluvieux que le mois
d’août de la décennie 2001-2010.
Là également, à l’échelle mensuelle, on ne peut pas conclure à une
tendance générale de l’évolution des précipitations mensuelles sur le littoral
sénégalais. Les mois les plus pluvieux demeurent ceux de juillet à septembre
avec cependant un transfert du maximum pluvieux du mois d’août vers le
mois de septembre à Saint-Louis.
Pour mieux mettre en évidence l’amélioration de la pluviométrie au
cours de la dernière décennie en relation avec le réchauffement observé
durant la dernière décennie du XXème siècle et la 1ère décennie du XXIème
siècle, nous comparons les écarts de précipitations entre 1991-2000 et 19611990, d’une part et entre 2001-2010 et 1961-1990, d’autre part.
Tableau IX-a : Écarts des précipitations entre 1991-2000 et 1961-1990 (en
mm)
1991-2000
St-Louis
Dakar
Mbour
Fatick
Ziguinchor
jan
fév
mar
avr
mai
jui
jui
aou
sep
oct
nov
déc
-0,4
-2,3
-7,0
-0,4
-0,3
+3,6
0
+0,1
0
0
0
-0,9
0
0
-0,6
-0,7
-20,2
-24,2
+40,8
+1,9
-31
-37,3
21,9
-16,3
-13,9
-20
-7,2
12,1
+9,4
+0,8
-4
-5,5
6,2
+27,3
+5,1
+2,6
+19,8
0
-3
-4,8
-10,5
-14,0
-13,5
-0,1
-0,8
-7,7
-0,1
+0,4
+0,2
-1,1
0
+0,5
+1,1
-0,4
A Saint-Louis et Dakar, les écarts des précipitations entre 1991-2000
et 1961-1990 (tableau IX-a) montrent des écarts très faibles sauf pour les
mois d’août et de septembre.
En effet, à Saint-Louis, les mois de mai, août, octobre et décembre
sont les seuls à avoir des écarts positifs. Les écarts sont nuls en mars et avril.
Le reste de l’année est constitué d’écarts négatifs dont le plus élevé est noté
en septembre.
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
164
Jean-Baptiste NDONG,
A Dakar, seuls les mois de mars, mai et décembre ont des écarts
positifs. Ce qu’il y a lieu de signaler à Dakar, c’est les déficits des mois les
plus pluvieux : août (-31 mm) et septembre (-20 mm).
A Mbour, les écarts sont plus élevés comparés aux deux stations
précédentes. Au niveau de cette station, seuls les mois de février (+3,6 mm)
et décembre (+19,8 mm) ont des écarts positifs. Tous les mois de la saison
des pluies ont des écarts négatifs. Les plus gros déficits sont notés en juillet (20,2 mm) et août (-37,3 mm).
A Fatick, les mois de juin et juillet ont des écarts négatifs et août et
septembre des écarts positifs. En ce qui concerne Ziguinchor, les mois de la
saison des pluies ont des écarts positifs sauf en juin (-13,5 mm) et août (-16,3
mm). Les plus gros excédents sont notés en juillet (+40,8 mm) et en octobre
(+27,3 mm)
En définitive, si on s’intéresse à la saison des pluies, l’enseignement
que l’on peut tirer de l’analyse du tableau IX-a, c’est que les écarts négatifs
l’emportent sur les écarts positifs. Les mois les plus pluvieux à savoir juillet,
août et septembre sont les plus affectés.
En ce qui concerne le tableau IX-b, la comparaison ne prend pas en
compte les stations de Mbour et de Fatick pour les raisons évoquées cidessus.
Tableau IX-b : Écarts des précipitations entre 2001-2010 et 1961-1990 (en
mm)
2001-2010
St-Louis
Dakar
Ziguinchor
jan
fév
mar
avr
mai
jui
jui
aou
sep
oct
nov
déc
+6,4
-2,4
0
-1,2
-0,8
+0,3
-0,2
0
0
+0,2
0
0
+0,1
0
-2,2
+2,8
+6
+15,1
+18,5
+5
+41
-9,2
0
-5,6
+33,7
+4
+25,2
+6,2
-10
-12,6
-0,3
-0,5
-4
-0,2
-0,4
-0,8
Comme nous l’avons dit plus haut, il y a une légère amélioration de la
pluviométrie durant la décennie 2001-2010. Elle est mise en évidence par le
tableau IX-b. Les mois de juin, juillet et septembre ont des écarts positifs
dans les trois stations.
A Ziguinchor, le mois de juillet a un excédent de +41 mm. A SaintLouis, les excédents les plus élevés sont notés en juillet (+18,5 mm) et
septembre (+33,7 mm). A Dakar, les écarts sont faibles voire nuls (de mars à
mai) et en août. Le fait marquant à signaler ici, c’est les écarts négatifs notés
au mois d’août à Saint-Louis et à Ziguinchor. Une valeur nulle est observée à
Dakar.
