Les actions

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Chapitre 4
Les actions
L
e 17 mai 1792, la Bourse de New York enregistrait ses premières opérations
et amorçait une croissance qui allait graduellement faire de la métropole américaine la principale place d’affaires au monde. Les deux cents ans d’histoire de
cette vénérable institution ont été marqués de moments qui sont entrés dans la
légende et qui ont contribué à donner à l’investissement boursier une image de
placement risqué qu’il vaut mieux aborder avec prudence si on ne dispose pas
d’une assise financière qui permet d’accepter ce risque.
Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, le placement boursier est un ensemble très varié où l’on retrouve à la fois les titres de propriété dans les corporations les plus solides et les plus réputées de notre environnement économique
et ceux de petites entreprises d’exploration minière dont le seul véritable actif
est l’espoir qu’on parviendra à trouver un filon rentable sur les concessions où
on est présentement à l’œuvre. Entre ces deux extrêmes, se trouve un très grand
nombre de situations ou d’occasions de placement toutes susceptibles de convenir au portefeuille d’un plus ou moins grand nombre d’investisseurs institutionnels ou particuliers.
L’habileté à sélectionner différentes formes de placements pour constituer un
portefeuille de valeurs mobilières est primordiale. Malgré leur niveau de risque
supérieur, les analyses à long terme démontrent que les actions offrent des rendements supérieurs aux autres formes de placements, ce qui, en fait, correspond
bien à la relation rendement-risque que nous avons évoquée plusieurs fois depuis le début de ce cours. La présente leçon vous permettra d’approfondir votre
connaissance de cette forme de placements et d’acquérir des techniques qui
vous aideront à sélectionner judicieusement les valeurs à inclure dans un portefeuille. En vous y appliquant, vous réaliserez les apprentissages grâce auxquels
vous pourrez :
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Chapitre 4 Les actions
Objectifs
1. distinguer les actions de compagnies selon leurs aspects juridiques et selon
leur niveau de risque;
2. décrire les droits de l’actionnaire privilégié et ceux de l’actionnaire ordinai-
re;
3. lire et comprendre les renseignements contenus dans les cotations des diffé-
rents marchés d’actions rapportées dans les quotidiens et les journaux
financiers;
4. présenter les considérations pratiques liées aux dividendes des actions ordi-
naires et des actions privilégiées;
5. décrire les façons indirectes de négocier des actions.
Muni de ces nouvelles connaissances, vous serez ainsi en mesure, dans les prochains textes, d’approfondir votre compréhension des actions comme mode
d’investissement et de spéculation, en vous initiant à l’analyse fondamentale et
à l’analyse technique, deux approches très utilisées dans l’évaluation des actions ordinaires.
1. Les types d’actions
Tous ceux qui ont complété quelques cours de comptabilité ou encore qui ont
des notions de base en droit des affaires savent qu’il y a essentiellement deux
grands types d’actions : les actions ordinaires et les actions privilégiées. Les investisseurs aguerris sauront prévenir les personnes qui en sont à leurs débuts
dans la constitution d’un portefeuille de valeurs mobilières qu’on ne devrait
pas se fier strictement à cette distinction quand vient le temps de prendre une
décision de placement. En fait, de l’avis d’une majorité d’investisseurs expérimentés, les aspects juridiques d’une action sont des éléments parmi d’autres qui
permettront de la situer dans le classement des actions en se fondant sur le risque qu’elles représentent et les perspectives de rendement qu’elles offrent. On
trouvera dans les pages qui suivent une présentation détaillée de ces deux classements des actions.
A. Classement des actions selon leurs aspects juridiques
Le caractère très réglementé de notre société n’a pas épargné ce que nous appelons le droit des affaires. Cet état de fait a amené au fil des ans un éventail de
plus en plus ramifié d’actions disponibles. Quoique la distinction aille
aujourd’hui beaucoup plus loin que le caractère privilégié, par opposition à ordinaire, de l’action, ce clivage n’en demeure pas moins le point de départ pour
celui qui veut bien distinguer toutes les options possibles. Cependant les nombreuses clauses particulières que l’on retrouve dans la section de la charte d’une
compagnie portant sur la définition de ses actions peuvent modifier considérablement la nature de ces titres et les rendre fort différents du modèle classique
auquel ils sont censés appartenir.
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65
Chapitre 4 Les actions
i) L’action ordinaire par opposition à l’action privilégiée
Les détenteurs des actions ordinaires de l’entreprise représentent collectivement le fournisseur de capital qui s’expose le plus au risque d’affaires inhérent
à la conduite des activités de l’entreprise. Ce genre d’actionnaires, en effet, ne
participe au bénéfice que dans la mesure où le conseil d’administration (C.A.)
de l’entreprise estime que lesdits bénéfices sont suffisants. Par comparaison,
l’actionnaire privilégié reçoit normalement un dividende dont le taux ou le
montant est mentionné sur le certificat de l’action. Seule une situation financière extrêmement sérieuse amène parfois un CA à suspendre le paiement du dividende sur une action privilégiée. En cas de liquidation, l’actionnaire ordinaire
est le dernier à pouvoir recevoir une part des actifs de l’entreprise après tous les
créanciers et les actionnaires privilégiés.
À titre de contrepartie visant à le compenser des risques plus importants qu’il
assume, l’actionnaire ordinaire est celui qui a le plus à gagner si les affaires de
l’entreprise sont fructueuses, puisqu’il n’y a pas de limite à la part de bénéfice
qui peut lui revenir. En fait, on peut dire que le bénéfice qui reste après que l’on
a pourvu au versement des dividendes aux actionnaires privilégiés appartient
en propre aux actionnaires ordinaires. Enfin, les actionnaires ordinaires jouissent d’une autorité considérable en rapport avec l’étendue des responsabilités
qu’ils assument dans l’entreprise, puisque l’assemblée des actionnaires ordinaires représente le niveau hiérarchique le plus élevé de l’organigramme d’une
corporation. Entre autres responsabilités, cette assemblée procède à l’élection
du conseil d’administration, responsable des grandes orientations de l’entreprise et de la nomination du personnel de haute direction.
Le tableau 4.1 présente les différences habituelles entre les actions ordinaires et
les actions privilégiées.
TABLEAU 4.1
DIFFÉRENCES HABITUELLES ENTRE LES ACTIONS ORDINAIRES ET LES
ACTIONS PRIVILÉGIÉES a
Caractéristiques
Participation au
bénéfice
Rang en cas de
liquidation
Actions ordinaires
Actions privilégiées
• rapportent un dividende
lorsque le conseil
d’administration de la
compagnie procède à
une «déclaration de dividende pour les actions
ordinaires»
• rapportent normalement
un taux fixe de dividende prévu dans la
charte de la compagnie
• occupent le dernier rang
• offrent la possibilité de
récupérer la valeur de
leur investissement
avant que les actionnaires ordinaires soient
remboursés
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TABLEAU 4.1
Chapitre 4 Les actions
DIFFÉRENCES HABITUELLES ENTRE LES ACTIONS ORDINAIRES ET LES
ACTIONS PRIVILÉGIÉES (suite)a
Caractéristiques
Actions ordinaires
Actions privilégiées
Participation à la
croissance
• Le profit restant après le
versement du dividende
aux actionnaires privilégiés appartient aux
actionnaires ordinaires.
• La bonne situation financière de l’entreprise augmente le degré de
sécurité de l’action privilégiée, mais ne se traduit pas par un
dividende supérieur
pour ce dernier.
Droit de vote
• droit de vote sur toutes
les propositions amenées devant l’assemblée des actionnaires
• aucun droit de vote
a. Ce tableau présente la distinction classique entre l’action ordinaire et l’action privilégiée.
Dans les faits, comme on l’explique dans le texte de la leçon, une action ordinaire spécifique pourra présenter certaines caractéristiques de l’action privilégiée et vice-versa.
ii) Les différents types d’actions ordinaires
Bien que la définition classique de l’action ordinaire veuille qu’il s’agisse d’un
titre de propriété donnant un droit de vote à son détenteur, certaines actions ordinaires peuvent prévoir un droit de vote restreint ou même être tout à fait dépourvues d’un tel droit.
Les actions ordinaires avec plein droit de vote. Ces actions correspondent, sur
ce plan, au modèle que nous avons évoqué à la section précédente. Elles possèdent un droit de vote qui est, de nature, comparable ou même supérieur à celui
qui est associé aux actions de catégories différentes, s’il y a lieu. Ce droit de vote
porte sur toutes les questions susceptibles d’être discutées à de l’assemblée des
actionnaires.
Les actions ordinaires sans droit de vote ou avec droit de vote restreint. Une
action subalterne est une action ordinaire, donc de participation, qui ne bénéficie pas d’un droit de vote au moins égal à celui attaché aux autres actions ordinaires de la compagnie. L’émission d’actions subalternes a connu une certaine
vogue au cours des années 80. Ce type d’actions ayant fait l’objet de critiques
sévères de la part de la presse financière et de différents responsables des institutions financières, les Bourses et les autorités gouvernementales ont pris différentes mesures pour en restreindre le nombre. En effet, ce type d’actions
confère un droit de vote inférieur (parfois même ne confère aucun droit de vote)
à toute autre catégorie d’actions ordinaires votantes, et ce, sans prime ou privilège compensatoire. La presse financière a fait état de nombreux débats engendrés par l’émission ou l’existence de telles actions, qui permettent à un
propriétaire ou groupe d’actionnaires de prendre ou de conserver le contrôle
d’une entreprise pour une somme minime.
