Dans un précédent article (27 juin 2013), nous avons défini ce qu'est la croissance
économique (c'est-à-dire, l'augmentation du PIB en volume sur un an dans un pays, ou si l'on
préfère, l'augmentation de la valeur des richesses créées en 1 an dans ce pays, calculée à prix
constants). Nous avons également mis en évidence les moteurs de cette croissance (du côté de
la demande), c'est-à-dire ce qui la tire en avant, ce qui nécessite de produire plus
(l'accroissement des commandes ou des composantes de la demande globale, à savoir la
consommation, l'investissement, les exportations). Avant de nous interroger sur les
conséquences positives de la croissance (les effets bénéfiques attendus, pour lesquels elle est
tant recherchée), il nous faut expliquer comment la croissance est possible donc nous situer
du côté de l’offre des entreprises. Comment peut-on produire plus d'une année sur l'autre
dans un pays ? C'est l'étude des facteurs de la croissance. Traditionnellement, les économistes
ont l'habitude de dire qu'ils sont au nombre de trois : le travail, le capital et le "résidu" (pour
simplifier, le progrès technique). Mais depuis les années 1980, de nouvelles explications (ou
théories) sont apparues, notamment aux Etats-Unis. Cependant, quelque soit le point de vue
pris, il faut déjà retenir que, pour l'essentiel, les gains de productivité obtenus grâce au
progrès technique sont au coeur de l'explication de la croissance.
I) Les explications traditionnelles : les 3 facteurs de production
A) Partons d’un exemple simple.
Pour faire un gâteau, il nous faut des ingrédients (le sucre, la farine, les oeufs, la levure, le
beurre, le lait etc… sans oublier l’électricité ou le gaz pour chauffer le four et l’eau). Ce sont
les consommations intermédiaires (CI). Ces CI vont être transformées pour donner un produit
fini destiné à être consommé, un gâteau. Mais comment cette transformation va-t-elle pouvoir
s’opérer ? Elle se fait grâce aux facteurs de production. Il faut du travail (main d’œuvre et
durée du travail), et du capital technique (les récipients, les ustensiles de cuisine tels que le
robot mixer, le four…). Il faut aussi une recette, du savoir-faire ou de l’expérience : c’est le
« résidu ». Travail, capital technique et résidu sont des facteurs de production, car ce sont
eux qui permettent de produire le gâteau en transformant les consommations intermédiaires en
produit fini (le gâteau).
Par conséquent, si on veut produire plus de gâteaux dans un temps donné (1 jour, 1 semaine, 1
mois, 1 an…), il faut (bien sûr plus de consommations intermédiaires) mais aussi et surtout
plus de facteurs de production, donc plus de travail (plus de personnel ou d’heures de travail)
et/ou plus de capital technique (plus d’ustensiles, de robots, fours) et/ou plus de résidu (une
nouvelle recette plus efficace, un robot plus rapide, un four chauffant plus vite par exemple).
Considérons qu’un pâtissier puisse faire 12 gâteaux par jour en 8 heures de travail, soit une
productivité horaire de 12/8 = 1,5 gâteau. Si la demande passe à 15 gâteaux, il lui faudra
travailler 2 heures de plus. La production journalière augmentera donc (ici de 25 %)
seulement grâce au facteur travail (en quantité). Imaginons maintenant que la demande passe
à 24 gâteaux/ jour. Il faut embaucher un deuxième pâtissier et la productivité horaire reste à
1,5. Mais cela ne suffit pas : il va falloir plus d’ustensiles de cuisine (des plats…), et peut-être
un deuxième four ! Ici la production augmente grâce au facteur travail (1 deuxième ouvrier)
mais aussi grâce au capital technique (plus d’ustensiles, de four…). Imaginons maintenant
que, ces pâtisseries connaissant un vif succès, la demande passe à 120 gâteaux/jour. On voit
bien, qu’a priori, il faudrait employer 10 pâtissiers, à productivité inchangée. Mais l’atelier
sera devenu trop étroit. Il faudra l’agrandir ou en trouver un autre plus grand. Et il faudra plus
de biens d’équipement, peut-être des fours plus grands, et surtout, il sera peut-être nécessaire
de réorganiser le travail pour que les pâtissiers ne se gênent pas. Pourquoi ne pas « diviser le
travail » par exemple, c’est-à-dire spécialiser chaque pâtissier dans une ou deux tâches