Soudain plus rien d’autre nexiste : Serge Merlin,
à qui je suis venu demander de jouer Philippe
Strozzi dans Lorenzaccio, lit un monologue de
Lorenzo et ce personnage qui me hante, je le
vois alors devant moi avec sa jeunesse, sa vio-
lence, ses rêves éperdus. Je l’écoute, fasciné par
sa justesse, son intensité, et me sens désespéré
à l’idée de me confronter à un tel rôle, à un
tel partenaire mais brûlant de l’envie de com-
mencer au plus vite les répétitions. Ce premier
spectacle va beaucoup tourner et, grâce à la
confiance de René Gonzalez et Adel Hakim,
fidèles complices, se jouer pour de longues
séries à Lausanne et Paris. L’aventure de notre
compagnie vient de commencer et au Théâtre
du Passage, chacun la porte avec ardeur et géné-
rosité. Depuis dix ans, ils ont été nombreux à
m’accompagner contre vents et marées: Bastien
Bron, Bernard Colomb, Benoît Frachebourg,
Patrice Genet, Gérald Isler, David Junod, Elodie
Loubens, Thierry Loup, Thierry Luisier, Frédéric
Mairy, Damien Modolo, Danielle Monnin Junod,
Valérie de Pourtalès, Delphine Racine, Garance
Willemin… Je les remercie pour tout ce qu’ils
ont apporté ainsi que les artistes, les techniciens
qui nous ont accompagnés, les théâtres qui nous
ont accueillis, les spectateurs et les journalistes
qui nous ont suivis et les différents organes qui
nous ont accordé leur soutien.
Quelle joie d’avoir réuni en dix ans tant d’équipes
différentes et connu avec elles la magie des al-
chimies souvent parfaites ! Le premier jour des
répétitions de Cinq Hommes, j’avais l’impression
que le spectacle naissait déjà sous mes yeux,
avec amour, évidence et miraculeuse simpli-
cité. Et quel bonheur de découvrir la richesse
d’un texte qu’on ne finira jamais d’explorer
Les révélations d’ O’Neill, Gorki, Marivaux bien
sûr mais aussi des auteurs contemporains :
John Patrick Shanley, Lee Hall et ses Peintres
au charbon qui avec tant d’humour, profon-
deur et légèreté sinterrogent sur la place de
l’art dans la société. Ou encore Antoinette
Rychner adaptant l’Antigone d’Henry Bauchau.
Nous nous sommes aussi éloignés des textes
pour nous confronter à l’improvisation, la danse,
le chant, l’acrobatie, la vidéo dans un pari fou et
glouton comme son titre, réunissant 13 comé-
diens, musiciens, danseurs, spectacle difficile à
tourner avec ses personnages qui senvolent,
son orchestre qui valse et son drôle d’univers
baroque et intime à la fois, la plus difficile mais la
plus personnelle des créations de la Compagnie.
Tant de recherches angoissantes, palpitantes
que j’ai aimé partager parfois avec des metteurs
en scène invités… Quand par exemple Charles
Tordjman me demanda de réinventer sur scène
la façon de parler et de bouger d’un handicapé
en méloignant du réalisme pour mieux appro-
cher la vérité, celle qui naît du plateau.
Et voici déjà en ce mois de janvier 2013 Les
fleurs du mal dans la mise en scène de Françoise
Courvoisier au théâtre Le Public de Bruxelles et
en mars Les deux gentilshommes de Vérone que
je crée dans ce même théâtre. Dix ans, quatorze
créations et la chance d’avoir pu jouer régulière-
ment certains spectacles comme ces 24 heures
de la vie d’une femme qui se sont prolongées
six mois dans la petite puis la grande salle du
Théâtre Montparnasse ou François d’Assise, créé
en 1994 et qui sera encore repris en 2014 pour
près de 70 dates à Bruxelles, Lausanne, Fribourg,
Rouen, Tours…Je vais encore pouvoir parler aux
oiseaux, «copeaux de vie échappés de la var-
lope du grand charpentier du monde, et aux
agneaux papillons de prairie», nés sous la plume
de Delteil et qui, je l’espère, resteront encore
longtemps vivants et indomptés ! L’aventure
continue !
Robert Bouvier
2003 - 2013
Au fil des années, la Compagnie du Passage
s’est imposée comme l’une des compagnies
romandes aux tournées les plus étoffées.
Ainsi, en mai 2013, elle aura donné plus
de mille représentations de ses quatorze
spectacles dans une centaine de lieux.
En Suisse: Avenches, Bâle (Shauspielhaus,
Stadttheater), Bellinzona, Berne, Bienne, Bulle
(CO2, Hôtel de Ville), Carouge, Delémont,
Fribourg, Genève (Comédie de Genève, Le
Poche, Théâtre Saint-Gervais), La Chaux-
de-Fonds (L’Heure Bleue, Théâtre Populaire
Romand, Temple Allemand), Lausanne (Espace
culturel des Terreaux, Festival de la Cité,
Grange de Dorigny, Théâtre de Vidy-Lausanne),
Le Locle, Martigny, Meyrin, Monthey, Morges,
Neuchâtel, Porrentruy, Romont, Saint-Brais,
Saint-Maurice, Sierre, Sion, Thônex, Treyvaux,
Vevey, Villars-sur-Glâne, Winterthur, Yverdon.
La Compagnie du Passage est subventionnée
par les Départements des affaires culturelles
du Canton et de la Ville de Neuchâtel et le
Syndicat intercommunal du Théâtre régional
de Neuchâtel.
