PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 10 - Les dépôts d'écoulements pyroclastiques de la vallée de la Rivière Blanche (carrière Gouyer) Carrière Gouyer Situation géographique et itinéraire Au nord-ouest de l’île, traverser le bourg du St-Pierre en direction de la commune du Prêcheur, passer au-dessus de la Rivière Sèche et tourner à droite après le Gué. L’entrée de la carrière se situe à 200 m. Rappelons qu’il s’agit d’une propriété privée, son accès est soumis à l’autorisation du propriétaire. d’autant moins que les passages latéraux de faciès et les discordances par ravinement sont fréquents. En février 2012, Le front de taille exposait des formations cendreuses, claires, sur près de 50 m de hauteur. On distinguait une succession d’une dizaine de coulées pyroclastiques, marquée par une stratification frustre. Description du site La carrière Gouyer en activité, exploite les formations géologiques issues des éruptions historiques de la Montagne Pelée (dépôts de la Rivière Blanche) pour extraire des sables et des granulats. L’aspect du site de cette carrière étant évolutif en raison de l’exploitation, il n’est pas possible de proposer des coupes précises d’affleurements, BRGM/RP-61443-FR – Rapport final Le granoclassement est inverse et indique qu’il s’agit d’un dépôt de nuée ardente où les blocs grossiers « surnagent » au-dessus des éléments plus fins. Au sommet du front de taille on identifie, un niveau gris plus foncé, de granulométrie plus fine et homogène. Ces dépôts correspondent au souffle cendro-caillouteux dirigé, latéralement qui a précède l’arrivée de d’écoulement pyroclastique. Il s’agit d’un premier dépôt mis en place lors de l’explosion, appelé « blast ». La présence d’un bidon métallique piégé dans les dépôts des nuées ardentes supérieures confirme qu’elles sont liées aux dernières éruptions de 1902 ou de 1929. Succession de dépôt de nuées ardentes Dépôt de blast Bidon métallique pris dans les dépôts écoulement pyroclastique BRGM/RP-61443-FR – Rapport final PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 11- Les dépôts pliniens de la Montagne Pelée (berges de la rivière du Prêcheur) La Montagne Pelée connait une alternance irrégulière de dynamismes éruptifs peléen et plinien. Lors d’une éruption plinienne, le dégazage du magma se produit avant que celui-ci n’atteigne la surface. Le magma prend alors l’aspect d’une « mousse » très instable. Au moment de l’éruption, les gaz expulsés entrainent avec eux des cendres et des fragments de lave bulleuse (ponces), sous la forme d’une colonne éruptive pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilomètres de hauteur. Les volumes dégagés sont colossaux. Puis, la précipitation du panache volcanique nappe les alentours du volcan sous plusieurs mètres de dépôts de ponces. Situation géographique et itinéraire La vallée de la Rivière du Prêcheur, située sur le flanc ouest de la Montagne Pelée, incise profondément d’épaisses séries de dépôts pliniens. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final Retombées d’éruption pliniennes Pour y accéder en venant de Saint-Pierre, prendre la route à droite juste avant le pont de la rivière du Prêcheur, suivre cette voie sur près d’1 km jusqu’à un virage marqué à droite. À la sortie de celui-ci se trouve un ancien front de taille qui permet d’observer dans de bonnes conditions des dépôts pliniens de la Montagne Pelée. Description du site Trois unités se distinguent par leur différence de couleur. La formation supérieure de teinte claire, est essentiellement constituée de ponces* scoriacées* juvéniles*. Celles-ci sont de forme arrondies en conséquence de l’abrasion mécanique au sein du panache éruptif. Les bancs sont dépaisseur métriques et correspondent pour chacun d’eux à une salve explosive. On note aussi la présence de fragments