Annales de l’Université Omar Bongo n° 14
ISSN : 2-912 603-18-8 - ISBN : 978-2-912603-21-0 - EAN : 9782912603210
Mise en ligne le 27 octobre 2009.
RESEAUX DE MESURES METEOROLOGIQUES AU GABON :
POUR QUELLE EVALUATION DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES ?
Jean Damien MALOBA MAKANGA
départ. de géographie,
Laboratoire d’Analyse Spatiale et des
Environnements Tropicaux (LANASPET)
Université de Libreville (Libreville, Gabon)
malobamakanga@yahoo.fr
Résumé :
Le présent travail dresse un état des lieux des réseaux d’observation des éléments du temps et du climat,
qui comprennent non seulement les stations d’observation terrestres classiques mais aussi des stations
automatiques et une station de réception PUMA. Il ressort de cette étude que les observations ne sont
pas faites selon les normes internationales pour la majorité des stations classiques, mais aussi que la
continuité de l’enregistrement des données des stations automatiques est perturbée par les intempéries et
le peu d’empressement des services techniques à réparer ces instruments de mesure. D’énormes
problèmes techniques gênent également le fonctionnement de la station Puma dont l’imparfaite
discrimination des nuages à sommet froid rend délicate lexploitation de ses données, notamment dans le
domaine des prévisions météorologiques. La Direction de la Météorologie Nationale ne dispose donc
pas de données suffisamment représentatives à l’échelle du pays pour déterminer les caractéristiques des
changements du climat.
Mots-clés : Gabon, observations météorologiques, changement climatique.
Abstract :
This work draws up an inventory of fixtures of the networks’ observation of the elements of time and
climate, which include not only the traditional ground stations observation but also of the automatic
stations and of a receptive PUMA station. It comes out from this study that the observations are not
made in the standards for the majority of the traditional stations, but also that the continuity of the
recording of the data of the automatic stations is disturbed by the bad weather and the little eagerness of
the engineering departments to repair these measuring instruments. Enormous technical problems also
obstruct the operation of the Puma station whose imperfect discrimination of the cloudiness makes
delicate the exploitation of its data, in particular in the field of weather forecasting. The Management of
National Meteorology thus does not lay out of data sufficiently representative to the scale of the country
to determine the characteristics of the changes of the climate.
Key-words : Gabon, meteorological observations, and climatic change.
Annales de l’Université Omar Bongo n° 14
ISSN : 2-912 603-18-8 - ISBN : 978-2-912603-21-0 - EAN : 9782912603210
Mise en ligne le 27 octobre 2009.
INTRODUCTION
Les risques météorologiques et hydrologiques font partie des risques naturels les plus
répandus. Les sécheresses, les inondations et les cyclones tropicaux sont les catastrophes les plus
meurtrières et les plus dévastatrices1. La connaissance de l’atmosphère et du climat dans les pays
sous-développés doit être intégrée dans une approche globale sur le développement durable mais
celle-ci est inséparable des mesures physiques. Ces mesures effectuées dans l’atmosphère, bien
que structurées en réseau, sont des mesures ponctuelles faites se situe l’appareil de mesure,
installé en surface ou aux différents points de sa trajectoire aux moments où est alisée la
mesure2. A l’échelle de la planète, la zone équatoriale africaine occidentale est l’une des plus
arrosée. Comme s’il elle était par « nature » à l’abri des aléas climatiques, elle se singularise par le
faible nombre de travaux sur la variabilité climatique3 comparativement à la zone sahélienne ou
de l’Afrique de l’ouest4 ou équatoriale orientale5. Cela s’explique, en partie, par la rareté des
stations d’observation qui sont d’ailleurs situées majoritairement sur les aérodromes, permettant
ainsi d’exercer une mission d’assistance météorologique à l’aéronautique sur ces aérodromes6 .
