Au plus bas de cette société, on avait les prisonniers de guerre, cependant leur sort n’était pas
désespéré car ils pouvaient acquérir des bien, une famille. Il en résultait une assimilation à la
population égyptienne d’origine. Les conditions de travail d’un prisonnier ne durent pas être aussi
différentes de celles des travailleurs libres.
La morale qui était enseignée aux maîtres dans les écoles des scribes recommandait particulièrement
de bien traiter les serviteurs. De plus que l’esclave pouvait en appeler aux dieux contre son maître en
cas de violence contre sa personne. Il pouvait même chercher asile dans un temps et entreprendre
quelque action contre son maître. Il ne semble donc pas que le maître ait eu sur l’esclave droit de vie
et de mort. L’Egypte connut un régime du travail de caractère humain et d’idéal élevé. Le roi Ramsès
II prit soin de faire ériger une stèle pour garder le souvenir qu’il avait fait pour les travailleurs qui
avaient œuvré personnellement pour créer ses images. Ce roi qui était responsables des jeunes
générations et qui avait le devoir de les faire vivre. Ainsi, il procurerait nécessaire et superflu à ces
travailleurs en se disant qu’ils trouveraient un motif de travailler pour lui d’un cœur unanime. Les rois
surent donc reconnaître les mérites de leurs bon et loyaux travailleurs autrement que par des
félicitations.
La longue histoire du travail en Egypte va connaître une mauvaise période pendant un moment. Les
malversations ont vidé les greniers de l’Etat et on ne peut plus payer les humbles travailleurs.
L’équilibre administratif est faussé, la corruption règne. A partir de cette époque commencent les
pillages dans la nécropole. Les idées religieuses n’ont plus de prise sur les esprits quand les estomacs
sont tenaillés par la faim. Personne ne respectait la justice pendant cette XXIème dynastie
En droit, le système économique égyptien était une sorte de socialisme d’Etat. Le dieu créateur avait
confié au roi, son fils, le monde, sa propriété. Celui-ci administrait donc son bien en déléguant à ses
fonctionnaires ses pouvoirs. Mais toute propriété éminente lui revenait.
Or, on vit rapidement se former une propriété privée et apparaître les gens qui bénéficiaient des
produits du travail.
Malgré tout, le sentiment que chacun avait de détenir sa fonction de dieu par l’intermédiaire du roi
joua un rôle important dans l’Etat. La formation morale qui était à la base de l’enseignement donné
aux grands fonctionnaires, prévoyait expressément qu’ils devaient être des pères pour leurs
serviteurs, et non seulement leur donner ce qui leur revenait, c’est-à-dire leur salaire, mais aussi
qu’ils devaient les secourir dans les cas d’exception : assurer les funérailles de ceux qui mouraient
sans héritier, s’occuper des intérêts des orphelins et des veuves et venir en aide aux indigents. Cette
sécurité assurée à l’humble travailleur faisait partie de la morale sapientiale, qui avait atteint un haut
degré d’humanité.
Les vivants n’étaient pas les seuls à avoir à avoir besoin de manger. La hantise de l’éternité avait, peu
à peu, poussé les esprits à admettre que le corps momifié et les statues, succédanés du corps,
devaient se repaître aussi de nourriture pour entretenir leurs forces. Une partie considérable de
l’activité du vivant vise à produire pour les morts. Il y a là, du point de vue économique, un fait
aberrant. La seule tombe de Toutankhamon contenait un trésor de meubles, de bijoux de vases, de
pierre précieuse et d’or. L’entassement de tous ces capitaux improductifs dans une tombe paraît
monstrueux. La civilisation égyptienne, en effet, si elle a obéi à des impératifs économiques, comme
toutes les autres, semble avoir imposé à son économie un rythme et une production destinés à autre
chose qu’à cette vie.