L
La
a
t
th
hé
éo
ol
lo
og
gi
ie
e
d
du
u
d
di
ia
al
lo
og
gu
ue
e
i
in
nt
te
er
rr
re
el
li
ig
gi
ie
eu
ux
x
:
:
islam et christianisme, une petite histoire des regards croisés aux XX-XXI s.
P
ROF
C
LAUDIO
M
ONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
AA. 2011-2012
1
La raison s’oppose-t-elle à la croyance religieuse ?
Emmanuel AVONYO, op
La raison et la foi semblent s’installer dans une suspicieuse rivalité et une conflictuelle mutualité
depuis des millénaires. L’explication rationnelle par la force des arguments paraît dénier toute
objectivité à tout ce qui relève du surnaturel et du mystique. En conséquence, le domaine de la
pensée rationnelle et objective est souvent présenté comme incompatible avec la croyance qui
recèle un irrationnel et une subjectivité irréductibles. Il convient tout de même de se demander si
la raison s’oppose vraiment à la croyance religieuse. Depuis les origines, raison et croyance
religieuse ne s’imbriquent-elles pas ? Ne vont-elles pas de pair dans les mythes, dans les
cosmogonies comme en science théologique ? En effet, raison et foi religieuse s’inscrivent dans la
relation de complémentarité qui existe entre comprendre et croire, entre intelligence et foi. En
dépit de l’abondante littérature disponible sur cette question, nous nous évertuerons encore à
montrer, dans le cadre de cette réflexion à L’Academos, que sous certains rapports, raison et
croyance religieuse s’opposent aussi comme le font l’objectif et le subjectif, le rationnel et
l’irrationnel. Ce rapport devient davantage conflictuel lorsqu’une instance transgresse les
frontières de l’autre ou cherche à s’en affranchir.
I. CROYANCE RELIGIEUSE ET FOI
Avant de comparer raison et croyance religieuse, il nous paraît opportun d’éclairer la lanterne sur
les nuances de sens entre croyance et foi. Il est important de saisir les mots croyance et foi comme
des expressions dont on peut faire usage dans un champ sémantique qui ne doit rien à l’univers
théologique. De même que Karl Jaspers parle de “foi philosophique” comme adhésion à une vérité
fondamentale du fait de son inclination intellectuelle, l’on peut appréhender la croyance en tant
qu’un mode particulier de connaissance. C’est dans ce sens que Bernard Lonegan affirmait que
l’appropriation que l’on fait de son héritage social, culturel et religieux est en grande partie une
question de croyance […la] connaissance que l’individu acquiert par lui-même (immanently
generated knowledge), n’est qu’une faible portion de ce que tout homme civilisé considère savoir.
Bernard Lonegan poursuit en disant qu’on oppose souvent science et croyance, mais en fait, la
croyance joue un aussi grand rôle en science que dans presque tous les autres secteurs de l’activité
humaine […] Je ne puis communiquer à un autre ma faculté de juger, mais je puis lui transmettre
ce que j’affirme ou ce que je nie et il peut me croire (Pour une méthode en théologie, Paris, Cerf, 1978,
p. 57-59).
Cette précision faite, il va de soi que ces deux termes appartiennent en général au registre
religieux. Ainsi« croyance religieuse » et « foi » sont des notions similaires, elles relèvent de la
même sphère du sacré mais comportent des différences de contenu sémantique. « Croire » (credere,
faire crédit à), c’est se fier à un être sans vue directe, par un assentiment plus ou moins parfait.
Ainsi, du fait de la finitude de l’homme, il est naturellement porté vers un être transcendant qu’il
considère comme l’auteur de son existence : c’est la croyance en la transcendance. Cette relation
naturelle de l’homme en tant qu’animal religieux à la transcendance s’appelle la croyance religieuse.
Selon Maurice Blondel, cité par André Lalande, « la croyance est le consentement effectif et
pratique qui complète l’assentiment raisonnable donné à des vérités et à des êtres dont la
L
La
a
t
th
hé
éo
ol
lo
og
gi
ie
e
d
du
u
d
di
ia
al
lo
og
gu
ue
e
i
in
nt
te
er
rr
re
el
li
ig
gi
ie
eu
ux
x
:
:
islam et christianisme, une petite histoire des regards croisés aux XX-XXI s.
