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PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
10 - Les dépôts d'écoulements pyroclastiques de la vallée de la
Rivière Blanche (carrière Gouyer)
Carrière Gouyer
Situation géographique et itinéraire
Au nord-ouest de l’île, traverser le bourg
du St-Pierre en direction de la commune
du Prêcheur, passer au-dessus de la
Rivière Sèche et tourner à droite après le
Gué. L’entrée de la carrière se situe à
200 m.
Rappelons qu’il s’agit d’une propriété
privée, son accès est soumis à
l’autorisation du propriétaire.
d’autant moins que les passages latéraux
de faciès et les discordances par
ravinement sont fréquents.
En février 2012, Le front de taille
exposait des formations cendreuses,
claires, sur près de 50 m de hauteur. On
distinguait une succession d’une dizaine
de coulées pyroclastiques, marquée par
une stratification frustre.
Description du site
La carrière Gouyer en activité, exploite
les formations géologiques issues des
éruptions historiques de la Montagne
Pelée (dépôts de la Rivière Blanche) pour
extraire des sables et des granulats.
L’aspect du site de cette carrière étant
évolutif en raison de l’exploitation, il
n’est pas possible de proposer des
coupes précises d’affleurements,
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
Le granoclassement est inverse et
indique qu’il s’agit d’un dépôt de nuée
ardente où les blocs grossiers
« surnagent » au-dessus des éléments
plus fins.
Au sommet du front de taille on identifie,
un niveau gris plus foncé, de
granulométrie plus fine et homogène.
Ces dépôts correspondent au souffle
cendro-caillouteux dirigé, latéralement
qui a précède l’arrivée de d’écoulement
pyroclastique. Il s’agit d’un premier
dépôt mis en place lors de l’explosion,
appelé « blast ».
La présence d’un bidon métallique piégé
dans les dépôts des nuées ardentes
supérieures confirme qu’elles sont liées
aux dernières éruptions de 1902 ou de
1929.
Succession de dépôt de nuées ardentes

Dépôt de blast
Bidon métallique pris dans les dépôts
écoulement pyroclastique
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
11- Les dépôts pliniens de la Montagne Pelée (berges de la rivière
du Prêcheur)
La Montagne Pelée connait une
alternance irrégulière de dynamismes
éruptifs peléen et plinien. Lors d’une
éruption plinienne, le dégazage du
magma se produit avant que celui-ci
n’atteigne la surface. Le magma prend
alors l’aspect d’une « mousse » très
instable. Au moment de l’éruption, les
gaz expulsés entrainent avec eux des
cendres et des fragments de lave
bulleuse (ponces), sous la forme d’une
colonne éruptive pouvant atteindre
plusieurs dizaines de kilomètres de
hauteur. Les volumes dégagés sont
colossaux. Puis, la précipitation du
panache volcanique nappe les alentours
du volcan sous plusieurs mètres de
dépôts de ponces.
Situation géographique et itinéraire
La vallée de la Rivière du Prêcheur, située
sur le flanc ouest de la Montagne Pelée,
incise profondément d’épaisses séries de
dépôts pliniens.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
Retombées d’éruption pliniennes
Pour y accéder en venant de Saint-Pierre,
prendre la route à droite juste avant le
pont de la rivière du Prêcheur, suivre
cette voie sur près d’1 km jusqu’à un
virage marqué à droite. À la sortie de
celui-ci se trouve un ancien front de taille
qui permet d’observer dans de bonnes
conditions des dépôts pliniens de la
Montagne Pelée.
Description du site
Trois unités se distinguent par leur
différence de couleur.
La formation supérieure de teinte claire,
est essentiellement constituée de
ponces* scoriacées* juvéniles*.
Celles-ci sont de forme arrondies en
conséquence de l’abrasion mécanique
au sein du panache éruptif. Les bancs
sont
dépaisseur
métriques
et
correspondent pour chacun d’eux à une
salve explosive.
On note aussi la présence de fragments
lithiques provenant de formations
encaissantes oxydées au sein du nuage
éruptif constitué aussi de gaz
magmatiques et de vapeur d’eau. Ces
dépôts correspondent à l’éruption
plinienne P1 datée aux alentours de 650
ans BP1.

