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1. L’Académie des technologies consciente du défi posé par le changement climatique, fait un bilan du
potentiel technologique mobilisable ou à développer. En effet l’inaction aurait des conséquences graves,
inacceptables pour la France et aussi mondialement.
2. Les propositions mettant en œuvre un ensemencement de l’atmosphère ou de l’océan ne seront efficaces
ni pour la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES)1 ni pour l’atténuation des effets à des fins
d’adaptation. La géo-ingénierie du climat, dans l’état actuel des connaissances, ne constitue pas une
solution de remplacement.
3. L’Académie des technologies a voulu identifier les conditions à favoriser globalement, et dans les
secteurs les plus contributeurs, pour diminuer les émissions de ces gaz et pour promouvoir des mesures
d’adaptation préventives. Attacher un prix à la tonne de CO2 - équivalent émise est pour cela essentiel.
4. Dans les mesures d’efficacité énergétique, le coût des investissements nécessaires doit être inférieur à la
valeur de l’énergie économisée plus, si cette énergie n’est pas décarbonée, la valeur des tonnes de CO2
non émises. Pour toutes les technologies d’atténuation, il est souhaitable d’en mesurer les coûts et les
bénéfices et de veiller à ce que l’amortissement et la gestion ultérieure ne nécessitent pas de
subventions non proportionnées à l’économie d’émissions de GES.
5. Les États et l’Europe ont un rôle incitatif important à jouer à travers l’établissement de normes ou d’un
cadre permettant d’affecter un prix au carbone émis. Les entreprises et les acteurs collectifs de leur côté
devraient dès maintenant évaluer leurs investissements futurs en fixant un prix interne de la tonne de CO2
- équivalent émise. Ce prix serait choisi dans une fourchette établie de prix comme le suggère la
plateforme énergie d’Euro-CASE.
6. L’implication de la société civile, les modifications des modes de vie et des comportements orientées vers
une société sobre en carbone joueront un rôle important dans la réduction des émissions de GES. Des
actions de sensibilisation sont nécessaires pour rendre les évolutions applicables, acceptables et
assimilables. L’éducation et la formation doivent intégrer ces dimensions.
7. Les pays en développement souvent plus vulnérables aux changements climatiques devront faire l’objet
d’une attention particulière de la part des acteurs publics et privés, pour évaluer avec eux les facteurs clés
d’adaptation et les technologies disponibles ou à développer, et pour mobiliser les financements
nécessaires.
8. Dans de multiples domaines, le plus fort potentiel d’atténuation et d’adaptation préventive viendra du
développement de nouvelles technologies :
o Agriculture, forêts et sols : stockage augmenté de carbone dans les sols par une meilleure maîtrise
des pratiques agricoles et de leurs milieux microbiens ; limitation des émissions de N2O par la gestion
précise de la fertilisation ; prévention de la déforestation et adaptation des modes de gestion des
forêts.
o Mers, océans, littoraux : prévention des risques ; développement des aménagements offshore ;
production d’énergie utilisant courants et marées, ou de biomasse ; poldérisation.
o Bâtiments, urbanisme, mobilité, transport : apport de solutions globales pour les villes ;
diversification de l’offre de mobilité ; développement des services de proximité ; suppression des
blocages réglementaires (mutualisation énergétique entre bâtiments ou gestion de bâtiments multi-
usages à énergie positive) ; emploi de matériaux à fort taux de carbone (bois) ; réduction des
émissions des moyens de transport.
o Énergie : production progressivement décarbonée ; stockage de l’électricité et flexibilité des
systèmes électriques ; poursuite de la R&D sur le captage et stockage de carbone. Les évolutions
1 Les GES principaux sont : le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O).