Pourtant la zone équatoriale, bien qu’ enregistrant d’énormes précipitations, connaît également
quelques aléas climatiques. C’est ainsi qu’au Congo dans une région comprise entre et sud,
Mpoundza et al.7 ont montré une augmentation des températures à partir de 1980. Les
perspectives d’un changement climatique irréversible à l’échelle de la planète nous conduisent
donc à vouloir mettre en exergue les caractéristiques de ces changements du climat à l’échelle du
1 ORGANISATION METEOROLOGIQUE MONDIALE, Nouvelles du Climat mondial,24, 2004.
2 EMMANUEL CHOISNEL, «Les échelles d’espace et de temps en climatologie», La Météorologie, 8e série, n˚ 13, 1996,
p. 29-38.
3 Sylvain BIGOT, Les précipitations et la convection profonde en Afrique centrale : cycle saisonnier, variabili
interannuelle et impact sur la végétation, Thèse de Doctorat, Dijon, Université de Bourgogne, 1997 ; JEAN DAMIEN
MALOBA MAKANGA, Approche diagnostique et satellitale des climats et de leur variabilité en Afrique équatoriale
atlantique : Gabon, Congo et Sud Cameroun, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002.
4 BERNARD FONTAINE, SAMUEL LOUVET, PASCAL ROUCOU, «Fluctuations in annual cycles and inter-seasonal
memory in West Africa : rainfall, soil moisture and heat fluxes», Theor. and Applied Climatology, 88, doi
10.1007/s00704-006-0246-4, 2007, p. 57-70; TRISTAN D’ORGEVAL, « Impact du changement climatique sur la
saison des pluies en Afrique de l’Ouest : que nous disent les modèles de climat actuels», Sécheresse, vol. 19, n°2, 2008,
79-85 ; BENJAMIN SULTAN, SERGE JANICOT, CHRISTIAN BARON, MICHAEL DINGKUHN, BERTRAND
MULLER, SEYDOU TRAORE, BENOIT SARR, «Les impacts agronomiques du climat en Afrique de l’Ouest : une
illustration des problèmes majeurs», Sécheresse, vol.19, n°1, 2008, p. 29-37.
5 STEFAN HASTENRATH, DIERK POLZIN, PIERRE CAMBERLIN, «Exploring the predictability of the 'short
rains' at the coast of East Africa», Int. J. Climato, 24, 2004, p. 1333-1343; PASCAL OETTLI, PIERRE
CAMBERLIN, «Influence of topography on monthly rainfall distribution over East Africa», Clim. Res., 28, 3,
2005, p.199-212; BENJAMIN POHL, PIERRE CAMBERLIN, «Influence of the Madden-Julian Oscillation on East
African rainfall, Part II: March-May season extremes and interannual variability», Quart. J. Roy. Meteorol. Soc., 132,
2006, p. 2541-2558.
6 CHRISTIAN BREVIGNON, Atlas climatique, lenvironnement atmosphérique de la Guadeloupe, de Saint-
Barthélemy et Saint-Martin, Paris, Météo-France, 2005.
7 MARCEL MPOUNZA, GASTON SAMBA, CLOBITE BOUKA BIONA, MARTIN MASSOUANGUI-KIFOUALA,
«L’évolution des températures dans le sud du Congo-Brazzaville (1950-1998)», Publications de l’Association Internationale
de Climatologie, vol.15,2003, p. 428-433.
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Gabon. Mais la fiabilité des résultats dépend de la qualide la mesure (des données) qui est
fonction non seulement des capteurs utilisés, mais aussi de l’environnement et de l’observateur8.
Cette étude vise donc à faire un état des lieux des différents réseaux dobservations
météorologiques du Gabon. Après avoir souligné la nécessité de renforcer les mailles du réseau,
quelques « pistes » seront suggérées aux décideurs politiques et économiques pour l’amélioration
des conditions d’observation des éléments du temps et du climat au Gabon.
I. LE RESEAU DES STATIONS METEOROLOGIQUES CLASSIQUES
A partir de la fin du XIXe siècle, les météorologues installent et gèrent des stations de
mesure et de nouveaux capteurs sont inventés. Ces stations sont d’abord implantées dans les
grandes villes et dans les ports. Plus tard, au cours du XXe siècle, avec le développement de
l’aviation militaire et civile, les aéroports sont tour à tour équipés de stations de mesures car la
sécurité de la navigation aérienne exige des prévisions de plus en plus fiables9.
