11 3 Protection des espèces Reptiles

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Introduction et bibliographie

Protection des reptiles

Les espèces de reptiles dans le canton de
Berne
Introduction
Bibliographie
Le Centre de coordination pour la protection des
amphibiens et des reptiles de Suisse (KARCH),
soutenu par la Confédération, les cantons et les
organisations de protection de la nature, existe
depuis 1979. Il coordonne toutes les activités
ayant pour but de protéger et d'améliorer les
conditions de vie des batraciens et des reptiles
indigènes. C'est aussi un centre d'information
pour les particuliers, les offices et les groupes de
protection de la nature. La mise en œuvre de la
protection des reptiles dans le canton de Berne
fait l'objet d'une convention de prestations avec
le bureau régional du KARCH.
Principaux ouvrages à consulter ou à acquérir.
Les adresses des éditeurs sont indiquées au
chapitre "Adresses". On trouvera d'autres titres
dans l'encadré "Suggestions de lecture" (p.7).
Le recensement des reptiles du canton de Berne
s'est fait entre 1987 et 1990, puis a été actualisé
entre 1991 et 1997. Les résultats, ainsi que des
données sur la répartition et l'effectif des reptiles
dans le canton de Berne, sont publiés dans
l'ouvrage intitulé "Die Reptilien im Kanton Bern"
(voir bibliographie). Le SPN et le KARCH ont
développé en collaboration un "projet de
protection des reptiles dans le canton de Berne"
en 1998, afin de lutter contre la détérioration des
conditions de vie des reptiles.
Auteur
Dr Ulrich Hofer, Musée d'histoire naturelle
Bernastrasse 15, 3005 Berne
[email protected]
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
Die Reptilien im Kanton Bern.
U. Hofer, 1998.
Reptilienschutzkonzept Kanton Bern –
Schlussbericht 1998. U. Hofer und J. Ryser.
Serpents: comment réagir ? U. Hofer, 1998.
KARCH, Berne
REPTILES
Sommaire
Protection des reptiles
La thermorégulation (c'est-à-dire le maintien
d'une température corporelle optimale) est l'une
des activités principales des reptiles. Sur la
photo, on peut voir une Vipère aspic noire
(Vipera aspis atra) en train de se réchauffer le
matin sur une branche (photo Bertrand Baur).
Protection
Moeurs et habitats
Les reptiles sont protégés dans toute la Suisse
depuis 1967 par le droit fédéral (art. 20 OPNP).
Le canton de Berne a inscrit des dispositions de
protection dans sa législation (art. 25 à 27 OPN).
Il est donc interdit de capturer, de blesser ou de
tuer des reptiles ou d'en faire commerce. Il y a
lieu également de protéger et de favoriser autant
que possible leurs habitats et, en cas d'interventions inévitables, de prendre des mesures de
protection, de remise en état ou de remplacement aussi efficaces que possible. Une dérogation du Service de la promotion de la nature est
obligatoire pour garder et soigner des reptiles à
des fins scientifiques ou pédagogiques. Les
enseignants et les étudiants de biologie doivent
aussi obtenir une dérogation.
Les reptiles sont des animaux poïkilothermes:
contrairement aux oiseaux et aux mammifères,
ils sont incapables de maintenir une température
corporelle constante et dépendent de l'environnement pour atteindre leur température optimale
(entre 25 et 30°C), avec les deux conséquences
suivantes:
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
Notre climat contraint les reptiles à passer
quatre à six mois de l'année (d'octobre à
mars environ) en hibernation à l'abri du gel.

Durant leur phase active en été, le comportement des reptiles est fortement tributaire de
la météorologie. Quand il fait frais, ils passent
souvent la journée dans leur abri; dès qu'il fait
plus doux, ils recherchent le moindre rayon
de soleil pour se réchauffer, et quand le
thermomètre grimpe vraiment, ils s'abritent à
l'ombre de la couche herbeuse après une
brève exposition au soleil.
Tous les reptiles indigènes sont carnivores et se
nourrissent de leurs proies. Les lézards mangent
surtout des insectes et des araignées, les orvets
des limaces et des vers, et les serpents toutes
sortes de petits vertébrés. Les reptiles à leur tour
sont la proie de plus gros animaux (oiseaux
de proie, corneilles, pies, renards, martres,
blaireaux, hérissons). C'est pourquoi, en dehors
de leurs périodes d'activité, ils se mettent à l'abri
dans leur refuge.