lithiques provenant de formations encaissantes oxydées au sein du nuage éruptif constitué aussi de gaz magmatiques et de vapeur d’eau. Ces dépôts correspondent à l’éruption plinienne P1 datée aux alentours de 650 ans BP1. Le niveau sous-jacent est de teinte marron à ocre parce qu’altéré et contenant des éléments organiques. Il s’agit d’un ancien sol (paléosol) qui remanie des fragments ponceux. Les épisodes d’éruption plinienne de la Montagne Pelée peuvent être liés à la décompression soudaine provoquée par les effondrements sectoriels de la Montagne Pelée. Le niveau basal de l’affleurement présente des blocs de lave de nature variée, plutôt arrondis. Il s’agit d’une brêche de remaniement fluviatile. De par les volumes de matériaux projetés, ces éruptions sont les plus dévastatrices. On leur attribue la disparition des peuplements Arawaks dans le Nord de la Martinique de la Martinique.2 Sur la rive droite de la rivière, les dépôts pliniens s’amoncellent sur une dizaine de mètres et sont entrecoupés de niveaux plus grossiers. Ces derniers correspondent possiblement à des dépôts de nuées ardentes basales liées à l’effondrement du panache de cendres et de ponces. Rive droite de la Rivière du Prêcheur au point d'observation 1 Traineau H. et Westercamp D., 1985 rapport BRGM 85 SGN 471 IRG. Les éruptions ponceuses récentes de la montagne Pelée (Martinique), ² Berard B., Vernet G, Kieffer G. et Raynal J-P., 2001 Les éruptions de la Montagne Pelée et le premier peuplement de la Martinique. Le dossier de l’Archéo-Logis n°2. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 12 - Le cône strombolien de l’Îlet à Ramiers L’Îlet à Ramiers 4 Situation géographique et itinéraire L’Ilet à Ramiers est situé à 1.5 km à l’ouest de l’Anse à l’Âne, le long de la côte nord-ouest de la presqu’île des Trois-îlets. Son accès y est interdit. Description du site L’îlot mesure 200 m de diamètre pour 39 m de hauteur, sa superficie est de 3 ha. Il s’agit d’un petit cône strombolien récent de 400 000 ans, fait d’une alternance de retombées de scories rougeâtres et de coulées de lave massive.2 La lave est un basalte1 et 3 fortement magnésien, très riche en olivines à inclusions de spinelles. Cet appareil volcanique pourrait jalonner un accident tectonique de direction NESO, comme l’ensemble des coulées du Morne La Plaine dont il est proche sur le plan magmatologique.1 L’îlet tire son nom des colonies de pigeons ramiers qui y nichaient autrefois1. Sa position aux portes de la baie de Fortde-France en a fait à l’époque des guerres coloniales, un site stratégique. Ainsi, un fort militaire s’est construit dans le cratère de cet édifice. Par ailleurs, Les restrictions d’accès à cet ilot ont permis la conservation d’essences végétales rares. À ce titre, un arrêté de protection de biotope porte sur l’Îlet à Ramiers depuis 2005. Neuf iguanes des Petites Antilles issus de l'îlet Chancel ont été introduits sur l’îlet à Ramiers en juillet 2006 afin d’y constituer une nouvelle population. L’île appartient au Conservatoire du littoral de la Martinique. 1 Westercamp D., Andreieff P., Bouysse P., Cottez S. et Battistini R., 1989 – Notice explicative de la carte géologique à 1/50000 de la Martinique, Éditions BRGM, p. 104. 2 Allard-Saint-Albin A., 2002 – Géologie régionale Martinique…, collection Bouquets d’îles entre Mer et Océan, Éditions Desormeaux, p. 45. 3 Labanieh S., Chauvel C., Germa A., Quidelleur X. and Lewin E., 2010 – Isotopic hyperbolas constrain sources and processes under the Lesser Antilles arc, Earth and Planetary Science Letters 298 (2010) pp. 35–46. 