CHRISTOPHER
WHEELDON,
WAYNE MCGREGOR,
PINA BAUSCH
En lhonneur de Pierre Boulez
POLYPHONIA
ENTRÉE AUPERTOIRE
MUSIQUE
György Ligeti
(Pièces pour piano)
CHOGRAPHIE
Christopher Wheeldon
COSTUMES
Holly Hynes
LUMIÈRES
Mark Stanley
CRÉATION
CRÉATION
MUSIQUE
Pierre Boulez (Anthèmes II,
pour violon et électronique)
CHOGRAPHIE
Wayne McGregor
SCÉNOGRAPHIE
Haroon Mirza
LUMIÈRES
Lucy Carter
ALISATION INFORMATIQUE
MUSICALE IRCAM
Andrew Gerzso,
Gilbert Nouno
VIOLON
Michael Barenboim
(3, 7, 14, 15, 21, 22, 23, 25, 30 déc.)
Hae-Sun Kang
(5, 9, 16, 17, 18, 19, 24, 31 c.)
LE SACRE
DU PRINTEMPS
MUSIQUE
Igor Stravinsky
CHOGRAPHIE
Pina Bausch
SCENOGRAPHIE & COSTUMES
Rolf Borzik
avec la collaboration
de l’Ircam-Centre Pompidou
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
DIRECTION MUSICALE
Vello Pähn
En hommage à Pierre Boulez, cette soirée
rassemble trois grands moments de la
modernité musicale et chorégraphique, en
unissant, à ses côtés, deux autres créa-
teurs majeurs du XXesiècle dont il a dirigé
les œuvres: György Ligeti et Igor Stravinsky.
POLYPHONIA
« Romantique avec des rebondissements
comiques » est la description que fait Chris-
topher Wheeldon de son ballet, Polyphonia
(soit "beaucoup de voix"), dansé sur dix
pièces pour piano éclectique de György
Ligeti. Portés aériens, roulades et sauts
contrastent avec les pas de danse de ballet
classique. Le premier des deux duos clés,
dansé par le couple principal, évoque une
nage de créatures marines, tandis que le
second ressemble à une plante étrange
qui pousserait en senfermant sur elle-
même. Les derniers portés et le fondu
nal concluent le mouvement, l'encadrent,
et le laissent s’estomper comme un lm.
Polyphonia a remporté le Laurence Olivier
Award pour la meilleure nouvelle produc-
tion de danse en 2003 et a été le premier
ballet de Christopher Wheeldon à entrer au
répertoire du Ballet Pacifi c Nord-Ouest.
CRÉATION
de Wayne McGregor
Sur la partition Anthèmes II, composée par
Pierre Boulez en 1997, le chorégraphe bri-
tannique Wayne McGregor propose une
nouvelle création, conçue avec l'artiste
plasticien Haroon Mirza, lauréat du Lion
d'argent à la Biennale de Venise en 2011.
Après Genus en 2007, puis L’Anatomie de
la sensation (pour Francis Bacon) en 2011,
c'est le troisième ballet spécialement créé
par Wayne McGregor pour les danseurs de
la compagnie, capables d'allier un solide
vocabulaire classique aux dernières inno-
vations technologiques.
LE SACRE DU PRINTEMPS
Dans l'arène...
Norbert Servos
« Ce sont les hommes et les femmes qui
m'intéressent.
Dans la vie de chaque jour, il y a tant de
choses, tant d'informations, apparemment
infi mes et en réalité fondamentales... »
Pina Bausch
Dans sa version du Sacre du printemps (...),
Pina Bausch reprend l'ordre des scènes du
libretto original sans cependant faire état
de la Russie païenne. Elle la situe dans
une société moderne quelconque. Initiale-
ment, la lutte des sexes ne résulte pas de
l'adoration rituelle de la terre telle qu'elle
se manifeste dans les sociétés primitives.
Ce confl it est originel et constitue le point
de départ de l'action dramatique qui se
concentre sur le sacrifi ce de printemps
symbolisé par une jeune femme. Le seul
décor est le sol du plateau, recouvert d'une
couche de terre qui transforme l'espace en
une arène archaïque, intemporelle, un lieu
de combat entre la vie et la mort. Comme
dans les œuvres suivantes de Pina Bausch,
l'espace scénique est aussi un champ
d'action très physique. La terre ne relève
pas seulement de la métaphore, mais elle
infl uence directement les mouvements des
danseurs, les investit d'une gravité intense
et recueille les traces du violent sacrifi ce.
Ainsi le corps humain réécrit sa propre his-
toire dans le sol. À la pureté de la surface
plane succède la sauvagerie de l'arène: la
terre s'attache aux légères robes à bre-
telles des femmes, barbouille les visages
et colle aux torses nus des hommes.
Rien dans le théâtre dansé de Pina Bausch
ne se fait « comme si... ». Les danseurs ne
jouent pas la fatigue qui s'empare d'eux:
elle est bien réelle. Lénergie que le Sacre
du printemps exige des danseurs, touche
immédiatement et naturellement le spec-
tateur. Leff ort ne se cache pas derrière
un masque souriant, il s'entend à chaque
respiration profonde, l’extrême présence
physique, que les acteurs génèrent en
mobilisant leurs ressources, donne toute
son authenticité au sacrifi ce et intensifi e la
compassion du public.
La première scène montre une des femmes
allongée sur la robe rouge dans laquelle la
victime devra plus tard danser à en mourir.