Reproduction
Les reptiles ont deux modes de reproduction:

Ovipare: les femelles pondent des oeufs (le
plus souvent sur des amas de matériaux
organiques) qui éclosent au bout d'environ
deux mois (Lézard agile, Lézard des
murailles, Couleuvre à collier).

Vivipare: les embryons se développent dans
le corps de la femelle qui reste dans des
endroits très ensoleillés pour emmagasiner
un maximum de chaleur nécessaire au développement des embryons; les jeunes naissent
complètement formés (Orvet, Lézard vivipare,
Coronelle lisse, Vipère aspic et Vipère
péliade). Contrairement aux oiseaux, les
mères des reptiles ne s'occupent pas de leurs
petits, qui sont indépendant dès leur éclosion
ou leur naissance.
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Les Couleuvres à collier femelles pondent leurs
œufs surtout sur des amas de matériaux
organiques (compost, sciure, détritus). La photo
montre l'éclosion de petites Couleuvres à collier
(Natrix natrix helvetica) en train d'éclore (photo
Bertrand Baur).
Répartition régionale des espèces
Le canton de Berne se divise en trois grandes
régions naturelles: le Jura, le Plateau et les
Alpes. Chacune de ces régions, en raison de sa
géomorphologie, de son climat, de son altitude et
de l'aménagement de son territoire, offre aux huit
espèces de reptiles indigènes des conditions de
vie très différentes.
Six espèces de reptiles vivent dans le Jura
bernois. Elles occupent surtout les terrains
empierrés, les éboulis, les forêts clairsemées et
les prairies sèches sur la face sud des crêtes.
Jusqu'à présent, on n'a observé aucun reptile
dans les prairies au-dessus de la limite artificielle
des forêts. Il faut cependant noter la présence de
quelques populations isolées de Lézard vivipare
sur la face nord des crêtes.
Le Plateau compte aussi six espèces de reptiles.
Leurs habitats préférés sont les rives des lacs et
des grands cours d'eau proches de la nature,
ainsi que les versants molassiques exposés au
sud et le paysage plissé des collines du HautEmmental. Malheureusement, sous la pression
des constructions et de l'agriculture intensive, le
Plateau, dans son ensemble, n'offre plus guère
d'habitats appropriés aux reptiles. De nombreuses régions, qui abritaient une population
importante de reptiles dans les années 70,
se sont structurellement appauvries à tel point
qu'on ne trouve plus que des individus ou des
populations restreintes d'espèces autrefois
répandues. Cette évolution a eu un effet particulièrement dramatique sur les deux espèces de
serpents du Plateau bernois: la Coronelle lisse
est en voie d'extinction et la Couleuvre à collier,
autrefois très répandue, ne se trouve aujourd'hui
plus que dans le voisinage immédiat des rivières
principales et de quelques lacs. Les deux espèces venimeuses indigènes, la Vipère aspic et la
Vipère péliade, ne se rencontrent pas sur le
Plateau.
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Couleuvre à collier cachée dans des branchages
(photo Bertrand Baur)
L'Oberland bernois est le principal milieu naturel des reptiles et l'on y trouve les huit espèces
indigènes. En effet, l'Oberland, avec ses vastes
versants exposés au sud et son climat favorable
jusqu'à l'étage subalpin, offre une grande variété
d'habitats. La vallée de l'Aar entre Thoune et
le verrou de Kirchet au-dessus de Meiringen
conserve encore les caractéristiques du Plateau
avec une altitude de 550 à 600 mètres. C'est là,
ainsi que dans d'autres vallées comparables,
qu'on trouve les plus fortes densités de reptiles.
A des altitudes plus élevées, de telles densités
ne sont atteintes que dans les vallées à foehn.
Malgré quelques lacunes de répartition dans
l'Oberland, dues à l'exploitation du sol, la zone
alpine devrait à moyen terme rester favorable
aux reptiles.
