REVUE MÉDICALE SUISSE
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1er juin 2016
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double aveugle, vont aider à élucider la question de savoir si la
metformine peut réduire la taille d’un infarctus et améliorer
la fonction ventriculaire après une lésion de type ischémie-re-
perfusion.
En résumé, l’évidence disponible montre que la metformine est
sûre sur le plan cardiovasculaire chez les patients diabétiques
de type 2 et pourrait même réduire la mortalité et la morbidité
cardiovasculaires.
Sulfonylurées
Les sulfonylurées augmentent la sécrétion d’insuline. Comme
effets secondaires indésirables, on connaît bien la prise pon-
dérale et les hypoglycémies.
Dans l’étude ADVANCE, les hypoglycémies sévères étaient
associées à une augmentation significative des événements
cardiovasculaires et des décès de cause cardiovasculaire. De
nombreuses études rétrospectives, ainsi que quelques-unes
prospectives, ont montré une augmentation du risque cardio-
vasculaire chez les patients diabétiques de type 2 traités par
sulfonylurées, surtout chez ceux traités par glibenclamide (gly-
buride : Daonil, Gluovance). Toutefois, ceci n’a pas été démon-
tré dans les études UKPDS, ADVANCE et ACCORD. A noter que
le gliclazide (Diamicron) semble le plus sûr en termes cardio-
vasculaires, bien que les études bien conduites fassent défaut.
En résumé, les études actuelles ne permettent pas de certifier
l’innocuité cardiovasculaire des sulfonylurées. A noter qu’une
étude est en cours (CAROLINA : glimépiride vs linagliptine)
et permettra possiblement de préciser ce point.
Glinides
Ces molécules augmentent la sécrétion d’insuline et sont gé-
néralement de courte durée d’action, avec une administration
juste avant les repas, réduisant le pic de glycémie postpran-
diale. En raison de leur courte durée d’action, elles sont asso-
ciées à une prise pondérale moindre que les sulfonylurées et à
un risque abaissé d’hypoglycémies. Les plus utilisées sont le
répaglinide (Novonorm) et le natéglinide (Starlix). Sur un suivi
de 30 jours de 740 patients sous répaglinide, hospitalisés pour
une maladie coronarienne ischémique, comparés à 5543 patients
diabétiques de type 2 sous glibenclamide ou gliclazide, il n’a
pas été observé d’augmentation de la mortalité ou des événe-
ments cardiovasculaires. Mais au vu du doute sur la sécurité
cardiovasculaire des sulfonylurées, il reste difficile de conclure
sur l’impact cardiovasculaire des glinides.
Thiazolidinediones glitazones
Elles augmentent la sensibilité à l’insuline par activation du
facteur de transcription nucléaire PPARy. Comme mentionné
plus haut, la rosiglitazone (Avandia) a été retirée du marché
dans plusieurs pays, dont la Suisse, en raison d’une augmen-
tation du risque d’infarctus myocardique. Après réexamen de
l’étude RECORD, la FDA ne retrouve pas cette augmentation
du risque cardiovasculaire, expliquant pourquoi ce médica-
ment est tou jours disponible sur le marché américain. La pio-
glitazone (Actos) abaisse la pression artérielle, augmente le
cholestérol HDL, réduit les triglycérides et les acides gras
libres et est neutre sur le cholestérol LDL, contrairement à la
rosiglitazone (Avandia) qui augmente les LDL et les triglycé-
rides. Ces deux glitazones peuvent causer une décompensation
cardia que chez les insuffisants cardiaques par réabsorption
du sodium rénal et de l’eau.
Dans l’étude PROACTIVE, incluant 5238 patients diabétiques
de type 2 avec un antécédent d’événement cardiovasculaire et
de multiples facteurs de risque associés, la pioglitazone a réduit
la mortalité cardiovasculaire, les attaques cérébrales et les
infarctus du myocarde (MACE, major adverse cardiovascular
events) de 16 %. Il faut toutefois relever que le critère de jugement
primaire incluant aussi les revascularisations des membres
inférieurs n’était pas statistiquement significatif, confirmant
au passage que la pioglitazone n’a pas de bénéfice sur la mala-
die vasculaire périphérique. Dans un sous-groupe de l’étude
PRO ACTIVE de 2445 patients avec un ancien infarctus, la pio-
glitazone a réduit le risque d’un nouvel infarctus de 16 % et
chez 984 patients avec une ancienne attaque cérébrale. Fina-
lement, une méta-analyse a confirmé une diminution de 25 %
des événements cardiovasculaires dans les groupes traités par
pioglitazone.
Inhibiteurs DPP dipeptidylpeptidase
Ces molécules bloquent la dégradation du glucagon-like pep-
tide-1 (GLP-1) avec un effet modeste sur l’HbA1c. Les inhibiteurs
DPP4 sont neutres sur le plan pondéral et ne causent pas
d’hypoglycémies. Des méta-analyses ont démontré une réduc-
tion significative des événements cardiovasculaires pour les
inhibiteurs DPP4. Toutefois, à ce jour, aucune étude prospective
n’a confirmé ce bénéfice. Notamment, dans l’étude SAVOR-
TIMI, la saxagliptine (Onglyza) a révélé une neutralité sur le
plan cardiovasculaire. Cependant, une augmentation des cas
d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque a été observée
dans le groupe saxagliptine. Il ne s’agit donc vraisemblablement
pas de l’inhibiteur DPP4 de premier choix pour un patient
diabétique de type 2 connu pour insuffisance cardiaque. Dans
l’étude EXAMINE, alogliptine (Vipidia) vs placebo, les résultats
étaient neutres également sur le plan cardiovasculaire. Finale-
ment, la sitagliptine (Januvia, Xelevia) (étude TECOS) a aussi
montré une neutralité cardiovasculaire. A noter que ni l’alo-
gliptine ni la sitagliptine n’ont montré d’augmentation des
hospitalisations pour insuffisance cardiaque. Une autre étude
est encore attendue (CAROLINA) pour clarifier l’effet de la
linagliptine (Trajenta) sur les événements cardiovasculaires.
A noter finalement que la vildaglitpine (Galvus) n’a pas fait
l’objet d’une étude de sécurité cardiovasculaire.
Analogues du GLP
Ils imitent l’effet du GLP-1 endogène et stimulent la sécrétion
d’insuline, retardent la vidange gastrique, inhibent la sécré-
tion du glucagon et augmentent le sentiment de satiété. Les
récepteurs du GLP-1 se situent notamment dans les reins,
l’endothélium vasculaire, les cellules musculaires lisses et les
cardiomyocytes, suggérant la possibilité d’effets cardiovascu-
laires bénéfiques. Tous les analogues du GLP-1 sont associés
avec un certain degré de perte pondérale. Ils ne causent pas
d’hypoglycémie.
Plusieurs études ont démontré un effet bénéfique d’une per-
fusion de GLP-1 chez les humains sur la maladie cardiaque is-
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