Le niveau sous-jacent est de teinte
marron à ocre parce qu’altéré et
contenant des éléments organiques. Il
s’agit d’un ancien sol (paléosol) qui
remanie des fragments ponceux.
Les épisodes d’éruption plinienne de la
Montagne Pelée peuvent être liés à la
décompression soudaine provoquée par
les effondrements sectoriels de la
Montagne Pelée.
Le niveau basal de l’affleurement
présente des blocs de lave de nature
variée, plutôt arrondis. Il s’agit d’une
brêche de remaniement fluviatile.
De par les volumes de matériaux
projetés, ces éruptions sont les plus
dévastatrices. On leur attribue la
disparition des peuplements Arawaks
dans le Nord de la Martinique de la
Martinique.2
Sur la rive droite de la rivière, les dépôts
pliniens s’amoncellent sur une dizaine
de mètres et sont entrecoupés de
niveaux plus grossiers. Ces derniers
correspondent possiblement à des
dépôts de nuées ardentes basales liées à
l’effondrement du panache de cendres
et de ponces.
Rive droite de la Rivière du Prêcheur au point d'observation
1
Traineau H. et Westercamp D., 1985
rapport BRGM 85 SGN 471 IRG.
Les éruptions ponceuses récentes de la montagne Pelée (Martinique),
² Berard B., Vernet G, Kieffer G. et Raynal J-P., 2001 Les éruptions de la Montagne Pelée et le premier
peuplement de la Martinique. Le dossier de l’Archéo-Logis n°2.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
12 - Le cône strombolien de l’Îlet à Ramiers
L’Îlet à Ramiers 4
Situation géographique et itinéraire
L’Ilet à Ramiers est situé à 1.5 km à
l’ouest de l’Anse à l’Âne, le long de la
côte nord-ouest de la presqu’île des
Trois-îlets. Son accès y est interdit.
Description du site
L’îlot mesure 200 m de diamètre pour 39
m de hauteur, sa superficie est de 3 ha. Il
s’agit d’un petit cône strombolien récent
de 400 000 ans, fait d’une alternance de
retombées de scories rougeâtres et de
coulées de lave massive.2
La lave est un basalte1 et 3 fortement
magnésien, très riche en olivines à
inclusions de spinelles.
Cet appareil volcanique pourrait jalonner
un accident tectonique de direction NESO, comme l’ensemble des coulées du
Morne La Plaine dont il est proche sur le
plan magmatologique.1
L’îlet tire son nom des colonies de
pigeons ramiers qui y nichaient
autrefois1.
Sa position aux portes de la baie de Fortde-France en a fait à l’époque des
guerres coloniales, un site stratégique.
Ainsi, un fort militaire s’est construit
dans le cratère de cet édifice.
Par ailleurs, Les restrictions d’accès à cet
ilot ont permis la conservation
d’essences végétales rares. À ce titre, un
arrêté de protection de biotope porte
sur l’Îlet à Ramiers depuis 2005.
Neuf iguanes des Petites Antilles issus de
l'îlet Chancel ont été introduits sur l’îlet à
Ramiers en juillet 2006 afin d’y
constituer une nouvelle population.
L’île appartient au Conservatoire du
littoral de la Martinique.
1
Westercamp D., Andreieff P., Bouysse P., Cottez S. et Battistini R., 1989 – Notice explicative de la carte
géologique à 1/50000 de la Martinique, Éditions BRGM, p. 104.
2
Allard-Saint-Albin A., 2002 – Géologie régionale Martinique…, collection Bouquets d’îles entre Mer et Océan,
Éditions Desormeaux, p. 45.
3
Labanieh S., Chauvel C., Germa A., Quidelleur X. and Lewin E., 2010 – Isotopic hyperbolas constrain sources
and processes under the Lesser Antilles arc, Earth and Planetary Science Letters 298 (2010) pp. 35–46.
4
Photographie : www.marinas.com
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
.