Menaces
Des reportages dramatiques dans la presse à
sensation sur des morsures de serpent avec
sauvetage par hélicoptère soulèvent la question
suivante: est-ce l'homme qui est le plus dangereux pour les serpents, ou le contraire? Sur ce
thème, nous recommandons la brochure intitulée
"Serpents: comment réagir ?" éditée par le
Centre de coordination pour la protection des
amphibiens et des reptiles de Suisse (KARCH).
Elle explique comment éviter les morsures de
serpents et comment réagir en cas d'accident.
La principale menace pour les reptiles est la
dégradation et la destruction de leurs habitats
par l'homme. L'agriculture traditionnelle a certes
d'abord favorisé le développement de la plupart
des espèces.
Toutefois, durant les cent dernières années, un
bon nombre de milieux naturels originaux ont été
négligés, radicalement transformés ou détruits,
de sorte que les serpents et autres reptiles sont
devenus rares dans beaucoup de régions et ne
subsistent que dans des stations spéciales et en
bordure de zones agricoles. Malheureusement,
ces endroits ne correspondent que rarement à
l'image qu'on se fait d'un beau paysage: talus,
ballast, décharges, puits, terrains vagues,
pierriers et éboulis n'ont aucun attrait et se
"vendent" donc mal comme objets dignes de
protection. Ils sont plus facilement sacrifiés au
profit d'autres projets, car l'exploitation de ces
"surfaces résiduelles" donne rarement lieu à des
conflits d'intérêts.
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On ignore l'importance pour les reptiles de
petites structures, comme par exemple des
amas de branchages, qui sont souvent détruites.
De simples mesures de protection des espèces
sont plutôt difficiles à défendre si l'on considère
les priorités actuelles de la protection de la
nature, et cela d'autant plus lorsqu'il s'agit de
préserver des serpents venimeux. Deux désavantages - la réputation toujours mauvaise des
serpents et le manque d'attractivité des habitats
reptiliens - doivent être compensés par une
information accrue du public, ce qui permettrait
de surmonter des conflits d'intérêt matériel et de
mettre en œuvre des plans de protection.
Buts de protection
La priorité à l'échelon cantonal est d'empêcher
l'extinction régionale d'espèces individuelles,
puis d'assurer pour toutes les espèces des aires
de distribution plus étendues et d'un seul tenant.
Ces deux objectifs sont inscrits dans un plan
cantonal de protection des reptiles. Pour la
Coronelle lisse toutefois, il ne semble guère
possible d'assurer une aire de répartition d'un
seul tenant sur le Plateau. On a toutefois réussi
à maintenir à moyen terme les dernières
populations isolées. La Vipère aspic devrait
pouvoir être maintenue dans le Jura bernois
grâce à des mesures appropriées. La question
se pose de savoir si un échange d'individus entre
les différents peuplements pourra être rétabli.
La mise en œuvre du plan de protection des
reptiles (voir bibliographie) à partir de 1999
prévoit les étapes suivantes:





maintien des populations de serpents dans
le Jura bernois;
maintien des populations de serpents dans
l'Oberland bernois (il est prévu que ces
populations deviennent des objets d'importance nationale);
maintien des populations les plus importantes
de Couleuvres à collier le long de l'Aar, de la
Sarine, de la Gürbe, de l'Emme et de la
Singine;
maintien de toutes les populations de Vipères
péliades attestées depuis 1990;
maintien des dernières populations de
Coronelles lisses sur le Plateau.
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Autrefois, les bancs de gravier et les pierriers
des zones alluviales abritaient de nombreuses
espèces thermophiles animales et végétales.
Aujourd'hui, seuls le ballast ou les gravières
présentent un microclimat et des structures
analogues: ici une Coronelle lisse (Coronella
austriaca) sur du ballast (photo Bertrand Baur).
Mesures régionales
Les mesures de protection doivent se concentrer
sur les serpents dans l'ensemble du canton, car
les quatre espèces ont subi une régression plus
forte que les lézards. Notons que les efforts pour
conserver et entretenir des habitats de serpents
sont en même temps favorables aux lézards. Les
trois régions naturelles ont cependant chacune
leurs priorités.


