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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 20 April 2017
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détermination de leurs tendances, explique notre chercheur. Ce sont les deux gaz à effet de serre les plus
importants après le CO2 ciblés par le protocole de Kyoto. Le CO2 était déjà au coeur de nombreuses
études et son augmentation linéaire n'était pas controversée. Aussi nous sommes-nous concentrés sur
le CH4 et le N2O. Nous avons travaillé à partir de données provenant de quatre stations européennes :
Kiruna en Suède, Harestua en Norvège ainsi que deux sites alpins dont l'Observatoire du Jungfraujoch
qui est rattaché à l'ULg. Il s'agit des uniques sites européens appartenant au NDACC et ayant enregistré
des données infrarouges pour ces deux gaz depuis au moins le milieu des années nonante. »
La comparaison des observations provenant des quatre sites a révélé des tendances différentes d'un site à
l'autre. « Nous avons surtout mis en évidence des corrélations entre ces variations et certains phénomènes
atmosphériques locaux, comme la pression, ou saisonniers, comme la hauteur de la tropopause. En
extrayant ces effets, nous avons pu «standardiser» nos données et ainsi réduire sensiblement l'incertitude
sur les concentrations et leurs évolutions. Grâce à cette procédure de standardisation, nous avons pu
montrer qu'il subsiste des contrastes entre sites. Ceux-ci étaient jadis perdus dans les barres d'erreur. Ce
résultat est une première. »
Pour le méthane, la ré-augmentation récente de sa concentration est evaluée à 0.57 ± 0.22 % par an
(Harestua), à 1.15 ± 0.17 % par an (Kiruna) et autour de 1% par an dans les deux sites alpins. La distribution
inhomogène des sources de méthane sur le globe ou l'ensoleillement (fonction de la latitude et responsable
de la photodissociation du méthane) pourraient figurer parmi les causes possibles de ces contrastes qui
demeurent à ce jour encore inexpliqués. Dans le cas de l'oxyde nitreux, les contrastes sont moins importants
puisque l'augmentation entre 1996 et 2007 est chiffrée à 0.2% par an dans les sites alpins, 0.3% par an
à Harestua et 0.4% par an à Kiruna. Les tendances sont néanmoins deux fois supérieures aux hautes
latitudes qu'aux latitudes moyennes, dans l'hémisphère nord. « L'origine de ces différences pourrait ne pas
être directement anthropique, reprend Emmanuel Mahieu, mais provenir de la circulation stratosphérique.»
Sans la procédure d'harmonisation des données, ces contrastes entre les sites seraient restés noyés dans
les barres d'erreur. Acteur de cette première, le GIRPAS, avec l'Observatoire du Jungfraujoch, confirme sa
position de pionnier dans l'observation de l'atmosphère. Cette position, il la doit initialement au professeur
Migeotte, de l'ancien Observatoire de Cointe de l'ULg, qui en 1950 installe le premier instrument liégeois sur ce
sommet des Alpes bernoises qui culmine à 3580 mètres d'altitude. Ses premières mesures offrent aujourd'hui
une perspective indispensable pour l'étude du réchauffement climatique.