4 Photographie : www.marinas.com BRGM/RP-61443-FR – Rapport final . PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 13 - Les bombes volcaniques de la Montagne Pelée (Grande Savane) La poussée interne fais se craqueler la bordure vitrifiée et écarte les fissures. Le cœur de la bombe est donc vésiculé*. Ce type de projection volcanique est caractéristique des magmas visqueux riches en gaz classiques dans les volcanismes d’arc insulaire. Ces projections au cours de leur trajectoire aérienne peuvent prendre des formes oblongues. On parle alors de bombes en fuseaux. Situation géographique et itinéraire Ces bombes sont de tailles variables (de 10 cm à plusieurs mètres de diamètre). Les plus petites sont parfois projetées à plusieurs kilomètres du cratère. Les bombes volcaniques sont fréquentes sur les flancs de la Montagne Pelée. La Grande-Savane, au nord-ouest de ce volcan, est une zone où ces retombées balistiques sont nombreuses. Avant d’arriver au bourg du Prêcheur, une petite route bifurque à droite vers la Grande Savane. Monter aussi haut que possible en voiture. Un sentier de randonnée permet ensuite de rejoindre le sommet. 1 Ainsi, récemment (février 2012) un bloc de lave arrondi d’environ 2 mètres de diamètre à la surface craquelée et à la prismation radiale a été identifié sous l’eau au sud de la Pointe la Mare. Il s’agit vraisemblablement d’une bombe volcanique même s’il est rare d’observer des projections de cette taille à une telle distance du cratère (6km). Il est aussi possible que ce bloc ait été charrié par un cours d’eau au débit torrentiel. Description du site Affleurent en bordure du chemin ou dans les champs environnants, des bombes volcaniques craquelées, également appelée « bombes en croûte de pain ». Elles proviennent ici d’une éruption peléenne datée à 4000 ans BP. Il s’agit de fragments de laves projetées selon une trajectoire parabolique. Au contact de l’air, la surface du magma se fige, se vitrifie. Au cœur, dans une « pate » qui n’est pas encore solidifiée, les gaz, dans des conditions de pression moins importantes, se dilatent. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final Bombe volcanique en croûte de pain de Grande Savane 1 Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides géologiques régionaux, Éditions Masson, p. 40. 2 Vittecoq B., Gutierrez A. Avec la collaboration de G. Braibant, 2012. Compléments d’exploration géothermique de la Martinique – Volet « hydrogéologie ». Rapport intermédiaire. Rapport BRGM/RP-61406FR. Bombe volcanique de plusieurs m3 à la Pointe la Mare 2 . PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 14-Les brèches pyroclastiques soudées du Tombeau des Caraïbes Tombeau des Caraïbes ou Coffre à mort Situation géographique et itinéraire Le Tombeau des Caraïbes se trouve à 5 km au nord-ouest de Saint-Pierre en bordure de la RD10. Son accès se fait à pied par l’entrée nord de la carrière de Fonds Canonville qui l’encercle. Description du site Le Tombeau des Caraïbes ou Coffre à mort serait une butte témoin des premières éruptions de la Montagne Pelée (édifice ancien). Il est constitué de coulées pyroclastiques, soudées par une température de mise place élevée, grossièrement prismées, caractérisées pas des blocs décimétriques à métriques 2 fréquemment arrondis . L’origine de ces dépôts pourrait être une éruption de type ignimbritique* liée à l’effondrement de chambre magmatique. Ces matériaux ont possiblement glissé lors d’un premier effondrement de flanc, il y a 100 000 ans.3 La légende dit que, pourchassés par des colons qui voulaient les réduire en esclavage, les derniers Indiens Caraïbes se seraient réfugiés au sommet d’une falaise haute et abrupte située au nord de l’actuel Saint-Pierre, de laquelle ils se seraient finalement précipités dans le vide après s’être crevé les yeux. C’est pourquoi cet escarpement bien visible de loin a pris les noms de «coffre à morts» ou de «Tombeau des 1 Caraïbes ». Ce site est localisé dans une aire propriété du Conservatoire du Littoral. 