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
13 - Les bombes volcaniques de la Montagne Pelée (Grande Savane)
La poussée interne fais se craqueler la
bordure vitrifiée et écarte les fissures. Le
cœur de la bombe est donc vésiculé*.
Ce type de projection volcanique est
caractéristique des magmas visqueux
riches en gaz classiques dans les
volcanismes d’arc insulaire.
Ces projections au cours de leur
trajectoire aérienne peuvent prendre des
formes oblongues. On parle alors de
bombes en fuseaux.
Situation géographique et itinéraire
Ces bombes sont de tailles variables (de
10 cm à plusieurs mètres de diamètre).
Les plus petites sont parfois projetées à
plusieurs kilomètres du cratère.
Les bombes volcaniques sont fréquentes
sur les flancs de la Montagne Pelée. La
Grande-Savane, au nord-ouest de ce
volcan, est une zone où ces retombées
balistiques sont nombreuses.
Avant
d’arriver au bourg du Prêcheur, une
petite route bifurque à droite vers la
Grande Savane. Monter aussi haut que
possible en voiture. Un sentier de
randonnée permet ensuite de rejoindre
le sommet. 1
Ainsi, récemment (février 2012) un bloc
de lave arrondi d’environ 2 mètres de
diamètre à la surface craquelée et à la
prismation radiale a été identifié sous
l’eau au sud de la Pointe la Mare. Il s’agit
vraisemblablement
d’une
bombe
volcanique même s’il est rare d’observer
des projections de cette taille à une telle
distance du cratère (6km). Il est aussi
possible que ce bloc ait été charrié par
un cours d’eau au débit torrentiel.
Description du site
Affleurent en bordure du chemin ou dans
les champs environnants, des bombes
volcaniques
craquelées,
également
appelée « bombes en croûte de pain ».
Elles proviennent ici d’une éruption
peléenne datée à 4000 ans BP.
Il s’agit de fragments de laves projetées
selon une trajectoire parabolique. Au
contact de l’air, la surface du magma se
fige, se vitrifie. Au cœur, dans une
« pate » qui n’est pas encore solidifiée,
les gaz, dans des conditions de pression
moins importantes, se dilatent.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
Bombe volcanique
en croûte de pain de Grande Savane
1
Westercamp D. et Tazieff H., 1980,
Martinique Guadeloupe Saint-Martin la
Désirade, collection Guides géologiques
régionaux, Éditions Masson, p. 40.
2
Vittecoq B., Gutierrez A. Avec la
collaboration de G. Braibant, 2012.
Compléments
d’exploration
géothermique de la Martinique – Volet
« hydrogéologie ».
Rapport
intermédiaire. Rapport BRGM/RP-61406FR.
Bombe volcanique de plusieurs m3 à la Pointe la Mare 2
.
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
14-Les brèches pyroclastiques soudées du Tombeau des Caraïbes
Tombeau des Caraïbes ou Coffre à mort
Situation géographique et itinéraire
Le Tombeau des Caraïbes se trouve à
5 km au nord-ouest de Saint-Pierre en
bordure de la RD10. Son accès se fait
à pied par l’entrée nord de la carrière
de Fonds Canonville qui l’encercle.
Description du site
Le Tombeau des Caraïbes ou Coffre à
mort serait une butte témoin des
premières éruptions de la Montagne
Pelée (édifice ancien). Il est constitué
de coulées pyroclastiques, soudées
par une température de mise place
élevée, grossièrement prismées,
caractérisées
pas
des
blocs
décimétriques
à
métriques
2
fréquemment arrondis . L’origine de
ces dépôts pourrait être une éruption
de type ignimbritique* liée à
l’effondrement
de
chambre
magmatique. Ces matériaux ont
possiblement glissé lors d’un premier
effondrement de flanc, il y a 100 000
ans.3
La légende dit que, pourchassés par
des colons qui voulaient les réduire en
esclavage, les derniers Indiens
Caraïbes se seraient réfugiés au
sommet d’une falaise haute et
abrupte située au nord de l’actuel
Saint-Pierre, de laquelle ils se seraient
finalement précipités dans le vide
après s’être crevé les yeux. C’est
pourquoi cet escarpement bien visible
de loin a pris les noms de «coffre à
morts»
ou
de «Tombeau
des
1
Caraïbes ».
