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F. HERAN et al.
est chiffrée en fonction du score de lecture, le plus sou-
vent au moyen de l’échelle de Parinaud (P2, P3, P4…).
BAV unilatérale
Plusieurs tableaux cliniques sont rencontrés, ils
vont orienter le choix de l’imagerie, son urgence et
la prise en charge thérapeutique.
Dans un contexte traumatique
[16], la BAV peut
être immédiate, liée à une lésion directe du nerf
optique : compression ou embrochement du nerf par
une esquille osseuse, étirement voire section du nerf.
La BAV peut être retardée : œdème post trauma-
tique du nerf optique, constitution d’un hématome
des gaines du nerf. Un scanner orbitaire sans injec-
tion, avec des coupes en haute résolution, doit être
réalisé en urgence (idéalement dans les 3 heures) à
la recherche d’une fracture orbitaire, et en particu-
lier de fragments osseux lésant le nerf optique.
L’IRM peut mettre en évidence un hématome des
gaines du nerf optique, soupçonné sur le scanner,
traduisant une contusion. On peut également obser-
ver un hypersignal en T2 du nerf optique, témoi-
gnant de sa souffrance (contusion directe, œdème).
La récupération est très variable. Le traitement, ana-
logue à celui des contusions médullaires, repose sur
les corticoïdes à fortes doses en cas de contusion, et
sur une éventuelle décompression chirurgicale.
Une cécité monoculaire transitoire (CMT)
est une
BAV d’installation rapide, en quelques secondes,
aboutissant à une cécité totale. Elle est indolore, tran-
sitoire, dure moins d’une heure dans l’immense majo-
rité des cas [1]. Elle peut se répéter toujours du même
côté avec un rythme variable, plusieurs fois par
semaine ou par jour. La CMT a souvent un déclen-
chement positionnel très évocateur de son origine
hémodynamique. Elle est due à une ischémie brutale
temporaire du globe, et son caractère totalement
réversible et de courte durée la rapproche des acci-
dents ischémiques transitoires cérébraux. Elle peut
toucher l’artère centrale de la rétine (ACR), l’artère
ophtalmique ou les artères ciliaires courtes. Elle est
liée, dans la grande majorité des cas, à une sténose
serrée de l’artère carotide homolatérale à l’origine
d’embols fibrino-cruoriques ou d’une baisse du flux
sanguin en aval de la sténose. Le bilan doit être réa-
lisé en urgence et recherchera une surcharge athéro-
mateuse de l’artère carotide ou une dissection chez le
sujet jeune. En outre, le bilan d’imagerie (IRM, Echo-
doppler) appréciera le retentissement cérébral de la
CMT. L’examen ophtalmologique peut retrouver des
signes directs d’atteinte vasculaire au fond d’œil
(embolie, occlusion d’une branche de l’ACR). L’exa-
men neurologique recherche des signes en faveur
d’une ischémie dans un autre territoire. Le traitement
dépend essentiellement du degré de sténose. Une sté-
nose serrée de l’artère carotide (supérieure à 70 %)
est le plus souvent traitée chirurgicalement.
Les autres causes de CMT sont plus rares :
—La maladie de Horton est révélée par une
CMT dans 15 à 20 % des cas, ce qui justifie la
mesure systématique de la vitesse de sédimentation
(VS) et de la C-reactive protein (CRP) après 55 ans.
Toute élévation de l’une et/ou de l’autre impose la
mise sous corticoïdes sans attendre l’imagerie ;
—Les emboles d’origine cardiaque nécessitent la
réalisation d’une échographie trans-œsophagienne ;
—Les troubles de l’hémostase (syndrome des
anti-phospho-lipides ou APL…) peuvent se compli-
quer de CMT.
Cas particuliers :
—Une CMT associée à une baisse visuelle lente-
ment progressive évoque une rétinopathie de stase
veineuse (rétinopathie de bas débit). Elle doit faire
rechercher dans des délais rapides une sténose très
serrée de l’artère carotide et en particulier une mala-
die de Takayashu ;
—Une BAV temporaire déclenchée par la fatigue,
un bain chaud ou un effort physique, durant de
quelques minutes à quelques heures (signe d’Uthoff)
est le plus souvent contemporaine ou séquellaire
d’une névrite optique dans le cadre d’une sclérose en
plaques. Elle ne nécessite pas d’imagerie en urgence.
Une BAV isolée, indolore et surtout progressive
évoque avant tout une compression du nerf optique
ou une lésion expansive du nerf ou de ses gaines.
Elle nécessite la réalisation rapide d’une imagerie,
même si les symptômes décrits sont anciens. Elle est
associée à un trouble variable du champ visuel (sco-
tome central, encoche périphérique perçue comme
un voile par le patient) [4, 25, 27, 30]. L’IRM est plus
performante que le scanner pour apprécier la topo-
graphie de la lésion par rapport au nerf et pour étu-
dier le retentissement de cette compression, sur le
nerf lui-même (prise de contraste, atrophie, hyper-
signal T2), mais aussi à distance (atrophie par dégé-
nérescence de type Wallérienne). L’aspect du nerf
optique est un facteur important pour la program-
mation (en urgence ou non) du geste thérapeutique.
Les pathologies responsables de ce tableau sont
nombreuses :
—Atteinte du nerf optique (un gros nerf optique
doit faire évoquer de principe une inflammation et
en particulier une sarcoïdose, plus qu’un gliome,
exceptionnel en dehors d’un contexte de neurofibro-
matose) ou des gaines méningées (méningiome,
infiltration néoplasique) ;
—Compression extrinsèque du nerf optique en
particulier dans son segment intracrânien et intracana-
laire (méningiome, anévrysme géant, volumineuse
tumeur sellaire à prolongement antérieur)
(figure 1a
et
1b)
. Tout son trajet doit être étudié, de la papille au
chiasma. Les processus expansifs orbitaires ne provo-
quent habituellement pas de baisse visuelle, sauf s’ils
sont très volumineux, mais plus volontiers une exoph-
talmie. En revanche, les lésions mêmes petites de
l’apex orbitaire peuvent être responsables de troubles
majeurs et doivent être recherchées avec soin. Souvent,
dans cette éventualité il sera utile de compéter l’IRM
par un scanner en haute résolution centrée sur les apex
orbitaires pour détecter une sténose du canal optique
liée à une anomalie osseuse (dysplasie, lésion lytique
minime) ou préciser l’origine d’une masse (mucocèle).
Une BAV d’installation rapide, évolutive, doulou-
reuse
, (douleur en particulier à la mobilisation du
globe) [21, 28] évoque, chez une femme jeune, une
névrite optique dans le cadre d’une maladie démyélini-
sante. La baisse visuelle s’installe en quelques heures à
quelques jours. Elle est d’intensité variable, allant d’un
voile unilatéral à une cécité complète. La papille est le
plus souvent normale, parfois pâle (séquelle d’un
épisode identique) ou œdémateuse. La récupération
clinique est la règle dans 80 % des cas, et commence
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