1 Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, collection guides savants, Éditions Belin et BRGM. p. 101. 2 Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides géologiques régionaux, Éditions Masson. p. 40. 3 Comm. pers. de M. Allard Saint Albin Alex sur la piste des sources chaudes : un circuit pédagogique et touristique. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final . PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 15 - Les dépôts pyroclastiques de l'Anse Turin La Falaise de L’Anse Turin Situation géographique et itinéraire Sur le N2, à l’entrée du bourg de SaintPierre en direction de Saint-Pierre, juste avant un petit tunnel routier. Description du site Les falaises de l’Anse Turin exposent une coupe dans des dépôts pyroclastiques de deux origines différentes (Pitons du Carbet et Montagne Pelée). On note une succession de dépôts retombées pliniennes et de d’écoulements ponceux des Pitons du Carbet, surmontées de retombées ponceuses de la Montagne 1et2 Pelée. Plus au sud, des dépôts de la fin d’activité des Pitons du Carbet s’intercalent avec les 1 dépôts pliniens de la Montagne Pelée témoignant d’une activité volcanique contemporaine. Mais ce qui fait l’originalité de cet affleurement c’est la multitude constellation de cavités cylindriques d’une dizaine de centimètres de diamètre et profonds parfois de plusieurs mètres de profondeur, dont l’origine n’a cette fois-ci rien de géologique. Il s’agit de d’impact, de boulets de canon. Certains de ces projectiles sont d’ailleurs toujours visibles au fond des cavités dans le tiers supérieur de la falaise. Elles sont les traces d’une attaque anglaise nocturne qui visait SaintPierre à la fin du XVIIIème siècle. Les pierrotins alertés à l’avance de l’attaque mirent des lanternes au pied de la falaise de l’Anse Turin et firent l’obscurité totale chez eux pour leurrer leur ennemi. Celuici régla en effet son tir sur cette mauvaise 2 et 3 cible. Empreintes de boulets de canon Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides géologiques régionaux, Éditions Masson, p. 55. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final 2 Westercamp D. et Traineau H., 1993, Notice explicative simplifiée de la carte géologique géologique de la Montagne Pelée à 1/20 000, Éditions BRGM, p. 108. 3 Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R., Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, collection guides savants, Éditions Belin et BRGM, p. 96. PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 16 - Les falaises de Bellefontaine La falaise de Bellefontaine Situation géographique et itinéraire À l’ouest des Pitons du Carbet, la falaise de Bellefontaine offre une coupe dans des dépôts attribués aux effondrements sectoriels de ces édifices volcaniques. Pour s’y rendre, en sortant de Fort-deFrance, suivre la N2 direction Bellefontaine, dépasser la centrale thermique, puis le cimetière. L’affleurement se trouve du côté droit de la route juste avant l’entrée du bourg. La base de la falaise est constituée d’une brèche très hétérogène à matrice sablosilteuse contenant des blocs de taille décimètrique à métrique. Ces dépôts remplissent une vaste morphologie en creux. Ces dépôts sont recouverts dans la zone sud de la falaise, de coulées de ponces soudées, riches en enclaves arrachées au substratum. Dans la zone nord, c’est une brèche de nuées ardentes qui recouvre sur une épaisseur de 15 à 20 m les avalanches de débris. Sur cette brèche, BRGM/RP-61443-FR – Rapport final En haut de cette séquence stratigraphique, d’épais dépôts de lahars se sont mis en place dans une dépression creusée par érosion dans les formations précédentes, ces dépôts coiffent la falaise de manière indifférenciée au sud comme au nord.4 Ce type de dépôt mêlant brèches de lahars et nués ardentes est observable sur une grande partie du linéaire routier entre Schœlcher