be.passive 3
1. www.precarite-energie.org/-La-
precarite-energetique-.html
11edito 3be.passive
www.precarite-energie.org/-La-
precarite-energetique-.html
Chacun comprend qu’un projet de construction ne
nait pas d’une facture énergétique: il nait d’un désir de
vivre, traduit en projet de vie sous forme architecturale.
Se pose ensuite la question des moyens techniques et
nanciers.Leprojetsematérialiseauboutducheminen
observant des règles de bon sens: la construction doit
êtrestableetsolidesursesfondations(pasdessure,
etc.); elle doit être au sec (pas de toiture qui perce).
C’est la fameuse "garantie décennale", apparue au XIXe
siècle avec le Code Civil.
Aujourd’hui, de nouvelles exigences éthiques sont
en train d’émerger à partir de l’observation des impacts
négatifs des bâtiments sur l’environnement, la santé
publique et les coûts de fonctionnement. Selon l’Agence
de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
(ADEME) française, "les 20 % de ménages les plus
pauvres consacrent à l’énergie une part de budget 2,5
fois plus élevée que les 20 % les plus riches (1)." C’est
principalement l’état des logements qui est en cause
et leur très mauvaise "performance" énergétique. Les
impayés augmentent, pour être pris en charge par les
CPAS. Des logements mal chauffés induisent aussi des
formes d’insalubrité qu’on croyait reléguées au XIXe
siècle: humidité, manque d’aération, détériorations,
fatigue, infections chroniques, pathologies respiratoires,
etc.
La prise de conscience de ces causalités conduit
à de nouvelles attentes sociales et à de nouvelles
formes d’action. Parmi elles, l’action énergétique: que
le bâtiment ne consomme presque plus rien et tende
vers le zéro-énergie; mais aussi, l’action sanitaire: que
le bâtiment contribue à la bonne santé de ses habitants;
et l’action écosystémique: que le bâtiment contribue à
une meilleure mobilité, à une biodiversité plus robuste, à
un paysage naturel urbain renforcé, etc.
Si be.passive souligne l’importance de l’énergie
(comme porte d’entrée à toute forme de construction
durable), c’est parce que le temps est venu de cesser
de la sous-estimer. Le "presque zéro-énergie" et le
"presque zéro-empreinte" sont les évidences de notre
temps, qui complètent les obligations de stabilité et
d’étanchéité. Ce n’est plus une question de goûts et de
couleurs…
Pour autant, le passif peut-il apporter une réponse
universelle à chaque cas de gure? Nous sommes
convaincus que non! D’abord parce qu’il y a bien d’autres
questions que celle de l’énergie. Ensuite parce que si
le passif apporte des solutions, encore faut-il que les
questions soient bien formulées! Et celle de l’énergie,
avec son bric-à-brac de réponses toutes faites – de
l’emballage isolant à la ventilation mécanique – ne peut
en faire l’économie.
C’est d’ailleurs là le travail de l’architecte: reformuler
et reformuler encore les questions qui lui sont déposées
par la société pour mettre en lumière les moyens
d’échapper à leur tyrannie implicite. La légitimité de
toute pratique professionnelle est à la mesure de sa
capacité à répondre aux attentes collectives – ici: tendre
vers le zéro énergie – tout en permettant à l’usager
de s’en décharger, bref d’exister comme sujet à la fois
solidaireetlibre.■
le passif
comme
sport
de
combat
éditorial
Bernard Deprez
rédacteur en chef