Laboratoire d`Analyse – Recherche en Economie Quantitative

publicité
Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative
One pager
Août 2012
Vol. 3 – Num. 006
http://www.lareq.com
Les Trois PoinTs d’AncrAge en HisToire économique
Cédrick Tombola Muke* et Jean – Paul Tsasa V. Kimbambu†
Après avoir sondé la science de l’économiste, il parait clair que
la controverse philosophique école classique versus keynésienne ou
marxiste est finalement peu intéressante. Il faut faire un choix et
le nôtre est clair : c’est la première des écoles.
Introduction
On ne peut prétendre maîtriser les fondamentaux de l’économie, ni son histoire aussi longtemps que l’on
ne comprendrait jamais rigoureusement « trois économistes ». Tout au long de ce papier, nous nous
proposons d’aligner quelques arguments qui doivent pousser notre communauté à reconsidérer les
repères de l’enseignement de l’histoire économique. A ce jour, nous estimons que si les modèles de la
macroéconomie moderne ne sont pas discutés mais quasi – ignorés au sein de la communauté en cause,
c’est dû à la défectuosité du contenu qu’on associe à la pensée économique ! En observant attentivement
les discours de « malheureux » étudiants de licence, master, voire
doctorat ; des universitaires ; des
experts dans les banques et autres institutions gouvernementales, nous constatons amèrement que
nombre d’entre eux ne savent « rigoureusement » rien des idées exposées depuis 1968 sur la nouvelle
marche de la théorie économique. L’affirmation demeure valable même si l’on considérait les années
antérieures au seuil de 1968. Pour s’en convaincre, notons qu’après une petite enquête et plusieurs
interviews – discussions, dans quatre universités « réputées » de la communauté en cause, il était
courant de rencontrer une cohorte d’élites qui ignore pleinement :
-
l’équation originelle estimée par Phillips en 1956 (courbe de Phillips) ;
-
la formalisation de l’inquiétude de Milton Friedman exprimée en 1968 (stagflation) ;
-
les démonstrations du principe d’incohérence temporelle mis en évidence par Kydland et
Prescott en 1977 ;
-
La démonstration rigoureuse de la neutralité de la politique budgétaire exposée pour la première
fois par Barro en 1974 ;
-
la démonstration non folklorique de la critique de Lucas établie en 1976 ;
-
les modèles RBC, DSGE, etc.
-
ou pour descendre plus loin, les enjeux actuels du concept de concours de beauté avancé par
Keynes dans le chapitre XII de sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.
D’aucuns répliquent même : à quoi nous servirait tout ce lot de concepts ? Ne dit – on pas que dans la
succession des phénomènes constatés, l’esprit doit toujours rechercher des explications plausibles ?
Dès lors, un questionnement surgit d’amblée : comment prétendre réaliser quelque chose de nouveau si
l’on n’est pas informé de ce qui s’est passé ou de ce qui se passe ailleurs ? Pourquoi se contenter de
conclusions de paradigmes ou de lecture facile de grandes théories sans s’interroger sur l’Esprit qui les
soutient ?
*
†
Assistant CCAM – UPC et Chercheur co – accompli au Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative
[LAREQ] ; [email protected].
Master en cours Economie – NPTCI 2010 – 2012 ; Assistant CCAM – UPC et Chercheur co – accompli au Laboratoire
d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative [LAREQ] ; [email protected]– BP 16 626 Kinshasa I.
58
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
L’économiste ne se perd – il pas dans les fables ? Comment apprendre à notre communauté à
transcender les idées erronées transformées en quasi – vérités ?
Apprendre une tonne de grands « noms » en économie est légitime –on en a d’ailleurs fait avec brio sur
le banc de l’université– mais qu’est – ce qui est utile pour un économiste accompli* ?
Ainsi, ce papier se propose de comprendre toute la science économie en élevant trois économistes au
rang de référentiel. Le programme poursuivi, dont ce papier est un premier essai, est de trouver un
sentier qui conduit la communauté scientifique en cause à émerger avec une science adaptée et
endogène aux vécus et défis de son environnement. Et pour y parvenir, « bien comprendre » l’évolution
de l’économie SAT† ne peut suffire (condition nécessaire non suffisante), il faut en plus, « mieux cerner »
les points de retournement de cette discipline.
A ce jour, voici ce qui est utile pour l’économiste accompli de notre communauté : (i) Restauration du
background [comprendre les motivations de l’écriture de Recherches sur la nature et les causes de la
richesse des nations qui est reconnu comme le texte fondateur de la science économique moderne ou
mieux, le texte ayant résumé avec succès la vision de géniteurs de l’économique ; pénétrer la Théorie
générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, en vue, d’une part, de soutirer les éléments
nécessaires et complémentaires au discours prêché par Alfred Marshall et Léon Walras et d’autre part,
apprécier la qualité de la nouvelle recette présentée à l’économiste ; appréhender la portée de la
Révolution des anticipations rationnelles afin (*) d’identifier, avec cohérence et rigueur, les traces suivies
par la théorie économique moderne et (*) de se placer et d’œuvrer sur la frontière de connaissances en
sciences économiques] ; (ii) saut de connaissances ; (iii) consolidation des connaissances et (iv)
standardisation des compétences.
Ce papier, s’inscrivant dans la logique de Tsasa (2012a), présente la première phase de la restauration
du background de l’économiste congolais. Eu égard au thème traité, la démarche suivie procède par
personnification. Nous procédons comme suit. Dans une première section, nous présentons la figure qui
caractérise l’émergence de la science économique dans sa phase moderne. La deuxième et la troisième
sections examinent les acteurs majeurs de l’évolution de la science économique, qui constituent, sans nul
doute les deux pics majeurs de la pensée économique du XXème siècle et de la première décennie du
IIIème millénaire.
*
†
Par exemple, il a juste fallu, pour Lucas, étudier sérieusement deux économistes pour disposer d’une connaissance
approfondie en économie. Il s’intéressait à formaliser le paradigme friedmanien à l’aide des outils mathématiques
prêtés à Samuelson.
Science, Art et Technique.
59
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
I. Adam Smith : le collecteur illuminé de la pensée économique
Contrairement à Adam biblique, Adam Smith n’est pas le parent géniteur unique de l’économie moderne.
Il apparait comme le collecteur et l’ordonnateur illuminé de la pensée dispersée des grands économistes
primitifs. Maitrisant l’histoire économique et confrontant, à chaque fois, sa pensée aux faits, il parvient à
écrire, en 1776, non parfaitement et plus correctement que tout autre penseur économique
contemporain ou l’ayant précédé, le projet de la science économique moderne. Ainsi, certains
économistes n’ont pas eu tort de lui attribuer précipitamment la paternité de la science économique
moderne car ayant le plus inspiré les économistes dans le temps et dans l’espace. Il est en réalité la
principale branche génitrice de l’économie, discipline scientifique. Tout comme David Ricardo et Joseph
Schumpeter ont contribué à ce que Smith ait été constamment sous – estimé dans le cercle des
économistes de la première moitié du XXème siècle (Samuelson, 1992*), de même les enseignants
responsables du cours de l’histoire économique dans la communauté en cause ont biaisé l’appréhension
de la genèse de l’économique et de son évolution. Ils n’ont nullement développé de procédures et
mécanismes stimulant l’apprenant à lire les textes originaux.
Adam Smith




David Ricardo
John Stuart Mill
Jean – Baptiste Say
Alfred Marshall




Par réaction :
 John Maynard Keynes
 Les courants pro - keynésiens
Leon Walras
Carl Menger
William Jevons
Vilfredo Pareto