Elle participe aux danses des femmes
auxquelles l'une d'elles tente sans cesse
d'échapper. Les hommes et les femmes
forment un cercle magique et accom-
plissent le rite d'adoration de la terre dans
un ensemble de mouvements empruntés
aux danses ethniques. Ce recours à une
forme de conjuration païenne se distingue
cependant de l'atavisme de l'original. Pina
Bausch adopte simplement le modèle pri-
maire d'une société patriarcale archaïque,
et le traduit dans le présent. Ainsi, l'adora-
tion de la terre peut-elle être lue comme
une cérémonie, après laquelle les deux
sexes reviennent à leur isolement respectif.
Hommes et femmes sont chacun caracté-
risés par des mouvements très expressifs:
les hommes sautent de façon agressive.
Mais tous sont, ici aussi, sous l'emprise
d'un rythme violent et contraignant. Les
manifestations de panique et d'eff roi
signalent la désignation imminente de la
victime, annoncée par l'une des femmes
qui ramasse la robe de la sacrifi ée dans un
geste répétitif. Le rythme de cette épreuve
Peter van Atgmael, Cloud Afghansitan, 2008
© PETER VAN AGTMAEL/MAGNUM PHOTOS
montre que le sort de chacune d'elle réside
peut-être dans le sacrifi ce. Par la suite,
les groupes se séparent. Pendant que les
hommes attendent en retrait, les femmes
se pressent, terrorisées, en un cercle serré,
qu'elles quittent l’une après l’autres pour
se diriger vers leur meneur et recevoir la
robe, sur laquelle il est en signe de son
arbitraire allongé : c'est lui qui choisit
lavictime.
Une fois encore, le cercle des femmes se
défait en dansant, pour se reformer de
nouveau. L’une d'elle s'avance, prend la
robe, qui passe de main en main au sein du
groupe, jusqu'à ce que le meneur désigne
la victime. Dès cet instant, le groupe com-
mence à célébrer un rite de fécondité au
rythme exalté d'un coït. Cette orgie se
passe sous une indicible contrainte et
évoque par sa violence un viol plus qu'un
acte voluptueux de libération. Après que
la victime a été présentée à l'assemblée
par le meneur, elle commence à danser
sa propre mort sous les regards eff rayés
detous.
Dans sa version du Sacre du printemps,
Pina Bausch concentre son attention sur la
douleur physique du sacrifi ce, qui s'accom-
plit de manière brutale mais très naturelle.
La pièce est la métaphore d'une réalité, qui
demande sans pardon son tribut, essentiel-
lement des sacrifi ces de femmes. Comme
dans ses autres créations, Pina Bausch
en fait ici le constat. Contrairement à
Hans Kresnik, elle ne cherche pas à dévoi-
ler les tenants et aboutissants des pro-
blèmes sociopolitiques. Le Tanztheater de
Wuppertal veut, sans compromis, confron-
ter le public à la douleur et l'émouvoir par
la profonde force émotionnelle de la danse.
Ce qui est nouveau dans cette adapta-
tion, ce n'est pas seulement le recul par
rapport aux formes ataviques du rituel et
l'approche de thèmes contemporains tels
que le sexisme et l'aliénation, mais égale-
ment leur mise en forme radicale et émo-
tionnelle. Labstraction et le refoulement
de la peur et du désir font place à un vécu
radical des émotions, point de départ de
cette création.
PINA BAUSCH OU L'ART DE DRESSER UN POISSON
ROUGE {TRADUIT DE L'ALLEMAND PAR DOMINIQUE
LE PARC|, L'ARCHE, 2001{EXTRAITS|
CHRISTOPHER
WHEELDON
Christopher Wheeldon rejoint le New York
City Ballet en 1993 et est nommé soliste
en 1998. En 2000-2001, il devient le tout
premier artiste en résidence au New York
City Ballet, puis premier chorégraphe
résident en 2001. Dès lors, il chorégraphie
au moins un ballet par an pour la
compagnie. En dehors du monde du ballet, il signe la chorégraphie de La
Danse des heures de La Gioconda de Ponchielli au Metropolitan Opera
(2006 ), ainsi que les séquences de ballet pour le fi lm Center Stage
(2000) et pour Sweet Smell of Success à Broadway( 2002 ). En 2007,
Christopher Wheeldon fonde Morphoses/The Wheeldon Company avec
pour ambition d’insuffl er un esprit d’innovation au ballet classique en
privilégiant les collaborations entre chorégraphes, danseurs, vidéastes,
designers et compositeurs.
En 2009, il travaille aux s de Richard Eyre sur une production de
Carmen au Metropolitan Opera House et, en 2010, sa nouvelle version de
The Sleeping Beauty est créée par le Royal Danish Ballet. Sa chorégraphie
longue du ballet Alice au pays des merveilles conçue pour le Royal Ballet est
donnée pour la première fois au Royal Opera House le 28 février 2011. En
mai 2011, il présente Thirteen Diversions pour l’American Ballet Theatre, et
en janvier 2012, Les Carillons en première mondiale au New York City
Ballet dans le cadre d’une soirée entièrement consacrée au chorégraphe.
Au cours de sa carrière, il reçoit plusieurs prix dont le Martin E. Segal
Award du Lincoln Center, l’American Choreography Award, le Dance
Magazine Award, le London Critic’s Circle Award de la meilleure nouveauté
pour le ballet Polyphonia. En 2013, une production cente de Cinderella
vaut à Christopher Wheeldon le prix Benois de la danse.
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