Jura bernois: Il s'agit en premier lieu de
débroussailler régulièrement les éboulis et les
terrains empierrés, d'enrichir la structure
des lisières de forêts et d'entretenir avec
ménagement les talus de voies ferrées. Par
ailleurs, il ne reste que peu de pâturages
jurassiens qui pourraient bénéficier de
contrats d'exploitation favorisant les reptiles,
car nombre d'entre eux sont à une altitude
trop élevée et trop exposés au vent pour leur
servir d'habitat. Enfin, à plus faible altitude,
l'élimination des pierriers et des groupes
de buissons a accéléré la disparition des
reptiles dans la plupart des pâturages. Les
vignobles au-dessus du Lac de Bienne offrent
des conditions plus favorables aux reptiles: il
y a donc lieu de maintenir l'état actuel.
Plateau: dans cette région, les principaux
habitats pour reptiles sont les biotopes
périphériques: talus de routes et de voies
ferrées, digues, lisières de forêts et rives de
rivières et de lacs. Ils doivent être entretenus
avec ménagement et leurs structures enrichies. Une fois informées, les communes, les
autorités et les administrations des chemins
de fer responsables doivent transmettre les
instructions aux exécutants des travaux
d'entretien. Il faudrait aussi diminuer la
pression des loisirs sur les dernières grandes
zones alluviales, ce qui n'est guère possible
sans en restreindre, voire en interdire l'accès.
5.2011 – Reptiles – Page 7
Vipère péliade femelle (photo Bertrand Baur)

Oberland: Comme on peut craindre que les
prairies et les pâturages des versants abrupts
et difficiles d'accès soient abandonnés au
profit d'une exploitation intense dans les
vallées et sur les alpages, une régression des
populations de reptiles, comparable à celle
observée sur le Plateau, est prévisible dans
l'Oberland. Les espèces occupant les terrains
ouverts entre les lisières de forêts et les fonds
des vallées sont les plus touchées. Il faut
donc limiter les remembrements et motiver
les agriculteurs par des contrats d'exploitation
afin qu'ils contribuent à l'entretien des prairies
menacées d'embroussaillement. Les reptiles
qui vivent dans les éboulis, les pierriers, les
zones alluviales et les alpages sont surtout
menacés par la construction de nouveaux
chemins d'exploitation et par des activités de
loisirs, telles que rafting, escalade extrême,
trial, etc. Une planification stricte et des
restrictions sont nécessaires pour enrayer
ces menaces.
Les personnes qui souhaitent s'engager en
faveur des reptiles du canton de Berne ...
… sont cordialement invitées à adhérer au
groupe de bénévoles "monitoring de populations
de reptiles". Au cours d'excursions qui ont lieu
le week-end, le groupe essaie avant tout de
compléter les connaissances sur la répartition et
l'état de la faune reptilienne du canton de Berne
et de surveiller les populations menacées.
Personne de contact: U. Hofer (adresse électronique voir introduction).
Base de données
Compte tenu de ses possibilités financières, le
canton de Berne dispose d'une bonne base de
données pour la protection des reptiles, surtout
grâce à un groupe de volontaires toujours plus
nombreux qui la mettent régulièrement à jour.
Cinq mille observations de reptiles ont été
rapportées entre 1942 et 2003, dont deux tiers
ont été classés comme habitat spécifique dans
l'inventaire des reptiles.
Il a fallu quatre ans, de 1987 à 1990, pour
dresser l'inventaire des reptiles, qui correspond à
la carte topographique officielle des habitats des
reptiles dans le canton de Berne. Ce relevé avait
pour objectif d'obtenir une vue d'ensemble de la
répartition et des exigences de chaque espèce et
de dessiner le périmètre d'habitats individuels
(objets partiels), qui serviront de base pour la
mise en œuvre des mesures de protection spécifiques. Jusqu'à aujourd'hui, 1150 objets partiels
ont été saisis, dont un tiers par des bénévoles
depuis la conclusion de l'inventaire officiel.
Enfin l'inventaire des reptiles a permis la création
de "zones prioritaires": il s'agit de 32 objets
partiels et de sept associations d'habitats, qui
à leur tour regroupent 94 habitats individuels. En
1996/1997, un dossier a été attribué à chaque
zone prioritaire, comprenant des plans détaillés,
un aperçu des objectifs de protection et des
indications pour l'exploitation et l'entretien de
chaque parcelle.
