
2.2 Les métastases extrahépatiques
Chez le patient avec des métastases hépatiques d’un cancer recto-colique, l’objectif premier de
la TEP-FDG est la détection de localisations extrahépatiques qui contre-indiquent généralement
l’approche chirurgicale. Ainsi, approximativement 25% des patients éligibles pour une hépatectomie
partielle sont récusés par la TEP-FDG qui met en évidence des métastases extra-hépatique par ailleurs
ignorées par le CT (22). Ces dernières correspondent le plus souvent à des ganglions rétropéritonéaux
ou mésentériques envahis, à une carcinomatose péritonéale ou à des métastases pulmonaires (23).
Dans cette indication, la TEP-FDG entraîne une meilleure chirurgie, une diminution du nombre de
récidives et possiblement une amélioration de la survie (24, 25).
2.3 Le cancer rectal
La TEP-FDG a un rôle important dans la caractérisation des lésions indéterminées sur
l’imagerie anatomique. En particulier, l’évaluation de la récidive présacrée est un problème clinique
difficile fréquemment rencontré. L’imagerie conventionnelle du pelvis (CT, échographie transrectale)
a des difficultés de différencier le tissu fibreux post-chirurgical ou post-radiothérapie d’une récidive
tumorale nécessitant une poursuite du traitement (26). Flamen et al. montrèrent que la TEP-FDG avait
une valeur diagnostique supplémentaire par rapport au CT avec contraste dans 56% des cas, et par
rapport au CT avec contraste combiné à l’échographie transrectale, dans 20% des cas (23). Even-Sapir
et al., comparant la TEP/CT à la chirurgie, rapportèrent 98% de sensibilité, 96% de spécificité, 90% de
valeur prédictive positive, 97% de valeur prédictive négative et 93% de précision diagnostique pour
caractériser la nature des anomalies présacrées (2).
2.4 L’augmentation du CEA
La mesure du CEA sanguin est largement utilisée dans le suivi des cancers recto-coliques
opérés. Tous les ans, 28% de ces patients verront une augmentation de leur taux de CEA, suggestive
d’une récidive tumorale avec une spécificité de 70 à 84%. Celle-ci est localisée en moyenne en 3 à 9
mois par l’imagerie conventionnelle, plus souvent au niveau hépatique que loco-régionale ou
pulmonaire (6). Par contre, la TEP-FDG localise précocement la récidive dans 2 cas sur 3, ce qui en
fait un outil diagnostique recommandé dans cette indication (27-30).
2.5 L’impact sur la prise en charge et l’analyse économique
Deux méta-analyses étudièrent la précision diagnostique de la TEP-FDG chez le patient
suspect d’une récidive d’un cancer recto-colique. La première, reprenant 11 études chez 577 patients,
montre 97% de sensibilité et 76% de spécificité de la TEP-FDG (31). La seconde, plus récente et
reprenant 61 études, confirme l’excellente sensibilité de TEP-FDG (95%) comparativement au CT
(65%) et à la résonance (76%) (32).
Une revue systématique de la littérature (33) donne une sensibilité de la TEP-FDG de 91,5%
et une spécificité de 95.4% pour la détection des métastases extrahépatiques comparativement au
60,9% et 91,1% du CT. Cette meilleure sensibilité de la TEP-FDG entraîne une modification de
l’approche thérapeutique dans un tiers des cas (limites 20-58%). En dépit d’une technologie complexe
et onéreuse, la TEF-FDG est économiquement et médicalement justifiée en cas de suspicion de
récidive d’un cancer recto-colique en permettant une chirurgie à visée curative dans les maladies
localisées et en évitant une chirurgie inutile et pénible dans les cas disséminés (31, 34, 35).
LE PRONOSTIC ET LE SUIVI THERAPEUTIQUE
Que cela soit pour le cancer colique ou rectal, l’intensité de la captation du FDG dans la lésion
tumorale est en relation avec l’agressivité de la tumeur et la survie, globale et sans récidive, du patient
(36-38). Au niveau histologique, celle-ci est corrélée à la concentration de transporteur de glucose
GLUT1 et à l’expression du Ki67 (un marqueur de la prolifération cellulaire) et du p53 (un marqueur
du contrôle du cycle cellulaire) (39).
Les modifications métaboliques des cellules tumorales précèdent les modifications
anatomiques. La TEP-FDG est de plus en plus utilisée pour évaluer précocement la réponse
thérapeutique et éventuellement modifier l’approche thérapeutique en fonction des résultats obtenus.
Une chimiothérapie ou une radiochimiothérapie récente est susceptible de réduire
transitoirement la sensibilité de la TEP-FDG dans le bilan d’extension du cancer recto-colique, rendant
une tumeur viable moins avide pour le traceur. Il est dès lors recommandé de réaliser une TEP-FDG
au moins un mois après le dernier traitement pour éviter les faux négatifs (20, 40). Lorsque la TEP-
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