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Chapitre 4 Les actions
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Un grand nombre d’actions de type subalterne, émises au cours des années 70
et 80, sont actuellement en circulation au Canada. On reconnaît généralement
une action subalterne par la mention de la lettre f immédiatement devant ou
après le nom de la valeur dans les cotations boursières rapportées par les
journaux. Pour les rendre plus concurrentielles face aux actions avec plein droit
de vote, on leur attribue souvent un taux de dividende légèrement supérieur.
iii) Les différentes classes d’actions privilégiées
Nous passerons maintenant en revue les différents privilèges susceptibles
d’être rattachés aux actions. N’oublions jamais que ceux-ci n’existent que pour
accroître l’attrait des titres émis tout en dotant la compagnie d’une flexibilité financière accrue. De plus, une action privilégiée peut offrir plusieurs des privilèges mentionnés précédemment ou encore être accompagnée de droits d’achat
ou de bons de souscription. Ces titres d’un genre particulier seront abordés au
chapitre 6. En outre, il arrive fréquemment que l’émetteur préfère classifier ses
actions privilégiées en fonction de leur droit de priorité sur l’actif en cas de dissolution. Cette distinction, premier rang, second rang, etc., visera à protéger les
acquis des premiers actionnaires privilégiés de la compagnie au moment de la
création de nouvelles classes d’actions. Comme vous le voyez, il y en a pour
tous les goûts.
À dividende cumulatif ou à dividende non cumulatif. Une action privilégiée à
dividende cumulatif implique l’engagement, pour l’entreprise, de remettre ultérieurement à l’actionnaire privilégié le dividende qui lui est dû en cas d’omission du dividende, c’est-à-dire dans le cas où le conseil d’administration
déciderait de ne pas procéder au versement du dividende sur ce type d’actions
au cours d’une ou de plusieurs années. Le ou les paiements de dividendes ainsi
omis s’accumulent et doivent être versés aux actionnaires, en sus du dividende
régulier, lorsque l’entreprise recommence à verser le dividende.
À l’opposé, l’action privilégiée à dividende non cumulatif n’a pas ce privilège et
le détenteur n’a droit qu’au dividende de l’année où il est déclaré. Ainsi, lorsque le conseil d’administration omet le paiement du dividende privilégié non
cumulatif, celui-ci ne s’accumule pas (il est perdu) et le détenteur de cette action
ne peut plus le réclamer.
Il va sans dire que l’omission d’un dividende (cumulatif ou non cumulatif) est,
à première vue, une décision qui devrait affecter négativement le cours (le prix)
de l’action, et ce, tant privilégiée qu’ordinaire; l’impact sur l’action ordinaire
sera d’autant plus grand que le dividende est cumulatif. Or, le conseil d’administration peut décider d’agir en ce sens dans le but de conserver des liquidités
au sein de l’entreprise, dans le meilleur intérêt de la compagnie et, par ricochet,
des actionnaires. Cependant, en agissant ainsi, il encourt le risque de nuire aux
émissions futures de titres de propriété et ajoute un élément de spéculation aux
titres existants.
Participante et non participante. Le détenteur d’une action privilégiée participante se voit octroyer une participation aux bénéfices de l’entreprise en sus du
paiement en dividende (dividende régulier) qui lui revient. Le détenteur d’une
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68
Chapitre 4 Les actions
action privilégiée non participante n’a pas ce droit, mais conserve celui de toucher le dividende prévu et déterminé sur le titre. Ainsi, compte tenu de ce privilège, le cours d’une action privilégiée participante devrait progresser plus
rapidement que celui d’une action privilégiée non participante, et ce, au rythme
de l’augmentation des bénéfices de l’entreprise. Toutefois, il arrive fréquemment qu’à titre de compensation, le dividende régulier versé sur l’action privilégiée participante soit inférieur à celui versé sur une action privilégiée non
participante.
Rachetable et non rachetable. Par comparaison à un titre de créance, une action
est un titre perpétuel parce qu’elle ne comporte aucune échéance. Le détenteur
désireux de s’en départir doit la vendre à un autre investisseur ou à la compagnie si, et seulement si, cette dernière désire la racheter.
Dans le cas d’une action privilégiée rachetable, vous l’aurez deviné, celle-ci
peut être remboursée au gré de la compagnie aux prix et dates stipulés dans le
contrat d’action. La compagnie se dote ainsi d’un privilège qui peut être exercé
lorsque la situation devient avantageuse, par exemple à l’occasion d’une baisse
importante du coût de l’argent, ou pour toute autre raison.
Lorsque l’entreprise décide de racheter ce type d’actions privilégiées selon les
modalités prévues dans sa charte et mentionnées sur le certificat d’action, le détenteur n’a pas d’autres choix que de s’y conformer. Généralement, au moment
du rachat, le détenteur se verra accorder une prime, soit un montant supérieur à
la valeur nominale ou valeur au marché du titre. L’action privilégiée non rachetable ne peut, comme son nom l’indique, être rachetée par la compagnie.
À fonds d’amortissement ou de rachat. Comme dans le cas des obligations ou
des débentures, un fonds d’amortissement peut être constitué pour servir au rachat des actions privilégiées émises par la compagnie. Il va sans dire que le
fonds d’amortissement ne peut s’appliquer qu’aux actions privilégiées rachetables. Ainsi, chaque année, la compagnie met de côté des fonds (somme fixe ou
pourcentage déterminé de son bénéfice) pour rencontrer, à une date préétablie,
le remboursement de la totalité des actions privilégiées rachetables faisant l’objet de ce fonds.
Dans le cas d’un fonds de rachat, la compagnie s’engage à retirer de la circulation, chaque année, un montant déterminé d’actions privilégiées rachetables.
Fait à signaler, l’existence de tels fonds permet de soutenir le cours des actions
privilégiées sous-jacentes et d’en améliorer le marché. En effet, le gestionnaire
de ces fonds (une société de fiducie) émet périodiquement des ordres d’achat
dans le but de combler les besoins du fonds. De plus, la réduction graduelle du
nombre de ces actions sur le marché se traduit par une certaine rareté et par une
augmentation de leur qualité, ce qui ne peut que se répercuter sur leur cours. En
revanche, et cela vaut également pour les actions rachetables, le prix de rachat
étant stipulé d’avance, il peut en découler que le cours du marché dépasse, parfois largement, ce prix. De ce fait, le détenteur, si son action est appelée au rachat, n’aura pas d’autres choix que de laisser filer une partie de son gain en
capital ou, dans un cas extrême, d’essuyer une perte. La situation inverse peut
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Chapitre 4 Les actions
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également survenir et le rachat permettra au détenteur d’éponger une partie de
ses pertes ou de s’en sortir avec un léger surplus.
Encaissable par anticipation. Cette caractéristique porte aussi sur le rachat par
la compagnie de l’action privilégiée, sauf que, dans ce cas-ci, l’opération s’effectue au gré du détenteur. Ainsi, le fait qu’une action privilégiée soit encaissable
par anticipation signifie que la compagnie s’engage, à des dates et à des prix
fixés d’avance, à procéder au remboursement de l’action si son détenteur en fait
la demande.
Avec ou sans droit de vote. Les actions privilégiées ne comportent habituellement aucun droit de vote, sauf si un certain nombre de dividendes a été omis.
Cependant, il peut arriver qu’une compagnie attache un droit de vote aux actions privilégiées qu’elle émet. Ce droit, dans la majorité des cas, sera limité ou
restreint à certaines décisions du conseil d’administration susceptibles d’affecter la qualité de ces actions privilégiées. En particulier, les actionnaires privilégiés seront amenés à voter lorsque la compagnie désirera augmenter le nombre
autorisé de ses actions privilégiées, lorsqu’elle pensera devoir recourir à une
dette obligataire, etc.
À taux variable. Le dividende sur une action privilégiée est généralement fixe
et déterminé sur le certificat d’action. Pour obtenir une mesure du rendement
offert, vous n’avez qu’à diviser ce dividende par le prix d’achat de l’action.
Celui-ci devra être concurrentiel par rapport au taux de rendement de rendement des placement à taux fixe, tout en prenant en compte le risque associé au
titre de propriété.
Qu’arrive-t-il lorsque les taux d’intérêt se mettent à monter comme ce fut le cas
en 1989 et en 1990? Si le dividende est fixe, le rendement retiré n’est plus concurrentiel vis-à-vis des placements à taux fixe et, si l’actionnaire a l’intention de
se départir de ses actions, il n’a pas d’autre choix que d’attirer l’acheteur potentiel en diminuant le prix de vente de l’action pour ainsi ramener le rendement à
un niveau plus conforme à la nouvelle réalité.
Ainsi, pour pallier l’instabilité des taux d’intérêt, certaines compagnies émettent des actions privilégiées à taux flottant, assumant par le fait même le risque
de fluctuations des taux d’intérêt. Le dividende deviendra ici fonction des taux
en vigueur sur le marché de l’épargne et du crédit, et l’action conservera son attrait en période de forte hausse des taux d’intérêt, sans que son cours ne connaisse de variation significative.
Privilégiée convertible. Le privilège de conversion suppose que le détenteur
peut échanger ses actions privilégiées contre des actions ordinaires à un prix et
dans un délai fixés d’avance. C’est donc un droit accordé au détenteur et la décision de convertir ou de ne pas convertir lui revient entièrement. Il existe une
période spécifiée sur le certificat d’actions, dite «période d’option», au cours de
laquelle l’actionnaire peut exercer son droit, après quoi il prend fin.
Les actions privilégiées convertibles offrent à l’émetteur l’avantage de pouvoir
les vendre à un prix plus élevé ou à un taux de dividende plus faible tout en les
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70
Chapitre 4 Les actions
rendant plus attrayantes aux yeux de l’investisseur. À ce dernier, l’action privilégiée convertible offre la possibilité de bénéficier, pendant un certain temps du
moins, des droits et privilèges rattachés à cette action, d’un taux de dividende
généralement supérieur à celui de l’action ordinaire et de la plus-value supérieure que permet d’espérer l’action ordinaire. Quant à la décision de convertir
ou de ne pas le faire, une fois le moment venu, celle-là sera fonction des objectifs de placement du détenteur et de l’écart entre le prix de conversion et la valeur marchande (le cours) de l’action au moment de la prise de décision.