et le Carbet. Les vestiges les plus spectaculaires de ces effondrements sont des mégablocs, qui ont glissé sans se fragmenter. Particulièrement au nord de la falaise, certains mégablocs ont pris une teinte jaunâtre, ocre ou rougeâtre à la suite d’une altération par des fumerolles et des fluides hydrothermaux dans la zone centrale du volcan avant les effondrements. Description du site Les falaises au Sud du bourg de Bellefontaine atteignent 80 m de hauteur 3. Les dépôts pyroclastiques s’intercalent entre les brèsches grossières de coulées de boue et de débris, ce qui suggère qu’une partie, peut-être importante, de ces faciès bréchiques grossiers puisse résulter d’éruptions associées à des effondrements de flanc de volcan, de type Mont Saint-Helens 1980.3 des cendres et des retombées de ponces se sont empilées sur 2 à 4 m d’épaisseur. Éboulement du 17 octobre 1991 D’après l’âge des laves qui encadrent ces dépôts, les effondrements ont eu lieu entre 770 000 et 337 000 ans. Ces épisodes sont souvent suivis d’une intense activité volcanique1. Dans les éboulis au pied de la falaise, on observe des moules externes de végétaux non carbonisés, attestant d’une mise en place à froid.2 Notons que cette falaise a été affectée par un éboulement important en 1991. Les éboulis ont ensuite servi à constituer un remblai maritime pour éloigner le tracé routier du pied de la falaise. 1 Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, collection guides savants, Éditions Belin et BRG, p. .97. 2 Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides géologiques régionaux, Éditions Masson, p. 55. 3 Westercamp D., Andreieff P., Bouysse P., Cottez S. et Battistini R., 1989 – Notice explicative de la carte géologique à 1/50000 de la Martinique, Éditions BRGM, p. 107. 4 Landry. J, Rançon J-Ph., Filis G. et Riondy G., 1991, Éboulement du 17 octobre 1991 de la falaise de Bellefontaine : Etude géologique diagnostique de la falaise : définition et évolution des phénomènes d’instabilités et recommandations, Rapport BRGM R-33745-4S 91. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 17 - Les pillow-lavas de la Pointe Faula Affleurement de pillow-lavas de la Pointe-Faula Situation géographique et itinéraire Au sud-est de l’île, affleure une coulée de lave sous-marine débitée en coussins (pillow lavas étant le terme le plus souvent utilisé par les volcanologues), qu’il est rare d’observer en surface. Pour y accéder, gagner le bourg du Vauclin puis suivre le front de mer en direction de la Pointe Faula. À l’extrémité sud de la plage (à droite lorsque l’on est face à la mer), longer le rivage les pieds dans l’eau sur une bonne centaine de mètres avant d’arriver sur l’affleurement. 1 Description du site Ces figures de mise en place caractérisent un épanchement sousmarin. Il s’agit ici, en effet, d’un témoin du dernier stade d’édification de la chaine volcanique sous-marine du Vauclin–Pitault il y a 10 Ma. permis au pillow-lavas de « rouler ». Aussi, sous l’effet du refroidissement brutal, la lave s’est rétractée, sa surface s’est courbée, puis éclatée et éparpillée, formant alors une brèche de hyaloclatites (fragments de lave vitrifiés). Alors protégée par une gaine de hyaloclastites, la coulée refroidit plus lentement et se débite en petits prismes polygonaux créant un pavage aussi appelé structure en «peau d’éléphant». 2 L’affleurement présente une coupe perpendiculaire à la coulée et offre par conséquent des coupes transversales des pillow-lavas. 