P
ROF
C
LAUDIO
M
ONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
AA. 2011-2012
2
connaissance n’épuise pas leur plénitude intérieure
1
Cette définition de la croyance nous paraît
plus proche de la croyance religieuse et de la foi à cause de l’évocation du consentement pratique
et du contenu de l’assentiment.
En effet, la croyance religieuse est un autre niveau de croyance, elle est l’expression de la nature
religieuse de l’homme qui se matérialise par l’attachement à une religion. Elle est un niveau faible
de ce qu’on appelle « foi ». Avoir la foi, disait Jaspers, c’est vivre inspiré par l’Englobant et se
laisser conduire par lui. C’est une nouvelle naissance que subit notre être dans l’acte transcendant
2
.
La foi, comme une nouvelle naissance, est un acte d’adhésion à un être suprême. La foi n’est pas
simple relation croyante mais adhésion effective parce qu’elle fait intervenir un contenu constitué de
vérités professées et de rites. La croyance en Dieu s’appelle la foi. La foi serait, selon Jean Paul II, la
reconnaissance pleine et intégrale de Dieu comme garant de la vérité révélée. Car « le Dieu qui se
fait connaître dans l’autorité de sa transcendance absolue apporte aussi des motifs pour la
crédibilité de ce qu’il révèle. Par la foi, l’homme donne son assentiment à ce témoignage divin.»
3
En dépit de la mention claire de Dieu dans l’acte de foi ou la profession de foi, et malgré le fait que
la relation à la transcendance ne fait pas nécessairement d’un homme un croyant, croyance et foi
ne s’opposent pas pour autant à l’intérieur du croire. La foi présuppose la croyance par la lumière
naturelle de la raison, elle implique la croyance religieuse, c’est-à-dire la croyance en un Etre
supérieur dont le nom serait Absolu, Dieu, Allah… La foi nécessite non seulement l’adhésion à des
vérités établies ou dogmes mais aussi une pratique religieuse ou cultuelle. Afin de mieux saisir
cette relation d’intimité, il serait judicieux de se référer ici à Pierre-Jean Labarrière. Selon
lui, croire, c’est engager d’un seul mouvement unefoi et une croyance. « L’articulation entre foi et
croyance est en fait l’une des clefs de l’intelligence de l’acte du croire … La croyance est objet d’enseignement
et se laisse juger sur la rectitude d’une formule ; la foi est chose plus intime, plus universelle aussi dans sa
dimension de fondement sans mesure ; elle désigne une attitude, un dynamisme transformant marqué de
puissance créatrice.»
4
Labarrière distingue croyance et foi qui procèdent toutes deux du croire. Il fait remarquer le
rapport de la croyance à la rectitude d’une formule et celui de la foi à une attitude, à un
dynamisme créateur. Il est clair que, pour Labarrière, la foi ne se limite pas aux formules dans
lesquelles elle se dit, qu’elle va jusqu’à la « chose » qui se trouve visée, elle franchit le pas qui
mène du vocable soigneusement poli à la réalité foncière en elle-même inaccessible. D’où, selon
lui, la plus grande universalité de la foi par rapport à la croyance. Mais croyance et foi ne sont pas
moins deux modalités complémentaires du croire. Croyance religieuse et foi traduisent la même
réalité spirituelle, elles relèvent du même domaine du croire et de la sphère de la religion.
Toutefois, considérer la croyance religieuse dans son rapport à la foi, n’est-ce pas pointer en
direction des niveaux de la manifestation de la raison humaine dans l’acte de foi et dans la
croyance ?
II. OBJECTIVITE DE LA RAISON ET SUBJECTIVITE DE LA FOI
1
ANDRE LALANDE Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1991, pp. 198-199
2
KARL JASPERS, La foi philosophique, Paris, Plon, 1953, pp. 24-25.
3
JEAN PAUL II, Fides et Ratio, n°14.
4
PIERRE-JEAN LABARRIERE, Croire et comprendre, Approche philosophique de l’expérience chrétienne, Les
éditions du Cerf, Paris, 1999, p. 88.