Le schéma 4.1 illustre les différents types d’actions que nous avons vus dans
cette section.
B. Classement selon le niveau général de risque et les bénéfices attendus
Compte tenu de l’importance cruciale que joue le facteur risque dans tout investissement ou placement, il est normal que l’investisseur s’en remette à une autre
classification que celle reposant strictement sur des considérations juridiques.
Les fondements de cette deuxième classification vous sembleront certainement
familiers, puisque celle-ci repose en bonne partie sur la relation rendementrisque que nous avons évoquée à plusieurs reprises depuis le début de ce cours.
On définit à l’intérieur de cette classification six types d’actions :
1. les actions de première qualité ou blue chips;
2. les actions à revenus;
3. les actions défensives et les actions anti-cycliques;
4. les actions cycliques;
5. les actions à croissance rapide;
6. les actions spéculatives.
Bien que, de façon générale, on tentera de classer un titre dans la catégorie qui
lui correspond le mieux, cette classification n’est pas tout à fait étanche, ce qui
signifie que certains titres répondent à la fois aux caractéristiques de plusieurs
catégories.
i) Les actions de première qualité ou blue chips
Les actions de première qualité, que les Anglo-Saxons désignent par l’expression blue chips, sont des actions d’entreprises de grande taille, dotées d’un actif
généralement supérieur à un milliard de dollars. Ces entreprises connaissent
depuis de nombreuses années une progression continue et constante en ce qui a
trait tant aux ventes qu’aux profits. De plus, elles peuvent d’ordinaire afficher
un historique de versement de dividendes qui démontre une croissance régulière et qui ne laisse voir aucune interruption. Enfin, ces entreprises qui ont atteint
le stade de la maturité occupent une position de force dans leur secteur d’industrie. Des compagnies, telles IBM, Bell Canada, Imasco, la Banque Royale et
McDonald’s, sont des exemples d’entreprises dont les actions ordinaires appartiennent à la catégorie des actions de première qualité.
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71
Chapitre 4 Les actions
SCHÉMA 4.1
LES TYPES D’ACTIONS SELON LEURS ASPECTS JURIDIQUES
Types
d’actions
Action
ordinaire
avec plein
droit de vote
subalterne
Action
privilégiée
à dividende
cumulatif
rachetable
participante
ààfonds
fonds
d’amortissement
d’amortissement
encaissable
par
anticipation
avec droit de
vote
à taux variable
convertible
Ce que recherche un investisseur en optant pour un titre de première qualité, ce
n’est pas un gain en capital rapide, mais plutôt une très bonne sécurité du capital et un revenu de dividende périodique qui augmentera au fil des ans.
Un blue chip est un titre dont on n’a pas à se préoccuper beaucoup, tant sa sécurité est éprouvée. De plus, même s’il arrive que son cours se replie durant de
brèves périodes, il connaît généralement, à long terme, un taux de croissance
moyen qui assure habituellement une protection contre la perte de pouvoir
d’achat causée par l’inflation.
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72
Chapitre 4 Les actions
ii) Les actions à revenus
Les titres à rendement sont des actions ordinaires qui ne sont pas recherchées
pour leur potentiel de gain en capital, mais pour le rendement élevé de leur dividende. Il n’est évidemment pas exclu que les prix de ces actions connaissent
un mouvement à la hausse, ce qui se produit en fait lorsque les taux d’intérêt
baissent, mais l’investisseur ne recherchera pas cette caractéristique en premier
lieu. Le taux effectif que représente le dividende sur la valeur au marché d’une
action à revenu évolue de façon constante en relation directe avec le niveau général des taux d’intérêt. Par exemple, en juin 1992, une action à revenu pouvait
rapporter un dividende se situant entre 5 et 8% de la valeur au marché de l’action. À la fin de 2002, les actions à revenus versent des dividendes dont les taux
varient entre 3,5% et 5%. Essentiellement le taux des dividendes a suivi la tendance qu’a connu le taux des obligations à long terme du gouvernement fédéral
(voir schéma 3.1, page 53).
On doit, cependant, éviter de confondre l’action à revenu avec celle présentant
un risque de niveau supérieur. En effet, lorsque le marché perçoit un risque
plus important à investir dans un titre, le cours de ce dernier baissera, ce qui
aura nécessairement pour effet de faire monter le taux de rendement du dividende. Par exemple, en juin 1992, le taux de rendement du dividende pour les
actions ordinaires de Bramalea, une société immobilière éprouvant à ce moment-là d’importantes difficultés financières, est de 34%! Dans un tel contexte,
ce titre doit être considéré comme une action spéculative, puisque les administrateurs de la compagnie pourraient se voir contraints de suspendre le versement du dividende, ou, à tout le moins, d’en réduire sensiblement le montant.
Les actions ordinaires de Fortis, Trans-Canada Pipelines et Consolidated Edison de même que les actions privilégiées de Bombardier et d’Alcan sont des titres à rendement. On trouve dans cette catégorie les actions ordinaires des
entreprises de services publics et les actions privilégiées des entreprises ayant
de bonnes assises financières.
iii) Les actions défensives et les actions anticycliques
Les actions défensives sont des titres de compagnies dont la rentabilité est
moins ou peu sensible à la situation économique générale ou à la tendance générale de l’ensemble du marché boursier. Globalement, cette définition peut
convenir aux actions de première qualité et aux actions à revenus. Appliquonsnous cependant à identifier des titres qui sont des actions défensives sans correspondre aux exigences des deux catégories que nous avons décrites jusqu’à
maintenant.
Plusieurs entreprises évoluant dans le secteur de l’alimentation, qu’elle ait des
activités liés à la production ou la distribution, bénéficient d’une certaine protection contre les variations dans le niveau d’activité économique à cause du caractère essentiel, c’est-à-dire difficilement compressible, des besoins qu’elles
contribuent à satisfaire chez les consommateurs. Étant donné leur caractère très
diversifié, les sociétés de gestion, ces entreprises de portefeuille possédant des
investissements dans plusieurs secteurs d’activité, sont également de ce nombre. Enfin, le secteur des services financiers constitue un autre exemple de sec-
Gérer le portefeuille de valeurs mobilières
73
Chapitre 4 Les actions
teur où l’on trouve plusieurs entreprises qui parviennent à bien se maintenir en
période de récession, souvent en adaptant en conséquence l’offre de services à
la clientèle. À titre d’exemple d’actions défensives, mentionnons la Banque Laurentienne, Sun Life et Corby.
Les actions anticycliques sont celles des entreprises dont les affaires sont plus
florissantes en période de ralentissement économique qu’en temps normal. Cela
pourrait être le cas, par exemple, d’une chaîne de distribution au détail de pièces d’automobiles; en période de récession, en effet, de nombreux consommateurs reportent l’achat d’une automobile neuve, ce qui augmente les possibilités
d’affaires pour la vente de pièces d’autos au consommateur final. De même, les
producteurs ou les distributeurs qui mettent en marché des produits à prix économiques par rapport à d’autres choix disponibles verront leur chiffre d’affaires augmenter plus rapidement en période de ralentissement économique. Les
actions de Uni-Sélect et de Leon’s Furniture ont connu ces dernières années une
évolution qui s’apparente à celles des actions anticycliques.
iv) Les actions cycliques
Les actions cycliques sont des actions d’entreprises dont la performance financière est très sensible au climat économique qui prévaut. En fait, ces entreprises
enregistrent des variations dans leurs chiffres d’affaires et dans leurs profits
beaucoup plus importantes que ce que l’on constate pour la moyenne des
entreprises.
Les compagnies fabriquant des biens de consommation durables, tels des automobiles et des gros appareils ménagers, sont particulièrement sensibles à l’évolution du cycle économique. En effet, lorsqu’un ralentissement économique se
pointe à l’horizon, les consommateurs auront tendance à reporter l’achat de tels
biens; par contre,au moment de la reprise, cette réserve d’achats reportés peut
avoir un impact très important sur le chiffre d’affaires des entreprises qui ont
connu la disette. Il en va de même pour les fabricants de biens industriels, tels le
secteur de l’acier et celui de la machinerie lourde, dont les carnets de
commandes s’amincissent rapidement au fur et à mesure que les entreprises qui
constituent leur clientèle sont touchées par un ralentissement économique. Les
entreprises exploitant les ressources naturelles, telles les compagnies minières
et celles du secteur forestier, appartiennent généralement, elles aussi, à cette catégorie. Le fait que la production de ces entreprises constitue un intrant considérable dans la production des biens de consommation durables et des biens
industriels explique en bonne partie cet état de choses.