Ce site est localisé dans une aire
propriété du Conservatoire du
Littoral.
1
Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, collection guides savants,
Éditions Belin et BRGM. p. 101.
2
Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides géologiques
régionaux, Éditions Masson. p. 40.
3
Comm. pers. de M. Allard Saint Albin Alex sur la piste des sources chaudes : un circuit pédagogique et touristique.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
.
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
15 - Les dépôts pyroclastiques de l'Anse Turin
La Falaise de L’Anse Turin
Situation géographique et itinéraire
Sur le N2, à l’entrée du bourg de SaintPierre en direction de Saint-Pierre, juste
avant un petit tunnel routier.
Description du site
Les falaises de l’Anse Turin exposent une
coupe dans des dépôts pyroclastiques de
deux origines différentes (Pitons du
Carbet et Montagne Pelée). On note une
succession
de
dépôts
retombées
pliniennes et de d’écoulements ponceux
des Pitons du Carbet, surmontées de
retombées ponceuses de la Montagne
1et2
Pelée.
Plus au sud, des dépôts de la fin d’activité
des Pitons du Carbet s’intercalent avec les
1
dépôts pliniens de la Montagne Pelée
témoignant d’une activité volcanique
contemporaine.
Mais ce qui fait l’originalité de cet
affleurement
c’est
la
multitude
constellation de cavités cylindriques d’une
dizaine de centimètres de diamètre et
profonds parfois de plusieurs mètres de
profondeur, dont l’origine n’a cette fois-ci
rien de géologique. Il s’agit de d’impact,
de boulets de canon. Certains de ces
projectiles sont d’ailleurs toujours visibles
au fond des cavités dans le tiers supérieur
de la falaise. Elles sont les traces d’une
attaque anglaise nocturne qui visait SaintPierre à la fin du XVIIIème siècle. Les
pierrotins alertés à l’avance de l’attaque
mirent des lanternes au pied de la falaise
de l’Anse Turin et firent l’obscurité totale
chez eux pour leurrer leur ennemi. Celuici régla en effet son tir sur cette mauvaise
2 et 3
cible.
Empreintes de boulets de canon
Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides géologiques
régionaux, Éditions Masson, p. 55.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
2
Westercamp D. et Traineau H., 1993, Notice explicative simplifiée de la carte géologique géologique de la
Montagne Pelée à 1/20 000, Éditions BRGM, p. 108.
3
Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R., Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, collection guides
savants, Éditions Belin et BRGM, p. 96.
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
16 - Les falaises de Bellefontaine
La falaise de Bellefontaine
Situation géographique et itinéraire
À l’ouest des Pitons du Carbet, la falaise
de Bellefontaine offre une coupe dans
des dépôts attribués aux effondrements
sectoriels de ces édifices volcaniques.
Pour s’y rendre, en sortant de Fort-deFrance,
suivre la N2 direction
Bellefontaine, dépasser la centrale
thermique,
puis
le
cimetière.
L’affleurement se trouve du côté droit de
la route juste avant l’entrée du bourg.
La base de la falaise est constituée d’une
brèche très hétérogène à matrice sablosilteuse contenant des blocs de taille
décimètrique à métrique. Ces dépôts
remplissent une vaste morphologie en
creux.
Ces dépôts sont recouverts dans la zone
sud de la falaise, de coulées de ponces
soudées, riches en enclaves arrachées au
substratum. Dans la zone nord, c’est une
brèche de nuées ardentes qui recouvre
sur une épaisseur de 15 à 20 m les
avalanches de débris. Sur cette brèche,
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
En
haut
de
cette
séquence
stratigraphique, d’épais dépôts de lahars
se sont mis en place dans une dépression
creusée par érosion dans les formations
précédentes, ces dépôts coiffent la
falaise de manière indifférenciée au sud
comme au nord.4
Ce type de dépôt mêlant brèches de
lahars et nués ardentes est observable
sur une grande partie du linéaire routier
entre Schœlcher et le Carbet.
