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P
RÉSENTATION
: P
HILOSOPHIE
,
S
CIENCE ET
P
OLITIQUE
Ambitionnant d’articuler le Sens du Monde et de l’Action humaine, seuls « objets » à nous intéresser
vraiment, nous les Hommes, la Philosophie présente nécessairement un lien avec eux et donc avec les
Sciences exactes (Mathématique, Physique, Biologie) qui étudient le premier et avec les Disciplines
(Anthropologie, Psychologie, Politique) qui régissent la seconde. Mieux, celles-ci dessinent en creux
la place de celle-là : cette dernière « achève » leur œuvre. Aussi s’initier à la Philosophie implique que
l’on passe par le chemin qu’elles empruntent. A défaut, la « Reine des sciences » se bornerait à un
Discours surnuméraire et vide, sans rapport avec ce qui anime effectivement les humains.
Mais si nous devons repasser par la Physique et la Politique, il s’en faut que nous puissions nous
contenter
d’en
répéter
les
acquis.
La Philosophie se réduirait alors à une matière redondante et superflue.
Il convient au contraire qu’elle y repère les signes de leur propre dépassement et, s’appuyant sur eux,
en explicite le contenu, énonçant leur signification, et conséquemment celui de la Recherche humaine ;
ce qu’elles-mêmes ne sauraient faire, engagées qu’elles sont dans leur tâche positive respective,
détermination des lois naturelles pour l’une, sociales pour l’autre. Sur le Sens ultime, inexorablement
poursuivi par l’Homme, elles demeurent finalement muettes, n’en anticipant que la nécessité.
Ainsi
si
la Physique
renvoie
à
la
Raison
première
du
Monde
et
la
Politique
à
la
Fin
dernière
de
l’Humanité,
ni l’une ni l’autre ne proposent une claire, ferme et démonstrative formulation de leur teneur précise.
Or c’est ce dont nous avons le plus impérieux besoin, quand on veut, au-delà des avancées ou réussites
scientifiques avérées et des améliorations ou progrès historiques flagrants, procurer à notre « marche »
un sens assuré et incontestable, susceptible en tout cas de justifier authentiquement notre existence.
Car nul Homo sapiens ne saurait se limiter à répondre à des questions mondaines et à résoudre des
problèmes
sociaux,
deux
tâches
qui,
pour
importantes
qu’elles
soient,
ne
comblent
point
le
Désir de Savoir,
toujours en quête d’une Vérité absolue.
Depuis son apparition immémoriale sur terre, l’Homme n’a en effet jamais poursuivi qu’un but, la
Compréhension ou la Réflexion totale. Et celle-ci, tout en s’accomplissant déjà partiellement dans
l’Epistémè
et
dans
la
Polis,
ne
se
réalise
véritablement que dans et par une Étude de la Raison elle-même,
soit une Science qui ne traite que de la science même. L’objet et le sujet y coïncidant, elle seule est en
mesure de produire des énoncés absolus, absous de toute extériorité et se suffisant à eux-mêmes.
Contrairement aux thèses scientifiques, immanquablement hypothétiques, et aux doctrines politiques,
invariablement provisoires, la théorie philosophique développe des spéculations pures et constantes et
donc pleinement rationnelles ou satisfaisantes pour notre Esprit.
Pour le confirmer, il convient d’épouser le rythme même du procès de la connaissance tant naturelle
qu’humaine, et d’en souligner à la fois l’enjeu et la lacune. Pas à pas et simultanément s’y dévoilera
une vérité obligée et l’exigence d’une Vérité plus haute, qu’il appartient précisément à la Philosophie
de
prendre
en
charge
et
d’articuler,
fût-ce
en
s’opposant
cette
fois à la démarche scientifique stricto sensu.
Cette
différence
de
méthode
n’induit
nulle
rupture
:
la
«
Reine
des
sciences
»
n’abolit aucunement celles-ci,
elles les « couronne » ou parfait, en révélant la vérité profonde, inaperçue ou tue néanmoins par elles.
Partant elle constitue leur conscience de soi.
Telle
est
l’unique
voie
d’accès
à
la
Philosophie.
Point
n’est
besoin,
pour
s’y
initier,
de
spécieux
préalables.
L’écoute
attentive
et ordonnée des différentes disciplines et des pratiques humaines forme un guide sûr.
En même temps qu’elle trace les contours du Savoir et de l’Idéal, elle ouvre l’horizon de la Sagesse
et/ou du Système de la Science (Hegel), en quoi consiste sempiternellement le Rêve philosophique.
Loin de s’identifier cependant à une vaine chimère, ce dernier se confond avec le Logos effectif dont
le propre est justement de se réfléchir lui-même et d’exprimer du coup l’Absolu, le Vrai ou le Tout.
C’est ce que nous vérifierons ici, à l’encontre de tous les « sceptiques », anciens ou modernes, qui,
sans s’en rendre compte, philosophent également, mais se condamnent à le faire de la pire des façons,
inconséquemment ou honteusement, gaspillant leur temps à dénoncer peu ou prou philosophiquement
la Philosophie, au lieu de le consacrer à sa fondation.