À titre d’exemple d’actions cycliques, mentionnons Alcan, General Motors,
Shermag, Dofasco, Abitibi…
v) Les actions à croissance rapide
Les titres de croissance sont des actions ordinaires d’entreprises en pleine expansion. Ces entreprises sont celles qui ont connu au cours des récentes années
un taux de croissance largement supérieur à celui enregistré par la moyenne
des entreprises de même que par les autres entreprises de leur secteur industriel. Il peut s’agir d’entreprises à l’œuvre dans une industrie relativement ré-
Gérer le portefeuille de valeurs mobilières
74
Chapitre 4 Les actions
cente ou encore d’entreprises qui ont réussi récemment une percée significative
sur certains marchés en expansion. Il n’est pas rare que de telles entreprises enregistrent un taux de croissance annuel de leur bénéfice supérieur à 25% et il se
produit fréquemment qu’elles accélèrent encore davantage leur rythme d’expansion en procédant à l’acquisition d’autres entreprises du même secteur d’activité ou de secteurs connexes. L’évolution, ces dernières années, des actions de
compagnies telles le que Groupe Jean Coutu, Loblaws, Microsoft et Bombardier
illustre bien cette catégorie d’actions.
vi) Les actions spéculatives
Les titres spéculatifs sont souvent associés aux valeurs à quelques sous, ou penny
stocks, selon l’expression imagée des Anglo-Saxons. Les penny stocks sont des actions dont le prix est inférieur à 1,00$. Un titre spéculatif représente généralement une action d’une entreprise qui commence ses activités dans un secteur
très risqué ou dont les produits n’ont pas encore passé avec succès le test du
marché, tels des produits dits «avant-gardistes» ou révolutionnaires qui tentent
de s’imposer. Les jeunes entreprises d’exploration minière et pétrolière sont réputées pour émettre des titres spéculatifs, de même que les petites entreprises
des secteurs de la haute technologie.
Il faut aussi inclure dans la catégorie des actions spéculatives les actions de
compagnies déjà à l’oeuvre depuis plusieurs années sur des marchés plus stables, mais qui traversent néanmoins une période de difficultés financières dont
l’issue est incertaine.
Le titre spéculatif attire l’investisseur prêt à courir de grands risques pour bénéficier de gains en capital rapides. Par exemple, une petite entreprise minière est
sur le point d’entreprendre un programme d’exploration sur sa propriété. Vous
la financez en espérant qu’elle découvre un gisement capable d’être exploité de
façon rentable. Si la chose se réalise, vous aurez gagné le gros lot! Une autre entreprise connaît une période très difficile sur le plan financier et le risque de
faillite a fait chuter son titre de façon notable. Vous achetez des actions de cette
compagnie en pensant que la reprise imminente de l’économie la remettra sur le
chemin de la rentabilité et que les choses s’arrangeront. Si cela se produit, vous
aurez misé juste. Sinon, meilleure chance la prochaine fois!
Le document 4.1 illustre les 6 catégories de titres selon le risque et les bénéfices
attendus que nous venons de voir.
2. Les droits de l’actionnaire
En tant que propriétaire en titre d’une partie de l’entreprise, l’actionnaire assume d’importantes responsabilités qui mettent en jeu la valeur de son investissement. En contrepartie, il bénéficie de certains droits inhérents à son statut.
Certains des droits d’actionnaires sont communs aux actionnaires privilégiés et
aux actionnaires ordinaires, alors que d’autres ne s’appliquent, de façon générale, qu’à l’une ou l’autre de ces catégories d’actionnaires. Cependant, la nature
Gérer le portefeuille de valeurs mobilières
75
Chapitre 4 Les actions
DOCUMENT 4.1
ILLUSTRATION DES TYPES D’ACTIONS SELON LE RISQUE ET LES BÉNÉFICES
ATTENDUS
Les actions de première qualité - Johnson et Johnson
Au creux de la débacle financière de 2008-2009, Jonhson et Johnson faisait toujours partie du groupe très
restreint de 4 compagnies auxquelles le service de notation de crédit Moody accordait sa cote la plus élevée,
AAA. Johnson & Johnson est implquée dans la recherche et développemnt, la fabrication et la vente d’une
vaste gamme de produits utilisés dans le secteur de la santé.
Les actions à revenus - Fortis
La compagnie Fortis produit et distribue de l’électricité à Terre-Neuve. Le dividende trimestriel versé aux actionnaires est de 28¢, soit 1.12$ par année.À un cours de 33,79$ (21 janvier 2011), un tel dividende représente un rendement courant de 3.51%.
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76
Chapitre 4 Les actions
DOCUMENT 4.1
ILLUSTRATION DES TYPES D’ACTIONS SELON LE RISQUE ET LES BÉNÉFICES
ATTENDUS (suite)
Les actions défensives - Uni-Select Inc.
L’industrie dans laquelle œuvre Uni-Select, soit les pièces d’auto de remplacement, connaît une performance
particulièrement intéressante lorsque l’économie traverse une période de ralentissement. On peut observer,
par exemple, la reprise hâtive de la tendance à la hausse après le ralentissement économique de 2001 et la
crise financière de 2008-2009.
Les actions cycliques - American Express
Le groupe financier américain est particulièrment sensible aux mouvements économiques qui affecte la consommation discrétionnaire. On remarque le fléchissement marqué du cours au cours de la période 20002002 (implosion de la bulle technologique) et lors de la crise financière de 2008-2009.
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77
Chapitre 4 Les actions
DOCUMENT 4.1
ILLUSTRATION DES TYPES D’ACTIONS SELON LE RISQUE ET LES BÉNÉFICES
ATTENDUS (suite)
Les actions à croissance rapide - Canadien National
Entre 2004 et 2009, le géant ferroviaire de l’Amérique du Nord a connu une croissance annuelle moyenne
composée de 13%. Bien que cette croissance ait particulièrement été observée entre 2004 et 2007, on constate que l’entreprise est parvenue à maintenir le niveau de ses bénéfices au cours de la crise financière de
2008-2009.
Les actions spéculatives - Goldbrook
Goldbrook mène des travaux d'exploration à la recherche de dépôts de minerais du groupe nickel-cuivre-platine, principalement dans la région de Raglan (Nord du Québec). En plus des risques inhérents à ce type
d'opération, cette activité est soumise facteurs de risques propres au secteur des ressources.
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78
Chapitre 4 Les actions
exacte des droits d’un actionnaire, qu’il soit privilégié ou ordinaire, dépendra
des caractéristiques précises du titre qu’il détient.
A. Les droits communs aux actionnaires privilégiés et ordinaires
Les droits qui entrent dans cette catégorie sont ceux que l’on associe naturellement au statut de propriétaire d’une partie des actifs de l’entreprise qui est celui
de l’actionnaire.
i) Le droit de recevoir le dividende ou la participation au bénéfice
Le dictionnaire définit le mot dividende comme étant une portion de bénéfice
qui revient à chaque actionnaire. Ainsi, le créancier sera dédommagé du risque
qu’il encourt en exigeant un taux d’intérêt sur toute somme qu’il consent à prêter. L’actionnaire ordinaire, de son côté, du fait qu’il est propriétaire de l’entreprise et qu’il participe à sa croissance en y injectant des fonds, a droit aux
bénéfices de la compagnie au prorata du nombre d’actions qu’il détient.
Puisque l’actionnaire privilégié occupe une position intermédiaire entre le
créancier et l’actionnaire ordinaire— bien que propriétaire, il ne participe pas à
à la prise de décision —, il reçoit, en contrepartie, un dividende fixé d’avance et
déterminé dans les actes constitutifs de la compagnie. Compte tenu de l’importance du dividende dans l’investissement sous forme d’actions, nous en étudierons davantage les aspects à la section 3 de la présente leçon.
ii) La responsabilité limitée
En tant que propriétaire, l’actionnaire ordinaire est responsable des engagements pris par la compagnie. Advenant des difficultés qui pourraient affecter la
survie de cette dernière, il doit veiller à ce que les créanciers et les actionnaires
privilégiés se servent prioritairement. Cette responsabilité est toutefois limitée.
En effet, les pertes potentielles de l’actionnaire ordinaire ne peuvent aller audelà de sa mise de fonds ou de son capital investi dans la compagnie.
iii) Le partage des éléments d’actif en cas de liquidation
Une fois satisfaites les exigences de l’impôt, une fois remboursés les créanciers,
tous les actifs, s’il en reste, reviennent entre les mains des actionnaires privilégiés et ordinaires. Cette distribution des éléments d’actif incombe au conseil
d’administration, en cas de liquidation, ou au syndic, en cas de faillite légale. Ils
répartissent ce qui reste dans le meilleur intérêt des propriétaires, en respectant
la priorité des actionnaires privilégiés sur les actionnaires ordinaires.
iv) Le droit de disposer librement de ses actions
Personne ne peut forcer un individu à demeurer propriétaire d’une entreprise.
Chaque actionnaire a le droit de disposer librement de ses actions, à moins
qu’une convention d’actionnaires ne l’unisse à un autre actionnaire ou qu’il ne
soit soumis à une vente forcée.
La convention d’actionnaires. La convention d’actionnaires est une entente entre actionnaires majoritaires d’une entreprise. Les actionnaires majoritaires peuvent être un individu, une autre compagnie ou un groupe d’individus. La
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79
Chapitre 4 Les actions
nécessité d’une convention s’impose souvent alors, car elle détermine les droits
de chaque véritable propriétaire de disposer de ses actions et d’exercer ses
droits de vote. La convention vise essentiellement à ne pas permettre à un tiers
de se joindre au groupe majoritaire sans le consentement des personnes constituant ce groupe. Ultimement, elle visera à ne pas laisser partir le contrôle de la
compagnie aux mains d’un tiers. Cela peut se produire lorsque chaque individu
formant le groupe majoritaire ne détient pas un nombre suffisant d’actions pour
s’assurer le contrôle de l’entreprise.
Tous les autres actionnaires, qui ne sont pas soumis au respect d’une convention d’actionnaires, ont le droit de disposer librement de leurs actions.