Karl Marx
Monétaristes
Economistes de l’offre
Nouveaux classiques
Alors qu’il est important de pénétrer, comprendre et connaître telle figure, on s’est contenté de retenir
les fragments de phrases !
Année de 1ière publication
1759
1761
1776
1795
1795
1795
1795
1896
1963
*
Principales œuvres d’Adam Smith
Titre de l’ouvrage
Théorie des sentiments moraux
Considerations concerning the First
Formation of Languages
An inquiry into the Nature and Causes of
the Wealth of Nations
History of Astronomy
History of Astronomy
History of Ancient Logics and Metaphysics
History of Ancient Physics
Lectures on Jurisprudence
Lectures on Rhetoric and Belles Lettres
Thème traité
Philosophie morale
Le langage
Economie Politique
Astronomie
L’imitation dans les arts
Philosophie
Physique
Notes de cours juridiques
Notes de cours sur la réthorique
A l’occasion d’une conférence tenue au Usher Hall à Edinburgh au mois de juillet 1990 pour célébrer le 200 ème
anniversaire de la mort de Smith et réunissant 11 récipiendaires du prix Nobel (Maurice Allais, James M. Buchanan,
Lawrence R. Klein, Wassily Leontief, James Meade, Franco Modigliani, Paul A. Samuelson, Theodore W. Schultz,
Richard Stone, Jan Tinbergen et James Tobin). Planeta (2006) note que, d’une part, Ricardo croyait que le système
de Smith était erroné alors que les économistes aveuglés par la réputation de brillance de Ricardo, était « unable to
recognize in his murky exposition the many non sequiturs contained there and accepted Ricardo’s indictment at its
face value » ; et d’autre part, Schumpeter attaquait l’œuvre de Smith pour sa médiocrité et son manque d’originalité.
A ce sujet Samuelson (1992) précise que Schumpeter, dans son « brilliant German work, Economic Doctrine and
Method (1914), had patronized Smith faint praise », alors que les économistes d’entre 1930 et 1990 n’avaient qu’un
intérêt et une connaissance limitée de l’histoire de l’économie et que donc, « they gladly go for whole hours without
thinking about the subject. Therefore, Schumpeter’s evaluation was influential to them and set the climate of
opinion ».
60
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Il est possible de comprendre les grandes lignes de l’œuvre maîtresse d’Adam Smith (Bien que
prolifique*) en isolé ; ce qui rend plus souple le processus d’apprentissage du mode de réflexions qu’il a
confectionné. Une compréhension plus approfondie en exige une lecture multidisciplinaire à l’effet
d’explorer non seulement ses facettes économiques, mais également politiques ou morales.
La contribution de l’œuvre de Smith (1776)† dans l’évolution de la pensée économique est majeure
(Martineau, 2006) et à ce jour, comme en témoigne l’interprétation senienne‡ de la pensée de Smith,
nous sommes convaincu qu’elle n’est toujours pas intégralement exploitée et/ou mise en évidence. D’où
la nécessite de la relire sans préjugé§.
De l’esprit de système à la main invisible
Le Collecteur estime que l’homme scientifique a toujours cherché à perfectionner un système explicatif
du monde qui l’entoure, car il veut réduire la douleur de l’étonnement devant un phénomène inexpliqué,
puis il veut augmenter son plaisir à admirer un système parfait. Une sorte de mécanique céleste réglerait
les mouvements des planètes, le monde matériel et les rapports sociaux. Ainsi, en 1776, il cherche à
déterminer un mécanisme liant les rapports sociaux entre les hommes, à la manière de Newton, dont il
fait l’éloge, qui a construit un système, à cette même époque, qui a suscité l’admiration dans le domaine
du monde matériel. Ce système doit satisfaire à trois critères pour plaire à « l’esprit de système » : il
doit satisfaire aux jugements moraux, techniques et esthétiques. Ainsi, Smith s’est appliqué à créer cette
« main invisible », qui prend place dans le système d’économie politique idéal.
De l’économie politique à la science économique
L’œuvre de 1776 déclasse et/ou complète les auteurs français (Catillon, Quesnay, Montesquieu,
Rousseau, Voltaire, etc.) jusqu’à lors maîtres du champ économique, et tente de faire de l’économie
politique une science spécifique en introduisant pour la première fois dans l’analyse économique les
procédés de l'enquête scientifique.
Du capitalisme naissant à la régulation par le marché
L’ordonnateur théorise les conditions de la régulation par le marché du capitalisme naissant. Il est l'un
des premiers à présenter les relations économiques comme un ensemble d’éléments régi par des lois,
ces relations s'autorégulant grâce au marché.
Une nouvelle définition de la richesse
Smith rompt avec la théorie mercantiliste selon laquelle la richesse d'une nation se mesure à la quantité
de matériaux précieux qu'elle possède. Il définit la richesse comme une production annuelle obtenue
grâce au travail. Et donc, l'enrichissement de la nation repose sur l'augmentation de la quantité de
travail et l'amélioration de la productivité.
*
Moscovici (1956) estime qu’il plus choquant de voir Adam Smith catalogué dans une seule discipline et jugé
uniquement sur ce qu'il a produit de plus marquant, alors qu’il est en réalité un homme de génie ayant pu exceller
dans plusieurs branches du savoir.
†
Voir :
http://www2.hn.psu.edu/faculty/jmanis/adam-smith/Wealth-Nations.pdf
http://classiques.uqac.ca/classiques/Smith_adam/richesse_des_nations/livre_1/richesse_des_nations_1.pdf
‡
D’Armartya Sen.
§
Un travail à réaliser dans le cadre du programme – Laréq de doter la RDC d’un paradigme endogène aux réalités
locales. Dans ce texte, nous nous bornons à énumérer quelques apports majeurs collectés dans la littérature
économique.
61
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Déterminants de l’enrichissement
La richesse d’une nation passe par l'amélioration de la productivité du travail. Et cette dernière est le
résultat d’une division du travail et d’une spécialisation des tâches. In fine, le principe qui donne lieu à la
division du travail est l'intérêt réciproque, c’est – à – dire la compréhension par chacun de son intérêt
propre, d’où la célèbre phrase : « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et
du boulanger, que nous attendons notre dîner mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous
ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ».
De la valeur d’une marchandise
Smith remarque que toute marchandise possède une « valeur d'usage » et une « valeur d'échange ».
Du salaire minimum
Smith pense que le salaire du travailleur doit être suffisant pour lui permettre de subsister et d'entretenir
sa famille car sinon les ouvriers disparaîtraient au-delà de la première génération.
Du rôle de la monnaie
La monnaie n'est qu'un moyen de circulation sans impact sur le fonctionnement de l'économie et les
banques n'ont pas à financer l'accumulation. Plus largement, Smith distingue trois parties dans le
capital : (i) le premier est réservé à la consommation immédiate et ne rapporte aucun profit (stock) ; (ii)
le capital fixe rapporte un revenu sans circuler : outils de travail, bâtiments, terres mais aussi savoirfaire et talents ; (iii) le capital circulant comprend la monnaie, les réserves de vivre et de matériaux
utiles à la fabrication ainsi que les marchandises non encore vendues par leurs propriétaires.
De fondements microéconomiques de la macroéconomie
Si chaque individu, chaque entreprise ne cherche que son profit, le profit personnel s'accorde néanmoins
avec les buts de l'industrie nationale. En cherchant à accroître son revenu personnel, chacun contribue à
accroître le revenu de la nation. Chacun est « conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre
nullement dans ses intentions », ce qui n'est pas un mal car on travaille de façon plus efficace quand on
croit poursuivre son propre profit que s'il s'agissait du bien général. La somme des intérêts particuliers
produit l'intérêt de tous.
Aussi, il convient de noter que les travaux de Sen (1986, 1993, 1999, 2000), Barsamian (2011), Ghosch
(2003), Swedberg (1990) ou Wallace (2004) prouvent pertinemment que la pensée de Smith était
révolutionnaire mais son interprétation a subi, comme c’est le cas de toute œuvre majeure, de
déformation. Ils montrent également que Smith (1776) croit que le comportement humain ne peut
s’expliquer uniquement par l’intérêt personnel, et que ce dernier n’est pas le seul déterminant du bien –
être collectif (appréhension de la microéconomie dans un cadre macroéconomique).
Du rôle de l’Etat
Dès 1776, Smith explicite le rôle de l'Etat, ses droits et ses devoirs. Il estime qu’au – delà des actions
régaliennes traditionnelles et des dépenses d'intérêt général (l'instruction), l'Etat doit, par ailleurs,
intervenir à travers la fiscalité pour engendrer des incitations, une répartition des richesses. Si la libre
entreprise fait avancer la société, ce système de liberté ne produit ses effets bénéfiques que s'il est
encadré par l'Etat, garant de l'intérêt de la société face à l'égoïsme des individus. Aussi, il précise que les
impôts doivent respecter quatre règles : dépendre des capacités des contribuables (pourcentage du
revenu de chacun), éviter l'arbitraire, être perçu au moment le plus commode pour ceux qui le payent et
occasionné des frais de gestion les plus faibles possibles.
62
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
In fine, Adam Smith se situe du côté de l'Etat gendarme et non de l'Etat providence car estimant que
tout homme, tant qu'il n'enfreint pas les lois de la justice, demeure en pleine liberté de suivre la route
que lui montre son intérêt et de porter où il lui plaît son industrie et son capital, concurremment avec
ceux de tout autre homme ou de toute autre classe d'hommes. Et par conséquent, l'homme d'État qui
tenterait d'ordonner aux particuliers la manière d'employer leurs capitaux non seulement se chargerait
d'un soin très superflu, mais encore assumerait une autorité qui ne pourrait être confiée avec sûreté à
aucun conseil ni sénat, et qui ne serait nulle part si dangereuse qu'entre les mains d'un homme assez fou
et assez présomptueux pour se croire capable de l'exercer.
Cette conception de l’Etat a constitué, notamment, le point d’achoppement pour l’économiste John
Maynard Keynes qui présente un autre paradigme et développe un mode de réflexion quasi – paradoxal
au cadre d’analyse élaboré depuis l’œuvre de 1776.
II. Keynes : la figure tutélaire de la macroéconomie moderne
John Maynard Keynes est, sans conteste, une des figures emblématiques de l’histoire économique de ces
deux derniers siècles et la figure tutélaire de la macroéconomie moderne depuis la révolution
Keynésienne* des années 1930. Si Adam Smith apparaît comme le collecteur et l’ordonnateur illuminé de
de la pensée économique, Keynes émerge comme l’initiateur de la macroanalyse†. Etant amèrement
déçu par l’orthodoxie découlant du paradigme classique qu’il avait lui–même étudié, enseigné et
commenté dans ses écrits, et s’étant sévèrement opposé, dès 1924, à la loi de Say et à l’expérience de
pensée d’Adam Smith, Keynes a, dans le livre I de la théorie générale, avancé ce qui suit : Nous avons
donné à notre théorie le nom de « théorie générale ». Par là nous avons voulu marquer que nous avions
principalement en vue le fonctionnement du système économique pris dans son ensemble, que nous
envisagions les revenus globaux, les profits globaux, la production globale, l'emploi global,… Et nous
