SOCIAL JUSTICE AND EQUAL OPPORTUNITIES FOR ALL Rabat

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 SOCIAL JUSTICE AND EQUAL OPPORTUNITIES FOR ALL Rabat 20th November 2015 Intervention by Massimo D’Alema, President of FEPS FEPS NOV 2015 Chers amis, chers camarades, Au cours des vingt dernières années, compte tenus de la domination des politiques néolibérales ou/et du strict respect du dogme de l’austérité, les inégalités sociales et économiques ont considérablement augmenté. Malheureusement, ces inégalités se sont encore plus creusées avec la récente crise financière et les graves problèmes économiques qui en ont résulté. C’est vrai pour l’Europe et les pays développés et c’est encore plus vrai pour les pays en voie de développement. En essayant de lutter contre le chômage et d’élever les standards de l’économie locale tout en restant compétitif dans un environnement mondial extrêmement concurrentiel, un grand nombre de ces états ont lutté pour être présents dans la recherche constante du capital mondial portant sur des marchés et une main d’œuvre moins cher. Ce qui était salué comme une croissance économique dans certains d’entre eux s’est avéré être un colosse aux pieds d’argile, car le modèle sur lequel était basée cette croissance s’est montré insoutenable et fortement problématique pour la cohérence des sociétés de ces pays. L’inégalité est, par défaut, un problème multidimensionnel et elle touche de nombreux domaines. Parallèlement à l’inégalité de revenu et de richesse, d’autres types d’inégalités existent et s’accroissent. Au niveau économique on peut mentionner par exemple les différences entre le coût de la vie, la qualité des services publiques (notamment éducation et santé), l’offre d’emploi ou l’accès aux services financiers. Parallèlement, d’autres formes inégalités sont tout aussi désastreuses : les inégalités relatives au gendre, à l’ethnie ou à la religion. On connait bien les conséquences des inégalités économiques et sociales. Il a été prouvé que l’inégalité de revenu est un facteur majeur pour le ralentissement de la croissance, d’autant plus que l’accumulation de capital est une forme de capital improductif. Dans ce contexte, quand les agents économiques sont plus inégaux, la possibilité des politiques macroéconomiques d’influencer l’économie devient plus faible. De même, la perception d’injustice sociale associée aux inégalités est une source d’instabilité sociale, de criminalité et de conflit. Et si j’observe les douloureux évènements de Paris, je dirais aussi que l’inégalité peut alimenter une idéologie terroriste comme elle alimente toute forme d’extrémisme. Le populisme politique est plus fertile dans une société très inégale. Tout ceci a été le cas en Europe, dans de nombreux pays en voie de développement, et également dans un grand nombre de pays du monde arabe qui ont « autorisé » la domination du paradigme de la politique néolibérale classique, ce qui dans l'ensemble a été le cas dans les pays de la région où nous nous trouvons aujourd'hui. Couplé à une croissance atone, un manque de méritocratie et d'institutions profondément démocratiques qui fourniraient des garde-­‐fous, l'illettrisme, un modèle de développement souvent archaïque et l’absence de productivité industrielle, tous les genres d’inégalité parmi les populations de ces pays ont été exacerbés. Au Maroc, en dépit des mesures prises ces dix dernières années pour régler cette situation, persistent notamment de profondes inégalités de nature économique et sociale. Malgré une population jeune et énergique, certaines parties de la population du pays sont toujours confrontées à l'exclusion, au manque de parité, à l'accroissement de la pauvreté et à la baisse de leur niveau de vie, à un accès irrégulier au marché du travail, aux inégalités en matière de rémunération et de revenu, à un accès inégal à l'éducation et à la santé. FEPS | Rue Montoyer 40, B-­‐1000 Brussels | Tel + 32 2 234 69 00 | Fax + 32 2 280 03 83 | info@feps-­‐europe.eu 2 Il me semble s’installer depuis quelques années un changement culturel concernant cette question d’inégalité. Cette sensibilité mondiale montante s’est révélée dans le printemps arabe. Ces hommes et femmes appellent à une plus grande justice socio-­‐économique. Au niveau intellectuel, ce changement se met en oeuvre également, en Europe comme aux Etats Unis, grâce à des économistes comme Piketty, Krugman, Mazzuccato et Stiglitz pour en citer quelque uns. J’oserais définir cette nouvelle tendance comme le