La vente forcée. L’actionnaire ordinaire qui n’est pas soumis à une convention
d’actionnaires se voit retirer son droit de disposer librement de ses actions dans
un seul cas : lorsque seulement 10% ou moins des actions d’une même classe
demeurent en circulation. Les détenteurs de ces actions peuvent alors être soumis à une vente forcée. Imaginons le scénario suivant : la compagnie dont vous
êtes actionnaire fait l’objet d’une offre publique d’achat (OPA); un autre investisseur (un groupe de personnes ou une autre compagnie) est intéressé à prendre le contrôle de l’entreprise et dépose à cet effet auprès de la Commission des
valeurs mobilières (organisme provincial de réglementation du commerce des
valeurs mobilières) une offre portant sur toutes les actions ayant droit de vote
qu’il ne détient pas. S’il réussit à s’approprier 90% de ces actions, il peut forcer
les détenteurs d’actions qui ont décliné l’offre à déposer leurs titres en contrepartie de la proposition. Ceux-là n’ont plus le choix : ils doivent accepter la transaction sous peine de voir leur certificat devenir nul et sans valeur.
v) Le droit de consulter le registre des actionnaires et de recevoir les états
financiers de la compagnie
Le propriétaire qu’est l’actionnaire a parfaitement le droit de veiller à ses propres intérêts en disposant des renseignements nécessaires à l’analyse de ses placements. C’est pourquoi il peut consulter les livres de la compagnie. À cet effet,
il a accès au registre des actionnaires dans lequel son nom apparaît si le certificat d’actions qu’il détient est immatriculé à son nom. Il reçoit aussi les états financiers de la compagnie.
vi) Le droit d’assister aux assemblées des actionnaires
Les actionnaires de la compagnie sont invités à assister aux assemblées des actionnaires qui sont convoquées pour débattre des grandes questions propres à
la gestion de l’entreprise, au premier chef, l’élection des membres du conseil
d’administration. Les lois régissant le fonctionnement des compagnies exigent
qu’une telle assemblée soit convoquée au moins une fois l’an.
B. Les droits particuliers à l’actionnaire privilégié
Les droits exclusifs à l’actionnaire privilégié sont en fait des garanties qui lui assurent un traitement préférentiel par rapport à celui de l’actionnaire ordinaire
s’il se produit que la situation financière de l’entreprise connaisse une détérioration marquée.
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80
Chapitre 4 Les actions
i) Rang prioritaire à l’occasion d’un partage des éléments d’actif en cas de
liquidation
Si une compagnie doit interrompre ses activités ou déclare faillite, les pourvoyeurs de fonds, qu’il s’agisse de dettes ou de capital-actions, peuvent récupérer leur capital (en tout ou en partie) en disposant des éléments d’actif de
l’entreprise. Les créanciers se servent alors les premiers, suivis des actionnaires
privilégiés. Les actionnaires ordinaires se partagent les restes, s’il y a lieu.
ii) Versement de dividende prioritaire par rapport à l’actionnaire ordinaire
Le dividende de l’action privilégiée, on le sait, correspond généralement à un
taux fixe prévu dans les actes constitutifs de l’entreprise. Cependant, comme il
s’agit d’un dividende, et non pas de l’intérêt sur une dette, la décision relative à
son versement demeure une prérogative du conseil d’administration. Néanmoins, les actionnaires privilégiés sont assurés de recevoir le plein montant du
dividende qui leur échoit avant que les actionnaires ordinaires touchent quelque montant que ce soit à ce titre.
C. Les droits particuliers à l’actionnaire ordinaire
L’actionnaire ordinaire jouit habituellement de certains droits exclusifs qui lui
donnent à la fois l’autorité qui va de pair avec l’importante responsabilité qu’il
assume et la possibilité d’obtenir la compensation financière qui viendra le rémunérer pour le niveau de risque qu’il assume.
i) Le droit de vote
En effet, en vertu du droit de vote que lui confère son action ordinaire, il assiste
aux assemblées des actionnaires et participe à la constitution du conseil d’administration. Or, comme on le sait, le conseil d’administration préside aux destinées de l’entreprise en étant responsable de sa gestion et des grandes décisions
quant à sa mission et à son orientation. Les administrateurs doivent justifier
leur gestion et inviter les actionnaires à approuver, entre autres, une nouvelle
émission d’actions, un fractionnement, un regroupement, une fusion, voire la
vente de la compagnie, et toutes les modifications du capital-actions autorisées
ainsi que cela est décrit dans les actes de la compagnie.
Comme c’est le cas dans d’autres institutions sociales, l’actionnaire n’a pas directement voix au chapitre. En effet, l’exercice de son droit de vote demeure
soumis à la règle de la majorité. C’est ce qui permet d’affirmer que la véritable
propriété d’une société par actions est liée au nombre de droits de vote détenus
plutôt qu’aux sommes qui y sont injectées.
Il est alors évident qu’un investisseur possédant cent ou deux cents actions de la
compagnie XYZ a bien peu de chances d’influer sur la destinée de cette dernière. Il pourra toutefois, comme nous l’avons déjà dit, prendre la parole aux assemblées d’actionnaires qui se déroulent généralement une fois par année, et
exprimer ses commentaires en présence de l’équipe de haute direction de l’entreprise.
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81
Chapitre 4 Les actions
L’émission d’actions subalternes est un autre facteur de nature à affecter la propriété d’une société par actions basée sur le principe d’une action, un vote. Elle
peut avoir pour effet de déséquilibrer les structures financières de l’entreprise
en renforçant la position majoritaire de certains groupes d’actionnaires.
Une action subalterne, nous l’avons vu, est une action qui comporte un droit de
vote restreint par rapport à celui attribué à d’autres catégories d’actions ordinaires. On peut, à titre d’exemple, trouver des compagnies où l’action A confère
un droit de vote et l’action B, trois droits de vote.
ii) Le droit de participer à la croissance
Une fois que le dividende des actionnaires privilégiés a été prélevé des profits
réalisés par l’entreprise, l’excédent de ce profit est considéré comme appartenant à l’actionnaire ordinaire. Ce profit résiduel peut ensuite servir à lui verser
un dividende ou être réinvesti dans l’entreprise pour financer ses projets d’expansion. La rentabilité de l’entreprise aura un impact direct sur la valeur des actions ordinaires en Bourse, puisqu’en achetant une action ordinaire, un investisseur achète en fait les profits que l’entreprise réalisera au cours de la période où
il détiendra le titre.
3. Aspects pratiques de l’investissement sous forme
d’actions
L’investissement sous forme d’actions a connu au Québec et ailleurs au Canada
un essor important au cours des années 80, à la faveur de programmes tels le régime enregistré d’épargne-actions du Québec. Des épargnants qui n’avaient jamais auparavant investi dans ce véhicule de placement ont fait leurs premières
armes sur les marchés boursiers.
Bien que le public investisseur soit davantage informé aujourd’hui des aspects
pratiques de l’investissement boursier, plusieurs réalités de ce mode d’investissement demeurent peu ou pas connues, alors que tout investisseur devrait
avant de s’y aventurer disposer d’un bagage minimal de connaissances. C’est là
le but auquel vous êtes convié au cours de cette section où il sera question des
principaux marchés sur lesquels les Québécois et les Canadiens peuvent se procurer des titres, des dividendes, des cours et des indices boursiers et, enfin, des
façons indirectes d’aborder le placement boursier.
A. Les principaux marchés d’actions
On trouve dans le monde plus de 100 marchés distincts sur lesquels se négocient des actions d’entreprises. Il s’agit principalement de Bourses de valeurs
mobilières, c’est-à-dire de lieux physiques où se rencontrent des négociateurs
représentant des investisseurs institutionnels ou particuliers qui désirent acheter ou vendre des titres. La valeur globale de capitalisation boursière à l’échelle
mondiale atteingnait à la fin de 2001 la somme de 26,6 billions de dollars américains (26,600 milliards). Certains marchés de négociation d’actions sont dits
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82
Chapitre 4 Les actions
hors Bourse parce qu’ils reposent sur un système de télécommunications entre
les maisons de courtage qui y participent. La liste des dix principales Bourses
de valeurs mobilières peut être consultée au tableau 4.2.
TABLEAU 4.2
LES PLUS IMPORTANTES BOURSES AU MONDE SELON LA CAPITALISATION DES
SOCIÉTÉS NATIONALES INSCRITES AU DÉBUT DE 2011a
Bourses
Capitalisation
(en trillions de $ US)
Bourse de New York
11,837
Bourse de Tokyo
3,306
NASDAQ
3,239
Euronext (Belgique, France, Hollande et Portugal
2,869
Bourse de Londres
2,796
Bourse de Shanghai
2,704
Bourse de Hong Kong
2,345
Bourse de Toronto
1,608
Bourse de Sao Paulo
1,337
Bombay Stock Exchange
1,306
Bourse espagnole BME
1,297
Bourse de Frankfort
1,292
Bourse australienne
1,261
Bourse nationale de l'Inde
1,224
Bourse Suisse SIX
1,064
a. Source : http://www.wikinvest.com/wiki/List_of_Stock_Exchanges
Le mode de fonctionnement des Bourses a subi des transformations profondes
depuis que celles-ci ont commencé à mettre en place des systèmes de traitement
informatique des transactions toujours plus perfectionnés. Ainsi, au début de
1992, les courtiers-membres de la Bourse de Toronto ont décidé d’éliminer complètement le traditionnel système de négociation «à la criée» pour s’en remettre
exclusivement à des systèmes informatiques.