Les vestiges les plus spectaculaires de ces
effondrements sont des mégablocs, qui
ont
glissé
sans
se
fragmenter. Particulièrement au nord de
la falaise, certains mégablocs ont pris
une teinte jaunâtre, ocre ou rougeâtre à
la suite d’une altération par des
fumerolles et des fluides hydrothermaux
dans la zone centrale du volcan avant les
effondrements.
Description du site
Les falaises au Sud du bourg de
Bellefontaine atteignent 80 m de
hauteur 3. Les dépôts pyroclastiques
s’intercalent
entre
les
brèsches
grossières de coulées de boue et de
débris, ce qui suggère qu’une partie,
peut-être importante, de ces faciès
bréchiques grossiers puisse résulter
d’éruptions
associées
à
des
effondrements de flanc de volcan, de
type Mont Saint-Helens 1980.3
des cendres et des retombées de ponces
se sont empilées sur 2 à 4 m d’épaisseur.
Éboulement du 17 octobre 1991

D’après l’âge des laves qui encadrent ces
dépôts, les effondrements ont eu lieu
entre 770 000 et 337 000 ans. Ces
épisodes sont souvent suivis d’une
intense activité volcanique1.
Dans les éboulis au pied de la falaise, on
observe des moules externes de
végétaux non carbonisés, attestant d’une
mise en place à froid.2
Notons que cette falaise a été affectée
par un éboulement important en 1991.
Les éboulis ont ensuite servi à constituer
un remblai maritime pour éloigner le
tracé routier du pied de la falaise.
1
Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer,
collection guides savants, Éditions Belin et BRG, p. .97.
2
Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection
Guides géologiques régionaux, Éditions Masson, p. 55.
3
Westercamp D., Andreieff P., Bouysse P., Cottez S. et Battistini R., 1989 – Notice explicative de la
carte géologique à 1/50000 de la Martinique, Éditions BRGM, p. 107.
4
Landry. J, Rançon J-Ph., Filis G. et Riondy G., 1991, Éboulement du 17 octobre 1991 de la falaise de
Bellefontaine : Etude géologique diagnostique de la falaise : définition et évolution des phénomènes
d’instabilités et recommandations, Rapport BRGM R-33745-4S 91.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
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GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
17 - Les pillow-lavas de la Pointe Faula
Affleurement de pillow-lavas de la Pointe-Faula
Situation géographique et itinéraire
Au sud-est de l’île, affleure une coulée de
lave sous-marine débitée en coussins
(pillow lavas étant le terme le plus
souvent utilisé par les volcanologues),
qu’il est rare d’observer en surface. Pour
y accéder, gagner le bourg du Vauclin
puis suivre le front de mer en direction
de la Pointe Faula. À l’extrémité sud de la
plage (à droite lorsque l’on est face à la
mer), longer le rivage les pieds dans l’eau
sur une bonne centaine de mètres avant
d’arriver sur l’affleurement. 1
Description du site
Ces figures de mise en place
caractérisent un épanchement sousmarin. Il s’agit ici, en effet, d’un témoin
du dernier stade d’édification de la
chaine volcanique sous-marine du
Vauclin–Pitault il y a 10 Ma.
permis au pillow-lavas de « rouler ».
Aussi, sous l’effet du refroidissement
brutal, la lave s’est rétractée, sa surface
s’est courbée, puis éclatée et éparpillée,
formant
alors
une
brèche
de
hyaloclatites (fragments de lave vitrifiés).
Alors protégée par une gaine de
hyaloclastites, la coulée refroidit plus
lentement et se débite en petits prismes
polygonaux créant un pavage aussi
appelé structure en «peau d’éléphant». 2
L’affleurement présente une coupe
perpendiculaire à la coulée et offre par
conséquent des coupes transversales des
pillow-lavas. 1
Les coussins ont un diamètre de 40 à 70
cm.
On y observe une prismation
radiale. En conséquence de l’effet de
trempe entre l’eau et le magma, la
bordure des pillow-lavas est vitrifiée et
craquelée. Certains forment des tubes de
plus d’un mètre de longueur dont
l’inclinaison
indique
le
sens
d’écoulement.