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Le Lézard agile mâle, aux couleurs chatoyantes
(photo Alex Labhardt)
Suggestions de lecture

Les reptiles du canton de Berne.
U. Hofer, 1991.
Naturforschende Gesellschaft in Bern,
Mittlg. NF. 48, tome 1991

Nos reptiles. E. Kramer & O. Stemmler, 1988.
Musée d'histoire naturelle, Bâle

Guide des amphibiens et reptiles d'Europe.
G. Matz & D. Weber. Delachaux & Niestlé,
Editeurs, Neuchâtel-Paris, 1983.
En librairie
• Biologie comparée de Vipera aspis L. et de
Vipera berus L. (Reptilia, Ophidia, Viperidae)
dans une station des Préalpes bernoises.
Thèse de doctorat, 179 pp. J.-C. Monney.
Université de Neuchâtel, 1996.
En librairie
Les espèces de reptiles dans le
canton de Berne
Orvet (Anguis fragilis)
L'Orvet se rencontre dans tout le canton jusqu'à
1700 mètres d'altitude. Dans le Jura bernois et le
Plateau, il est présent partout où vivent d'autres
espèces de reptiles. Dans les Alpes, sa présence est limitée par le climat: il reste dans les
vallées de basse altitude et ne monte plus haut
que sur des versants exposés au soleil. Pour
trouver des orvets (souvent plusieurs ensemble),
il suffit de retourner des planches, des plaques
de tôle, des pierres, ou des bouts de bois ou
d'écorce. Dans l'Oberland bernois, les jeunes
orvets ou des spécimens avec un fort reflet
rouge, parfois appelés "Kupferschlängli "ou
petits serpents cuivrés ont la réputation d'être
extrêmement dangereux.
Orvet (photo Bertrand Baur)
Lézard agile (Lacerta agilis)
Le Lézard agile se rencontre dans tout le canton,
mais plus particulièrement sur le Plateau. Dans
l'Oberland, on le trouve dans la vallée de l'Aar
jusqu'au verrou de Kirchet (près de Meiringen),
dans la vallée de la Simme jusqu'à Matten, dans
la vallée de la Kander jusqu'à Frutigen, dans les
vallées des deux Lutschines jusqu'à Lütschental
et Lauterbrunnen. Venu du pays de Vaud, il a
colonisé le Gessenay jusque dans la région de
Gstaad. Il est très rare au pied Sud du Jura,
dans les zones élevées du Plateau et dans
certaines parties du pays de Schwarzenbourg
et du Haut-Emmental.
Lézard agile mâle (photo Bertrand Baur)
Lézard vivipare (Lacerta vivipara)
Le Lézard vivipare se rencontre dans tout le
canton depuis des régions de plaine (Mörigenbucht sur le lac de Bienne, 430 m) jusqu'à l'étage
alpin (Drunengalm Diemtigtal, 2350 m). Dans
l'Oberland bernois, il se concentre dans les
zones ensoleillées de l'étage subalpin, entre
1200 et 1800 mètres. Dans le Jura, il évite les
versants secs orientés vers le Sud, préférant
les terres plus humides, voire les versants Nord
moyennement ensoleillés. Sur le Plateau, il est
presque aussi fréquent que le Lézard agile, mais
nettement plus difficile à observer car très
discret. En outre, sa présence en plaine se limite
à des zones forestières ou humides, et on ne le
rencontre que très rarement à proximité des
agglomérations.
Lézard vivipare mâle (photo Bertrand Baur)
5.2011 – Reptiles – Page 9
Lézard des murailles (Podarcis muralis)
Le Lézard des murailles vit dans tout le canton,
principalement dans le Jura. Dans l'Oberland,
il se limite aux vallées de l'Aar et de la Basse
Simme, d'où il peut atteindre quelques vallées
latérales (Diemtig, Gen, Urbach). Sur le Plateau,
l'espèce occupe naturellement les falaises et les
rochers le long des grandes rivières, et de là
parvient jusqu'aux voies ferrées, habitations et
zones industrielles. Dans les villes, on l'observe
souvent sur les murailles anciennes (châteaux
ou enceinte de la ville), par exemple à Berne,
Berthoud, Bienne, Aarberg et Laupen.
