
disruption may concern some components of the episodic
verbal memory or the pastauto biographical memory. The
most caricatural situation is the transient global amnesia
induced by an acute pain. More frequently, a chronic pain
patient who was treated with many opioids or psychotropes
has lower results on the psychometric tests in the domains of
memory and attention. Rarely a past pain reappears without
somatic injury as a reminiscence: that kind of recall is impli-
cit since the subject is unaware of the phenomenon until he
or she recognized it later by remembering his past. This pos-
sibility of remembering pain or suffering may explain some
psychogenic phenomena in adults exposed to chronic pain
and stress before the acquisition of language when the pain
is necessarily encoded in an implicit way. To cite this
journal: Douleur analg. 24 (2011).
Keywords Memory of pain · Phantom pain · Pain
conditioning · Pain history
Introduction
Les deux fonctions mémoire et douleur sont souvent asso-
ciées, mais avec des sens variables selon la formation de
celui qui les emploie : rappel d’un événement douloureux
dans ses composantes sensorielles, contextuelles ou émo-
tionnelles, reconnaissance d’une douleur déjà connue, condi-
tionnement douloureux, troubles de mémoire induits par une
douleur chronique, reviviscence d’une douleur ancienne,
douleur dans la suite d’un stress post-traumatique…Le
sujet ne peut se comprendre qu’avec une culture clinique,
neurophysiologique et neuropsychologique, ce qui est rare,
et les articles portent la marque de la provenance des auteurs,
le plus souvent dans le domaine algologique où le concept
pédagogique de douleur chronique comme mémoire d’une
douleur aiguë a eu un grand succès. Tous les spécialistes
sont persuadés que la douleur laisse une trace, mais qu’àla
différence d’autres fonctions sensorielles, comme la vue ou
l’audition, le rappel du stimulus au sens de la reviviscence
physique n’est pas possible. Pourtant, il y a stockage puis-
qu’il y a reconnaissance d’une douleur déjà expérimentée.
La question est relancée par la possibilité de « douleur-
mémoire », véritable réactualisation hallucinatoire d’une
douleur passée, sans stimulation nocive, qui pose la question
des lieux de stockage et de déclenchement de cette « douleur
fantôme » empruntée à l’histoire douloureuse. Doit-on
accepter l’idée d’un masquage physiologique, puisque
cette possibilité de rappel intempestif est exceptionnelle ?
Le message douloureux est une sensation d’alerte
physique, entraînant une riposte comportementale et une
réaction émotionnelle qui seront mémorisées avec leur
contexte, alors que la part nociceptive physique ne peut
être réévoquée. L’expérience douloureuse est unique et non
partagée à la différence d’autres expériences sensorielles,
visuelle ou auditive, où les stimuli sont partagés par les
observateurs. La douleur n’est donc transmise à autrui que
par le langage, volontiers insuffisant pour décrire la richesse
subjective et émotionnelle de l’expérience. Le discours dou-
loureux mêle nécessairement des faits physiques « objectifs »
et d’autres émotionnels, des éléments biographiques et
d’autres culturels. Ce discours est toujours « opérant » sur
l’interlocuteur car, outre son aspect de plainte physique, il
sollicite aide ou compassion. La plainte physique peut
n’être que la surface d’une souffrance psychique, réalisant
la classique douleur-écran des psychanalystes ou la douleur
psychogène des somaticiens.
Cette complexité des liens de la douleur avec le langage,
l’émotion, la biographie et la culture rend l’étude de la
mémorisation d’un fait douloureux complexe et bien diffé-
rente des modèles de la neuropsychologie classique. Un
champ nouveau du sujet est ouvert par la mémoire implicite
de douleur avec les phénomènes de conditionnement qui
sont abordés récemment chez l’homme par l’imagerie céré-
brale fonctionnelle. On assiste depuis quelques années à une
multitude de travaux sur l’aspect cognitif de la douleur et son
intégration corticale : longtemps contingentée à la moelle
épinière ou au tronc cérébral, la neurophysiologie de la dou-
leur aborde désormais les fonctions telles que l’attention,
l’anticipation, le langage et la mémoire de la douleur.
Chacun admet désormais que les expériences douloureuses
sont gérées par différentes zones corticales et stockées dans
des « cartes » somatosensorielles connectées avec les aires
limbiques plus cognitives et émotionnelles. Des modulations
très puissantes s’exercent sur la douleur non seulement à son
entrée dans la moelle épinière mais également au niveau
cortical ; cela donne un corrélat biologique à toutes les obser-
vations sur le rôle de l’attention, de l’anticipation et du
conditionnement douloureux mais aussi à tous les processus
de mémorisation de cette émotion corporelle pure que repré-
sente l’événement douloureux (Fig. 1).
Une ou plusieurs mémoires de la douleur…
La mémoire épisodique d’une douleur aiguë est évaluée
par son récit à distance avec la mesure des échelles
d’auto-évaluation classiques ; elle peut fluctuer avec le
temps par rapport à la description initiale qui sert de réfé-
rence, en s’amplifiant ou au contraire en s’atténuant selon
le type de contextes et de personnalités…Ces données inté-
ressent le thérapeute confronté à un patient qui doit réévo-
quer une douleur aiguë ou décrire à distance l’efficacité
d’une thérapeutique antalgique…Mais peu d’auteurs se
posent la question de savoir si le patient ne retient pas davan-
tage l’échelle analogique de la douleur qu’elle-même…ce
Douleur analg. (2011) 24:S2-S13 S3