Attention à ne pas confondre les
laves en coussin ou pillow-lavas avec
les figures d’altération des roches
volcaniques en boules aussi appelées
« pelures d’oignons » qui résultent
d’un
processus
d’altération
météoritique fréquent en Martinique
(cf. fiche 32).
Une autre coulée de lave sous-marine
datée à environ 13 Ma (début de
l’activité du complexe de Rivière Pilote)
est identifiée au niveau au niveau de
l’habitation Grand-Fond, au Marin. Cette
coulée s’est mise en place dans un
contexte où la pente faible n’a pas
1
Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et
Villeneuve N., 2007, Guides des volcans
d’Outre-mer, Collection guides savants,
Éditions Belin et BRGM, p. 12.
2
Tube de lave
Coupe longitudinale d’un pillow lava
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
Parc naturel régional de la Martinique, 1981,
Guide des circuits géologiques de la
Martinique, Collection « Les guides du parc »,
p.43-43.
.
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
18 - Les hyaloclastites et les minéraux hydrothermaux de la Savane des
Pétrifications
5
1
2
3
4
6
Vue aérienne de Trou Sardines et des « Bad Land »
Situation géographique et itinéraire
La Savane des Pétrifications se situe à
l’extrême sud de la Martinique.
Emprunter la D9 vers Sainte-Anne et la
Plage des Salines. Prendre ensuite le
chemin à gauche jusqu’à l’Anse l’Écluse
et suivre le sentier de la « trace des
caps » (balisage bleu/blanc) sur 1 km
pour arriver à
la Savane des
Pétrifications. Ce site offre une coupe
naturelle du cœur d’un volcan effusif
basaltique dont le Morne des
Pétrifications et la Pointe des Salines sont
1
les vestiges de la partie aérienne. Les
curiosités géologiques de la presqu’île de
Sainte-Anne, dans son ensemble sont
nombreuses et bien visibles grâce au
climat aride qui y règne et qui permet, de
par la quasi absence de couverture
pédologique, l’observation en surface des
objets géologiques.
Description du site
La Savane des Pétrifications est une zone
dénudée qui s’étend sur un kilomètre de
longueur, entre deux plages de sable
calcaire bio-détritique.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
Elle constitue avec la Presqu’île de la
Caravelle, le témoin le plus ancien de la
formation géologique de l’île de la
Martinique.²
Les formations géologiques sont des
hyaloclastites, des coulées de laves,
parfois
recouvertes
de
roches
carbonatées.
Les conduits d’accès du magma
basaltique vers la surface sont marqués
par des essaims d’intrusions filoniennes
(dykes et sills) qui recoupent selon
plusieurs directions un substratum
constitué de tufs pyroclastiques et de
brèches andésitiques.
Dykes et sills de composition basaltique à
andésitique, ont alimenté les coulées de
lave épaisses qui coiffent le Morne des
Pétrifications et les autres reliefs situés
au Nord de l’Etang des Salines.
À l’Anse à Prune, à proximité de la
Petite Saline (1) affleure un niveau de
hyaloclastites surmonté d’une coulée
lave massive. Les hyaloclastites sont
rubéfiées
sous
l’effet
du
métamorphisme thermique de la
coulée de lave.
3
Coulée prismée
Coulée autobréchique
À l‘Anse l’Écluse (2) des hyaloclastites
palagonitisées de couleur orangée sont
rubéfiées au contact d’une coulée de
lave qui les drape. Les deux formations
sont
recoupées par un dyke
andésitique d’épaisseur métrique.
Il s’agit d’un calcaire bioclastique et
madréporique contenant parfois des
éléments volcanoclastiques.
Ces
niveaux carbonatés présentent des
figures d’érosion appelées lapiaz selon
Toujours à l‘Anse l’Écluse (3) affleure la terminologie géologique, calcaire à
une coulée autobrèchifiée surmontée « ravets », ou encore « calcaire à
d’une petite coulée de lave prismée.
mouettes » .