1 Les coussins ont un diamètre de 40 à 70 cm. On y observe une prismation radiale. En conséquence de l’effet de trempe entre l’eau et le magma, la bordure des pillow-lavas est vitrifiée et craquelée. Certains forment des tubes de plus d’un mètre de longueur dont l’inclinaison indique le sens d’écoulement. Attention à ne pas confondre les laves en coussin ou pillow-lavas avec les figures d’altération des roches volcaniques en boules aussi appelées « pelures d’oignons » qui résultent d’un processus d’altération météoritique fréquent en Martinique (cf. fiche 32). Une autre coulée de lave sous-marine datée à environ 13 Ma (début de l’activité du complexe de Rivière Pilote) est identifiée au niveau au niveau de l’habitation Grand-Fond, au Marin. Cette coulée s’est mise en place dans un contexte où la pente faible n’a pas 1 Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, Collection guides savants, Éditions Belin et BRGM, p. 12. 2 Tube de lave Coupe longitudinale d’un pillow lava BRGM/RP-61443-FR – Rapport final Parc naturel régional de la Martinique, 1981, Guide des circuits géologiques de la Martinique, Collection « Les guides du parc », p.43-43. . PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 18 - Les hyaloclastites et les minéraux hydrothermaux de la Savane des Pétrifications 5 1 2 3 4 6 Vue aérienne de Trou Sardines et des « Bad Land » Situation géographique et itinéraire La Savane des Pétrifications se situe à l’extrême sud de la Martinique. Emprunter la D9 vers Sainte-Anne et la Plage des Salines. Prendre ensuite le chemin à gauche jusqu’à l’Anse l’Écluse et suivre le sentier de la « trace des caps » (balisage bleu/blanc) sur 1 km pour arriver à la Savane des Pétrifications. Ce site offre une coupe naturelle du cœur d’un volcan effusif basaltique dont le Morne des Pétrifications et la Pointe des Salines sont 1 les vestiges de la partie aérienne. Les curiosités géologiques de la presqu’île de Sainte-Anne, dans son ensemble sont nombreuses et bien visibles grâce au climat aride qui y règne et qui permet, de par la quasi absence de couverture pédologique, l’observation en surface des objets géologiques. Description du site La Savane des Pétrifications est une zone dénudée qui s’étend sur un kilomètre de longueur, entre deux plages de sable calcaire bio-détritique. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final Elle constitue avec la Presqu’île de la Caravelle, le témoin le plus ancien de la formation géologique de l’île de la Martinique.² Les formations géologiques sont des hyaloclastites, des coulées de laves, parfois recouvertes de roches carbonatées. Les conduits d’accès du magma basaltique vers la surface sont marqués par des essaims d’intrusions filoniennes (dykes et sills) qui recoupent selon plusieurs directions un substratum constitué de tufs pyroclastiques et de brèches andésitiques. Dykes et sills de composition basaltique à andésitique, ont alimenté les coulées de lave épaisses qui coiffent le Morne des Pétrifications et les autres reliefs situés au Nord de l’Etang des Salines. À l’Anse à Prune, à proximité de la Petite Saline (1) affleure un niveau de hyaloclastites surmonté d’une coulée lave massive. Les hyaloclastites sont rubéfiées sous l’effet du métamorphisme thermique de la coulée de lave. 3 Coulée prismée Coulée autobréchique À l‘Anse l’Écluse (2) des hyaloclastites palagonitisées de couleur orangée sont rubéfiées au contact d’une coulée de lave qui les drape. Les deux formations sont recoupées par un dyke andésitique d’épaisseur métrique. Il s’agit d’un calcaire bioclastique et madréporique contenant parfois des éléments volcanoclastiques. Ces niveaux carbonatés présentent des figures d’érosion appelées lapiaz selon Toujours à l‘Anse l’Écluse (3) affleure la terminologie géologique, calcaire à une coulée autobrèchifiée surmontée « ravets », ou encore « calcaire à d’une petite coulée de lave prismée. mouettes » . Au fond de L’Anse Braham (4), une falaise côtière expose un dyke basaltique dont le contact avec l’encaissant apparait brèchifié et rubéfié. Le dyke se débite en prismes étroits verticaux (figures de flux de refroidissement) et subhorizontaux, perpendiculaires