Un réseau d’observation des éléments du climat ou du temps est un ensemble de points
sont effectuées régulièrement des mesures météorologiques sur un espace géographique défini.
Le seau du Gabon est constitué en majorité de postes pluviométriques et de quelques stations
synoptiques qui sont en général les mieux équipées en instruments de mesure.
Depuis la deuxième moitié du XIXème siècle qui marque le début de l’enregistrement des
éléments du temps, au Gabon, jusqu’en 1980, le réseau d’observation comportait 97 stations dont
les données sont archivées par le Service National de la Météorologie (figure 1).
8 CHRISTIAN BREVIGNON, Atlas climatique, l’environnement atmosphérique de la Guadeloupe, de Saint-Barthélemy et Saint-
Martin, Paris, Météo-France, 2005.
9 GERARD BELTRANDO, Les climats, processus, variabilité et risques, Paris, Armand Colin, 2004.
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Figure 1: Réseau pluviométrique du Gabon, des origines à 1980 (CIEH, 1989).
Sur les 97 stations, six ont été créées entre la deuxième moitié du XIX ème siècle et 1900
(soit 6% du réseau national). Il s’agit de Libreville (1859), Lambaréné (1894), Eshiras Sainte-Croix
(1896), Sainte-Anne du Fernand-Vaz (1897), Mayumba mission catholique (1899) et Sindara
(1900).
De 1901 à 1920 seule la station de Ndjolé fut créée et entre 1921 et 1940 trois stations
sont mises en place : Franceville (1936), Port-Gentil et Mayumba (1937). Les deux décennies
suivantes (1941 à 1960) ont permis l’installation de 69% du réseau d’observation (précisons que
83% de ces stations sont installées entre 1950 et 1959). De 1961 à 1980, 21% des stations du
réseau national ont vu le jour ; mais entre 1981 et 1999, seule la station climatologique du Service
National de la Météorologie a été implantée.
D’une façon générale, les décennies 1981-1999 sont marquées par un recul considérable
du nombre des stations composant le réseau national. En fait, sur les 97 stations, seules 14
stations synoptiques (figure 2) ont enregistré de façon plus ou moins régulière, les éléments du
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climat entre 1981 et 1990. La dernière décennie (1990-1999) se caractérise par des lacunes plus ou
moins importantes au sein de ces stations en raison, entre autres, de l’arrêt de la desserte de
certaines localités par Air Gabon (compagnie nationale de transport aérien).
Figure 2 : Taux d’implantation des stations météorologiques du Gabon des origines
jusqu’en 2000.
II. LE RESEAU DES STATIONS AUTOMATIQUES
Une station automatique est définie dans le Manuel du système mondial d’observation comme
une station dans laquelle des instruments effectuent, transmettent ou enregistrent des
observations automatiquement, le chiffrement des observations étant fait, soit directement dans
la station, soit dans une station de mise en forme. Logiquement, ce sont des stations conçues
pour les prévisions aéronautiques. Toutefois, elles peuvent jouer le même le que les stations
classiques.
Pour s’arrimer à l’évolution du système météorologique mondial, le gouvernement
gabonais, en collaboration avec l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne (ASECNA),
a mis en place un processus d’installation de nouvelles stations météorologiques dites
« automatiques », depuis 2003. L’objectif étant de renforcer les stations existantes (classiques) et
améliorer les conditions de travail du personnel.
Le Gabon est équipé de huit (8) stations météorologiques automatiques (figure 3),
installées dans les provinces de l’Estuaire (Libreville), du Woleu-Ntem (Oyem), du Haut-Ogoo
(Mvengué), de la Ngounié (Mouila), de l’Ogooué-Ivindo (Makokou), dans la Nyanga (Tchibanga),
l’Ogooué-Lolo (Koulamoutou) et dans le Moyen-Ogooué (Lambaréné). Il faut préciser que ces
stations ont été implantées dans les aéroports ou aérodromes des capitales provinciales (Photo 1).
Alors que les stations automatiques terrestres sont placées, d’une manière générale, en montagne
ou dans les endroits les plus difficiles d’accès.
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