Lézard des murailles mâle (photo Bertrand Baur)
Couleuvre à collier (Natrix natrix) – inoffensive
La Couleuvre à collier colonise principalement le
Plateau. Ses populations les plus importantes
se trouvent le long des grands cours d'eau: Aar,
Emme, Sarine, Singine, Gürbe, ainsi que quelques rivages lacustres. Il n'a pas été possible de
confirmer une présence relevée par le passé de
cette espèce dans le Jura bernois. Elle n'y a
probablement jamais été fréquente et a peut-être
disparu aujourd'hui. En revanche, on la rencontre
encore aujourd'hui au pied du Jura, au Sud, de
même que dans les vignobles biennois. Dans
l'Oberland, elle est très répandue et peut
atteindre le Guttannen, les vallées de l'Urbach
et de la Gadmen, en passant par le verrou de
Kirchet. On a trouvé quelques spécimens jusqu'à
1900 m d'altitude.
Les données fournies par le Grand Marais permettent peu à peu de comprendre comment la
Couleuvre à collier parvient à se maintenir dans
une zone d'agriculture intensive. Le réseau
aquatique est moins dense que ne le laisseraient
supposer les nombreux canaux, fossés et
étangs, mais c'est loin des plans d'eau, dans leur
habitat d'été, que la Couleuvre à collier capture
crapauds et grenouilles, qui forment l'essentiel
de sa nourriture. On a également trouvé des
souris dans l'estomac de couleuvres mortes.
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Couleuvre à collier (photo Andreas Meyer)
Coronelle lisse (Coronella austriaca) – inoffensive
La Coronelle lisse est très peu connue, ce qui
s'explique par son mode de vie très discret sur
le Plateau et par le fait qu'on la confond très
souvent avec des serpents venimeux. A l'origine,
la Coronelle lisse occupait tout le canton, mais
elle a fortement régressé sur le Plateau, où il se
peut qu'elle soit en voie d'extinction. On ne la
trouve que dans quelques sites: versants
ensoleillés des colllines molassiques, zones
alluviales, parois rocheuses ou ravins le long des
cours d'eau (Sarine, Singine, Schwarzwasser,
Gürbe, Emme, Aar), où l'exposition, la pente et
des abris d'éboulis, de grès et de Nagelfluh
créent un micro-climat favorable.
Ce petit serpent, discret et de petite taille, est
plus répandu dans le Jura bernois et les Alpes.
Des amis de la nature, surtout dans l'Oberland,
nous signalent souvent qu'ils ont découvert des
nouveaux sites qui nous étaient inconnus
jusque-là. La Coronelle lisse apparaît souvent
aux mêmes endroits que la Vipère péliade,
mais moins fréquemment, selon les quelques
estimations disponibles.
Vipère aspic (Vipera aspis) – venimeuse
Deux sous-espèces de Vipère aspic colonisent
le canton de Berne: Vipera aspis aspis seulement dans le Jura bernois et Vipera aspis atra
dans les Alpes. Elle est totalement absente du
Plateau. Dans le Jura bernois, elle est menacée
d'extinction parce que, durant les dernières
décennies, nombre d'éboulis ont disparu au
profit de forêts et que la plupart des pâturages
jurassiens ont fait l'objet de remembrements.
C'est seulement dans les vignobles au bord du
lac de Bienne que la Vipère aspic n'est pas
directement menacée. Ces trois dernières
années, nous avons pu, dans le cadre du plan
de protection des reptiles, revaloriser par des
défrichements la plupart des habitats restants de
la Vipère aspic, mais il est encore trop tôt pour
juger de l'effet de ces interventions.
5.2011 – Reptiles – Page 11
Coronelle lisse femelle (photo Alex Labhart)
Vipère aspic femelle (photo Alex Labhart)
Dans l'Oberland, on la rencontre surtout sur les
versants Sud des vallées ayant une orientation
Est-Ouest. Dans quelques vallées, on la trouve
encore en grand nombre, depuis des petits
coteaux jusqu'à environ 1800 mètres d'altitude.
