ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES
ÉCOLE DOCTORALE DE SCIENCES SOCIALES
THÈSE
présentée publiquement par Jean FRANCES le 11 décembre 2013
en vue de l’obtention du
DOCTORAT DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES
Discipline : Sociologie
Former des producteurs de savoirs
Les réformes du doctorat à l’ère de l’économie
de la connaissance
Directeur de thèse : M. Francis CHATEAURAYNAUD, Directeur d’études, École des
Hautes Études en Sciences Sociales
JURY
Mme. Isabelle BRUNO, Maîtresse de conférences, Université de Lille II, examinatrice
M. Nicolas DODIER, Directeur d’études, École des Hautes Études en Sciences Sociales,
président du jury
M. Michel DUBOIS, Directeur de recherche au CNRS, Université Paris IV Sorbonne,
rapporteur
M. Yves GINGRAS, Professeur à l’Université du Québec à Montréal, rapporteur
Mme. Christine MUSSELIN, Directrice de recherche au CNRS, Institut d’Études
Politiques de Paris, examinatrice
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Former des producteurs de savoirs. Les réformes du doctorat à l’ère de
léconomie de la connaissance
Centrée sur l’étude des mondes français de la science et de l’enseignement supérieur, cette
thèse cherche à saisir comment les réformes institutionnelles reconfigurent l’apprentissage aux
métiers de la recherche et en quoi elles sont susceptibles d’influer sur « les rythmes et les
orientations du développement scientifique ».
L’analyse proposée repose premièrement sur l’étude socio-historique des réorganisations du
cursus doctoral. Il est question par-là de montrer combien les doctorants sont de plus en plus
tenus de correspondre à un nouveau modèle d’« excellence » dont « l’esprit d’entreprendre »
semble constituer le principe générateur. L’audience politique des théories de l’économie de la
connaissance aurait facilité son importation dans les mondes académiques. Cet « esprit » renvoie à
une attitude professionnelle qui inciterait les doctorants à considérer leur formation à la manière
d’une somme d’épreuves et d’expériences à « rentabiliser ». Dès lors, accéder à l’« excellence »
demanderait-il aux apprentis-chercheurs de mener leurs travaux et leur cursus en calculant les
profits qu’ils pourront en retirer sur les marchés de l’emploi scientifique (publics et privés,
académiques et de la R&D), sur ceux de l’innovation et du conseil ? Afin de répondre à cette
question, il s’agit d’analyser les mutations des marchés de l’emploi scientifique à l’œuvre depuis
les années 1990. Et en vue de saisir ces transformations « en action », il convient de proposer une
ethnographie de deux dispositifs censés incarner les réformes contemporaines de la formation
doctorale : les Doctoriales et les 24Heures de l’entrepreneuriat. Lors de ces Entrepreneuriales, les
doctorants conçoivent virtuellement un produit ou un service innovant et bâtissent une entreprise
susceptible d’en assurer l’exploitation commerciale. Placer la focale sur ces stages
« professionnalisants » simulant des réseaux technico-scientifiques permet alors de saisir
comment les doctorants parviennent à mobiliser leurs savoirs, leurs savoir-faire et leurs réseaux
scientifiques en vue de « conduire un projet », de « manager une équipe », jusqu’à in fine générer
des profits financiers.
C’est donc à travers l’étude de ces moments extra-ordinaires de l’apprentissage à la
recherche que seront analysés les effets tangibles qu’engagent les réformes sur les
reconfigurations de l’« excellence » doctorale et, partant, sur les manières de considérer le « rôle »
du doctorat comme de la science.
Mots clés : excellence doctorale, ethnographie, doctoriales, réformes de la recherche et de
l’enseignement supérieur, processus de Bologne, business games, simulation, curriculum, doctorat,
économie de la connaissance, entrepreneuriat.
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The knowledge producers training. The Reforms of PhD programs at the
age of knowledge economy
Based on the study of the French academic landscape, this thesis aims at showing how
institutional reforms reconfigure the preparation to scientific professions and how they can
influence on the “cycles and directions of a scientist’s development”.
First, this research proposes a socio-historic description of doctoral curricula reorganizations.