prétendons qu'on a commis des erreurs graves en étendant au système pris dans son ensemble des conclusions
qui avaient été correctement établies en considération d'une seule partie du système prise isolément.
En introduisant, dans l’analyse, des concepts nouveaux comme celui de la demande effective, du
chômage involontaire, du multiplicateur et des esprits animaux, la théorie générale –qui avait
sensiblement bouleversé l’analyse économique de l’entre–deux–guerres aux années 1970– insiste sur la
responsabilité de l’Etat face aux limites des vertus de marchés libres en préconisant l’interventionnisme
en matières d’investissements afin, notamment, de soutenir la production et l’emploi, et donc de lutter
contre le chômage, jugé involontaire.
Par ailleurs, il convient de noter que si l’utilité de recourir au déficit budgétaire pour sortir de la récession
a été universellement reconnue, il est un message plus fondamental encore de la Théorie générale qui,
lui, a été occulté : l’analyse en profondeur des mécanismes économiques et du rôle de l’Etat (Akerlof et
Shiller, 2009).
*
†
L'expression « révolution keynésienne » a été utilisée pour la première fois par Lawrence Klein en 1947, dans un
ouvrage intitulé The Keynesian revolution.
Kreisler (2005) note que Smith, Mill et Marx portaient déjà un intérêt envers une vision globale pour comprendre le
comportement humain.
63
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
A ce jour encore, malheureusement, cela reste vrai dans la communauté en cause. Force est de
constater que les esprits animaux de Keynes sont quasi – ignorés. La seule explication qui tienne est que
les enseignants et étudiants se sont contentés des interprétations et des bouts de phrases, sans effort de
pénétration du contenu et de l’esprit de la Théorie générale. Pour faire face à ce déficit, nous proposons
une lecture de la révolution Keynésienne en trois temps : le rôle de l’Etat, les esprits animaux, et le
concours de beauté de Keynes.
La théorie générale face au rôle de l’Etat
Contrairement à la théorie classique, la Théorie générale de Keynes, parue en 1936 –au plus fort de la
Grande Dépression– a témoigné d’une toute autre approche : l’investissement public est un substitut à
un investissement privé défaillant. Keynes légitime et met au goût du jour l’intervention de l’Etat,
destinée essentiellement à dynamiser l’économie lorsqu’elle est dépressive. S’inscrivant dans la logique
de Kahn (1931), Keynes avance que lorsque l’Etat injecte des fonds supplémentaires dans l’économie,
des répercussions en cascade se produisent, appelées effets multiplicateurs, ce qui permet de reculer le
chômage involontaire et de remettre les entreprises en selle.
La démarcation faite par Keynes, dans la Théorie générale, est que la demande effective est le moteur
de la production. Dans un tel contexte, une intervention étatique visant à accroitre une composante de
cette demande est donc totalement légitime et justifiée. Pour marquer ce point de rupture –
essentiellement sur la méthode et les postulats classiques–, Keynes écrira un jour qu’il n’a pas aboli la
vision d’Adam Smith mais qu’il a utilisé l’analyse économique moderne pour la mettre en pratique. Et
dans les années 1940, cette nouvelle vision imprimée par Keynes, sur le rôle de l’Etat, va devenir la
norme au point d’être, dans certains pays, garantie par des lois.
Au passage du temps, la Théorie générale va connaître plusieurs courants d’interprétation dont les plus
importants sont : le post–keynésianisme, le néo–keynésianisme (la première synthèse) et la nouvelle
macroéconomie keynésienne (la deuxième synthèse).
Dans le souci, sans doute, de rallier le plus grand nombre de gens à la vision de Keynes, les keynésiens
de la synthèse néo – classique vont se verser dans un Keynésianisme hydraulique*, en interprétant la
Théorie générale à l’intérieur du cadre walrassien. Pour ces disciples, selon l’expression de Don Patinkin,
dans la Théorie générale, la voix du Maître est d’Alfred Marshall et ses mains sont celles de Walras. Et ce
travail d’interprétation a été commencé en 1937, à peine quelques mois après la publication de la
Théorie générale, par Hicks† autour du cadre IS – LM, qui va devenir le Graal de la macroéconomie
élémentaire jusqu’aux années 1990.
Ce travail de synthèse, laissant de côté incertitude et esprits animaux, s’est poursuivi avec notamment
les travaux de Modigliani (1944) et de Samuelson (1978). Pour ces auteurs, si Keynes a profondément
bouleversé l'analyse économique, sa pensée reste tributaire de certains axiomes qui le rattachent
fermement à l'école classique : la loi des rendements décroissants, l'exogénéité de la monnaie ainsi que
l'égalité entre épargne et investissement. D'où la problématique de la facilité avec laquelle les analyses
keynésiennes ont pu être abordées par les économistes orthodoxes.
*
†
Expression propre à Michel Beaud et Gilles Dostaler. Le keynésianisme hydraulique désigne un keynésianisme
simplifié, réduit à une mécanique des quantités globales ou à un hydraulique de flux et entièrement vidé des
dimensions essentielles de Keynes : le temps, l'incertitude non probabilisable, les anticipations et donc la prise en
compte des phénomènes monétaires.
Mr. Keynes and the “Classics”: A Suggested Interpretation.
64
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Les nouveaux keynésiens, en réaction à l’école des anticipations rationnelles*, remettent à l’ordre du jour
quatre points caractéristiques de la Théorie générale laissés de côté, à savoir : les esprits animaux,
l’incertitude, l’asymétrie informationnelle et la viscosité de variables nominales et institutionnelles.
La théorie générale et les esprits animaux
L’un des messagers centraux de la Théorie générale de Keynes, mis de côté à dessein pendant
longtemps –probablement pour rendre sa pensée facile à digérer– est celui des esprits animaux qui
gouvernent l’économie et la finance. Du point de vue de Keynes, l’économie n’est pas seulement
gouvernée par des acteurs parfaitement rationnels qui, "mus par une main invisible", s’engagent dans
toutes les transactions mutuellement bénéfiques, comme le prétendent les économistes classiques.
Keynes reconnaissait que l’activité économique répond dans son ensemble à des préoccupations
rationnelles, mais il affirmait également qu’une grande partie de cette activité est sous l’emprise des
"esprits animaux". Les hommes n’obéissent pas uniquement à des motivations strictement économiques.
Ils ne font pas toujours preuve de rationalité dans la poursuite de leur intérêt (Akerlof et Shiller, 2009).
Dans son ouvrage de 1936, Keynes reproche à Smith de nier les esprits animaux et de refuser de
considérer que les hommes manquent parfois de logique ou qu’ils se trompent. Keynes, par contre,
voulant expliquer les circonstances dans lesquelles le plein emploi ne pouvait être garanti, a soutenu que
les investisseurs agissaient sous l’impact d’esprits animaux, d’un besoin spontané d’agir†, de ces forces
psychologiques qui expliqueraient l’instabilité et les déroutes du système capitaliste.
Si la main invisible d’Adam Smith constitue le moteur de l’économie classique, les esprits animaux de
Keynes constituent la clé qui permet de comprendre le fonctionnement réel de l’économie. Et c’est
précisément, comme l’indique Akerlof et Shiller (2009), ces schémas de pensée émotifs qui valident
l’intervention de l’Etat, dont le rôle devient celui de créer un foyer harmonieux, c’est – à – dire un cadre
qui permettrait au capitalisme d’exprimer librement sa créativité, tout en le protégeant de s’adonner à
des excès, de céder aux esprits animaux.
Le concours de beauté de Keynes et l’incertitude
A l’idée de remettre en cause le point de vue selon lequel les marchés financiers parviendraient à une
allocation des capitaux efficace, dans le chapitre 12 de sa Théorie générale, Keynes emploie la
métaphore du concours de beauté‡ pour illustrer le fonctionnement du marché boursier et plus
généralement, de l’ensemble des marchés financiers.
L’idée avancée par Keynes, à travers cette transposition, est que le prix d’un titre financier a la nature
d'une bulle spéculative§. Ce prix n’est pas déterminé par la valeur intrinsèque du titre, mais plutôt par un
un mécanisme auto-référent fondé sur ce que chacun pense que les autres pensent que les autres
pensent, et ce à l’infini. Ainsi, la meilleure stratégie pour un investisseur consiste à deviner ce que les
*
†
‡
§
Il faut noter que la formalisation de la théorie générale par le néo – keynésien a rendu la pensée du Maître très
vulnérable aux attaques de l’école de Chicago [Friedman (1956, 1966, 1968)] et a finalement prêté le flanc à la
critique radicale des partisans de la nouvelle macroéconomie classiques dès les années 1970 [Lucas (1972, 1976) ;
Barro (1974, 1976) ; Sargent – Wallace (1975) ; Kydland – Prescott, (1977, 1982) ; Lucas – Sargent (1981)].
Voir Stiglitz (2010).
Keynes s'est inspiré sur ce point d'un concours organisé par un magazine pour désigner les six plus beaux visages.
Les gagnants étaient ceux dont le choix se rapprochait le plus de celui de la moyenne des lecteurs. Aussi les tenants
du concours étaient-ils induits à ne pas désigner la personne dont le visage leur plaisait le plus mais celui dont ils
pensaient qu'il plairait au plus grand nombre.
Cela revient à dire que sa valeur dépend plus de représentations et d'anticipations que de fondements réels.
65
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
autres pensent ou à bien anticiper la psychose de masse. Et c’est précisément cet argument qui a mis en
mal l’idée des marchés financiers efficaces. Cela parce que, du point de vue de Keynes, les
comportements financiers sont affectés par l’incertitude, c’est – à – dire le faible poids accordé aux
raisonnements logiques.
Et en 1937, il élargit le champ de comportements affectés par l’incertitude à l’ensemble de
comportements économiques, si bien que l’économie toute entière devient une véritable "économie de
casino".
Intuitif et prolifique, comme l’indique le tableau de ses écrits repris en annexe 1, Keynes a surtout été
immortalisé par trois œuvres majeures, ce qu’il convient d’appeler, d’après l’expression de Don Patinkin,
la trilogie de Keynes. Il s’agit de deux tomes du Traité sur la monnaie (1930) et de la Théorie générale
de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936).
In fine, malgré toute la critique à laquelle ses idées ont prêté le flanc notamment, avec la révolution des
anticipations rationnelles menée par les nouveaux classiques, à ce jour, la Théorie générale et ses
stigmates semblent persister encore.
III. Lucas : le réformateur de l’économique
Bob Lucas* est une autre figure majeure de l’économie. Il incarne, comme les deux figures de proue
évoquées précédemment et par ailleurs, comme l’indique les tableaux de ses œuvres reprises en annexe
2, un nouveau mode de réflexion et d’analyse économiques. Bien qu’ayant complètement transformé la
façon d’approcher l’économie, son discours analytique est si dur que peu d’économistes le comprennent
correctement. Un seul obstacle majeur éloigne généralement les économistes du savoir lucasien : ce sont
les matériaux d’analyse qu’il emploie. Le recours, de manière intensive, à l’optimisation dynamique par