aux épontes. Signalons qu’au nord de la presqu’île de Sainte-Anne, à Trou Cadia, un dyke de largeur décamétrique recoupe des hyaloclastites et forme, par effet d’érosion différentielle, un ressaut topographique dans le paysage. Plus au nord, la Pointe Macré présente une figure d’érosion originale, en forme de cœur, conséquence de l’érosion le long des discontinuités de flux de la lave et d’un réseau de fractures perpendiculaires. Plus au nord, en direction de l’Anse Trabaud (5), apparait une morphologie plus chahutée, découpée par un réseau de fissures. Cet ensemble volcanique résulte de l’érosion de cinérites Là encore, la géologie peut représenter (cendres consolidées). des figures romantiques... L’Îlet Cabrits et la Table du Diable, de même que la pointe est de l’Anse Braham sont des dalles calcaire d’âge miocène coiffant un substratum volcanique. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final Les minéraux hydrothermaux de la Savane des Pétrifications Initialement, c’est surtout pour ses fragments de troncs d’arbre silicifiés, aujourd’hui devenus très rares en raison de leur pillage au fil des années, que la Savane des Pétrifications retenait l’attention. De nombreux vestiges d’une végétation arborée ancienne se trouvaient, en effet, enfouis en abondance dans le sous-sol de cette zone. Leur matière ligneuse a été progressivement silicifiée par d’intenses circulations hydrothermales accompagnant l’activité volcanique de l’époque. Tout un cortège de minéraux d’origine hydrothermale (quartz, zéolites, jaspe, calcédoine, calcite…) est également présent au sein d’un réseau de fissures, de même que dans les pores de la roche mère et les fractures de flux et de refroidissement des coulées de lave et des intrusions magmatiques filoniennes (dykes et sills). 1 Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, Collection guides savants, Éditions Belin et BRGM, p. 126-127. 2 Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, Collection Guides géologiques régionaux, Éditions Masson, p. 86. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final . PATRIMOINE GÉOLOGIQUE NATIONAL DÉPARTEMENT DE LA MARTINIQUE 19 - Les brèches et coulées de lave de la Pointe de la Presqu’île de la Caravelle Situation géographique et itinéraire Description du site Située sur la côte Atlantique, sur la commune de Trinité, la Presqu’île de la Caravelle correspond avec celle de Sainte Anne aux plus anciennes terres émergées de la Martinique, mises en place il y a plus de 25 Ma. Les formations qui les constituent sont nommées « complexe de base », en référence à leur position stratigraphique par rapport aux formations plus récentes. Le sentier qui parcourt l’extrémité de la Presqu’île de la Caravelle permet de remonter chronologiquement les premiers stades d’édification de l’île. Pour s’y rendre, traverser le bourg de Tartane et suivre la RD2 sur plus de 2 km. Au carrefour de l’Anse Bonneville emprunter le chemin partant à droite sur près de 1 km. Laisser son véhicule au niveau de l’embranchement qui conduit au Château Dubuc. Enfin, une marche d’approche d’environ 1 h mène à la pointe de la station météorologique. La partie inférieure du complexe de base est constituée d’une succession de brèches hyaloclastitiques, de brèches à blocs d’andésite ou basaltique anguleux ou arrondis et de niveaux de lapillis jaunâtres argilisés. Cette série est coiffée En bordure du sentier, on peut observer 1 d’une lave autobrèchique plus claire. un kern (amoncellement de pierres, Au pied de la station météo, affleurent d’origine anthropique) reposant sur un des niveaux de hyaloclastites en partie petit niveau d’épaisseur constante de basse surmontés de dépôts cendreux cendres fines indurées et peu altérées Pointe de la station Météorologique biseautés attribués à des déferlantes