L
La
a
t
th
hé
éo
ol
lo
og
gi
ie
e
d
du
u
d
di
ia
al
lo
og
gu
ue
e
i
in
nt
te
er
rr
re
el
li
ig
gi
ie
eu
ux
x
:
:
islam et christianisme, une petite histoire des regards croisés aux XX-XXI s.
P
ROF
C
LAUDIO
M
ONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
AA. 2011-2012
3
La raison est la faculté de connaître (Kant), de bien juger (Descartes), de discerner le vrai et le faux,
le bien et le mal, de raisonner discursivement, de combiner des concepts et des propositions
5
. A ce
titre, elle est considérée comme le propre de l’homme. C’est la faculté qui permet à l’homme
d’atteindre naturellement certaines vérités sans se faire aider des lumières de la foi. On appelle
encore raison l’intelligence en tant qu’elle est capable de mener des raisonnements ou pour autant
qu’elle joue conformément à ses lois et à ses principes
6
. La raison est alors présentée comme le
domaine de la connaissance objective, de la connaissance explicable par des lois universelles alors
que la croyance religieuse, cultuelle ou mythique peut être subjective.
Kant permet toutefois de nuancer ces propos. La croyance selon Kant « est un fait de notre
entendement susceptible de reposer sur des principes objectifs, mais qui exige aussi des causes
subjectives dans l’esprit de celui qui juge.»
7
Lorsque la croyance est communicable et valable pour
toute raison humaine, elle s’appelle conviction. Dans le cas contraire, elle s’appelle persuasion.
Dans le vocabulaire spécifiquement religieux la conviction est synonyme de foi
8
. Que la croyance
puisse avoir des fondements subjectifs et objectifs, que la foi soit communicable, cela n’en fait pas
pour autant des données objectives. Du point de vue de Kant, la croyance comme valeur subjective
du jugement s’appelle foi seulement au deuxième degré d’assentiment où elle est insuffisante
objectivement mais suffisante subjectivement. Si elle était suffisante objectivement et
subjectivement, la croyance serait un savoir.
Cette précision notionnelle faite, nous pouvons soutenir que la croyance religieuse est de l’ordre
du surnaturel, qu’elle est une expérience subjective, un état de profonde conviction, une adhésion
individuelle, un assentiment personnel et parfait qui exclut le doute. Exclure le doute, n’est-ce pas
aussi ne point admettre d’autocritique ou de critique extérieure ? S’il est avéré que la foi jouit
d’une autonomie subjective sans cependant avoir le caractère d’évidence contraignante et le degré
de communicabilité du savoir rationnel, nous comprenons pourquoi elle serait réfractaire à la
critique tout en y demeurant vulnérable. Peut-être parce que la critique l’affaiblit en exposant ses
failles. C’est le sentiment que l’on a en lisant Karl Jaspers qui écrivait à juste titre : « L’amer regret de
ma vie, passée à rechercher la vérité, c’est que sur des points décisifs, ma discussion avec les théologiens
s’arrête : ils se taisent, ils énoncent quelque formule incompréhensible, ils parlent d’autre chose, ils avancent
une assertion comme absolue, ils m’encouragent amicalement… En somme, ils ne s’intéressent pas vraiment
au débat. Un véritable dialogue exige pourtant que tout article de foi puisse être examiné et contesté »
9
.
S’il peut être objecté à Karl Jaspers que la théologie se veut une discipline rationnelle qui n’est pas
hostile aux débats sur Dieu, son point de vue a le mérite de montrer que les articles de foi sont
souvent postulés et paraissent parfois indémontrables par la raison. Ils relèvent plus de la
conviction et de l’assentiment parfait que de l’évidence d’une thèse irréfutable. Le débat en science
théologique est bien canalisé et soumis à des conditions préalables de foi. La foi rejette le doute et
part d’une adhésion ferme à son objet. Ainsi, la communication interpersonnelle en matière de
théologie semble inciter la raison à s’ouvrir à la vérité révélée afin d’en accueillir le sens profond. Il
s’agit d’abord de croire pour ensuite comprendre. Le refus de la critique et le caractère subjectif de
5
ANDRE LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1991, pp. 877-878.
