
Le  boson  scalaire,  chaînon  manquant  du  modèle  standard  des  particules 
élémentaires…  
 
Prof. Philippe Spindel (Faculté des Sciences/UMONS) 
 
Les particules du monde subatomique se répartissent en deux familles: les fermions et les 
bosons. Les premiers, les électrons, neutrinos et quarks (particules constitutives des protons et 
neutrons, entre autres) constituent la matière. Les forces, les interactions entre ces particules 
de matière, sont le résultat d'échange d'autres particules.  
 
Les physiciens distinguent quatre types d'interactions fondamentales. D'une part l'interaction 
gravitationnelle (le poids) qui résulte d'échange de gravitons (à ce jour toujours inobservés) et 
l'interaction  électromagnétique  dont  la  particule  responsable  est  le  photon.  Ces  deux 
interactions sont bien connues de chacun, car s'exerçant à très longue portée.  
 
Si nous pouvons observer aujourd'hui des photons émis aux confins de l'Univers et, ayant 
parcouru  plus  de  13,7  milliards  d'années-lumière  (environ  130  milliard  de  milliards  de 
kilomètres)  c'est  parce  que,  comme  les  gravitons,  les  photons  ont  une  masse  nulle  et 
interagissent de façon insignifiante entre eux. 
 
A  côté  de  ces  deux  forces,  il  en  existe  deux  autres:  l'interaction  dite  forte  qui  assure  la 
cohésion des noyaux atomiques et l'interaction dite faible qui joue un rôle fondamental dans 
les processus de désintégrations radioactives, ou encore de fusion nucléaire au sein d'étoiles 
comme notre Soleil.  
 
Les particules responsables de l'interaction forte sont les gluons. Ils semblent eux-aussi être de 
masse nulle, mais, contrairement aux photons, interagissent fortement entre eux, ce qui limite 
leur portée à la taille du noyau atomique.  
 
Les  particules  échangées  dans  les  processus  d'interaction  faible  sont  les  bosons  W  et  Z, 
indirectement perçus aux travers de réactions particulière de neutrinos en 1973 et directement 
détectés en 1983 au CERN (ce qui valut le Prix Nobel à Carlo Rubbia et Simon van der Meer 
en  1984).  Ces  particules  avaient  été   postulées  en  1968  par  Sheldon  Glashow,  Steven 
Weinberg  et  Abdus  Salam  dans  un  schéma  théorique  unifiant  ces  interactions  avec 
l'électromagnétisme. Ceci leur valut le prix Nobel en 1979.  
   
Mais, contrairement aux photons auxquels ils sont directement apparentés, les bosons W et Z 
ont une masse énorme à l'échelle des particules élémentaires: environ 100 fois celle du proton. 
Une  explication  avancée  de  cette  disparité  est  le  mécanisme  de  brisure  de  symétrie, 
mécanisme inventé par Robert Brout et François Englert, et également, indépendamment des  
premiers mais peu après, par  Peter Higgs. Ce mécanisme s'appuie sur l'existence d'un champ 
dont  les  excitations  constituent les  bosons  de Brout-Englert-Higgs,  encore  appelés  bosons 
scalaires. Le 4 juillet 2012, le CERN annonçait l'observation d'un boson d'une masse de 125 
fois celle du proton; en mars 2013 la poursuite de la collecte et de l'analyse des données lui 
permettait d'affirmer que le boson scalaire a été observé.  
   
Robert Brout, François Englert et Peter Higgs ont vu leurs travaux récompensés par les prix 
de la Société européenne de physique et par le prix Wolf. Avec Carl Hagen, Gerald Guralnik 
et Thomas Kibble, ils se sont partagé le prix Sakurai, de l'American Physical Society. Très 
récemment, François Englert, Peter Higgs et le CERN (Robert Brout est malheureusement