correspondant à des retombées pyroclastiques. aériennes. BRGM/RP-61443-FR – Rapport final Cet ensemble mis en place sous l’eau est incliné d’une dizaine de degrés vers l’est et a été recoupé suite à son émersion par de nombreuses failles E-O et N-S qui abritent parfois en leur sein des jaspes rouges d’origine hydrothermale. Des bombes volcaniques, moins sensibles à l’érosion, ressortent nettement de ces niveaux. Kern sur niveau de cendres indurées Le sentier qui mène de la station météorologique à l’Anse Chandelier traverse une brèche conglomératique indurée verdâtre, riche en boules de grès et en bois silicifiés, se présentant en bancs d’épaisseur plurimétrique, inclinés vers l’est. Ces niveaux sont les premiers témoins de l’émersion de la Martinique. Au niveau de la pointe située au nord de l’Anse Chandelier, deux fissures perpendiculaires ont été comblées par une même injection de lave donnant naissance à un exceptionnel dyke coudé. Le dyke a mieux résisté à l’érosion que son encaissant brèchique. Il apparait alors en ressaut topographique. nombreux débris d’organismes calcaires (en creux dans la falaise) et des bancs massifs grisâtres mêlant récifs coralliens (principalement des madrépores) et algues encroûtantes (en ressaut bien marqué). À l’ouest de l’anse Bois Vert, ce calcaire est affecté par des phénomènes hydrothermaux. On note plus particulièrement des imprégnations d’hématite et la présence de blocs de jaspe de couleur beige à marron. Au sud de l’anse Bois Vert, de la barytine d’origine hydrothermale s’est formée sous des bancs calcaires (gisement stratiforme). Elle se présente sous forme crêtée caractéristique, ou sous forme de cristaux tabulaires imbriqués les uns dans 1 les autres. Lave prismée « en gerbe » de la Pointe Caracoli La montée sur la pointe Caracoli s’effectue sur une coulée d’andésite peu altérée qui repose sur les calcaires récifaux. Au sommet de la pointe, on observe un conduit magmatique d’alimentation vertical exposant une remarquable prismation « en gerbe ». Les fragments de jaspes rouges, jaunes, marrons, même noirs sont nombreux au 2et3 sommet de la pointe Caracoli. La Pointe de la presqu’île est occupée par une réserve naturelle. La végétation littorale est constituée de poiriers et de raisiniers rabougris et penchés par l’action du vent et des embruns (végétation anémomorphique). À l’intérieur des terres, on observe davantage des courbarils, des gommiers rouges et des fromagers. La réserve naturelle abrite également de nombreuses espèces d’oiseaux dont le Moqueur gorge-blanche, espèce endémique de la presqu’île et de Sainte Lucie. Dyke en coude La partie sommitale de l’Anse Chandelier est flanquée d’une série de calcaires d’âge aquitanien (-23 Ma). Ils reposent en légère discordance angulaire (visible sur la pointe sud de l’anse chandelier) sur les conglomérats verdâtres. Au sein de cette série sédimentaire, alternent des niveaux jaunâtres lités et peu résistants à l’érosion contenant de Une autre curiosité géologique est la ligne de « sources fossiles » visible au sud de l’Anse Bois Vert. Des concrétions calcaires sous forme de stalactites témoignent d’anciennes circulations d’eau souterraine au sein d’un système karstique. 1 Westercamp D. et Tazieff H., 1980, Martinique Guadeloupe Saint-Martin la Désirade, collection Guides géologiques régionaux, Éditions Masson, p.72 et 73. 2 Richet P., Cottin J-Y., Dyon J., Maury R. et Villeneuve N., 2007, Guides des volcans d’Outre-mer, collection guides savants, Éditions Belin et BRGM, p .99 à 101. 3 Allard-Saint-Albin A., 2002, Géologie régionale Martinique…, Collection Bouquets d’îles entre Mer et Océan, Éditions Desormeaux. 4 Parc naturel régional de la Martinique, 1970, Guide des circuits géologiques de la Martinique, Collection « Les guides du Parc ». BRGM/RP-61443-FR – Rapport final