Lucas et par toute la communauté d’économistes qui ont inspiré, relayé, complété et/ou dépassé la
démarche entreprise par Lucas, exclut et éloigne sérieusement beaucoup d’économistes de l’aire de la
macroéconomique dynamique†. Pour une lecture simple, Lucas peut être compris en quatre temps.
Lucas de l’école monétariste
La théorie économique est continument confrontée aux faits. Et donc, la pertinence et la robustesse
d’une théorie ne peuvent donc s’expliquer que par sa capacité à reproduire la réalité dans le temps et
dans l’espace. Cela ne fut pas le cas pour la courbe de Phillips du premier âge (Phillips, 1958 ;
Samuelson – Solow, 1960).
Bien qu’ayant complété le modèle IS – LM, le diagramme à 45°, et surtout l’écriture de la théorie
générale de Keynes (1936) qui entretenait un flou sur la théorie de la relation inflation – fluctuations, la
relation de Phillips était incapable de fournir une explication cohérente et satisfaisante au phénomène de
stagflation, observé dans les années 1970. Depuis lors, l’école de Chicago s’est proposé de fournir un
nouveau cadre d’analyse de la théorie de politique macroéconomique, et donc, une révisitation et/ou une
remise en cause de la capacité prédictive de la courbe de Phillips.
*
†
Robert Emerson Lucas Jr.
Tsasa (2012b) montre que la RDC (comme c’est le cas pour la plupart de pays africains) a connu, jusqu’avant la
construction du premier modèle DSGE/RDC, un retard d’environ 40 ans entre pratiques observées dans les
universités & institutions publiques et le niveau de l’économie moderne. Une évaluation plus absolue établit ce retard
à environ II siècle et 30 ans.
66
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Ainsi, Friedman (1968), parallèlement à Phelps (1968), remet en cause la stabilité de la courbe de
Phillips. En même temps, Friedman définit les conditions d’efficacité de la politique, en précisant ce que
la politique peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. Sa vision ne fut pas totalement admise par ses
partisans. Conséquence, l’école de Chicago s’est scindée en deux filières principales. La première filière
estime que l’impact de la politique monétaire est transitoire, et son impact passe par le mécanisme
d’illusion monétaire (Friedman, 1956, 1968). La deuxième filière considère que la politique monétaire est
totalement inefficace. Celle – ci ne peut avoir des effets sur l’activité économique que par le mécanisme
de surprise exceptionnelle (Sargent et Wallace, 1985).
La deuxième filière n’est pas loin de la conception de Lucas selon laquelle les fluctuations économiques
sont expliquées par des impulsions monétaires. Au passage du temps, la vision lucassienne fut déclassée
et rapidement écartée sur la scène NMC par Kydland et Prescott (1982), géniteurs de la théorie de cycles
d’affaire réels*. Ceux – ci, en enrichissant le modèle de croissance optimale stochastique de Brock et
Mirman (1972), se proposent d’expliquer le cycle non pas comme un écart à l’équilibre mais comme une
fluctuation du produit lui – même.
Lucas de la théorie d’anticipation rationnelle
Insatisfait de l’hypothèse d’anticipation adaptative avancée par Friedman pour relever les failles de la
relation établie par Phillips, Lucas (1972) revisite Muth (1961) et propose un nouveau cadre d’analyse où
l’homo œconomicus est doté d’une capacité d’anticiper rationnellement l’avenir sur base de leur
connaissance de l’économie (information disponible)†. Le modèle de formation des anticipations a
révolutionné, non seulement la macroéconomie, mais toutes les sciences économiques. En effet :
-
la courbe de Phillips, qui postulait l'arbitrage possible des gouvernements entre inflation et
chômage, est totalement déclassée ;
-
la théorie de l’incapacité des politiques monétaires abordée par Friedman est rigoureusement
établie, à l’aide notamment d’un modèle à générations imbriquées ;
-
Puisque les agents ajustent quasi – instantanément leurs anticipations de prix et de salaires à la
nouvelle politique économique, les effets de celle – ci sont annulés ;
-
la validité des modèles économétriques (critique de Lucas) est remise en cause, car une fois les
anticipations rationnelles prises en compte, les modèles macroéconométriques ne permettent
pas de mesurer correctement l'impact des politiques économiques.
-
la neutralité de la monnaie, argument cher tant aux anciens classiques au sens de Keynes
qu’aux nouveaux classiques, est prouvée ;
-
la thèse soutenue par Friedman selon laquelle les chocs monétaires ont des incidences, sans
toutefois que ce trait soit une des solutions proposées en politique monétaire, est également
prouvée.
Lucas de la critique de Lucas
La critique de Lucas met en évidence la dépendance des coefficients des formes réduites de modèles
macroéconométriques vis – à – vis des politiques économiques pratiquées et plus généralement des
paramètres des lois régissant les variables exogènes et les résidus (d’Autume, 1986). Le propos suivant
de Lucas et Sargent (1976) en est une des conséquences les plus radicales : les modèles
*
†
Appellation introduite par Long et Plosser (1983).
Pour une discussion et une démonstration rigoureuse de l’hypothèse d’anticipations rationnelles, voir Tsasa (2012c).
67
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
macroéconomiques modernes n’ont aucune valeur pour guider la politique économique et aucune des
voies d’amélioration actuellement empruntées n’est susceptible de remédier à cet état de choses.
L’accusation formulée par Lucas (1976) est donc que la plupart des modèles macroéconométriques ne
sont pas structurels. Leur utilisation pour l’évaluation de la politique économique est fallacieuse et
l’utilisation de modèles structurels démontrerait sans doute l’inefficacité générale des politiques
économiques
(Tsasa,
2012c).
En
remplacement
de
modèle
macroéconométrique
d’inspiration
keynésienne, Lucas propose d'introduire des modèles structurels microéconomiquement fondés où les
agents économiques sont rationnels et évoluent dans un environnement fluctuant (dynamique). Et il
considère que cette nouvelle approche doit constituer le principe moteur de la modélisation
macroéconomique.
Lucas de la théorie de croissance endogène
Dans les années 1980, les modèles de croissance endogène ont émergé comme un nouvel empire des
théories de la croissance. Ils justifient leur existence dans la recherche de déterminants économiques
qui expliqueraient le rythme de progrès technique, exogène dans le modèle fondateur de Solow. Trois
grandes figures dominent la genèse de théories de la croissance endogène : Paul M. Romer (1986),
Robert E. Lucas (1988) et Robert J. Barro (1991).
Le modèle développé par Lucas considère le capital humain comme un des arguments explicatifs majeurs
de la dynamique économique. Il définit le capital humain comme un facteur double : (i) une
accumulation volontaire de connaissances (schooling) et (ii) une accumulation involontaire des
connaissances par l’apprentissage (learning by doing). A l’aide de ce modèle, Lucas parvient à mettre en
évidence une réalité importante où les agents économiques déterminent leur temps de travail et de
l’éducation u* et (1 – u*) sans tenir compte des effets externes de leur éducation. De ce fait,
comparativement à son niveau optimal, le taux de croissance du capital humain serait faible car les
agents sous – investissent systématiquement en éducation d’autant plus que leur taux de préférence
pour le présent (taux d’impatience subjectif) est élevé. Ainsi, une politique d’éducation favorable à la
croissance doit mettre un accent sur la formation du capital humain.
In fine, en 1990, Lucas fit remarquer qu’il n’existe pas de forte différence de productivité du capital
physique entre les pays riches et les pays pauvres. Cependant, il existe une forte différence des
productivités du capital humain et cela au bénéfice des pays riches. Cette constatation est généralement
désignée sous le nom de « paradoxe de Lucas ». Tout comme le paradoxe de Romer (1995), le paradoxe
de Lucas portent également sur la cohérence théorique des différences internationales de productivité
des facteurs de production.
Conformément à la théorie néoclassique, les flux de facteurs de production devraient se déplacer des
pays riches vers les pays pauvres, or en réalité, c’est le contraire qui se produit. En effet, le capital
physique ne migre pas de pays riches vers les pays pauvres. Ce phénomène est donc paradoxal pour la
théorie néoclassique puisque, si les pays pauvres sont pauvres, c’est parce qu’ils manquent de capital
physique, et en vertu de conditions d’Inada, la productivité de celui – ci devrait être plus élevée dans les
pays pauvres que dans les pays riches Et par conséquent, sachant que chaque facteur de production est
rémunéré par son produit marginal, le capital physique devrait migrer vers les pays pauvres.
68
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Parallèlement à la constatation de Lucas (1990), Paul Romer fit remarquer, en 1995, que si les pays
pauvres sont pauvres, c’est parce qu’ils manquent de capital humain, la productivité de celui – ci devrait
être plus élevée dans les pays pauvres que dans les pays riches, et par conséquent, le capital humain
devrait migrer vers les pays pauvres, en vertu de conditions d’Inada. Or dans la réalité, cette conception
théorique ne corrobore pas avec les faits : le capital humain ne migre pas des pays riches vers les pays
pauvres, c’est le contraire qui se produit.
Conclusion
Actuellement, l’on semble bien en droit d’affirmer que le métier d’économiste connaît des jours difficiles.
Au regard du bourbier dans lequel s’est enfoncée l’économie mondiale et de l’incapacité des théories
économiques, nouvellement forgées, à prédire et à expliquer la crise financière qui a débuté en 2007, il
se profile, vraisemblablement, le besoin de repenser sérieusement les sciences économiques. Serions –
nous en voie vers une nouvelle synthèse ?
Si l’on répondait à cette dernière question par l’affirmative, alors nous pensons que les trois dates
suivantes devront être la torche qui éclairerait la route de la recherche vers cette nouvelle synthèse :
1776, 1936 et 1976. Si d’une part, la compréhension de trois grandes figures (Smith, Keynes et Lucas)
facilite l’appréhension de la science économique, d’autre part, il convient de noter, en parallèle, que deux
synthèses uniquement ont enrichi, en niveau et en étendue, notre compréhension du monde, à savoir la
synthèse néo–classique, consensus autour du paradigme IS–LM, et la nouvelle macroéconomie
keynésienne, consensus autour de, notamment, la révolution des anticipations rationnelles (hypothèse
d’anticipations
rationnelles,
critique
de
Lucas,
principe
d’incohérence
temporelle,
fondements
microéconomiques, discipline de l’équilibre, analyse dynamique), la viscosité des prix et l’asymétrie
informationnelle.
Dès lors, il est plus légitime de s’attendre à l’illumination d’une quatrième figure (nouvel ancrage) qui
alimenterait une troisième synthèse, plutôt que de prédire une synthèse de synthèse.
Nos étudiants et lecteurs, espérons-nous, trouveraient dans ce papier les repères et les orientations
nécessaires pour comprendre cette nouvelle mouvance.
69
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Bibliographie