The goal is to show how PhD students are encouraged to respond at a new model of excellence;
model which integrates entrepreneurship as core component. The political impacts of the
knowledge economy’s theories have stimulated the importation of this new type of excellence in
the academic worlds. To the PhD students, entrepreneurship is an attitude requiring them to
perceive their training as a series of experiences and challenges that they have to transform into
professional profits. Consequently, to become an excellent “Dr.”, should PhD students manage
their training while calculating the values of their experiences and productions on different job
markets? (Academic markets, innovation, consulting and R&D, mainly). To answer this question,
we must analyze the reorganizations of the job market for scientists which began in the 1990’s.
To grasp these transformations “in action”, we propose an ethnography of two simulation games
embodying contemporary reforms of the doctoral curricula: The Doctoriales and the 24Heures de
l’entrepreneuriat. During these Entrepreneuriales, PhD students have to conceive virtually an
innovative product and they build a fictional start-up to produce and commercialize it.
Describing these internships which simulate some technical-scientists networks allows us to
understand in greater details how PhD students mobilize their knowledge and capitalize on, their
capabilities and social relationships to manage a project that has to generate profits.
The study of these extraordinary moments of PhD training programs leads to a better
understanding of how the reforms impact on the doctoral excellence. By this way, we can seize
the roles of PhD programs as well as provide new ways to consider the value of sciences.
Key words : doctoral excellence, ethnography, Doctoriales, academic reforms, Bologna Process,
business games, simulation games, PhD programs, Knowledge economy, entrepreneurship.
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Remerciements
La réalisation de ce travail n’aurait pas été possible sans l’implication, jamais démentie, de Francis
Chateauraynaud. De la négociation du sujet de recherche entamée avant la fin de mon master,
jusqu’à l’écriture de la thèse, travailler à ses côtés s’est révélé une expérience extrêmement
enrichissante qui, je l’espère se poursuivra à l’avenir.
Je tiens à remercier Isabelle Bruno, Nicolas Dodier, Michel Dubois, Yves Gingras et Christine
Musselin d’avoir accepté d’évaluer ce travail de recherche. C’est un honneur de les compter
comme membres de mon jury et je les remercie pour l’attention portée à cette thèse.
Je souhaite également exprimer ma gratitude aux organisateurs et intervenants des Doctoriales
des PRES grenoblois et Sorbonne-Paris-Cité, et des 24Heures de l’entrepreneuriat. Christian
Defelix, Christian Guicherd, Pierre Le Parlouër, Jean-Michel Spinard et Elsa Dybkov, Marie-
Claude Labastie et Joël Denerveaux, Madjid Yahiaoui et Clarisse Angelier étaient prévenus de ma
volonté de ne pas réaliser une analyse complaisante des Entrepreneuriales. Ils ont néanmoins
facilité mon enquête. Ils ont fait en sorte, en toutes circonstances, que je puisse observer et
participer aux formations. La réalisation de l’ethnographie et l’analyse sociologique des 24Heures
doivent beaucoup à Erwan Lamy.
Je tiens à remercier l’équipe du département des Sciences de l’éducation de l’université Rennes II
et, plus particulièrement, Nicolas Go, Géraldine Bozec, Hughes Pentecouteau, Pierre Périer,
Céline Piquée et Caroline Le Boucher. En m’aidant à assurer mes fonctions d’ATER et en me
faisant découvrir une littérature que je maîtrisais moins, ils ont contribué à mes recherches.
Cette thèse doit beaucoup au travail de relecture fournit pas Stéphanie Taveneau comme au
soutien quotidien qu’elle apporte à la vie du GSPR. Je tiens ici à lui rappeler toute ma
reconnaissance. Je souhaite également remercier Emmanuel Vincent pour ses conseils de
rédaction. Tout au long de mon travail j’ai également bénéficié des critiques, des remarques et des
encouragements de Matthieu Hubert, de Josquin Debaz, d’Aurélie Cardona et de mes deux
camarades de bureau : Aymeric Luneau et Adhémar Saunier. Ces deux derniers ont grandement
contribué à mes travaux.
J’ai eu la chance de rencontrer Stéphane Le Lay dont le soutien m’a été d’une aide très précieuse.
Je tiens à l’en remercier ici. Depuis plus de deux ans, Arnaud Saint-Martin suit la rédaction de
cette thèse ; je lui en suis extrêmement reconnaissant.
Je tiens aussi à remercier mes parents, mes frères et sœurs pour leur soutien et leurs
encouragements.
Sans Angèle, je n’aurai pas réussi à rédiger cette thèse.
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