COMMISSION NATIONALE DE
P
HARMACOVIGILANCE DU 25 MARS 2008
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II - ENQUETE OFFICIELLE SUR LES EFFETS INDESIRABLES DES COLLYRES MYDRIATIQUES
ATROPINIQUES CHEZ DES PATIENTS A RISQUE (SUJET AGE ET ENFANT)
1 – Introduction
Nom du rapporteur : CRPV de Paris Cochin Saint Vincent de Paul
Date(s) de passage en Comité technique de pharmacovigilance : 05 avril 2005 et 04 décembre 2007
Le Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Paris Cochin Saint Vincent de Paul a été interrogé par un
neuropédiatre à propos des risques liés à l’utilisation du cyclopentolate collyre chez l’enfant et de sa toxicité par
rapport aux autres collyres atropiniques. Ce médecin avait été interrogé à propos d’un état de mal convulsif,
d’évolution fatale chez une petite fille après l’administration de 3 gouttes dans chaque œil de cyclopentolate à 1
% (il s’agissait d’un cas étranger). Un surdosage avait été évoqué. Le CRPV de Cochin Saint Vincent de Paul a
fait un point en avril 2005 sur les effets indésirables des collyres mydriatiques atropiniques chez les patients à
risque (sujets âgés et enfants).
Une enquête officielle a été décidée avec avis d’experts sur les habitudes de prescription, et en vue d’une
réflexion sur le futur des collyres d’atropine et sur l’harmonisation des Résumés des Caractéristiques du
Produit (RCP).
Les collyres mydriatiques atropiniques ont obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans les
années 1980 et sont tous enregistrés en procédure nationale. Ils sont utilisés à visée diagnostique : mydriase,
ou thérapeutique : cycloplégie (paralysie de l’accommodation).
2 – Comparaison de différents collyres mydriatiques atropiniques
A) ATROPINE
En France, il existe des collyres d’atropine à :
- 0,3% : indications chez le nourrisson de moins de 2 ans ;
- 0,5% : indications entre 2 ans et 8 ou 12 ans ;
- 1% : indications après 8 ou 12 ans. Le collyre à 1% est fortement déconseillé chez l’enfant de moins de 8
ou 12 ans.
Les spécialités sont :
- Atropine Alcon® 0,3%, 0,5%, 1% : en flacons de 10 mL ;
- Sulfate d’Atropine Europhta® à 0,3% : en flacons de 10 mL ;
- Atropine Faure® 1% (laboratoire Europhta) : en unidoses de 0,4 mL.
Toutes les formes contiennent du phénylmercure comme excipient sauf l’atropine Faure à 1%.
La demi-vie d’élimination est comprise entre 13 et 38 heures. Les disparitions de la mydriase et de la
cycloplégie s’effectuent en 7 à 10 jours. L’élimination est mixte : hépatique et rénale
Les effets indésirables de l’atropine chez l’adulte sont fonction de la posologie :
- à 0,5 mg : bradycardie modérée, sécheresse buccale et diminution de la sueur ;
- à 1 mg : sécheresse buccale constante et tachycardie ;
- à 2 mg : tachycardie importante, extrasystoles, troubles de l’accommodation ;
- à 5 mg : les mêmes effets sont observés avec en plus des troubles de la déglutition et d’élocution, une
agitation, des céphalées, une rougeur de la peau, des troubles digestifs (constipation) ;
- à 10 mg sont observés en plus : une ataxie, des hallucinations le plus souvent visuelles. A l’excitation fait
suite une dépression : coma, voire un décès à partir de 100 mg chez l’adulte. Mais il existe des grandes
variations interindividuelles, tout particulièrement chez le sujet âgé et l’enfant : décès possible après
l’ingestion de 10 mg. Les formes pharmaceutiques sous forme de flacons exposent à un risque d’accident
mortel en cas d’ingestion.
B) CYCLOPENTOLATE
Le collyre Skiacol® à 0,5%, est commercialisé sous forme d’unidoses de 0,5 mL en France par les laboratoires
Alcon. Il est contre-indiqué chez le nourrisson de moins d’1 an.
Des formes pharmaceutiques à plus forte concentration (1% et 2%) existent dans plusieurs pays européens et
aux Etats-Unis.
La demi-vie d’élimination n’est pas renseignée. L’élimination est due à des estérases. Un déficit en estérases
peut entraîner une accumulation. La mydriase dure en moyenne 6 à 24 heures ; le retour d’une
accommodation normale peut prendre plusieurs jours mais l’élimination apparaît plus rapide que celle de
l’atropine.