Un investisseur canadien ou québécois peut en s’adressant à son courtier se
procurer des actions négociées sur les principales Bourses ou autres marchés de
valeurs où qu’ils soient situés dans le monde. En fait, la tendance constatée ces
Gérer le portefeuille de valeurs mobilières
83
Chapitre 4 Les actions
dernières année montre une accélération rapide dans les investissements des
Canadiens sous forme d’actions étrangères (voir schéma 4.2). Dans une entreSCHÉMA 4.2
ACHATS D’ACTIONS À L’ÉTRANGER PAR DES INVESTISSEURS CANADIENSa
Achats nets d’actions étrangères par les canadiens
60 000
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
0
-10 000
En millions de $
a. Source : Statistique Canada, série 376-0018
vue accordée à The Financial Post en 1992, M. David Rosenberg, alors économiste à la Banque de Nouvelle-Écosse, expliquait ainsi ce phénomène1 :
1. la décision du gouvernement fédéral de faire passer de 10% à 20% entre 1989
et 1994 la proportion admissible de valeurs non canadiennes dans un régime
enregistré d’épargne-retraite2;
2. la popularité croissante auprès des Canadiens des fonds d’investissement ou
fonds mutuels composés en totalité ou en partie de valeurs par l’investissement étranger;
3. la performance des marchés boursiers américains au début des années 90,
qui a devancé largement celle des Bourses canadiennes;
1. Doug Kelly, «Canadians load up on foreign securities» paru dans The Financial Post, 1º
juin 1992, page 11.
2.
Cette proportion a été rehaussée à 30% en 2000.
Gérer le portefeuille de valeurs mobilières
84
Chapitre 4 Les actions
4. la tendance mondiale à la diversification des portefeuilles par l’investisse-
ment étranger;
5. l’implantation dans les maisons de courtage canadiennes de nouvelles tech-
nologies leur donnant un accès au marché américain comparable à celui
dont bénéficient les courtiers américains;
6. les inquiétudes des Canadiens quant aux risques d’instabilité politique et
économique dans leur pays.
Les principaux marchés sur lesquels les Canadiens et les Québécois effectuent
des opérations boursières sont, au Canada, la Bourse de Toronto, et aux ÉtatsUnis, la Bourse de New York et le NASDAQ3.
i) La Bourse de Toronto
Située dans la plus importante concentration d’activité industrielle du Canada,
la Bourse de Toronto est la plus importante Bourse canadienne tant pour le volume des échanges que pour le nombre de titres cotés, près de 1 500. Parmi
l’éventail des titres qu’on y négocie, on retrouve aussi bien les «poids lourds»
de l’économie canadienne que les entreprises de moins grande envergure.
ii) La Bourse de New York
Supplantée un temps par sa rivale de Tokyo, la Bourse de New York est redevenue en 1991 la plus importante Bourse au monde. Plusieurs milliers de titres
sont inscrits à sa cote. Bien que la grande majorité de ces titres soient des actions
de compagnies américaines, on y retrouve aussi les actions de nombreuses entreprises multinationales ayant leur siège social à l’extérieur des États-Unis, telles que Sony, Phillips, la banque Mitsubishi, Alcan, Canadien Pacifique et BCE.
iii) Le NASDAQ
Le marché NASDAQ est un marché hors cote ou hors Bourse, c’est-à-dire un
marché où se négocient des valeurs qui ne sont pas inscrites à la cote officielle
d’une Bourse. Le NASDAQ est un marché américain qui a retenu l’attention des
investisseurs, ces dernières années, en accueillant un grand nombre de nouvelles entreprises faisant particulièrement affaires dans les secteurs de la haute
technologie. On retrouve parmi les titres négociés sur le NASDAQ : Microsoft,
Biomira, Cisco, Genentech… Ce marché d’actions est l’un de ceux qui ont connu
la plus forte hausse au cours des années 90.
B. Les cours et les indices boursiers
Un des préalables à l’investissement sous forme d’actions consiste à être familier avec les renseignements sur les opérations rapportées quotidiennement
dans les médias d’intérêt général de même que dans les publications spécialisées. Cette information se partage en deux catégories : les cours ou cotations
boursières qui renseignent sur les opérations portant sur un titre en particulier
3.
L’acronyme NASDAQ signifie National Association of Security Dealers automated
quotations.
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85
Chapitre 4 Les actions
et les indices boursiers qui rapportent le mouvement d’ensemble enregistré par
tous les titres cotés à une Bourse ou par certains d’entre eux.
Comme a l’a vu au chapitre 2, on trouve aussi cette dans Internet avec en plus la
possibilité de consulter rapidement des données chronologiques montrant
l’évolution d’un titre et d’un indice et d’appliquer diverses méthodes d’analyses qui seront vu plus loin dans ce manuel.
i) Les cours ou cotations des marchés des actions
On trouve des cotations des marchés des actions dans presque tous les quotidiens et dans tous les journaux financiers. Habituellement, les quotidiens rapportent des cotations qui concernent la journée de transaction précédant la
journée de leur parution. Bien qu’elles ne soient pas aussi complètes que les cotations que l’on trouve dans les journaux financiers, cette source d’information
est indispensable à tout investisseur boursier sérieux qui doit être informé en
tout temps de la valeur des titres qu’il détient ou projette d’acheter. La fiche
technique 4.1 présente les cotations d’actions que rapporte le journal La Presse.
L’investisseur qui souhaite procéder à des analyses de titres en vue d’effectuer
des opérations sur le marché aura généralement recours à d’autres sources qui
le renseigneront sur l’évolution du marché sur une période plus longue qu’une
seule journée, soit, à titre d’exemple, le maximum et le minimum depuis 1 ans,
et sur d’autres renseignements clés, tels le montant du dividende versé et celui
du bénéfice par action. Il trouvera à coup sûr ce genre d’information dans un
journal financier ou en visitant un site web spécialisé en information financière.
La fiche technique 4.2 présente l’information que l’on retrouve dans le journal
Les Affaires. Un des indicateurs les plus intéressants que fournissent les cotations des journaux financiers est le rapport cours/bénéfice. Ce rapport s’obtient
en appliquant la formule :
Cours boursier de l’action
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Bénéfice par action au cours des 12 derniers mois
(EQ 1)
Il est, comme nous le verrons au chapitre 9, un indicateur plus précis que le
cours boursier quant à la cherté d’une action, puisqu’il nous indique combien
de fois ce prix représente le bénéfice par action.
ii) Les indices des marchés des actions
En plus de s’intéresser à des cotations de valeurs spécifiques, l’investisseur
boursier s’intéresse à des valeurs de référence qui le renseignent sur l’ensemble
du marché, soit des indices boursiers.
Un indice boursier est un peu comme une action d’une compagnie fictive qui
aurait pour particularité de bien représenter le mouvement d’ensemble des actions cotées à la Bourse ou de certaines d’entre elles, par exemple celles d’un
secteur industriel donné. En fait, il s’agit d’une valeur théorique qui sert à représenter le mouvement d’ensemble que connaissent les prix des actions cotées
à la Bourse. On l’obtient en effectuant un calcul qui prend en considération les
prix du marché d’un certain nombre d’actions cotées à une Bourse.
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86
FICHE TECHNIQUE 4.1
Chapitre 4 Les actions
LA LECTURE DES COTATIONS DU MARCHÉ DES ACTIONS DANS UN QUOTIDIENa
Exemple
Parmi ces cotes, on retrouve celles des actions de Bombardier, soit
les actions de catégorie A, identifiées par le symbole BombdrA, et les
actions de catégorie B (subalternes), identifiées par BombdrBf.
Si on s’arrête aux actions de catégorie B, on constate qu’il s’en est négocié 75 777 centaines, que le prix maximum auquel s’est échangée
l’action est de 6,02$ alors que le prix minimum a été de 5,81$. La dernière transaction de la journée s’est faite à 5,89$, ce qui représentait
une baisse de 0,08$ par rapport à la journée précédente.
a. Les cotations sont reproduites de l’édition du 8 janvier 2003 du journal La Presse.
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87
Chapitre 4 Les actions
FICHE TECHNIQUE 4.2
LA LECTURE DES COTATIONS DU MARCHÉ DES ACTIONS DANS UN JOURNAL
FINANCIERa
Exemple
Reprenons l’exemple de Bombrdr
B que nous avons utilisé à la fiche
4.1. Nous retrouvons d’abord les
mêmes renseignements que dans
un quotidien, sauf qu’ils s’appliquent à une semaine complète de
transactions. On y retrouve, de
plus, le haut et le bas de l’action
depuis 1 an, soit 17,39 $ et 3,13 $.
On nous renseigne aussi sur le
taux actuel de dividende de ce titre, soit 3,8% par année. Enfin, le
bénéfice par action réalisé au
cours des 4 derniers trimestres,
soit 0,53 $, et le ratio cours/bénéfice résultant, soit 9,1, constituent
les deux dernières colonnes de
ces cotations détaillées.
a. Ces quotations sont reproduites de l’édition du 14 décembre 2002 du journal Les Affaires.
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88
Chapitre 4 Les actions
Pour illustrer davantage cet aspect, supposons que l’indice de marché du Centre de compensation financière à distance (CCFD), un marché d’action hors
Bourse, soit calculé en additionnant le cours boursier des actions des
compagnies MKT, PF et PHIL, et en divisant la somme obtenue par 3. Le tableau 4.3 présente l’évolution de l’indice au cours d’une semaine. On y voit que
l’indice a évolué au cours de la semaine entre un minimum de 14,46 et un maximum de 15,54. L’analyse de l’évolution de l’indice permet de constater que les
cours ont été fortement à la hausse mardi, avec une augmentation de l’indice de
1,08 point, ce qui a représenté une augmentation de 7,48% dans la valeur de
l’indice4. Pour le reste de la semaine, l’indice a perdu mercredi la moitié des
gains enregistrés mardi, et a repris sa progression à un rythme plus modéré jeudi et vendredi.
TABLEAU 4.3
ILLUSTRATION DU FONCTIONNEMENT D’UN INDICE BOURSIER À L’AIDE D’UN
EXEMPLE FICTIF
Dans cet exemple, un indice de marché est calculé à partir des cotes de fermeture
de trois valeurs négociées sur le marché, MKT, PF et PHIL. Le mode de calcul de
l’indice consiste à calculer la moyenne des cours de fermeture des trois titres concernés.