AKERLOF George et SHILLER Robert, 2009, Les esprits animaux : comment les forces
psychologiques mènent la finance et l'économie, Pearson, Paris.

AUTUME (d’) Antoine, 1986, « Les anticipations rationnelles dans l'analyse macro-économique », in:
Revue économique, Vol. 37, n°2, pp. 243 – 284.

BARRO Robert J., 1976, “Rational expectations and the Role of Monetary Policy”, Journal of Monetary, 2, 1
– 32.

BARRO Robert J., 2004, Rien n’est Sacré ! Des Idées en Economie pour le Nouveau Millénaire, éd.
Economica, Paris.

BARSAMIAN David, 2001, “Reflections of an Economist: Talks to Amartya Sen on Various Influences
on His Life and His take on Issues Like Globalization”, Entrevue de Davide Barsamian, Alternative
Radio USA, reproduite dans India Together, Septembre 2001.

BEAUD Michel et DOSTALER Gilles, 1996, La pensée économique depuis Keynes, Editions du Seuil,
Paris, 444p.

BROCK William A. and Leonard J. MIRMAN, 1972, "Optimal Economic Growth and Uncertainty: The
Discounted Case", Journal of Economic Theory, Elsevier, vol. 4, num. 3, (june 1972), 479 – 513.

BURDA Michael et Charles WYPLOSZ, 2003, Macroéconomie : Une perspective européenne, 3ème éd. De
Boeck, Collection “Ouvertures, économiques prémisses”, Bruxelles.

COPERNIC Nicolas, 1934, Des révolutions des orbes célestes, trad. Koyré, Paris.

FISCHER Stanley, ed., 1980, Rational expectations and econometric theory, NBER Conference report,
University of Chicago Press.

FRIEDMAN Milton, 1956, "The Quantity Theory of Money: A restatement", in Friedman, ed. Studies in
Quantity Theory.

FRIEDMAN Milton, 1968, “The Role of monetary Policy”, The American Economic Review, vol. LVII, n° 1,
March.

GHOSH Summan, 2003, Amartya Sen : A Life Reexamined, First Run Icarus Film.

HICKS John, 1937, « Mr. Keynes and the “Classics”: A Suggested Interpretation », Econometrica,
vol. 5, p. 147 – 159.

KAHN Richard, 1931, “The Relation of Home Investment to Unemployment", EJ.

KEYNES John, 1936, The General Theory of Employment, Interest, and Money, Cambridge
University Press.

KLEIN Lawrence, 1947, The Keynesian Revolution, 2nd ed. New York: Macmillan

KREISLER Harry, 2005, “Conversation with Amartya Sen: Reflections on Theory in the Social
Sciences”, Conversations with History, Institute of International Studies, UC Berkey, March 4, 2005.

KYDLAND Finn E. and Edward C. PRESCOTT, 1977, “Rules Rather than Discretion: The Inconsistency of
Plans, Journal of political Economy, 85:473 – 491.

KYDLAND Finn E. and Edward PRESCOTT, 1982, "Time to Build and Aggregate Fluctuations",
Econometrica, Econometric Society, vol. 50(6), pages 1345-70, November.

LEONTIEF Wassily, 1992, “The Present State of Economic Science”, in Adam Smith’s Legacy, éd. Michael
Fry, 141 – 145.

LONG John B. Jr and Charles I. PLOSSER, 1983, "Real Business Cycles," Journal of Political Economy,
University of Chicago Press, vol. 91, num. 1, 39 – 69.

LUCAS Robert E. and Thomas J. SARGENT, 1981, Rational expectations and econometric practice,
Londres, George Allen and Unwin.

LUCAS Robert E. jr., curriculum vitae, http://economics.uchicago.edu/pdf/relucas_cv_2012.pdf.

LUCAS Robert E., 1972, “Expectations and the Neutrality of Money”, Journal of Economic Theory, vol. 4,
no. 2 (April) 103 – 124.
70
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis

LUCAS Robert E., 1976, “Econometric Policy Evaluation: A Critique”, in K. Brunner & A. Meltzer (Eds), The
Phillips Curve and Labor Markets, North – Holland.

MARTINEAU Régis, 2006, La legitimite du management public : l’apport de la lecture d’Adam Smith,
Gestion et Management Publics, Vol. 4, Septembre 2006, CERMAT-IAE de Tours, Université de Tours.

MILTON Friedman, 1966, “The methodology of positive economics", in Essays in Positive Economics,
University of Chicago Press, 3 – 16.

MISHKIN Frederic S., 1982, “Does anticipated Monetary Policy Matter? An Econometric Investigation”,
Journal of Politica Economics, 90 (1), (February 1982), 21 – 51.

MODIGLIANI Franco, 1944, "Liquidity preference and the theory of interest and money",
Econometrica, 12,1 (Jan), 45-88.

MOSCOVICI Serge, 1956, « À propos de quelques travaux d'Adam Smith sur l'histoire et la philosophie des
sciences » in: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, Tome 9, num. 1, 1 – 20.

MUTH John, 1961, “Rational Expectations and the Theory of Price Movements”, Econometrica, 29(3), July,
315 – 335.

PATINKIN Don, 1987, “Keynes, John Maynard (1883-1943)”, The New Palgrave Dictionary of
Economics, vol. 3.

PHELPS Edmund, 1968, “Money Wage Dynamics and Labor Market Equilibrium”, Journal of Political
Economy, vol. 76.

PHILLIPS Alban. W., 1958, “The Relation between Unemployment and the Rate of Change of Money Wages
Rates in the UK, 1861-1957”, Economica, vol. 25, num. 100 (November), 283 – 299.

PLANETA Magdalena, 2006, L’Influence Intellectuelle en Economie : Le Cas d’Adam Smith et d’Amartya
Sen, mémoire de Maîtrise, Université du Québec à Montréal (décembre 2006), 128p.

ROMER David, 1996, Advanced Macroeconomics, McGraw-Hill, New York.

ROMER Paul M., 1990, “Endogenous technical change”, Journal of Political Economy, vol. 98, num. 5, part
II, 71 – 102.

ROMER Paul M., 1992, “Two Strategies for Economic Development: Using Ideas and Producing Ideas”,
Proceedings of the World Bank annual conference on development economics.

ROMER Paul M., 1995, “Comment on N. Mankiw; The growth of Nations”, Brookings Papers on Economics
Activity, 1, 313 – 320.

ROMER, Paul M., 1986, “Increasing returns and long run growth”, Journal of Political Economy, vol. 94,
num. 5, October, 1002 – 37.

SAMUELSON Paul A. and Robert M. SOLOW, 1960, “Analytical Aspects of Anti-inflation Policy”, The
American Economic Review, vol. 50, num. 2, (May) 177 – 194.

SAMUELSON Paul A., 1992, “The Overdue REcovery of Adam Smith’s reputation as an Economic theorist”,
in Adam Smith’s Legacy, éd. Michael Fry, 1 – 14.

SAMUELSON Paul A., 1948, Economics: an Introductory Analysis, Havard University Press.

SARGENT Thomas et Neil WALLACE, 1975, "Rational Expectations, the Optimal Monetary Instrument, and
the Optimal Money Supply Rule", Journal of Political Economy 83, no. 2 (April): 241-54

SARGENT Thomas J. and Neil WALLACE, 1975, “Rational Expectations, the Optimal Monetary Instrument
and the Optimal Money Supply Rule”, Journal of Political Economy, vol. 83, no. 2 (April) 241 – 254.

SEN Amartya, 1986, “Adam Smith’s Prudence”, in Theory and Reality in Development : Essays in Honour
of Paul Streeten. 28 – 37. Ed. de Sanjaya Lall et Frances Steward, London Macmillan, 291p.

SEN Amartya, 1986, « Adam Smith’s Prudence », in Theory and Reality in Developpement, Essay in
Honour of Paul Streeten, 23 – 37.

SEN Amartya, 1993, « Des idiots rationnels : Critique de la Conception du Comportement dans la
Théorie Economique », dans Ethique et Economie, 87 – 116.
71
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis

SEN Amartya, 1995, « Rationality and social choice », American Economic Review, vol. 85, num. 1, 1 –
24.

SEN Amartya, 1999, L’Economie Est Une Science Morale, La Découverte, Paris, 125p.

SEN Amartya, 2000, Repenser l’inégalité, Editions du Seuil, Paris, 281p.

SHILLER Robert J., 1978, “Rational Expectations and The Dynamic Structure of Macroeconomic Model”,
Journal of Monetary Economics, 4, 1 – 44.

SMITH Adam, 1991, La richesse des nations, Tome 1 et 2, GF-Flammarion.

SMITH Adam, 1997, Imitation dans les arts et autres textes, Paris, Vrin.

SMITH Adam, 1999, Théorie des sentiments moraux, Léviathan, P.U.F.

