Nous acceptons que sur chaque continent, il existe différents domaines qui servent d’approches, de
points d’entrée et de spécificités qui ont comme résultat l’usage de différentes terminologies en
relation avec l’économie sociale et solidaire. Des termes comme transition sociétale, mouvement de
transformation, changement de paradigme, modèle alternatif de développement économique
peuvent être utilisés en différents endroits et dans différents circonstances, selon les sensibilités
politiques, historiques ou culturelles. Par exemple, dans certains cercles asiatiques, le terme
d’économie solidaire est considéré avec suspicion comme étant un cousin proche du socialisme.
L’économie sociale et solidaire n’exclut pas les formes participatives, démocratiques de socialisme
mais reconnaît que chaque région doit décider quel langage et quel cadre théorique sont les plus
appropriés à ses circonstances particulières.
Economie Sociales versus Economie Solidaire:
L’économie sociale (Diagramme 1) est comprise en général comme un « tiers secteur » de
l’économie, qui complète le « premier secteur » (privé/orienté vers le profit) et le « second secteur »
(public/planifié). Le tiers secteur comprend les coopératives, les mutuelles, les associations et les
fondations (CMAFs) qui sont organisées de façon collective et orientées autour de buts à caractère
social qui ont la priorité sur les profits ou la rentabilité pour les actionnaires. La principale
préoccupation des CMAF, comme des sociétés de personnes, n'est pas de maximiser les profits,
mais d'atteindre des objectifs sociaux (ce qui n'exclut pas réaliser du profit, ce qui est nécessaire
pour le réinvestissement). Certains considèrent que l’économie sociale est le troisième pilier du
capitalisme, en même temps que le secteur public et privé. Donc, les défenseurs de l’économie
sociale tentent d’obtenir la même légitimité que les secteurs publics et privés, avec un niveau
correspondant de support en ressources et politiques publiques. D’autres, dans la partie plus radicale
du spectre, voient l’économie sociale comme une étape vers une transformation plus fondamentale
du système économique.
L’économie solidaire cherche à changer l’ensemble du système social et économique et met en
avant un paradigme différent de développement qui inclue les principes de l’économie solidaire.
Elle poursuit la transformation du système économique capitaliste néolibéral qui donne la 4 priorité
à la maximisation du profit et à la croissance aveugle vers un système qui met les gens et la planète
au coeur. En tant que système économique alternatif, l’économie solidaire inclue donc les trois
secteurs – privé, public et tiers secteur. L’économie solidaire cherche à réorienter et à donner de
nouvelles formes à l’état, aux politiques, au commerce, à la production, la distribution, la
consommation, l’investissement, la monnaie et la finance, ainsi que les structures de propriété de
manière à servir le bien-être des peuples et de l’environnement. Ce qui distingue le mouvement de
l’économie solidaire de nombreux autres mouvements de changement social et révolutionnaires du
passé, c’est qu’elle est pluraliste dans son approche – évitant des solutions rigides et la croyance en
un seul chemin correct, l’économie solidaire reconnaît aussi la valeur et se construit à partir de
pratiques concrètes, dont beaucoup sont anciennes. L'économie solidaire, plutôt que d’essayer de
créer une utopie à partir de rien et de la théorie, reconnaît qu'il existe actuellement une utopie
concrète, une utopie en action. Elle est enracinée dans les pratiques de la démocratie participative et
dans la promotion d'une nouvelle vision de l'économie, une économie qui place les personnes au
centre du système, une économie qui valorise les liens plutôt que les biens.
Ainsi, l'économie solidaire a explicitement pour agenda une transformation systémique,
postcapitaliste. L'économie sociale est un secteur de l'économie qui peut ou non faire partie d'un
programme de transformation, post-capitaliste, en fonction de la personne avec qui vous parlez.