Au-dessus de la limite des forêts, on ne trouve
plus de population, mais de nombreux spécimens isolés jusqu'à plus de 2000 mètres. La
Vipère aspic est devenue très rare au bord du
lac de Thoune, dans le Hasliberg et dans la
vallée d'Engstligen.
Vipère péliade (Vipera berus) – venimeuse
Dans le canton de Berne, la Vipère péliade ne se
trouve que dans les Alpes, entre 1100 et 2100
m. Elle est nettement plus rare que la Vipère
aspic et n'a pas d'aire de répartition d'un seul
tenant. Jusqu'à ce jour, 25 sites de l'Oberland
sont connus avec certitude, dont 13 seulement
ont pu être confirmés au cours des cinq dernières années.
Des moyens de recherche insuffisants ne permettent pas de démontrer clairement la régression massive de cette espèce dans l'Oberland
bernois, ni d'en évaluer les causes. On ne peut
donc actuellement guère justifier des mesures de
protection spécifiques à l'espèce. Il est toutefois
possible d'intervenir dans toute planification
comportant une atteinte à leur habitat ou un
changement d'affectation.
Vipère péliade mâle (photo Bertrand Baur)
Serpents noirs
C'est surtout dans l'Oberland bernois que l'on
observe régulièrement des serpents noirs. Il
s'agit surtout de Vipères aspics noires. Dans
certaines populations, celles-ci sont même plus
nombreuses que les serpents comportant des
dessins. On ne voit que des spécimens isolés de
Couleuvres à collier noires, dans l'ensemble de
l'Oberland et parfois sur le Plateau. En revanche,
une seule population de Vipères péliades, dans
le Gessenay, comporte des éléments noirs, et
aucune Coronelle lisse noire n'a jamais été
observée dans le canton de Berne.
Cistude d'Europe (Emys orbicularis)
Il existe une controverse au sujet du caractère
indigène de la Cistude d'Europe dans le canton
de Berne. L'espèce est considérée aujourd'hui
comme éteinte et les quelques individus observés au bord d'étangs sont la conséquence d'une
action de réintroduction par le WWF dans les
années 70. Elle ne semble toutefois pas s'être
implantée, probablement pour des raisons
climatiques.
5.2011 – Reptiles – Page 12
Vipères aspics avec un spécimen noir
(photo Bertrand Baur)
Introduction de serpents
On reproche souvent aux organisations de
protection de la nature de disséminer en masse
des serpents, même par hélicoptère. En réalité,
aucun organisme officiel n'a jamais ni introduit ni
déplacé des serpents en Suisse. Il en va tout
autrement pour des soi-disant amis des reptiles
qui n'hésitent pas à entreprendre des actions
illégales et répétées!
La Couleuvre tessellée (Natrix tessellata),
inoffensive, a été introduite en 1975 au bord du
lac de Brienz (à l'Ouest de Brienz) et occupe
aujourd'hui des tronçons de rivages jusqu'à
Oberried. Cette espèce thermophile, qui se
nourrit de poissons, ne peut guère s'éloigner
des rives du lac et ne s'étendra pas plus loin.
L'introduction au fond du Haslital de la Vipère à
cornes (Vipera ammodytes), originaire de
l'Europe du Sud-Est, a fait plus de bruit, même
si elle n'a pas été couronnée de succès. Un
spécialiste des reptiles a capturé les deux
derniers spécimens sur un éboulis en 1992.
Deux ans plus tard seulement, apparut dans le
vignoble biennois la Couleuvre d'Esculape
(Elaphe longissima). Une visite des lieux en juin
1997 démontra la présence de 17 spécimens de
cette espèce inoffensive et typique des régions
méridionales, qui devrait, à moyen terme, faire
partie de la faune du vignoble.
5.2011 – Reptiles – Page 13
De telles mesures d'introduction d'espèces n'ont
aucun sens et l'on doit s'y opposer fermement.
Dans le meilleur des cas, elles n'auront aucun
effet nocif sur la faune existante, mais au pire,
l'espèce introduite pourrait supplanter une
espèce indigène. De toute façon, ces mesures
font du tort au travail de protection des espèces,
puisqu'on soupçonne les "protecteurs de la
nature" de vouloir arriver à leurs fins par des
élevages et des introductions d'espèces.
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