retour d’un Keynésianisme global. Cependant, on remarque que les politiques existantes n’ont pas encore su mettre en pratique ces nouvelles idées. D’un côté, les politiques macroéconomiques adoptées jusqu’à maintenant, et ciblées sur l’austérité ont chuté. Quant aux mesures concrètes pour soigner la croissance des inégalités, elles restent faibles ou inefficaces. Une des raisons majeures est la faiblesse des gouvernements nationaux face à la mobilité du capitale et de leurs relations vis a vis des grandes corporations multinationales, aux infinies possibilités de relocalisations, d’outsourcing et offshoring Face a un capital mondial il faut une réponse mondiale. On connaît bien les défis d’une imposition fiscale pour les entreprises internationales et les difficultés associées d’imposition des impôts sur le capital. Shadow banking, protection des travailleurs du secteur numérique, etc… la liste des secteurs où les solutions ne peuvent plus être abordées au simple niveau national ne manque pas ! Dans ce contexte, quelle pourrait être donc une réponse politique globale ? Une politique qui soit progressiste, égalitaire et en même temps efficace. Même si certaines propositions au niveau international existent déjà – citons le travail mené par l‘OCDE sur la taxation des entreprises globales – l’application de ces propositions dépend dans un élan actuellement trop faible de l’engagement politique ainsi que des défis pratiques d’application. Sur ce point, l’Europe pourrait devenir le centre expérimental pour la réalisation de ces politiques et comme tel, pourrait exercer le rôle de force promotrice du changement. Déjà, l‘intégration de l’Union Européenne, même en tenant compte de toutes ces limites, y compris celles apparues avec la crise de l’euro, offre un exemple crédible des possibilités offertes d’union pour une stratégie commune. Quelles actions menées ? Tout d’ abord, il faut mettre en place un système de taxation qui soit progressiste et efficace. Pour être efficace et donc réduire les avantages et l’évasion fiscale, ce système doit être globale et donc exiger une forte coopération. Il est temps de redésigner le système sociale de façon plus égalitaire et universel. Pour y parvenir, il faut s’attaquer à la racine du système inégalitaire : l’éducation. Nous devons offrir un système scolaire publique de qualité, ouvert à tous. En même temps, nous devons continuer à investir dans un système de sante’ et protection sociale efficace, pilier fondamental de l’état social. En effet, on sait désormais avec certitude combien le manque de protection sociale crée l’incertitude, laquelle incertitude freine la croissance. Il n’y a ni achats, ni consommation, ni investissements quand le futur est incertain. Parallèlement, le rôle de l’état dans l’économie doit être reconsidéré. Il est important de soutenir l’investissement public surtout quand celui-­‐ci est en lien direct avec les infrastructures et les services de soutien aux familles. FEPS | Rue Montoyer 40, B-­‐1000 Brussels | Tel + 32 2 234 69 00 | Fax + 32 2 280 03 83 | info@feps-­‐europe.eu 3 La réduction des inégalités doit devenir une priorité de premier ordre, car ce n'est que grâce à des politiques suivant cette direction générale qu'un développement collectif et individuel peut être atteint. Ce n’est qu’à ce moment-­‐là qu’il est possible de commencer à élaborer un système qui n’est pas seulement sensé d’un point de vue économique mais également juste d’un point de vue social. Du reste, l'importance de la justice sociale est primordiale si nous voulons que nos sociétés se développent et prospèrent d'une manière équitable et durable. En conclusion, il est important de préciser que bien évidemment, tout se résume à un choix politique. Un grand nombre de ces propositions, ou des propositions qui sans nul doute seront discutées lors de notre conférence, sont facilement réalisables et peuvent être mises en œuvre. Elles ont cependant simplement besoin d’une volonté politique et d’un engagement autour d’une base de valeurs qui donne la priorité à une plus grande égalité par rapport à la domination des marchés, la corruption, et l’austérité. C’est un combat qui vaut la peine d'être engagé, parce que ce n'est que lorsqu'un pays a accès à son plein potentiel qu'il peut véritablement prospérer et progresser. Il est temps d’agir. FEPS | Rue Montoyer 40, B-­‐1000 Brussels | Tel + 32 2 234 69 00 | Fax + 32 2 280 03 83 | info@feps-­‐europe.eu 4 
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