1 Introduction
Depuis quelques années, les modèles géométriques tridimensionnels sont de plus en plus omniprésents. Ils
sont apparus avec le développement de l’infographie et de la vision tridimensionnelle, qui ont permis une
modélisation 3D d’objets ou de scènes complexes. Ces modèles peuvent être créés par des systèmes de modélisation
(logiciels de Conception Assistée par Ordinateur (CAO), ...) ou obtenus grâce à des procédés de numérisation
tridimensionnelle d’objets physiques (range scanners). Ils sont généralement représentés sous forme de maillages
surfaciques (surface linéaire par morceaux composée de polygones) ou volumiques (représentation de l’objet par un
ensemble de polyèdres). Ces modèles peuvent aussi être décrits par des nuages de points, des formes à pôles
(courbes de Bézier, NURBS, ...) ou des surfaces implicites.
Ce type de données géométriques est utilisé par une grande diversité d’applications regroupées ici par
domaines :
•La conception d’objets industriels (CAO) ou familiers (CAM : Computer Aided Manufacturing)
•La médecine (aide au diagnostic, chirurgie assistée par ordinateur ou à distance, …)
•Les systèmes d’information géographiques (cartographie, géologie, astronomie, ...)
•La simulation de phénomènes physiques (expériences virtuelles)
•La réalité augmentée (mélange de scènes réelles et d’objets virtuels)
•Les applications ludiques (jeux vidéo, cinéma, visites virtuelles, ...)
•...
Les modèles géométriques peuvent nécessiter une numérisation de plus en plus fine et détaillée, afin de
satisfaire aux attentes de réalisme. Par exemple, la numérisation du David (statue de Michel Ange) a été réalisée à
l'aide de 2 milliards de points [25]. La représentation non compressée d'un tel modèle nécessite alors plusieurs Giga
octets. Actuellement les machines et les réseaux sont de plus en plus performants et permettent de stocker ou
d'échanger un nombre de données de plus en plus important. Malgré ceci, toute amélioration des méthodes de
compression existantes est souhaitable, car on assiste également à une vulgarisation de la numérisation des données
et à une explosion prévisible de la production et de l'échange de ce type de données.
Deux approches sont envisageables pour la compression de données :
•La compression sans perte qui propose une reconstruction exacte de l'information, et qui se révèle indispensable
pour certaines applications sensibles ne tolèrant pas de pertes (calculs par éléments finis, applications médicales,
...).
•La compression avec perte où on s'autorise des pertes contrôlées. Les taux de compression obtenus sont alors
beaucoup plus importants et on choisit généralement le débit désiré.
Il existe plusieurs méthodes de compression de données textuelles, qui se révèlent également utiles pour la
compression d'images, de sons ou de vidéos en utilisant le plus souvent une approche basée sur les principes du
traitement du signal. Certaines de ces approches ont été étendues pour le codage de surfaces, mais depuis une
dizaine d'années, on observe l'apparition de méthodes spécialement dédiées aux maillages.
Un autre domaine qui manipule les objets géométriques est la géométrie algorithmique. Cette discipline
s'intéresse à l'étude symbolique abstraite de ces objets et permet de résoudre un grand nombre de problèmes à l'aide
d'algorithmes efficaces et de structures de données appropriées. Un des grands thèmes abordé par la géométrie
algorithmique est la reconstruction 3D.
L'utilisation des algorithmes de reconstruction 3D pour la compression de la connectivité des maillages n'a
été que très faiblement exploitée, mais s'avère très intéressante. Ainsi, nous avons choisi d'étudier l'apport de la
reconstruction 3D pour le codage de la topologie de maillages surfaciques triangulaires. Nous avons, dans ce but,
mis au point une méthode de compression sans perte exploitant un algorithme de reconstruction basé sur la
déformation de surface.
Les chapitres 2 et 3 de ce mémoire, abordent respectivement les principes de la compression de maillages
et de la reconstruction 3D à travers la présentation de plusieurs travaux existants. Les travaux correspondant le plus
à notre méthode sont expliqués en détail. Le chapitre 4 est consacré à la description de notre algorithme et le
chapitre suivant détaille nos choix d'implémentation. Pour finir, nous présentons les résultats obtenus ainsi que les
perspectives envisageables.
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