STIGLITZ Joseph, 2010, Le Triomphe de la Cupidité, LLL, Paris, 473p.

SWELDBERG Richard, 1990, Economics and Sociology: Redefining Their boundaries. Conversations
with Economists and Sociologists, Princeton, Princeton University Press, 361p.

TOBIN James, 1992, “The Invisible Hand in Modern Macroeconomics”, in Adam Smith’s Legacy, éd.
Michael Fry, 117 – 129.

TSASA Jean – Paul, 2012a, « Les Meilleures universités et les Grands Economistes au Monde : Préparons
les Futurs Economistes Africains au Prix de la Banque de Suède en Sciences Economiques en Mémoire
d’Alfred Nobel », One Pager Laréq, vol. 1, num. 005, (mars 2012), 9p.

TSASA Jean – Paul, 2012b, « Initiation à La Macroéconomie DGE : Identité mathématique et Fondements
théoriques », One Pager Laréq, vol. 1, num. 009, (avril 2012), 13p.

TSASA Jean – Paul, 2012c, « Politique Macroéconomique et Anticipations rationnelles : Une présentation
non folklorique de la Critique de Lucas », One Pager Laréq, vol. 3, num. 002, (juillet 2012), 15 – 25.

VENTELOU Bruno, 2011, Les grands courants Nouveaux keynésiens, nouveaux classiques : vers une
nouvelle synthèse ?, Cahiers français, num. 363, Paris.