Elle a également reçu pour ses différentes
productions ou co-productions des aides
de la Loterie romande, de Pro Helvetia –
Fondation suisse pour la culture, de la
Corodis, de Sandoz – Fondation de famille,
de ThéâtrePro-VS, de la Ville de Sion, de la
Fondation Landis & Gyr, de la Stanley Thomas
Johnson Foundation, de la fondation cultu-
relle BCN, du Pour-cent culturel Migros, de
Neuchàtoi et du Millénaire de la Ville de
Neuchâtel.
En France: Amiens, Angers, Angoulême, Annecy,
Antony, Avignon (Les Halles, Salle Benoît
XII, Théâtre GiraSole), Avranches, Bagneux,
Besançon, Béziers, Boulogne-Billancourt,
Carentan, Chantilly, Châteauroux, Chatou,
Colmar, Combs-la-Ville, Corbeil, Cosne-sur-
Loire, Divonne-les-Bains, Fontenay-le-Comte,
Fontenay-sous-Bois, Fos-sur-Mer, Gap, Grasse,
Haguenau, Istres, Ivry-sur-Seine, La Glacerie,
Lannion, Le Mans, Le Vésinet, Le Revest-les-
Eaux, Lomme, Lorient, Lyon (Les Ateliers, Théâtre
Tête d’or), Marseille, Meaux, Meylan, Miramas,
Monaco, Montceau-les-Mines, Montluçon,
Montpellier, Morteau, Mulhouse, Nancy (La
Manufacture, Salle Poirel), Narbonne, Neuilly,
Orange, Paris (Centre Culturel Suisse, Théâtre
de l’Atalante, Théâtre de la Tempête, Théâtre
Artistic Athévains, Théâtre Montparnasse, Le
Petit Montparnasse), Pontarlier, Rambouillet,
Romans-sur-Isère, Rungis, Saint-Dizier, Saint-
Germain-en-Laye, Saint-Lô, Saint-Nazaire, Saint-
Raphaël, Sainte-Maxime, Serris, Strasbourg,
Tarbes, Tours, Val-de-Reuil, Valenciennes.
Et Bruxelles, Montréal, Moscou.
tournées soutiens
Compagnie du Passage
CP 3172 | CH – 2001 Neuchâtel
T +41 (0)32 717 82 51
F +41 (0)32 717 82 09
info@compagniedupassage.ch
www.compagniedupassage.ch
Indépendamment de la Compagnie du Passage,
Robert Bouvier a signé les mises en scène de
Peepshow dans les alpes (Köbeli), Saint Don Juan
(Delteil), Cronopes et fameux (Cortazar), La mort
de Napoléon (Leys), L’homme qui vivait cou-
ché sur un banc (Chappaz), Artemisia (Rabaglia,
Belbachir), Roi de rien (Dimey), ainsi que de plu-
sieurs opéras : La damnation de Faust (Berlioz),
Le mariage secret (Cimarosa), Mefistofele (Boïto),
Don Giovanni (Mozart), Faust (Gounod), Don
Carlo (Verdi), joués en Suisse, France et Espagne,
ainsi qu’une comédie musicale Eros et Psyché
(Maddeford). Il a aussi réalisé un long et trois
courts métrages, qui reçurent les primes à la
qualité de l’Office fédéral de la culture, furent
diffusés à la télévision, invités dans de nom-
breux festivals (Locarno, Soleure, Genève, Paris,
Strasbourg, Namur, Braunschweig, Caracas…)
et qui retinrent l’intérêt de la critique suisse et
internationale. Il a en outre écrit plusieurs adap-
tations de textes pour la scène ainsi que des
scénarios.
Comme comédien, il a joué dans une quaran-
taine de spectacles (mis en scène par Matthias
Langhoff, Adel Hakim, El Hakawati, Jean Chollet,
Jean-Louis Hourdin, Irina Brook, Hervé Loichemol,
Darius Peyamiras, Laurence Mayor, Anne-Marie
Delbart, Gino Zampieri, Alain Barsacq…), une
chorégraphie de François Verret et une vingtaine
de films (réalisés par Alain Tanner, Denis Amar,
Michel Rodde, Claude Champion, Francis
Reusser, Alain Resnais, Michel Brault, Christine
Lipinska, Olivier Peray…). En outre, il a donné
une dizaine de stages de théâtre dans différentes
écoles : les Teintureries, le Studio d’Asnières et la
Manu facture-Haute école de théâtre de Suisse
romande où il a été responsable pédagogique
pendant trois ans.
Robert Bouvier
Diplômé de l’Université de Censier, Paris III, et
de l’Ecole supérieure du Théâtre national de
Strasbourg, Robert Bouvier a travaillé comme
comédien, metteur en scène ou réalisateur
principalement en Suisse et à Paris mais aussi
en Grande Bretagne, Hongrie, Ecosse, Italie,
Belgique, Allemagne, Portugal, Espagne,
Russie, Canada et Japon. En novembre 2000,
il a inauguré à Neuchâtel, en Suisse, le Théâtre
du Passage, lieu d’accueil et de création et qui
a deux troupes en résidence (Compagnie du
Passage et Compagnie Sugar Cane). Désirant
récompenser sa contribution au rayonnement
de la culture française, le gouvernement fran-
çais l’a nommé Chevalier de l’ordre des arts et
lettres en 2006.
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