L’évolution pluviométrique récente au cours de la décennie 2001-2010
se caractérise donc sur le littoral sénégalais, par un transfert des précipitations
du mois d’août vers le mois de septembre. Les mois de juin et juillet sont
aussi pluvieux surtout celui de juillet. Les stations de Dakar et Ziguinchor,
ont des écarts négatifs en octobre. Si à Dakar, l’agriculture n’est pas bien
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 04, Sept. 2015, Vol. 2
165
EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
développée, tel n’est pas le cas à Ziguinchor qui est une région à vocation
agricole. Les déficits pluviométriques observés peuvent porter préjudice aux
rendements agricoles. Il faudra donc développer des variétés à cycle court vu
que durant la décennie 2001-2010, on assiste à une fin précoce des saisons de
pluies. C’est vrai qu’il s’agit de valeurs moyennes, mais c’est un signal et il
faudrait en tenir compte.
5. DISCUSSION
Les données de pluviométrie et de température disponibles ont permis
d’identifier les manifestations de l’évolution pluviométrique et thermique et
de caractériser la baisse des précipitations d’une part et la hausse des
températures d’autre part sur l’ensemble du domaine d’étude.
Dans une étude précédente (Ndong, 2003), la comparaison de la date
de début de la saison des pluies entre les périodes 1951-1969 et 1970-2000
montre un changement significatif. Les débuts étaient généralement plus
précoces sur la période 1951-1969 puis tardifs à partir des années 1970,
tendance qui continue de nos jours. Cependant, la fin de la saison des pluies
ne montre pas un changement significatif entre les deux périodes.
La variabilité interannuelle des périodes de début et de fin de la saison
des pluies d’une part, la fluctuation de sa durée d’autre part, posent de sérieux
problèmes pour établir un calendrier agricole. Ainsi, la caractérisation des
saisons de pluies constitue l’étape indispensable dans la réalisation d’un
programme d’amélioration des rendements agricoles en zones sahélienne et
soudanienne.
En ce qui concerne les températures, il ressort d’une étude (Mpounza
et al., 2003) que l’augmentation des températures la plus importante est
enregistrée dans les grandes agglomérations. Elle est liée à l’effet de
l’urbanisation, car le comportement des amplitudes des températures diurnes
met en évidence les stations des zones urbaines.
La hausse des températures durant les dernières décennies est aussi
notée dans une autre zone géographique (Diomandé, 2011). En effet, il
ressort de cette étude que de 1951 à 2008, la température a fluctué dans le
temps et dans l’espace. Dans le temps, les oscillations sont importantes et
elles permettent d’observer deux grandes périodes : 1951-1972 et 1973-2008.
De 1951 à 1972, les températures ont relativement chuté dans leurs
tendances en dépit de leurs oscillations importantes. De 1973 à 2008, les
températures sont globalement en hausse. Malgré les fortes oscillations,
plusieurs séquences d’années caractéristiques d’excédents thermiques
s’observent. Par exemple, 1975-1978, 1981-1982, 1990-1993, 2002-2005,
etc.
Dans cette étude, alors que la tendance est à la hausse au niveau des
températures, l’évolution pluviométrique et du bilan climatique indique une
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Jean-Baptiste NDONG,
tendance à la baisse entre 1951-2008. Ce qui n’est pas le cas pour notre zone
d’étude car notre analyse montre une amélioration de la pluviométrie durant
la décennie 2001-2010 malgré l’augmentation des températures durant les
décennies 1991-2000 et 2001-2010. Cependant, il serait présomptueux pour
nous, de présager d’une évolution pluviométrique positive pour les
prochaines années. Cela est du ressort des prévisionnistes et des modèles
développés. Il s’agit pour nous, d’analyser et d’interpréter les données
disponibles. Seulement un constat demeure : la grande variabilité de la
pluviométrie en fonction de chaque zone climatique.
CONCLUSION
L’évolution climatique sur le littoral sénégalais s’est
incontestablement confirmée et accélérée au cours des deux dernières
décennies. La tendance au réchauffement des températures s’est accentuée.
Dans le détail de cette évolution, le réchauffement affecte presque tous les
mois, mais de façon inégale. La comparaison des décennies 1991-2000 et
2001-2010 par rapport à la moyenne 1951-2010 montre des écarts positifs
aussi bien pour la décennie 1991-2000 que pour la décennie 2001-2010.
S’il n’existe pas de tendance générale au niveau des cumuls annuels
de précipitations, une évolution significative se dessine au cours de la
décennie 2001-2010 sur le littoral sénégalais : le transfert d’une part
importante des précipitations estivales vers le mois de septembre Les mois de
juin et juillet sont aussi plus pluvieux surtout celui de juillet. .
Pour mieux saisir l’évolution climatique récente au Sénégal et
singulièrement sur le littoral, il faut replacer cette étude dans un contexte plus
général, celui de l’espace Atlantique Nord en un mot dans le cadre de la
Circulation Générale de l’Atmosphère car elle est interdépendante, comme du
reste celle de la zone tropicale, de l’évolution climatique globale.
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