Au fond de L’Anse Braham (4), une
falaise côtière expose un dyke
basaltique dont le contact avec
l’encaissant apparait brèchifié et
rubéfié. Le dyke se débite en prismes
étroits verticaux (figures de flux de
refroidissement) et subhorizontaux,
perpendiculaires aux épontes.
Signalons qu’au nord de la presqu’île de
Sainte-Anne, à Trou Cadia, un dyke de
largeur décamétrique recoupe des
hyaloclastites et forme, par effet
d’érosion différentielle, un ressaut
topographique dans le paysage.
Plus au nord, la Pointe Macré présente
une figure d’érosion originale, en forme
de cœur, conséquence de l’érosion le
long des discontinuités de flux de la lave
et
d’un
réseau
de
fractures
perpendiculaires.
Plus au nord, en direction de l’Anse
Trabaud (5), apparait une morphologie
plus chahutée, découpée par un réseau
de fissures. Cet ensemble volcanique
résulte de l’érosion de cinérites
Là encore, la géologie peut représenter
(cendres consolidées).
des figures romantiques...
L’Îlet Cabrits et la Table du Diable, de
même que la pointe est de l’Anse
Braham sont des dalles calcaire d’âge
miocène coiffant un substratum
volcanique.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
Les minéraux hydrothermaux de la Savane des Pétrifications
Initialement, c’est surtout pour ses
fragments de troncs d’arbre silicifiés,
aujourd’hui devenus très rares en raison
de leur pillage au fil des années, que la
Savane des Pétrifications retenait
l’attention.
De nombreux vestiges d’une végétation
arborée ancienne se trouvaient, en effet,
enfouis en abondance dans le sous-sol de
cette zone. Leur matière ligneuse a été
progressivement silicifiée par d’intenses
circulations
hydrothermales
accompagnant l’activité volcanique de
l’époque.
Tout un cortège de minéraux d’origine
hydrothermale (quartz, zéolites, jaspe,
calcédoine, calcite…) est également
présent au sein d’un réseau de fissures,
de même que dans les pores de la roche
mère et les fractures de flux et de
refroidissement des coulées de lave et
des intrusions magmatiques filoniennes
(dykes et sills).
1
Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, Collection guides savants,
Éditions Belin et BRGM, p. 126-127.
2
Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, Collection Guides géologiques
régionaux, Éditions Masson, p. 86.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
.
PATRIMOINE
GÉOLOGIQUE
NATIONAL
DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE
19 - Les brèches et coulées de lave de la Pointe de la Presqu’île
de la Caravelle
Situation géographique et itinéraire
Description du site
Située sur la côte Atlantique, sur la
commune de Trinité, la Presqu’île de la
Caravelle correspond avec celle de Sainte
Anne aux plus anciennes terres émergées
de la Martinique, mises en place il y a
plus de 25 Ma. Les formations qui les
constituent
sont
nommées
« complexe de base », en référence à
leur position stratigraphique par rapport
aux formations plus récentes. Le sentier
qui parcourt l’extrémité de la Presqu’île
de la Caravelle permet de remonter
chronologiquement les premiers stades
d’édification de l’île. Pour s’y rendre,
traverser le bourg de Tartane et suivre la
RD2 sur plus de 2 km. Au carrefour de
l’Anse Bonneville emprunter le chemin
partant à droite sur près de 1 km. Laisser
son
véhicule
au
niveau
de
l’embranchement qui conduit au Château
Dubuc. Enfin, une marche d’approche
d’environ 1 h mène à la pointe de la
station météorologique.
La partie inférieure du complexe de base
est
constituée d’une succession de
brèches hyaloclastitiques, de brèches à
blocs d’andésite ou basaltique anguleux
ou arrondis et de niveaux de lapillis
jaunâtres argilisés. Cette série est coiffée
En bordure du sentier, on peut observer
1
d’une lave autobrèchique plus claire.
un kern (amoncellement de pierres,
Au pied de la station météo, affleurent
d’origine anthropique) reposant sur un
des niveaux de hyaloclastites en partie
petit niveau d’épaisseur constante de
basse surmontés de dépôts cendreux
cendres fines indurées et peu altérées
Pointe de la station Météorologique
biseautés attribués à des déferlantes
correspondant à des retombées
pyroclastiques.
aériennes.
