Frank Martin Sylvain BESENÇON, 3M1
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Biographie
Frank Martin, né le 15 septembre 1890, est le dixième enfant d’une famille très protestante ; son
père, Charles Martin, était pasteur. La musique était très présente dans la vie familiale et les talents du
cadet dans ce domaine se sont très vite fait remarquer :
“Quand il eut deux ou trois ans, il chanta (en imitant les airs favoris de ses soeurs) avant même que
de savoir parler.” 1
Plus tard il se mettait au piano et recherchait des airs qu’il avait entendus (en les transposant le
plus souvent en mineur parce qu’il trouvait ce mode plus beau). Il s’essayait aussi à en inventer d’autres
et à les harmoniser. Il n’a pourtant suivi aucun cours dans un conservatoire ; son seul et unique
professeur de musique a été Joseph Lauber chez qui il a pris des cours particuliers de piano,
d’harmonie, de composition et d’orchestration dès l’année 1906. Frank Martin considérait ce professeur
comme un excellent technicien qui lui a permis d’apprendre fort bien le “métier”, mais l’estimait en
revanche moins bon artiste, ce dont il se réjouissait également car il n’était ainsi pas influencé par les
goûts de son maître.
Frank Martin s’est voué définitivement à la composition, après avoir suivi à l’université de
Genève des cours de mathématiques et de physique durant deux ans (pour faire plaisir à ses parents).
Outre ses activités de créateur, le compositeur aimait beaucoup enseigner, ce qu’il fit à l’Institut Jaques-
Dalcroze et au Conservatoire de Genève ainsi que plus tard à l’Ecole Supérieure de Musique de
Cologne. En tant que compositeur, il a reçu beaucoup d’honneurs et de prix, venant de toute l’Europe
et de l’Amérique.2
Sa première page musicale date de 1899, alors qu’il n’avait encore rien appris sur la musique.
“J’ai commencé à composer vers sept ou huit ans, de toutes petites choses. Et puis, à neuf ans, on
nous avait appris à l’école, pour Noël, une petite poésie assez drôle. Au lieu de la réciter à mes
parents, je l’ai simplement mise en musique et composée et je dois dire que c’est très proprement fait,
que c’est assez juste comme harmonie et qu’il y a même de petites modulations et des changements de
mesure... c’est parfaitement bien fait.” 3
Vers douze ans, alors que toute sa famille considérait J.-S. Bach ennuyeux, Frank Martin est
bouleversé en découvrant, en concert, la passion selon Saint Matthieu pour la première fois . Cet
événement demeura pour lui une expérience unique qu’il considéra jusqu’à la fin de sa vie comme “la
révélation d’un autre monde”. Dès lors, le compositeur allemand devint le véritable maître de Frank
Martin.
En 1910, les Poèmes Païens, première oeuvre de Frank Martin, pour baryton et orchestre, sur des
textes de Leconte de Lisle, sont exécutés à l’occasion du dixième anniversaire de l’Association des
Musiciens Suisses (AMS), dont le compositeur est membre depuis cette même année. On y ressent une
influence du romantisme tardif, et notamment celui de César Frank qui lui offrit une “ouverture à une
musique qui s’écarte quelque peu de la musique tout à fait classique.” 4
Outre ces deux compositeurs, Frank Martin a également été influencé par Debussy, dont il
appréciait fortement la musique. Dans les Entretiens sur la musique, le compositeur cite encore Haydn
pour ses libertés rythmiques et tonales, Chopin pour ses recherches harmoniques, Schumann qui le
“faisait vibrer intensément”5 et Luther, pour l’apport des chorals allemands, et également parce que
Luther représentait la vie religieuse qui animait Frank Martin.
1 Jean Martin, in Frank Martin, l'univers d'un compositeur, page 5.
2 Voir la liste des honneurs en annexe.
3 Frank Martin, interviewé par la Radio Canada, in Frank Martin, l'univers d'un compositeur, page 6.
4 Frank Martin, Entretiens…, page 113.
5 Ibid., page 113.