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
MKT
10,25 $
11,00 $
10,38 $
10,63 $
10,88 $
PF
5,38 $
6,13 $
6,00 $
6,13 $
5,88 $
PHIL
27,75 $
29,50 $
28,75 $
28,50 $
28,88 $
Total
43,38 $
46,63 $
45,13 $
45,25 $
45,64 $
Indice
14,46
15,54
15,34
15,08
15,21
Variation réelle
1,08
-0,50
0,04
0,13
Variation en %
7,48%
-3,22%
0,28%
0,83%
Cet exemple illustre le principe de base d’un indice boursier. Cependant, afin
de mieux représenter la tendance de l’ensemble du marché, le mode de calcul
de certains indices boursiers prend en considération des facteurs qui ne sont
pas évoqués dans cet exemple, comme le nombre et la valeur des actions en circulation de même que le volume des opérations.
Il existe un très grand nombre d’indices boursiers. Les principaux indices intéressant l’investisseur boursier canadien ou québécois sont présentés ici:
4.
Soit 1,08 divisé par 14,46, la valeur de l’indice le lundi.
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89
Chapitre 4 Les actions
L’indice des industrielles Dow Jones. Certainement l’indice boursier le plus
connu et le plus suivi au monde, cet indice est calculé à partir des cours du marché de 30 actions parmi les plus importantes cotées à la Bourse de New York.
Cette faible base de calcul en fait un indice moins révélateur de la tendance du
marché global que l’indice Standard & Poor’s 500. Cependant, le fait que cet indice ait un très long historique — on le calculait déjà au moment de l’effondrement boursier de 1929! — explique sa grande popularité.
Les indices de la Bourse de Toronto. L’indice principal de la Bourse de Toronto, l’indice composé S&P/TSX, a été introduit en 2002 et pris le relai de l’indice
TSE 300. Les entreprises sont réparties entre 13 grands secteurs d’activités, pour
lesquels des indices sectoriels sont calculés. L’investisseur canadien dispose
donc de 14 indices qui pourront l’informer sur la tendance dans le prix de l’ensemble des actions négociées sur la Bourse de Toronto, ou d’un secteur spécifique, tel le secteur de l’énergie.
Il y a quelques années, on avait assisté à la création de l’indice S&P/TSE60, un
indice formé des 60 titres les plus importants du marché. Cet indice sert de référence à un fonds d’investissement transigé en bourse, le iUnits60.
Autres indices. Les indices que nous venons de mentionner sont ceux qui sont
le plus souvent rapportés dans les médias canadiens et québécois. D’autres indices présentent néanmoins de l’intérêt et on peut penser que si la tendance à la
diversification des portefeuilles boursiers par l’investissement étranger se poursuit, le jour n’est loin où on rapportera leurs fluctuations de façon régulière
dans nos médias. Ces indices sont :
•
•
•
•
les indices Standard & Poor’s (bourse de New-York)
les indices du Financial Times (bourse de Londres)
l’indice Nikkei-Dow Jones (bourse de Tokyo)
l’indice NASDAQ composite (marché hors-bourse NASDAQ)
Le document 4.2 rapporte l’évolution qu’ont connu quatre indices de marchés
d’actions au cours des récentes années.
C. Le dividende
Le dividende constitue le revenu courant qu’un actionnaire peut retirer en rapport avec son investissement dans l’entreprise dont il détient les titres. Étant
donné que les actions représentent, dans l’ensemble du financement de l’entreprise, le capital de risque, on ne sera pas surpris de constater plusieurs différences entre ce type de revenus et le revenu que représente l’intérêt sur un
placement à taux fixe. Ces différences concernent principalement le haut degré
de variabilité entre les taux de dividendes offerts par différentes actions, les politiques adoptées par les entreprises au sujet des dividendes qu’elles versent à
leurs actionnaires et les modalités de versement de ce type de revenus.
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90
DOCUMENT 4.2
Chapitre 4 Les actions
ÉVOLUTION DE QUATRE INDICES DE MARCHÉS D’ACTIONS AU COURS DES
RÉCENTES ANNÉES
Indice S&P/TSX
Indice Dow Jones
Indice NASDAQ Composite
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Chapitre 4 Les actions
DOCUMENT 4.2
ÉVOLUTION DE QUATRE INDICES DE MARCHÉS D’ACTIONS AU COURS DES
RÉCENTES ANNÉES (suite)
Indice Nikkei 225
i) Importance du dividende dans le rendement de l’actionnaire
Comme nous l’avons vu au texte 3, le dividende représente un des deux éléments considérés dans le calcul du rendement de l’actionnaire. Rappelons la
formule utilisée pour le calcul de ce rendement :
Dividende annuel
Valeur au début
)
(
+ Valeur à la fin - Valeur au début ÷ Nbre d’années
Valeur au début
(EQ 2)
En pratique, cependant, le taux obtenu par le rapport :
Dividende annuel
--------------------------------------------------------------------Valeur au marché de l‘action
(EQ 3)
que l’on désigne par l’expression taux de rendement du dividende varie entre 0%,
dans le cas des catégories d’actions qui ne rapportent aucun dividende, et un
taux très comparable au taux d’intérêt des titres à rendement fixe dans le cas
des actions à revenus. Le taux de rendement du dividende moyen versé par les
quelque 250 compagnies formant l’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto
était de 1,85% au 10 janvier 2003.
Le rendement du dividende joue habituellement un grand rôle pour l’investisseur prudent et pour celui qui attache de l’importance à la sécurité du capital.
Par contre, lorsqu’un épargnant opte pour une action en croissance ou, à plus
forte raison, pour un titre spéculatif, il ne s’attend généralement pas à toucher
une part considérable de son rendement global sous forme de dividende.
ii) Les politiques de dividende suivies par les compagnies
Les décisions relatives aux dividendes revêtent d’ordinaire un caractère stratégique au sein des entreprises et dans la communauté financière en général. Les
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Chapitre 4 Les actions
décisions à ce sujet sont, en effet, interprétées comme des signaux révélant
l’évaluation que les dirigeants font de la situation actuelle de l’entreprise et
leurs anticipations quant à son évolution aux cours des prochains trimestres.
Aussi un grand nombre d’entreprises qui décident de verser une part des profits à leurs actionnaires optent-elles pour la politique de dividende à taux fixe,
qui leur permet de gérer l’évolution du dividende en créant le moins de vagues
possible sur les marchés financiers.
La politique du dividende à taux fixe. Lorsqu’une entreprise suit une telle politique, son conseil d’administration informe ses actionnaires et les milieux financiers de son intention de déclarer périodiquement un certain montant de
dividende sur ses actions ordinaires jusqu’à ce que la situation financière de
l’entreprise justifie qu’une modification soit apportée au montant versé. On doit
noter que, puisqu’il s’agit d’un dividende et non d’un revenu d’intérêt, chaque
dividende, avant d’être versé, doit faire l’objet d’une déclaration par le conseil
d’administration de la compagnie. S’il advenait que la situation financière de
l’entreprise ne permette pas de verser le dividende prévu, on pourrait décider
soit de réduire, soit de supprimer le versement de dividende. Une analyse des
politiques de dividende suivies par les entreprises dont les titres sont cotés à la
Bourse de Toronto révèle que la politique du taux fixe est suivie par environ
une entreprise sur trois. Le tableau 4.4 fournit des renseignements pertinents au
sujet de quelques entreprises ayant adopté la politique du dividende à taux fixe
pour leurs actions ordinaires. On constate des différences importantes à ce sujet
entre les entreprises. Les facteurs qui affectent ce taux sont :
• le montant des bénéfices par action réalisés par l’entreprise;
• le taux de distribution des bénéfices sous forme de dividende;
• le niveau du cours de l’action sur les marchés.
Dividendes exceptionnels et dividendes supplémentaires. Certaines entreprises, plutôt que d’adopter une politique de dividende à taux fixe, choisissent de
verser des dividendes de façon irrégulière ou exceptionnelle, lorsque les conditions s’y prêtent, par exemple si l’entreprise a connu une bonne année financière ou si le financement est soit facilement accessible à l’extérieur de l’entreprise,
soit non requis compte tenu des besoins de fonds de celle-ci.
TABLEAU 4.4
EXEMPLES DE COMPAGNIES SUIVANT LA POLITIQUE DU DIVIDENDE À TAUX
FIXEa
Actions ordinaires
Aastra
Taux du dividende
au 24 janvier 2011
Valeur au
marché de
l’action au
24 janvier
2011
Taux de
rendement
du
dividende
0,20$/trimestre
21,69$
3,69%
BCE
0,4575$/trimestre
35,63$
5,14%
Bombardier B
0,0254$/trimestre
5,77$
1,76%
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TABLEAU 4.4
EXEMPLES DE COMPAGNIES SUIVANT LA POLITIQUE DU DIVIDENDE À TAUX
FIXEa
Actions ordinaires
Johnson & Johnson
Taux du dividende
au 24 janvier 2011
Valeur au
marché de
l’action au
24 janvier
2011
Taux de
rendement
du
dividende
0,09$/semestre
13,650$
3,47%
0,66$/trimestre
69,89$
3,95%
0,055$/trimestre
9,41$
2,34%
Disney
0,10$/trimestre
39,94$
1,00%
McDonald’s
0,61$/trimestre
75,38$
3,24%
Transforce
0,10$/trimestre
13,31$
3,01%
Loblaws
0,21$/trimestre
39,03$
2,15%
Banque Nationale
Groupe Jean Coutu
a. Les données relatives aux compagnies Disney et McDonald’s sont en devises américaines.