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
Cet ensemble mis en place sous l’eau est
incliné d’une dizaine de degrés vers l’est
et a été recoupé suite à son émersion par
de nombreuses failles E-O et N-S qui
abritent parfois en leur sein des jaspes
rouges d’origine hydrothermale. Des
bombes volcaniques, moins sensibles à
l’érosion, ressortent nettement de ces
niveaux.
Kern sur niveau de cendres indurées
Le sentier qui mène de la station
météorologique à l’Anse Chandelier
traverse une brèche conglomératique
indurée verdâtre, riche en boules de
grès et en bois silicifiés, se présentant en
bancs d’épaisseur plurimétrique, inclinés
vers l’est. Ces niveaux sont les premiers
témoins de l’émersion de la Martinique.
Au niveau de la pointe située au nord de
l’Anse Chandelier, deux
fissures
perpendiculaires ont été comblées par
une même injection de lave donnant
naissance à un exceptionnel dyke coudé.
Le dyke a mieux résisté à l’érosion que
son encaissant brèchique. Il apparait
alors en ressaut topographique.
nombreux débris d’organismes calcaires
(en creux dans la falaise) et des bancs
massifs grisâtres mêlant récifs coralliens
(principalement des madrépores) et
algues encroûtantes (en ressaut bien
marqué).
À l’ouest de l’anse Bois Vert, ce calcaire
est affecté par des phénomènes
hydrothermaux.
On
note
plus
particulièrement des imprégnations
d’hématite et la présence de blocs de
jaspe de couleur beige à marron. Au sud
de l’anse Bois Vert, de la barytine
d’origine hydrothermale s’est formée
sous des bancs calcaires (gisement
stratiforme). Elle se présente sous forme
crêtée caractéristique, ou sous forme de
cristaux tabulaires imbriqués les uns dans
1
les autres.
Lave prismée « en gerbe » de la
Pointe Caracoli
La montée sur la pointe Caracoli
s’effectue sur une coulée d’andésite peu
altérée qui repose sur les calcaires
récifaux. Au sommet de la pointe, on
observe un conduit magmatique
d’alimentation vertical exposant une
remarquable prismation « en gerbe ».
Les fragments de jaspes rouges, jaunes,
marrons, même noirs sont nombreux au
2et3
sommet de la pointe Caracoli.
La Pointe de la presqu’île est occupée par
une réserve naturelle. La végétation
littorale est constituée de poiriers et de
raisiniers rabougris et penchés par
l’action du vent et des embruns
(végétation
anémomorphique).
À
l’intérieur des terres, on observe
davantage des courbarils, des gommiers
rouges et des fromagers. La réserve
naturelle
abrite
également
de
nombreuses espèces d’oiseaux dont le
Moqueur
gorge-blanche,
espèce
endémique de la presqu’île et de Sainte
Lucie.
Dyke en coude
La partie sommitale de l’Anse Chandelier
est flanquée d’une série de calcaires
d’âge aquitanien (-23 Ma). Ils reposent
en légère discordance angulaire (visible
sur la pointe sud de l’anse chandelier) sur
les conglomérats verdâtres.
Au sein de cette série sédimentaire,
alternent des niveaux jaunâtres lités et
peu résistants à l’érosion contenant de
Une autre curiosité géologique est la
ligne de « sources fossiles » visible au sud
de l’Anse Bois Vert. Des concrétions
calcaires sous forme de stalactites
témoignent d’anciennes circulations
d’eau souterraine au sein d’un système
karstique.
1
Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides
géologiques régionaux, Éditions Masson, p.72 et 73.
2
Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, collection guides
savants, Éditions Belin et BRGM, p .99 à 101.
3
Allard-Saint-Albin A., 2002, Géologie régionale Martinique…, Collection Bouquets d’îles entre Mer et Océan,
Éditions Desormeaux.
4
Parc naturel régional de la Martinique, 1970, Guide des circuits géologiques de la Martinique, Collection « Les
guides du Parc ».
BRGM/RP-61443-FR – Rapport final
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