WALLACE Laura, 2004, « Entretien Avec Amartya Sen : la liberté, source de progrès », Finance &
Développement, vol. 41, num. 3 (septembre), 4 – 7.
72
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Annexe 1
Principales œuvres de John Maynard Keynes
Livres
Année
1921
1923
1923
1930
1936
Articles
Année
1909
1911
1911
1911
1912
1912
1913
1914
1914
1914
1914
1915
1915
1919
1920
1922
1923
1923
1923
1923
1923
1923
1924
1924
1924
1924
1924
1925
1925
1925
1925
Titre
A treatise on probability
Revision of the treaty
A tract on monetary reform
A treatise on money
General theory of employment, interest and money
Titre
The recent economic events in India
Principal averages and laws of error which lead to them »
Influence of parental alcoholism
Irving Fisher's purchasing power of money
W.S. Jevons's theory of political economy
The foreign trade of the UK at prices of 1900
Indian currency and finance
Ludwig von Mises' Theorie des geldes
The prospects of money
War and the financial system
The City of London and the Bank of England
Walter Bagehot's works and life
The economics of war in Germay
The economic consequences of the peace
Ralph G. Hawtrey's currency and credit
The inflation of currency as a method of taxation
Some aspects of commodity markets
A reply to sir William Beveridge's population and unemployment
Population and unemployment
The measure of deflation: an inquiry into index numbers
Mr. Bonar law
Currency policy and unemployment
Does unemployment need a drastic remedy?
Edwin Montagu
Alfred Marshall, 1842-1924
Monetary reform
A comment on Professor Cannan
The gold standard Act
The Balfour note and inter-allied debts
The economic consequences of Mr. Churchill
A short view of Russia
Revue
EJ
J of Royal Statis Soc
J of Royal Statis Soc
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
QJE
EJ
EJ
EJ
MGCRE
Manchester Guardian
EJ
EJ
N&A
N&A
N&A
N&A
N&A
EJ et Memorials of Alfred Marshall
EJ
EJ
EJ
N&A
73
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
1925
1926
1926
1926
1926
1926
1927
1927
1927
1928
1928
1928
1928
1928
1928
1928
1928
1929
1929
1929
1930
1930
1930
1931
1931
1931
1931
1931
1931
1931
1931
1931
1931
1932
1932
1932
1932
1932
1932
1932
1933
1933
1933
1933
1933
Am I a liberal?
The end of laissez faire
Liberalism and labour
Laissez faire and communism
Francis Ysidro Edgeworth
Trotsky on England
A note on economy
A model form for statements of international balances
The british balance of trade
The United States balance of trade
Amalgamation of the british note issue
Postwar depression in the Lancashire cotton industry
Lord Oxford
The great Villiers connection
The french stabilisation law
Frederic C. Mills' behavior of prices
The war debts
A rejoinder to Ohlin's: the reparation problem
Can Lloyd George do it? avec H.D. Henderson, 1929
Winston Churchill,
The industrial crisis
The great slump of 1930
Economic possibilities for our grandchildren
Frank P. Ramsey
A rejoinder to D.H. Robertson
Spending and saving
The problem of unemployment
On the eve of gold suspension
The end of the gold standard
After the suspension of gold
Proposals for a revenue tariff
Some consequences of the economy report
Essays in persuasion
The world's economic outlook
The prospects of the sterling exchange
The dilemma of modern socialism
Member bank reserves in the United States
The world's economic crisis and the way of escape avec A. Salter, J. Stamp, B. Blackett, H. Clay and W. Beveridge
Saving and usury
A note on the long-term rate of interest in relation to the conversion scheme
A monetary theory of production
Mr. Robertson on saving and hoarding
An open letter to President Roosevelt
The means to prosperity
National self-sufficiency
N&A
N&A
EJ
N&A
N&A
EJ
EJ
EJ
EJ
J of Royal Statistical Society
N&A
N&A
EJ
EJ
N&A
EJ
EJ
N&A
N&A
N&A
N&A et Saturday Evening Post
NSN
EJ
The Listener
The Listener
Evening Standard
Sunday Express
Times
NSN
NSN
Atlantic Monthly
Yale Review
Political Quarterly
EJ
EJ
EJ
Festschrift für Arthur Spiethoff
EJ
The New York Times
Times
Yale Review
74
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
1933
1933
1933
1935
1935
1936
1936
1936
1936
1937
1937
1937
The multiplier
Essays in biography
The means to prosperity
Commemoration of T.R. Malthus
The future of the foreign exchange
William Stanley Jevons
Herbert Somerton Foxwell
The supply of gold
Fluctuations in net investment in the United States
The general theory of empoyment
Alternative theories of the rate of interest
The theory of the rate of interest
1937
1938
1938
1938
1938
1938
1938
1938
1938
1938
1939
1939
1939
1940
1940
1941
1943
1944
1946
1947
Some economic consequences of a declining population
Comments on Mr. Robertson’s "Mr Keynes and finance"
Storage and security
The policy of government storage of foodstuffs and raw materials
Mr. Keynes's consumption function: a reply
Mr Keynes on the distribution of income and the propensity to consume: a reply
Adam Smith as student and professor
Introduction to David Hume, an abstract of a treatise on human nature, avec P. Sraffa
James E. Meade's Consumers' credits and unemployment
The process of capital formation
Professor Tinbergen's method
Relative movements of real wages and output
The income and fiscal potential of Great Britain
The concept of national income: supplementary note
How to pay for the war: a radical plan for the chancellor of the Exchequer
Proposals for an International Clearing Union (Second Draft)
The objective of international price stability
Mary Paley Marshall
The balance of payments of the United States
Newton the Man
NSN
EJ
Lloyds Bank Review
JRSS
EJ
EJ
EJ
QJE
EJ
Lessons of monetary experience, en l'honneur d'Irving
Fisher
Eugenics Review
EJ
NSN
EJ
QJE - reply to Holden
RES
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
EJ
Newton Tercentenary Celebrations
75
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Annexe 2
Principales œuvres de Robert Emerson Lucas Junior
Brève présentation du cursus de Lucas
Bourses et Distinctions
1955 – 59
: Bourse Proctor and Gamble
1959
: Phi Beta Kappa
1959 – 60
: Bourse Woodrow Wilson
1961 – 62
: Bourse Brookings
1963
: Bourse Woodrow Wilson Dissertation
1966 – 67
: Bourse Ford Foundation Faculty
1976
: Fellow, Econometric Society
1980
: Fellow, American Academy of Arts and Sciences
1981
: Membre de la National Academy of Sciences
1981 – 82
: Guggenheim Fellow
1992
: Doctorat Honoris Causa, Universite Paris-Dauphine
1994
: Doctorat Honoris Causa, Athens University of Economics and Business
1995
: Recipiendaire du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel
1996
: Doctorat of Science, Technion-Israel Institute of Technology
1996
: Titulaire de la European Academy of Arts, Sciences and Humanities
1997
: American Philosophical Society
1998
: Doctorat Honoris Causa, University of Montreal
2004
: Fellow, American Finance Association
Emploi
1963 – 67
1967 – 70
1970-74
1974 – 75
1975 – 80
1981 – 82
1980
:
:
:
:
:
:
:
Professeur
Professeur
Professeur
Professeur
Professeur
Professeur
Professeur
Assistant d’Economie, Carnegie Institute of Technology
Associé d’Economie, Carnegie – Mellon University
d’Economie, Carnegie – Mellon University
d’Economie/Ford Foundation Visiting Research, University of Chicago
d’Economie, University of Chicago
visiteur d’Economie, Northwestern University
d’Economie/John Dewey Distinguished Service, University of Chicago
Service Professionnel
1975 – 83
: Vice – Doyen, Department of Economics, University of Chicago
1986 – 88
: Doyen, Department of Economics, University of Chicago
1972 – 78
: Editeur associé, Journal of Economic Theory
1977 – 81
: Editeur associé, Journal of Monetary Economics
1988 – 2002
: Editeur, Journal of Political Economy
1980 – 82
: Membre, Executive Committee, American Economic Association
1982 – 84
: Membre, Council, Econometric Society
1987
: Vice – Président, American Economic Association
1991 – 95
: Membre, Council, American Academy of Arts and Science
1995
: Deuxième Vice – Président, Econometric Society
1997
: Président, Econometric Society
2001
: Président élu, American Economic Association
2002
: Président, American Economic Association
2002 – 08
: Editeur, Review of Economic Dynamics
76
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Livres
Année
1967
1969
1970
1981
1981
1985
1988
1989
1989
2002
Articles
Année
1962
Titre
Substitution Between Labor and Capital in U.S. Manufacturing;
1929 – 1958
Capital – Labor Substitution in U.S. Manufacturing
Real Wages, Employment and Inflation (with L.A. Rapping)
Rational Expectations and Econometric Practice (with T. J.
Sargent)
Studies in Business-Cycle Theory
Models of Business Cycles
Modelos De Ciclos Económicos (with Gonzalo Rodríguez Prada)
Theorie Der Konjunkturzyklen
Recursive Methods in Economic Dynamics (with N.L. Stokey
and E. C. Prescott)
Lectures on Economic Growth
1967
Titre
Notes on Estimated Aggregate Quarterly Consumption
Functions (with Z. Griliches, G.S. Maddala, and N. Wallace)
Adjustment Costs and the Theory of Supply
1967
Optimal Investment Policy and the Flexible Accelerator
1967
1968
Tests of a Capital-Theoretic Model of Technological Change
Estimation and Inference for Linear Models in which Subsets
of the Dependent Variable are Constrained (with T. McGuire, J.
Farley and W. Ring)
Real Wages, Employment, and Inflation (with L.A. Rapping)
1969
1969
Price Expectations and the Phillips Curve (with L.A. Rapping)
1969
1970
Capital-Labor Substitution in U.S. Manufacturing
Capacity, Overtime and Empirical Production Functions
1971
Investment under Uncertainty (with E.C. Prescott)
1971
Optimal Management of a research and Development Project
1972
A Note on Price Systems in Infinite Dimensional Space (with
E.C. Prescott)
Edition
unpublished University of Chicago doctoral dissertation (Ph.D Dissertation)
A.C. Harberger and M.J. Bailey, eds., The Taxation of income from Capital, Washington: The Brookings
Institution
in E.S. Phelps, et al., The New Microeconomics in Employment and Inflation Theory, New York: W.W. Norton
Minneapolis: University of Minnesota Press
Cambridge: MIT Press
Yrjo Jahnsson Lectures, Oxford, England: Basil Blackwell
Alianza Universidad ; Economía ; Madrid: Alianza,
Regensburg: Transfer-Verl.
Cambridge: Mass. and London: Harvard University Press
Cambridge and London;: Harvard University Press
Revue
Econometrica: Journal of the Econometric Society
http://links.jstor.org/sici?sici=0012-9682%28196207%2930%3A3%3C491%3ANOEAQC%3E2.0.CO%3B2-R
The Journal of Political Economy
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-3808%28196708%2975%3A4%3C321%3AACATTO%3E2.0.CO%3B2-3
International Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0020-6598%28196702%298%3A1%3C78%3AOIPATF%3E2.0.CO%3B2-B
Review of Economic Studies
Journal of the American Statistical Association
Journal of Political Economy
http://links.jstor.org/sici?sici=00223808%28196909%2F10%2977%3A5%3C721%3ARWEAI%3E2.0.CO%3B2-L
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28196906%2959%3A3%3C342%3APEATPC%3E2.0.CO%3B2-U
in A. C. Harberger and M. J. Bailey: The Taxation of Income from Capital. Washington: Brookings Institution
American Economic Review (Papers and Proceedings of the Eighty-second Annual Meeting of the American
Economic Association)
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28197005%2960%3A2%3C23%3ACOAEPF%3E2.0.CO%3B2-S
Econometrica: Journal of the Econometric Society
http://links.jstor.org/sici?sici=0012-9682%28197109%2939%3A5%3C659%3AIUU%3E2.0.CO%3B2-0
Management Science
http://links.jstor.org/sici?sici=00251909%28197107%2917%3A11%3C679%3AOMOARA%3E2.0.CO%3B2-T
International Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0020-6598%28197206%2913%3A2%3C416%3AANOPSI%3E2.0.CO%3B2%23
77
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
1972
Expectations and the Neutrality of Money
1972
Unemployment in the Great Depression: Is There a Full
Explanation?" (with L. Rapping)
1972
1973
Econometric Testing of the Natural Rate Hypothesis
Some International Evidence on Output-Inflation Trade-Offs
1973
1974
Comment on 'Wage Inflation and the Structure of Regional
Unemployment
Equilibrium Search and Unemployment" (with E.C. Prescott)
1975
1975
Econometric Policy Evaluation: A Critique
An Equilibrium Model of the Business Cycle
1975
Review of 'a Model of Macroeconomic Activity
1976
1977
Errata: Some International Evidence on Output-Inflation
Tradeoffs
Reply
Econometric Policy Evaluation: A Critique
Some International Evidence on Output-Inflation Tradeoffs:
Reply
Reply to Muench and Polemarchakis and Weiss
1977
Understanding Business Cycles
1978
Asset Prices in an Exchange Economy
1978
On the Size Distribution of Business Firms
1978
Unemployment Policy
1979
After Keynesian Macroeconometrics (with T.J. Sargent)
1979
1980
Paul Mccracken Et Al. Towards Full Employment and Price
Stability a Report to the OECD by a Group of Independent
Experts, OECD, June 1977: A Review
Rules, Discretion and the Role of the Economic Advisor
1980
Equilibrium in a Pure Currency Economy
1976
1976
1976
Journal of Economic Theory
http://dx.doi.org/10.1016/0022-0531(72)90142-1
Journal of Political Economy