6
JACQUES MANTOY, Les 50 mots-clés de la philosophie contemporaine, Privat, 1971, pp. 89-90.
7
EMMANUEL KANT, Critique de la raison pure, trad. fr. A. Tremesaygues et B. Pacaud, Paris, PUF, 2004, p. 551.
8
ANDRE COMTE-SPONVILLE, L’Esprit de l’athéisme, Albin Michel, 2006, p. 81.
9
KARL JASPERS, La foi philosophique, Paris, Plon, 1953, p. 105.
L
La
a
t
th
hé
éo
ol
lo
og
gi
ie
e
d
du
u
d
di
ia
al
lo
og
gu
ue
e
i
in
nt
te
er
rr
re
el
li
ig
gi
ie
eu
ux
x
:
:
islam et christianisme, une petite histoire des regards croisés aux XX-XXI s.
P
ROF
C
LAUDIO
M
ONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
AA. 2011-2012
4
la foi se complètent ici comme la discursivité de la raison et l’objectivité rationnelle. Selon cette
considération, le subjectif dans la foi ne s’apparente-t-il pas à l’irrationnel ?
La position de Karl Jaspers n’est pas isolée. Un point de vue similaire est rapporté par Paul
Valadier qui affirme qu’un vieux préjugé rationaliste « tient pour acquis, et tel l’un des indéracinables
préjugés, que la foi religieuse est saut dans le vide, irrationalité, crédulité et pas seulement croyance, bref
naïveté à quoi un esprit bien fait et droitement conduit se doit d’échapper.»
10
Si ce jugement peut paraître
singulier ou sans appel, elle n’invite pas moins à reconnaître que le mécanisme de la croyance
religieuse ne peut pas toujours être justifrationnellement et requérir l’assentiment de tous. Il est
effectivement difficile d’expliquer par exemple le mystère chrétien de l’incarnation à des non
croyants. Dans le cas particulier des dogmes, l’on peut reprocher à la foi une certaine irrationalité,
voire une crédulité naïve. Si tant est qu’il n’est pas aisé d’admettre qu’il puisse y avoir conception
sans rencontre sexuelle entre l’homme et la femme, il est tout aussi malaisé de croire à une
conception sans semence masculine.
Ce qui précède permet d’établir que la raison objective s’oppose bien souvent et clairement à la
croyance religieuse, elle paraît être un frein à cette dernière. Il y a comme une contradiction interne
qui empêche la foi de se laisser irradier complètement par les lumières de la raison sans livrer ses
armes. Et selon la foi, c’est la raison naturelle qui doit accepter les lumières de la foi. L’opposition
est inévitable. Néanmoins, l’on pourra encore objecter à Jaspers et surtout à Valadier que tout ce
que nous sommes incapables d’établir rigoureusement ou d’expliquer clairement n’est pas
irrationnel. Si des formes de croyances peuvent être dites irrationnelles, c’est simplement à cause
du fait qu’elles n’obéissent pas à la logique de la « raison rationnelle », et qu’elles s’opposent au
rationnel tel que les Lumières l’entendaient. En matière de foi, n’est-ce pas le cœur qui sent Dieu,
comme l’affirme Pascal ? Ne dirait-on pas en pastichant Pascal que la foi a sa raison que la raison
ignore ?
DEBAT
Question :
Je ne pense pas que la raison s’oppose à la foi, bien au contraire j’ai envie de dire. Le foi ou la croyance en
Dieu apporte bien des réponses que la seule raison de fournit pas. Pourtant, la raison peut être en désaccord
avec « l’idée » ou « l’entité » Dieu. Croire, d’accord… mais en quel Dieu ?
C’est là, me semble t’il que la question raison / foi devient confessionnellement dépendant.
Réponse :
L’intervention comprend un double intérêt.
P
REMIER INTERET
,
pour vous, la raison ne s’oppose pas à la foi, foi et raison sont confessionnellement solidaires, parce que la
foi fournit des réponses que la raison ne donne pas. Vous avez raison. Cet article vise à montrer que raison et
foi ne sont pas inconciliables, que la raison agit au coeur de la foi, que la raison a besoin de la foi à un
moment de sa traversée pour accéder à un ordre particulier de vérités. De même, la foi a besoin de la raison
et de ses moyens argumentatifs pour fonder solidement les vérités de foi qui s’adressent à des êtres doués de
10
PAUL VALADIER, Un philosophe peut-il croire ? Paris, Editions Cécile Defaut, 2006, p. 9.