L’entreprise qui a adopté une politique de dividende à taux fixe peut, quant à
elle, décider au cours d’une année où de semblables conditions se rencontrent
de verser un dividende supplémentaire. En procédant ainsi, plutôt qu’en augmentant le montant du dividende régulier, elle évite de se mettre dans une situation difficile, au moment d’un retour à la normale des conditions financières,
qui pourrait même l’obliger à réduire le taux du dividende régulier, une décision qui a habituellement des conséquences négatives sur le cours du titre.
Le taux de distribution des bénéfices sous forme de dividende. Les gestionnaires financiers des compagnies par action ont fréquemment une politique définie en ce qui concerne le pourcentage du bénéfice réalisé par l’entreprise qu’ils
entendent verser aux actionnaires sous forme de dividende. Le tableau 4.5 illustre le taux de distribution pour les actions de catégorie B de Bombardier entre
1994 et 2001. Selon l’Institut canadien des valeurs mobilières, pour la majorité
des entreprises qui versent des dividendes, ce taux se retrouve entre 40% et
60%. Atteindre le taux de distribution désiré est un objectif à moyen et long terme, ce qui permet de poursuivre cette politique parallèlement à une politique
de dividende à taux fixe. Comme toute politique corporative, celle-ci est appelée à évoluer selon l’importance que l’entreprise accordera à l’autofinancement
par rapport à l’objectif de donner un revenu courant à ses actionnaires. Les entreprises qui projettent d’importants investissements et qui souhaitent réduire
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le recours à l’emprunt ou à de nouvelles émissions d’actions opteront évidemment pour de faibles taux de distribution.
TABLEAU 4.5
TAUX DE DISTRIBUTION DES BÉNÉFICES PAR ACTION EN DIVIDENDES –
BOMBARDIER, ACTIONS DE CATÉGORIE Ba
Montant du dividende
Bénéfice par action
Taux de distribution
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2,65¢
3,90¢
5,15¢
5,15¢
7,65¢
8,50¢ 11,00¢ 13,66¢
0,14$
0,18$
0,23$
0,30$
0,30$
0,39$
0,51$
2001
0,70$
18,9% 21,4% 22,4% 17,5% 25,9% 22,1% 21,6% 19,5%
a. Ce tableau présente des données en fonction de l’exercice financier de Bombardier qui se
déroule du 1er février au 31 janvier.
Programmes de réinvestissement des dividendes. Un grand nombre d’entreprises distribuant des dividendes offrent à leurs actionnaires la possibilité de les
réinvestir directement sous forme d’actions de la compagnie dans le cadre d’un
programme de réinvestissement des dividendes (PRD). Plusieurs de ces programmes prévoient que l’investisseur peut se prévaloir au moment du versement du dividende d’une clause d’investissement au comptant, soit la
possibilité d’acheter des actions additionnelles directement de la compagnie.
Lorsqu’un actionnaire adhère à un PRD, il obtient de nouvelles actions à chaque
versement de dividende sans devoir payer de frais de courtage, comme c’est le
cas quand il se procure des actions sur le marché boursier. De plus, il est très
fréquent qu’une entreprise offrant un PRD à ses actionnaires émette les nouvelles actions à un prix de 5% inférieur au prix du marché au moment où le versement du dividende a lieu. Ces deux avantages rendent ces programmes des
plus intéressants pour les investisseurs qui se procurent des actions dans le but
de les détenir pendant quelques années. Voici une liste partielle de compagnies
qui offrent un PRD permettant, dans certains cas, d’acheter des actions en bénéficiant d’un escompte de 5% ainsi que des actions supplémentaires par versement comptant : Banque de Montréal, Banque de Nouvelle-Écosse, BCE,
Canadien Pacifique, Imperial Oil, Nova, Alcan, Fortis, Heinz, McDonald’s, KMart, Procter & Gamble, Eastman Kodak, Xerox et IBM.
iii) Les modalités de versement du dividende
Le versement d’un dividende se fait selon un processus semblable d’une entreprise à une autre. Ce processus est mis en marche par le conseil d’administration qui adopte la proposition de procéder au versement du dividende. Cette
proposition précise la date de référence qui servira pour établir la liste des actionnaires qui recevront le dividende, soit la date d’enregistrement. On y précise aussi la date de paiement du dividende. Une troisième date s’avère
importante : la date de transaction ex-dividende.
• La date d’enregistrement. Le dividende est versé aux actionnaires dont le
nom apparaît au registre des actionnaires à cette date.
• La date (de transaction) ex-dividende. Lorsqu’une transaction a lieu en
Bourse, il s’écoule un délai de cinq jours ouvrables avant que le registre des
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Chapitre 4 Les actions
actionnaires reflète le changement intervenu dans la propriété des actions.
Donc, si une opération a lieu quatre jours avant la date d’enregistrement, ce
sera le vendeur des titres qui recevra le dividende, non l’acheteur. On désigne donc le quatrième jour ouvrable précédant la date d’enregistrement
comme étant la date ex-dividende, soit la date à compter de laquelle le nouvel acheteur n’obtient pas un dividende qui sera bientôt versé.
• La date de paiement. Il s’agit de la date où le dividende est effectivement
versé aux actionnaires. Cette date se situe généralement de 15 jours à un
mois après la date d’enregistrement.
D. Les façons indirectes de négocier des actions
Un investisseur qui souhaite tirer parti des avantages qu’offrent les actions ordinaires sans les détenir comme telles dispose d’un certain nombre de moyens
d’arriver à cette fin. Certains investisseurs sont intéressés par le potentiel de
croissance qu’offre l’action ordinaire, mais ne sont pas disposés à accepter le risque qu’elle comporte. D’autres souhaitent détenir des actions, mais estiment ne
pas être en mesure, par manque de temps ou de connaissances, de gérer un tel
placement. Enfin, certains investisseurs plus aguerris, ou des spéculateurs, veulent bénéficier d’un effet multiplicateur qui leur permet de réaliser d’importants
profits en peu de temps ou de jouir d’une couverture d’assurance qui les protège contre le risque qui affecte le reste de leur portefeuille. Tous ces objectifs ou
stratégies peuvent être poursuivis en ayant recours aux valeurs appropriées
parmi celles que nous abordons dès maintenant.
i) Les obligations et les actions privilégiées convertibles
Comme nous le verrons au chapitre 5, les corporations émettent, à l’occasion,
des obligations qui comportent une clause de conversion permettant d’échanger ces titres contre des actions ordinaires de la compagnie émettrice ou contre
celles d’une compagnie qui lui est apparentée. Certaines actions privilégiées offrent aussi une telle caractéristique. Le document 4.3 nous donne des renseignements sur l’obligation convertible de Vidéotron, dont le droit de conversion a
été valide jusqu’au 31 mai 1997.
ii) Les obligations et les actions privilégiées assorties de bons de souscription
Pour faciliter la mise en marché initiale d’obligations ou d’actions privilégiées,
il arrive que l’émetteur remette aux acheteurs initiaux se procurant ces titres sur
le marché primaire des bons de souscription. Ces bons de souscription sont des
titres distincts que le détenteur peut négocier à sa guise indépendamment de
l’obligation ou de l’action privilégiée. Les caractéristiques des bons de souscription seront présentées au texte 6.
Tout comme les titres convertibles, les titres assortis de bons de souscription
constituent une des façons les plus sûres d’aborder l’investissement en actions
ordinaires.
iii) Les fonds d’investissement
Lorsqu’il achète des unités de participation dans un fonds d’investissement
constitué de valeurs mobilières, un investisseur met des épargnes à la disposi-
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DOCUMENT 4.3
Chapitre 4 Les actions
EXEMPLE D’OBLIGATION CONVERTIBLE
Le Groupe Vidéotron ltée
Débentures convertibles
•
•
•
échéance de l’obligation : 31 mai 2002
•
•
•
échéance du droit de conversion : 31 mai 1997
taux d’intérêt nominal : 7,5%
droit de conversion : chaque obligation peut être échangée contre des actions ordinaires du Groupe Vidéotron ltée à un prix
prédéterminé de 22 $. Ce prix représente approximativement
45,45 actions pour une coupure de 1 000 $.
cours de l’obligation au 30 juin 1992 : 93,00$a
cours de l’action au 30 juin 1992 : 17,00 $
a. Mentionnons que les cours des obligations sont toujours donnés en référence à une coupure de 100$. Un cours de 93,00 signifie que le prix d’une coupure de 1 000$ est de 930$.
tion de gestionnaires professionnels afin que ceux-ci les fassent fructifier. La valeur des unités de participation fluctuera en fonction de l’évolution sur les
marchés des valeurs qui constituent le fonds. On retrouve une très grande variété de fonds disponibles, ce qui permet à un épargnant de se constituer un
portefeuille diversifié d’unités de fonds d’investissement, réduisant ainsi encore davantage le risque encouru. Le recours à des fonds d’investissement peut
constituer l’élément central d’une stratégie de placement ou représenter une
certaine partie du portefeuille global de valeurs mobilières. Les fonds seront
traités de façon plus approfondie au texte 7.
iv) Les options et les bons et droits de souscription
Les trois façons indirectes que nous avons décrites ci-dessus sont essentiellement des façons d’aborder l’investissement boursier avec plus de sûreté qu’on
ne le fait en procédant directement à l’acquisition d’actions. La quatrième possibilité que nous abordons maintenant est associée à des stratégies plus spéculatives impliquant des valeurs mobilières. Un droit ou un titre d’option est une
valeur mobilière dont la durée de vie est limitée et qui permet de se procurer
des actions ou un autre type de valeurs à un prix déterminé d’avance. Ce droit
ou cette option se négocie sur le marché boursier. Il va sans dire que le prix de
cette valeur sera fortement dépendant du prix de la valeur sous-jacente. Les options et les bons de souscription font partie des valeurs les plus volatiles qui
soient. Nous en présenterons les caractéristiques au chapitre 6.
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