http://links.jstor.org/sici?sici=00223808%28197201%2F02%2980%3A1%3C186%3AUITGDI%3E2.0.CO%3B2-H
in Otto Eckstein, ed., The Econometrics of Price Determination Conference, Washington
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28197306%2963%3A3%3C326%3ASIEOOT%3E2.0.CO%3B2-Z
Journal of Money, Credit, and Banking
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-2879%28197302%295%3A1%3C382%3AWIATSO%3E2.0.CO%3B2-E
Journal of Economic Theory, 1974; reprinted in Diamond and Rothschild, eds., Uncertainty in Economics: A
Book of Readings
http://dx.doi.org/10.1016/0022-0531(74)90106-9
in K. Brunner and A. Meltzer, eds., The Phillips Curve and Labor Markets, North-Holland
The Journal of Political Economy
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-3808%28197512%2983%3A6%3C1113%3AAEMOTB%3E2.0.CO%3B25
Journal of Economic Literature
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-0515%28197509%2913%3A3%3C889%3AAMOMAV%3E2.0.CO%3B2-J
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28197612%2966%3A5%3C985%3ASIEOOT%3E2.0.CO%3B2-9
Carnegie Rochester Conference Series on Public Policy
Carnegie Rochester Conference Series on Public Policy
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28197709%2967%3A4%3C731%3ASIEOOT%3E2.0.CO%3B2-7
Journal of Economic Theory
http://dx.doi.org/10.1016/0022-0531(77)90108-9
in K. Brunner and A. Meltzer, eds., Stabilization of the Domestic and International Economy, North-Holland,
1977. Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy, Vol 5, a supplementary series to the Journal
of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/0167-2231(77)90002-1
Econometrica: Journal of the Econometric Society
http://links.jstor.org/sici?sici=0012-9682%28197811%2946%3A6%3C1429%3AAPIAEE%3E2.0.CO%3B2-I
Bell Journal of Economics
http://links.jstor.org/sici?sici=0361-915X%28197823%299%3A2%3C508%3AOTSDOB%3E2.0.CO%3B2-S
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28197805%2968%3A2%3C353%3AUP%3E2.0.CO%3B2-2
in After the Phillips Curve, Federal Reserve Bank of Boston, Conference Series No. 19: 49-72; reprinted in
the Federal Reserve Bank of Minneapolis Quarterly Review
http://minneapolisfed.org/research/QR/QR321.pdf
Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy
http://dx.doi.org/10.1016/0167-2231(79)90039-3
in Stanley Fischer, ed., Rational Expectations and Economic Policy, Chicago: University of Chicago Press for
the NBER
in John H. Karaken and Neil Wallace, eds., Models of Monetary Economics, Minneapolis: Federal Reserve
78
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
1980
Two Illustrations of the Quantity Theory of Money
1980
Methods and Problems in Business Cycle Theory
1981
Tobin and Monetarism: A Review Article
1981
1981
Discussion Of : Stanley Fischer, "Towards an Understanding of
the Costs of Inflation: II
Distributed Lags and Optimal Investment Policy
1981
Optimal Investment with Rational Expectations
1982
Interest Rates and Currency Prices In A Two – Country World
1983
1983
Optimal Fiscal and Monetary Policy in an Economy Without
Capital (with N.L. Stokey)
Expectations and the Neutrality of Money: Corrigendum
1984
Optimal Growth with Many Consumers (with N.L. Stokey)
1984
Money in a Theory of Finance
1985
1985
1986
Bookshelf: Thirty Years with the Dismal Science
Bookshelf: The Case for the Little Frog
Principles of Fiscal and Monetary Policy
1986
Adaptive Behavior and Economic Theory
1987
Money and Interest in a Cash-In-Advance Economy (with N.L.
Stokey)
1987
1988
La Monnaie Et L'interet Sous Contrainte De Transaction
(Money and Interest in a Cash-in-Advance Economy with
English Summary ) (avec N.L. Stokey)
On the Mechanics of Economic Development
1988
Money Demand in the United States: A Quantitative Review
Bank of Minneapolis, 1980 and in Economic Inquiry
http://gateway.proquest.com/openurl?ctx_ver=Z39.882003&res_dat=xri:pqil:res_ver=0.1&rft_val_fmt=ori:format:pl:ebnf:jarticle&rft_id=xri:pcift:article:b0971980-018-02-000003&res_id=xri:pcift-us
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28198012%2970%3A5%3C1005%3ATIOTQT%3E2.0.CO%3B2Q
Journal of Money, Credit and Banking
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-2879%28198011%2912%3A4%3C696%3AMAPIBC%3E2.0.CO%3B2-7
Journal of Economic Literature
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-0515%28198106%2919%3A2%3C558%3ATAMARA%3E2.0.CO%3B2-0
Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy
http://dx.doi.org/10.1016/0167-2231(81)90017-8
in R. E. Lucas, Jr. and T. J. Sargent: Rational Expectations and Econometric Practice. Minneapolis:
University of Minnesota Press
in R. E. Lucas, Jr. and T. J. Sargent: Rational Expectations and Econometric Practice. Minneapolis:
University of Minnesota Press
Journal of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/0304-3932(82)90032-0
Journal of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/0304-3932(83)90049-1
Journal of Economic Theory
http://dx.doi.org/10.1016/0022-0531(83)90031-5
Journal of Economic Theory
http://dx.doi.org/10.1016/0022-0531(84)90079-6
in K. Brunner and A. Meltzer, eds., Essays on Macroeconomic Implications of Financial and Labor Markets
and Political Processes, North-Holland, 1984. Carnegie-Rochester Series on Public Policy, Vol. 21, a
supplementary series to the Journal of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/0167-2231(84)90003-4
Wall Street Journal, Jan 18
Wall Street Journal, Jul 31
Journal of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/0304-3932(86)90008-5
Journal of Business
http://links.jstor.org/sici?sici=0021-9398%28198610%2959%3A4%3CS401%3AABAET%3E2.0.CO%3B2-T
Econometrica: Journal of the Econometric Society
http://links.jstor.org/sici?sici=0012-9682%28198705%2955%3A3%3C491%3AMAIIAC%3E2.0.CO%3B2%23
NBER working paper series no. 1618.; Cambridge: National Bureau of Economic Research, 1985.
http://papers.nber.org/papers/1618
Annales d'Economie et de Statistique
Journal of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/0304-3932(88)90168-7
Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy
79
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
1990
Liquidity and Interest Rates
1990
Why Doesn't Capital Flow from Rich to Poor Countries?
1990
Supply Side Economics: An Analytical Review
1990
World Real Interest Rates: Comment
1990
Reviews of 'Trade Policy and Market Structure
1992
1992
On Efficient Distribution with Private Information," (with A.G.
Atkeson)
Money and Interest in a Cash in Advance Economy: A Reply
(xith N.L. Stokey)
On Efficiency and Distribution
1993
Making a Miracle
1993
Real Effects of Monetary Shocks in an Economy with
Sequential Purchases (with M. Woodford)
Review of Milton Friedman and Anna J. Schwartz's `A
Monetary History of the United States, 1867-1960
Can Econometric Policy Evaluations Be Salvaged?--a
Comment: Reply
Comments on Ball and Mankiw
1992
1994
1994
1994
1995
Efficiency and Equality in a Simple Model of Efficient
Unemployment Insurance," (with A.G. Atkeson)
1995
1996
Review of Robert Skidelsky, `John Maynard Keynes: Hopes
Betrayed, 1883-1920' and `John Maynard Keynes: The
Economist as Savior'
Nobel Lecture: Monetary Neutrality
2000
Inflation and Welfare
2000
Some Macroeconomics for the 21st Century
2001
2001
Externalities and Cities
A Million Mutinies: The Key to Economic Development
2001
Interest Rates and Inflation (with F. Alvarez and W.E. Weber)
http://dx.doi.org/10.1016/0167-2231(88)90009-7
Journal of Economic Theory
http://dx.doi.org/10.1016/0022-0531(90)90001-Z
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28199005%2980%3A2%3C92%3AWDCFFR%3E2.0.CO%3B2-J
Oxford Economic Papers
http://links.jstor.org/sici?sici=00307653%28199004%292%3A42%3A2%3C293%3ASEAAR%3E2.0.CO%3B2-9
in O. J. Blanchard and S. Fischer: NBER Macroeconomics Annual 1990. Cambridge, Mass. and London: MIT
Press
Journal of Political Economy
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-3808%28199006%2998%3A3%3C664%3ATPAMS%3E2.0.CO%3B2-2
Review of Economic Studies
http://links.jstor.org/sici?sici=0034-6527%28199207%2959%3A3%3C427%3AOEDWPI%3E2.0.CO%3B2-N
Econometrica
http://links.jstor.org/sici?sici=0012-9682%28199203%2960%3A2%3C441%3AMAIIAC%3E2.0.CO%3B2-0
Economic Journal
http://links.jstor.org/sici?sici=0013-0133%28199203%29102%3A411%3C233%3AOEAD%3E2.0.CO%3B2B
Econometrica ; Journal of the Econometric Society
http://links.jstor.org/sici?sici=0012-9682%28199303%2961%3A2%3C251%3AMAM%3E2.0.CO%3B2-M
NBER working paper series no. 4250.; Cambridge: National Bureau of Economic Research
http://papers.nber.org/papers/4250
Journal of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/0304-3932(94)90055-8
in D. J. Poirier: The Methodology of Econometrics. Aldershot, U.K.: Elgar
Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy
http://www.sciencedirect.com/science/article/B6V8D-45D17CF-6/2/ca6f49b7d1132dbd618655d5794bab0f
Journal of Economic Theory
http://dx.doi.org/10.1006/jeth.1995.1032
NBER working paper series no. 4381.; Cambridge: National Bureau of Economic Research, 1993.
http://papers.nber.org/papers/4381
The Journal of Modern History
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-2801%28199512%2967%3A4%3C914%3AJMKV1H%3E2.0.CO%3B2-M
Journal of Political Economy
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-3808%28199608%29104%3A4%3C661%3ANLMN%3E2.0.CO%3B2-4
Econometrica
http://links.jstor.org/sici?sici=0012-9682%28200003%2968%3A2%3C247%3AIAW%3E2.0.CO%3B2-2
Journal of Economic Perspectives
http://links.jstor.org/sici?sici=0895-3309%28200024%2914%3A1%3C159%3ASMFT2C%3E2.0.CO%3B2-A
Review of Economic Dynamics
The Region
http://minneapolisfed.org/pubs/region/01-12/lucas.cfm
American Economic Association Papers and Proceedings ; American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28200105%2991%3A2%3C219%3AIRAI%3E2.0.CO%3B2-3
80
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
2002
2002
The Industrial Revolution: Past and Future
On the Internal Structure of Cities
2002
Promoting Economic Literacy: Panel Discussion
2003
2003
Macroeconomic Priorities
Comment on Niall Ferguson, ‘British Imperialism’ Revisited:
The Costs and Benefits of ‘Anglobalization’
The Industrial Revolution: Past and Future
Information, Wage-Price Dynamics, and Business Fluctuations:
General Comments
Life Earnings and Rural-Urban Migration
2003
2003
2004
2004
2004
2004
2004
2006
2006
2007
2007
Professional Memoir
Keynote Address to the 2003 Hope Conference: My Keynesian
Education
The Industrial Revolution: Past and Future
Lives of the Laureates: Eighteen Nobel Economists: Robert E
Lucas, Jr
Comment on Bruce Mazlish, ‘Progress in History
Review of 'Handbook of Regional and Urban Economics,
Volume 4: Cities and Geography
Remarks on the Influence of Edward Prescott
2007
General Equilibrium Analysis of the Eaton-Kortum Model of
International Trade,” (with F. Alvarez)
Menu Costs and Phillips Curves (with M. Golosov)
2007
2008
Mortgages and Monetary Policy (with F. Alvarez and F. Buera)
Models of Idea Flows
2009
Trade and the Diffusion of the Industrial Revolution
2009
Ideas and Growth
2011
Knowledge Growth and the Allocation of Time (joint with B.
Moll)
in R. E. Lucas, Jr.: Lectures on Economic Growth. Cambridge and London: Harvard University Press
Econometrica
http://dx.doi.org/10.1111/1468-0262.00338
American Economic Review
http://links.jstor.org/sici?sici=0002-8282%28200205%2992%3A2%3C473%3APELPD%3E2.0.CO%3B2-D
American Economic Review
Historically Speaking, a publication of the Historical Society
http://dx.doi.org/10.1257/000282803321455133
The Region. Federal Reserve Bank of Minneapolis Annual Report
in P. Aghion: Knowledge. Princeton and Oxford: Princeton University Press
Journal of Political Economy
http://dx.doi.org/10.1086/379942
in William Breit and Barry T. Hirsch, eds. Lives of the Laureates, Fourth edition
History of Political Economy
http://search.epnet.com/login.aspx?direct=true&db=bth&an=15260079
The Region
http://minneapolisfed.org/pubs/region/04-05/essay.cfm
in W. Breit and B. T. Hirsch: Lives of the Laureates: Eighteen Nobel Economists. Fourth edition. Cambridge
and London MIT Press
Historically Speaking, a publication of the Historical Society
Journal of Economic Geography
http://joeg.oxfordjournals.org/cgi/content/full/6/1/91
Economic Theory
http://dx.doi.org/10.1007/s00199-006-0195-2
Journal of Monetary Economics
http://dx.doi.org/10.1016/j.jmoneco.2006.07.006
Journal of Political Economy
http://dx.doi.org/10.1086/512625
NBER working paper series no. 10187.; Cambridge: National Bureau of Economic Research, 2003.
http://www.nber.org/papers/W10187
Wall Street Journal, Sep 19, A.20
NBER Working Paper Series No. 14135; Cambridge: National Bureau of Economic Research
http://www.nber.org/papers/w14135
American Economic Review: Macroeconomics
NBER Working Paper Series no. 13286; Cambridge: National Bureau of Economic Research, 2007.
http://www.nber.org/papers/w13286
Economica
http://dx.doi.org/10.1111/j.1468-0335.2008.00748.x
NBER Working Paper Series No. 14133; Cambridge: National Bureau of Economic Research, 2008.
http://www.nber.org/papers/w14133
Working Paper, September, 2011
81
Laréq
Cédrick Tombola et Jean – Paul Tsasa/ Chercheurs co – accomplis
Téléchargement