L
La
a
t
th
hé
éo
ol
lo
og
gi
ie
e
d
du
u
d
di
ia
al
lo
og
gu
ue
e
i
in
nt
te
er
rr
re
el
li
ig
gi
ie
eu
ux
x
:
:
islam et christianisme, une petite histoire des regards croisés aux XX-XXI s.
P
ROF
C
LAUDIO
M
ONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
AA. 2011-2012
5
raison. Raison et foi sont donc confessionnellement et épistémologiquement (sur le plan de la connaissance
de la vérité) dépendants. Mais cette collaboration a ses limites. La raison ne peut pas rendre raison de toutes
les données de foi ; ces dernières ne s’éclairent que dans une adhésion préalable à la foi. Et vous avez raison
d’ajouter que la raison peut être en désaccord avec la foi (malgré cette dépendance confessionnelle). Et la foi
a parfois du mal à répondre aux questions que la raison lui pose parce que dans la foi, tout n’est pas rationnel
rationnel, sinon la foi serait un savoir. La raison qui agit dans la foi est souvent une raison éclairée par la foi
et qui ne peut pas s’opposer à celle sans conflits incontrolables. Collaboration, oui, mais aussi respect
d’autonomie mutuelle. Une réponse unilatérale risque de ne pas rendre compte de toutes les subtilités de
cette relation.
D
EUXIEME INTERET
En quel Dieu faut-il croire ? Il serait prétentieux de notre part de vouloir répondre à une question aussi
partagée. Mais cette question impose deux limites à toute tentative de recherche. La première limite c’est
qu’elle suggère que Dieu n’est pas unique ou conçu de façon univoque. Et qu’ainsi chacun choisirait le Dieu
auquel adhérer. La deuxième limite est que la croyance semble être la chose la mieux partagée. Puisque la
question ne semble plus se poser de croire ou non. Mais que croire alors ? Ces deux limites circonscrites,
l’on pourrait s’aventurer à répondre, chacun à sa manière. Je vous propose de nous appuyer sur un paradigme
essentiel du domaine de la foi : la religion. Elle n’a pas une définition uniforme, et l’objet de la religion
(l’entité Dieu) est variable selon la forme de religion. La religion est un système de croyances et de pratiques
qui relie les hommes entre eux et avec une instance supra-sensible, en donnant sens à leur existence
subjective. L’on peut dire que le fait religieux prend des formes différentes d’un milieu à un autre. Dans les
grands monothéismes, la question se pose avec moins d’acuité. Yahvé, Allah, Dieu de Jésus-Christ, l’objet
de notre foi semble souffrir moins de polémique, toutes réserves faites. Mais là la réponse à votre
question est délicate, c’est que ce Dieu créateur et éternel, toutes les religions n’en conçoivent pas un. Le
culte des ancêtres en Mélanésie ne reconnaît comme dieux que des morts qui ont connu la condition humaine
et ses limites avant d’être divinisés à l’occasion de leur passage dans l’au-delà. Quel Dieu croire ? Fort de
notre définition de la religion, cette question pourrait revenir à se demander à quelle instance se relier ?
Comment donner sens à son existence subjective en société ? La question ne trouve donc pas de réponse
unifiée. La divinité peut être une puissance personnelle (monothéismes) ou impersonnelle. Le bouddhisme
par exemple est une religion sans divinité. Mais il y a bien croyance religieuse. Pour certains, les statues
représentent des entités divines supérieures en lesquelles ils croient. Le paradigme de recherche que nous
avons adopté nous amène à voir que la croyance en Dieu est une affaire relative qui appelle à l’esprit de
tolérance et d’ouverture à l’altérité religieuse. Nous ne prétendons pas répondre une fois pour toutes à cette
question transculturelle et trans-philosophique. Sans dogmatisme, il faut encore se mettre en route !
1 / 5 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !